Dans II Pierre 3:12, il y a l’expression « le jour de Dieu », faisant référence à la parousie. Or l’expression typique pour cela est « jour du Seigneur [Jésus] » (I Corinthiens 5:5, II Corinthiens 1:14, I Thessaloniciens 5:2, II Thessaloniciens 2:2, II Pierre 3:10). En d’autres termes, en mettant une synonymie entre ces deux expressions, saint Pierre affirme indirectement la divinité du Christ.
A couple of years ago, as I was studying in order to obtain my master’s degree in ecumenism, I was writing one of my essays about the steps the different Churches should take in order to achieve a worldwide full-communion agreement. One of my six key points was the episcopate. I was squeezing my brain to find a solution that would be acceptable to both episcopal and non-episcopal denominations. The solution I proposed seemed to work in the ecumenical context, and I dare put it again on the table, in the context of the financial crisis that the Churches are going through. |
Il y a quelque temps, dans le cadre de mes études de master en œcuménisme, j’ai écrit un travail de fin d’année, dans lequel j’identifiais six points de discorde entre les différentes Églises, ainsi que des solutions concrètes pour les résoudre, et pour pouvoir arriver ainsi à la pleine communion. L’un des six points, c’était l’épiscopat. Je me suis efforcé à trouver une solution sur l’épiscopat qui soit acceptable à la fois aux Églises épiscopales et non-épiscopales. Je reviens avec mon idée, non plus dans le cadre de l’œcuménisme, mais dans le contexte de la crise financière des Églises. |
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There should be put in place very small dioceses, of 3 to 10 congregations. The bishop of the diocese should be the parochial pastor of one of the parishes. As the parochial pastor, one should stay in the parish as long as desired, but as a bishop of the diocese, only for a limited mandate. | Tout devrait être réorganisé en des diocèses minuscules, avec 3 à 10 communautés paroissiales chacun. L’évêque de chaque diocèse devrait être également le curé de l’une de ses paroisses. Le mandat d’évêque devrait être limité, mais après son mandat l’évêque devrait rester curé de sa paroisse. | |
Let’s say there is a diocese of ten congregations, organised as five parishes: A, B, C, D, E. The parish church of A is the cathedral, because it is the most central. Nevertheless, Bishop Dana is the rector of parish D. Well, Bishop Dana will continue hir ministry in hir parish D, while, in addition, Dana would also be the bishop of the whole diocese of five parishes. Seven years later (cf. the biblical concept of “week of years”), Dana retires as diocesan bishop, but continues hir ministry in the parish. | Supposons un diocèse de dix communautés, organisées en cinq paroisses A, B, C, D, E. La cathédrale, c’est l’église paroissiale A, qui est la plus centrale. Néanmoins, l’évêque Machin est également curé de la paroisse D. Mgr Machin continue son ministère de curé, tout en étant évêque du diocèse minuscule. Après sept ans (cf. le concept biblique de « semaine d’années »), Mgr Machin se retire en tant qu’évêque, mais continue à être curé dans sa paroisse. | |
Bishoply tourism should be forbidden. The first condition for someone to apply for the episcopal office should be to have been active, or at least present, in the diocese some time prior to the application. | L’épiscopat-tourisme devrait être interdit. Lorsque quelqu’un dépose sa candidature pour devenir évêque, la première condition serait d’avoir servi dans le diocèse un certain temps, ou au moins d’y avoir vécu pendant une période requise. | |
Bivocational/non-stipendiary priesthood and deaconate should also increase, having in each congregation a high percentage of priests and deacons. The training for the holy orders should be much more accessible, so that many lay people who are involved in the parish may at the same time continue their family life and jobs, and train for presbyterate or deaconate. | Il faudrait privilégier et augmenter la prêtrise et le diaconat bivocationnels, non-stipendiaires, pour qu’il y ait dans chaque congrégation un pourcentage important de tels prêtres et diacres. La préparation aux saints-ordres devrait être démocratisée, pour que les laïcs impliqués puissent être formés pour les saints ordres, sans devoir quitter leur famille, leur job, leur domicile etc. | |
In our example, let’s say that the parish B is made up of three tiny congregations of twenty regular persons apiece, which add up as about sixty regular attendees. Of these sixty, twenty should be ordained as priests or deacons, and besides, ten others should be subdeacons (lay Eucharistic ministers), ten other lay readers, cantors etc. The whole pastoral work and care should be divided among those twenty non-stipendiary clergy persons, and none would have to tread on anyone’s toes. Some work on night shifts and/or on weekend schedules, which means that the whole parish activity would get reorganised. | Pour reprendre notre exemple, disons que la paroisse B est formée de trois congrégations d’une vingtaine de pratiquants chacune. De ces soixante personnes environ, vingts devraient devenir prêtres ou diacres, ensuite une dizaine seraient sous-diacres (ministres laïcs de l’Eucharistie), dix autres seraient lecteurs, chantres etc. L’ensemble du travail pastoral serait reparti entre les vingt prêtres et diacres non-stipendiaires, et les gens ne se marcheraient pas sur les pieds. Certains travailleraient forcément les fins de semaine et/ou en horaire décalé, donc toute la vie paroissiale deviendrait plus souple. | |
Let’s say the parish A is wealthy enough to pay a full-time priest. This should not hinder regular parishioners from training and ordination as bivocational priests for the same parish. They would do less for the parish, and the paid priest would do more, but the latter would do a great help to the former. | Supposons que la paroisse A a assez d’argent pour se permettre un prêtre à temps plein. Cela ne devrait pas freiner les paroissiens qui veulent devenir des prêtres bivocationnels pour la même paroisse. Au contraire, ils seraient une aide précieuse pour le curé. | |
As in the early Celtic monachism, the abbots should also be bishops. It would not be difficult to create monastic tiny dioceses, with one abbey and two or three convents. | Conformément au monachisme celtique, les abbés devraient être en même temps évêques. À la limite, des diocèses monastiques pourraient être facilement créés, avec une abbaye et deux-trois couvents y rattachés. | |
A couple of times every year, there should be only one Mass for the whole tiny diocese, in the cathedral church, namely for the Easter vigil, Whitsun vigil, Epiphany vigil, Maundy Thursday, and ordination Eucharists. As a rule, baptisms and confirmations together with the first communion would be easily celebrated only in the cathedral on the first three. For the lay people who do not wish to go to the cathedral after their baptism-confirmation-first-communion day, they would still have in their respective parishes the non-vigil Mass for Easter day and Pentecost day. | Quelques fois par an, il ne devrait y avoir qu’une seule Messe pour le mini-diocèse tout-entier, à la cathédrale, à savoir une seule vigile pascale, une seule vigile de la Pentecôte, une seule de l’Épiphanie, une seule Messe du Jeudi-Saint, ainsi qu’une seule pour les ordinations. Les trois vigiles précitées devraient être les seules occasions régulières pour la célébration des baptêmes & confirmations & premières communions. Si les laïcs n’ont pas envie d’aller à la cathédrale en dehors du soir de leur propre baptême-confirmation-première-communion, ils auraient quand même la Messe du jour pour ces mêmes fêtes. | |
The early Church only had the diocese-parish in the city, with one bishop and many clergy serving at the one altar. Most of the people got baptised & confirmed & communed for the first time at the Easter vigil, on the same night, under one bishop. When Christianity expanded to the countryside, the priests went to serve the villages as “rectors” or “vicars” of the bishop, but this situation created many anomalies of which we still suffer today. On the one side, both in all the Churches of the whole East and in some parts of the West, the priest – and not regularly the bishop – presides at those three sacraments of initiation. On the other side, in most Churches of the West, the three sacraments of initiation are torn apart: the priests baptise, then the bishop confirms many years later, and the first communion takes place in between, according to the local custom. The Presbyterians and other protestants tried to go back to the early Church model, but their result is not entirely satisfactory everywhere. | L’Église primitive ne connaissait que la paroisse-diocèse urbaine, avec un seul évêque entouré de son clergé à un seul autel. La plupart des gens recevaient le baptême imédiatement suivi de leur confirmation et de leur première communion, lors de la vigile pascale présidée par l’évêque. Lorsque le christianisme s’est répandu à la campagne, les prêtres allaient dans les villages, pour les desservir au nom de l’évêque, mais cette situation a créé beaucoup d’anomalies, dont nous souffrons encore aujourd’hui. D’une part, dans toutes les Églises orientales et quelques Églises occidentales, c’est le prêtre – et non plus l’évêque – qui préside aux trois sacrements de l’initiation. D’autre part, dans la plupart des Églises occidentales, les trois sacrements d’initiation ont été disjoints: les prêtres baptisent, puis l’évêque donne la confirmation des années plus tard, et la première communion a lieu à un moment donné, comme un électron libre. Les réformés et autres protestants ont essayé de retourner au modèle de l’Église primitive, mais leurs résultats sont tout à fait discutables. | |
When I saw, a couple of days ago, the difficult situation in which the Churches were financially, and read on internet the idea – that some viewed as a solution – to drastically reduce the number of the dioceses, I realised that what I had proposed in an ecumenical context should work even in isolation. If we cannot afford salaries for 120 bishops, the best solution – even if we exclude the sacramental side, which we may not do – is to divide the work, and have 2000 bishops without a bishop’s wage. Today we have deans, sub-deans, rural deans, assistant rural deans and the like. All these and many others should just be consecrated into the episcopacy. | Il y a quelques jours, j’ai vu la situation difficile dans laquelle se trouvaient certaines Églises, et j’ai lu sur internet que certains voudraient y rémédier en réduisant le nombre des diocèses. Je me suis rendu compte que ce que je n’envisageais que du point de vue de l’unité des chrétiens pourrait être la vraie solution, en dehors de tout contexte œcuménique. Si nous ne nous permettons plus de payer des salaires d’évêques à 120 fonctionnaires, la meilleure solution – même en mettant de côté le côté sacramentel de l’épiscopat, chose inconcevable – serait de diviser la charge de travail, et avoir 2000 évêques qui gagneraient la même chose que tout le monde. Aujourd’hui on a des doyens, sous-doyens, sous-sous-doyens, ruraux et urbains etc. Tous ces gens et d’autres comme eux devraient pouvoir être sacrés évêques. |
En décembre dernier, j’ai obtenu mon master en œcuménisme (détails ici). À présent, je suis inscrit au Pôle Universitaire Euclide, où je fais un doctorat en théologie. Je rends grâce à Dieu. Je me sens tellement bien!
Pour ma licence en théologie, j’ai fait un mémoire sur la vigile pascale, et comment on devrait la réactualiser, la vivre, dans les rites latin et byzantin. Pour mon master, j’ai travaillé sur la réforme du BCP épiscopalien, qui doit être révisé, et j’ai proposé une révision avec réancrage dans la Tradition de l’Église et les rites traditionnels. Pour ma thèse de doctorat, je compte m’attaquer à l’office divin dans le rite byzantin.
En effet, l’office divin dans le rite byzantin présente plusieurs problèmes. L’Ancien Testament, à l’exception de la Genèse, de l’Exode et des Proverbes, n’est jamais parcouru en église. Le psautier devrait être parcouru en une semaine, ce qui n’est pas faisable dans les paroisses et les petits couvents. Les matines durent cinq heures les dimanches, et quatre heures en semaine, donc la plupart des communautés les abrègent, en retranchant au plus souvent des parties importantes. Voilà pourquoi quelques chose doit être fait. Mais en même temps, il ne faut pas charcuter le rite byzantin à l’image des “réformes” liturgiques occidentales du 20e siècle. Mais alors, que faut-il faire? J’ai quelques idées…
Le 7 janvier passé, j’ai vu beaucoup de messages sur les réseaux sociaux, disant: «Joyeux Noël aux chrétiens orthodoxes!» ou «Joyeux Noël orthodoxe!» Maintenant, la même attitude pour la Pâque.
Arrêtons de parler de «Pâque orthodoxe» et «Pâque catholique», ou «Noël orthodoxe» et «Noël catholique.» Ce sont des aberrations. Il y a des chrétiens qui observent le calendrier julien, surtout en Orient, quelle que soit leur juridiction. Puis il y a d’autres chrétiens, surtout en Occident (mais pas seulement, cf. l’Arménie ou l’Église orthodoxe d’Estonie) qui utilisent le calendrier grégorien, rectifié. Et il y a l’Europe centrale qui fête Noël avec l’Occident, mais la Pâque avec l’Orient. Ceux qui observent le calendrier julien prétendent que l’équinoxe de printemps eût lieu le 3-4 avril.
Toutefois, même le calendrier grégorien est imparfait, et s’il n’est pas rectifié, en l’an 9035, la Pâque tombera en juin (source).
Cependant, il y a une “nouvelle” méthode de calcul de la Pâque, créée à Alep en 1997, tout à fait fidèle à la règle du premier concile de Nicée (premier dimanche après la pleine lune après l’équinoxe de printemps). Pourquoi cette méthode est-elle “nouvelle”? Parce que nous comptons actuellement l’équinoxe par rapport au méridien de Greenwich, alors qu’à Alep on a proposé que l’on prenne en compte non pas Greenwich, mais Jérusalem.
Pour la plupart du temps, il n’y a pas de différence. Cependant, l’année prochaine, 2019, si l’on tien compte de Greenwich, l’équinoxe de printemps rate la pleine lune tout juste, ce qui nous fait ajourner la Pâque jusqu’à la pleine lune suivante, donc la Pâque du calendrier grégorien aura lieu le 21 avril. Par contre, si on tient compte de la pleine lune de Jérusalem, la Pâque (selon le calcul d’Alep) serait le 24 mars.
La pascalie d’Alep est un retour aux sources, un retour à la pascalie du Concile de Nicée. Cela a été proposé en 1997, sur base des calculs de l’astronome serbe Milutin Milanković en 1923. Pourquoi on ne bouge pas? Si personne ne brise la glace pour l’adopter, personne d’autre ne suivra.
Il y a quelques années, pendant qu’il savourait sa tartine jambon-fromage, un vieux prêtre me racontait à quel point il était scandalisé par ces “traditionalistes” qui croient que Dieu [le Père] eût agréé voire exigé la mort de son Fils en rançon pour notre salut. «Un tel Dieu serait un monstre!», dit-il.
Je rencontre d’autres personnes, qui nient Dieu, en disait que si Dieu “existait”, il ne permettrait pas autant de souffrance [humaine], et ces mêmes personnes n’ont aucun problème avec l’exploitation des animaux.
Pourquoi projette-t-on nos propres failles sur les épaules de Dieu ?
Il y a quelques jours, il y a eu une dispute circulant sur les réseaux sociaux, en disant que la plupart des chants de Noël ne sont pas bibliques, étant donné qu’ils contiennent des éléments légendaires. Parmi les plus critiqués, c’était le “noël du cerisier”, appelé aussi Joseph was an old man. Après quelques minutes de réflexion, j’ai réalisé que ce noël, malgré le caractère fictif de sa narration, contenait des éléments très intéressants pour la théologie. Ce noël casse nette l’image néoprotestante d’un Joseph jeune ayant épousé dans le vrai sens du terme une Marie du même âge que lui. Car non, Dieu n’a pas troublé la paix d’un jeune couple en produisant une sorte d’adultère. Au contraire, comme l’attestent des témoins oculaires comme Hégésippe, Joseph était un veuf, ayant des enfants, dont l’aînée saint Jacques (le «frère du Seigneur»). Ce soir, entre deux trains, Nicolas et moi avons traduit ce noël du cerisier vers le français.
Joseph, homme d’âge,
Mûr et envieilli,
Prit, dans son veuvage,
La Vierge Marie.
La route reprise,
La Vierge lui dit:
«Voici des cerises,
Joseph, mon ami.
Joseph, à ta guise,
Je veux cependant
Des rouges cerises;
J’attends un enfant.»
Joseph en colère
Répond à Marie:
«L’enfant a un père:
Qu’il cherche tes fruits.»
Du sein de sa mère,
Jésus commanda
Des fruits jusqu’à terre,
Que l’arbre donna:
«Abaisse tes branches,
Ô arbre abondant,
Que ma mère en mange,
Joseph regardant!»
Joseph prit la mère
Sur son genou droit:
«Dieu, dans ma misère,
Prends pitié de moi!»
Joseph prit la Vierge,
Et dit à Jésus:
«Cerises et neige!?
Quel jour naîtras-tu?
– Moi, je devrai naître
Vers le six janvier;
L’astre va paraître
Pour vous l’annoncer.»
Aujourd’hui, en la Fête-Dieu, je vais essayer de détruire deux mythes.
Le premier mythe est le suivant. Des catholiques-romains (et parfois des protestants aussi) regardent les 39 articles de religion des anglicans, les lisent superficiellement, puis ils déduisent erronément que la doctrine anglicane sur l’Eucharistie serait protestante. En effet, l’article 28 dit: «The body of Christ is given, taken, and eaten in the Supper, only after an heavenly and spiritual manner. And the mean whereby the body of Christ is received and eaten in the Supper is Faith.» Comment faut-il interpréter cet article?
Voici l’invitatoire de la Fête-Dieu dans le manuscrit de Tongres (NL-DHk 70 E 4): «Christum regum regem adoremus dominum qui carnem suam et sanguinem in escam transfert mentium.» (source) Dans le même, l’antienne au Benedictus est la suivante: «Dominus Iesus Christus […] caritatis arte provida pigmenta composuit, quibus lethargicam mentem renovatam cottidie suæ salutis memoria propelleret, qui edentulam plebem, quæ verbum antiquam et æternum principium quasi solidum cibum ruminare non poterat, hoc prædulcissimo confecto liquamine in panis et vini sacramento consuefecit sorbilare» (source), c’est-à-dire «Le Seigneur Jésus Christ, par l’art de la charité, a institué pour la postériorité les signes par lesquels, en vue de soigner l’intelligence léthargique, on perpétuerait quotidiennement la mémoire de son salut, et que le peuple édenté, qui ne peut pas mâcher le Verbe antique, principe éternel, en tant que nourriture solide, absorberait fréquemment, dans le mélange très doux du sacrement du pain et de vin.» Cette antienne, dérivée du traité d’Innocent III sur le sacrement de l’autel, ainsi que l’invitatoire parlent de mens dans son acception tardive d’esprit ou âme. L’hyperbole du peuple édenté indique notre incapacité de communier au Christ, à part à travers les espèces du pain et du vin. L’article anglican, tout en rejetant le mot “transsubstantiation”, qui se trouve dans le traité d’Innocent III, en adopte néanmoins le langage. Autant Innocent III (et l’antienne liégeoise-tongrienne) que les articles anglicans disent la même chose: dans l’Eucharistie, il ne s’agit pas d’une manducation “de boucherie”; la manducation «spirituelle» est opposée non pas à la présence réelle, mais à une manducation charnelle, “de boucherie”.
Le deuxième mythe concerne la Fête-Dieu. On dit, en général, que Thomas d’Aquin en a composé l’office, et du coup, ce serait un premier exemple d’évolution liturgique non spontané. Or les exemples démontrent le contraire. Pour la Fête-Dieu, à part l’invitatoire attribué à Thomas d’Aquin, celui dont je parle plus haut y compris, on en recense d’autres:
- Christum regum regem adoremus dominum, qui carnem suam et sanguinem in escam transfert mentium (source);
- Venite, comedite panem meum, et bibite vinum quod miscui vobis (souce);
- Venite ad me, omnes qui laboratis, et ego reficiam vos (source);
- Omnes devoti pariter iubilare venite Christo, qui toti mundi dat pascua vitæ (source).
Donc, rien que pour l’invitatoire, on a quatre invitatoires différents, spontanés, en plus de celui supposé de Thomas d’Aquin. Si l’on devait prendre en compte toutes les antiennes, ça donnerait beaucoup de résultats. Ceci démontre également que la Fête-Dieu est une fête spontanée, officialisée seulement par la papauté, plutôt qu’une création d’en haut.
Pour la petite histoire, un article démontre que Thomas d’Aquin n’a rien à voir avec ce qu’on lui attribue par rapport à la Fête-Dieu. Au contraire, l’office romain est le résultat, par évolution, d’usages cisterciens, qui semblent avoir eu comme point de départ l’Abbaye des Dunes à Coxyde, qui, elle aussi, a eu comme source la fête liégeoise, ainsi que des dévotions italiennes.
De ce fait, très schématiquement, on devrait voir les choses de la façon suivante. Point de départ absolu: miracle eucharistique de Lancien vers 740, qui a inspiré des dévotions, dont l’apogée a été la Fête-Dieu de Liége en 1246, répandue très vite de Liége à Tongres (et ailleurs dans la région), puis à Coxyde, et enfin de Liége à Rome, en empruntant le matériel liturgique de Coxyde. Bref, la Fête-Dieu avec la fête de la Trinité, qui la précède immédiatement, et avec la fête brugeoise du Saint-Sang, c’est du belge!
« Ce jour-là Hérode et Pilate devinrent amis, eux qui auparavant étaient ennemis. » (Luc 23:12)
Vous avez déjà peut-être déjà entendu parler de Scott Lovely, le « pasteur » de la soi-disant « American Family Association » (association reconnue comme groupe de haine par la loi), a exporté l’homophobie en Ouganda et Russie, où des lois homophobes ont été instituées grâce à sa pression.
Récemment, l’organisation roumaine Coaliția pentru Familie a lutté pour modifier la constitution roumaine, afin que dans son article 48, premier paragraphe, ne dise plus « les époux », mais « l’homme et la femme ». Ils ont peur que, devant l’expression « les époux », la mariage sexuellement neutre soit possible un jour en Roumanie, même si, de fait, il ne l’est pas. Coaliția pentru Familie a ramassé plus de 3 millions de signatures, et a organisé et organise encore des manifs répétitives, avec icônes, croix, drapeaux et pancartes d’homophobie très basse.
Ces 3 millions de signatures ont été ramassées par l’Église orthodoxe-roumaine. Le fils d’un prêtre témoigne de la façon dont cela s’est fait: si son père n’avait pas envoyé des « bénévoles » dans les maisons des gens pour ramasser des signatures, ce prêtre aurait risqué de se faire éjecter de la prêtrise, et de perdre son job.
Mais qui est derrière Coaliția pentru Familie? Sur leur site web, cela était précisé dans un document, aujourd’hui enlevé, car cité par la blogosphère roumaine. Mais dans le document en question, on pouvait lire: Alliance Defending Freedom, groupe néoprotestant américaine avec un chiffre d’affaires de 61,9 millions de dollars selon Vice.com; Liberty Counsel, autre groupe néoprotestant américain avec un revenu de 5,5 millions de dollars, selon la même source.
Or, en Roumanie, Coaliția pentru Familie a réussi de mettre ensemble l’Église orthodoxe-roumaine, la papauté, et les néoprotestants. Ces Églises se sont tellement chamaillées tout au long de l’histoire. L’homophobie s’est avérées plus œcuméniste que n’importe quel vrai débat théologique. Les trois institutions religieuses peuvent aujourd’hui marcher dans des manifs ensemble, peuvent signer des papiers communs ensemble, en sous-entendant qu’ils sont tous en train de prêcher le même évangile. La sotériologie, la culte des icônes, les sacrements… tout ça n’est plus un problème. On se tolère ensemble, on se reconnait enfin comme chrétiens frères dans la foi, et l’on se s’anathématise plus réciproquement. Car maintenant on a trouvé un ennemi commun: les gais et en particulier leurs familles.
Peu importe que battre sa femme est une monnaie courante dans les familles hétéroparentales roumaines; on ne va quand même pas essayer de résoudre ça. Peu importe qu’en Roumanie 60.000 enfants vivent dans des orphelinats; on a d’autres priorités.
Hier j’ai vu le film Passagers. Dans cet article, j’écris une petite critique. Je suis très difficile à satisfaire aux niveaux littéraire et cinématographique, mais, et malgré les critiques négatives que j’ai lues à propos de Passagers, je vous partage mes impressions très positives de ce film.
Lorsque je vois des engins d’espace dans les films, je me demande souvent d’où est venue l’idée de la maquette à celle ou celui qui l’a créée. Et, au plus souvent, c’est de la boulechite. Par contre, dans Passagers, le vaisseau de croisière et hibernation me semble bien fait. En avançant, le vaisseau Avalon tourne autour de lui-même, afin de créer de la gravitation. Les espaces habitables se trouvent dans les trois ailes autour du rotor.
Je ne savais pas que l’hibernation humaine était effectivement à l’état de projet; je croyais que ça tenait davantage de la fiction non-scientifique. Je vois que la compagnie SpaceWorks, qui travaille pour la NASA, bosse là-dessus.
Mais ce pourquoi j’apprécie ce film, c’est pour son anthropologie, qui reste très chrétienne.
Voici le fil conducteur du film, de mon point de vue. La Terre étant surpeuplée, la compagnie Homestead propose des voyages interstellaires, avec, à bord, des gens qui ont payé très cher, afin de coloniser une planète habitable. En effet, les gens lèguent à la compagnie Homstead tout ce qu’ils possèdent, dans l’espoir d’un nouveau départ dans la vie. Sauf que la planète habitable est très loin, et le voyage depuis la Terre dure 120 ans. Du coup, on met en hibernation l’équipage, ainsi que les passagers, et le vaisseau est en autonavigation par ordinateur. Parmi ces passagers se trouvent Jim, un ingénieur, ainsi qu’Aurora, une écrivaine qui pète dans la soie. Jim espère juste qu’il construirait une nouvelle maison sur la planète colonie, alors qu’Aurora espère passer quelque temps dans la colonie, puis revenir sur Terre; «ainsi j’aurai vécu 250 ans», dit-elle. La compagnie Homestead, en réalité, se fout pas mal des voyageurs et de la sécurité du convoie; de toute façon, puisque ça prend 120 ans pour faire le voyage, alors même si tout le monde périt en chemin, les responsables de Homestead seront déjà tous morts, après avoir empoché les biens des passagers. Une sorte de mentalité “après nous, le déluge”. Des erreurs de fonctionnement du vaisseau ne sont pas prévues, et les ordinateurs avec le logiciel de pilote automatique sont perçus comme infaillibles.
Mais voilà que tout ne se passe pas comme prévu; le vaisseau percute des astéroïdes, et cela endommage non seulement le vaisseau lui-même, mais aussi l’une des capsules d’hibernation, à savoir celle de Jim. En sortant de l’hibernation, Jim reçoit de l’ordinateur de la capsule l’info comme quoi le voyage touche à son terme, alors qu’il s’aperçoit que lui seul s’est réveillé, et qu’il n’avait été en hibernation que 30 ans, et que le vaisseau a encore 90 ans de parcours. En d’autres termes, il est condamné à passer le reste de son existence tout seul sur un vaisseau, et de mourir là avant d’arriver à destination.
Entre temps, il étudie les profils de quelques autres passagers se trouvant dans leurs capsules d’hibernation. Il lutte tout le temps avec la tentation de réveiller Aurora. Ceci reflète la nature humaine, telle que consignée dans Genèse 2: «Le Seigneur dit: “Il n’est pas bon que l’humain soit seul; créons-lui une aide semblable à lui”. Or Dieu avait aussi formé de la terre toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel […] Mais il ne se trouvait pas pour Adam d’aide semblable à lui. Alors Dieu […] forma une femme, et il la conduisit à Adam.» Mais il y a bel et bien tentation, car Jim sait que, s’il réveille Aurora, il le fera par égoïsme, et qu’Aurora sera condamnée à partager son sort à lui, et du coup de ne pas arriver à destination, mais de mourir en route, comme lui.
Or la tentation de Jim est aussi la tentation de tout un chacun d’entre nous. Au bord du suicide, il succombe à la tentation de réveiller Aurora, lui faisant croire que sa capsule à elle avait été défectueuse, comme la sienne, et ne lui dit pas la vérité. Jim met sa vie en danger à plusieurs reprises, pour réparer les différents problèmes du vaisseau, alors qu’Aurora est une je-m’en-foutiste, qui ne pense qu’à sa propre vie à elle. Jim révèle une nature humaine post-lapsarienne, mais en quête de grâce, en quête de rédemption. Aurora révèle un état d’âme démoniaque, un égocentrisme qui dépasse de très loin l’égoïsme initial de Jim. Entre autres, elle reproche à Jim de lui avoir volé la vie, mais elle est sur le point de vouloir réveiller elle-même sans scrupules d’autres personnes.
Entre temps, Gus, un membre de l’équipage se réveille aussi, à cause des erreurs techniques de sa capsule. Mais Gus est mourant. Il est très altruiste, et confie à Jim et Aurora le sauvetage du vaisseau. Gus meurt, mais sa mort réconcilie les deux autres personnages. Jim suppose qu’il doit sacrifier sa vie pour réparer le vaisseau par l’extérieur, mais n’hésite pas à le faire. Il est effectivement en mort clinique, mais Aurora le réanime, et ainsi il revit.
Le film finit avec le réveil de l’équipage, 88 ans plus tard, avant l’arrivée à destination. Sur le grand hall du vaisseau, on voit une maisonnette construite par Jim, de l’herbe, des poules, et le livre écrit par Aurora pour les informer des péripéties qui ont eu lieu pendant le voyage.
On voit dans le film des histoires d’auto-rédemption partielle (Jim, Aurora). Mais l’idée de sauver la vie de la totalité des passagers en donnant la sienne est omniprésente. Rétrospectivement, on sait que, si la capsule de Jim n’avait pas été défectueuse, il ne se serait pas réveillé, et le vaisseau aurait péri. Si Jim n’avait pas réveillé Aurora, sans elle il n’aurait pas su sauver le vaisseau. Si Gus n’avait pas fait sa brève apparition, à nouveau Jim et Aurora n’auraient pas pu sauver le vaisseau. Donc felix culpa à plusieurs reprises!
Les personnages critiquent beaucoup les agissement de la compagnie Homestead, et démontrent que la machine est impuissante toute seule, et qu’une présence humaine est nécessaire!
Suite à la recommandation du père Bosco Peters, nous avons décidé d’aller voir le film Premier contact. Dans cet article, je fais une petite critique de ce film.
Du point de vue cinématographique, je trouve génial que leurs extraterrestres soient des heptapodes. J’en ai marre de la littérature où les extraterrestres ressemblent physiquement très fort aux terriens, avec tête, cou, deux yeux, deux jambes, etc., et où seulement leurs têtes (ou leurs oreilles, ou leurs poils) sont un peu plus grands que les nôtres. Même un gamin a plus d’imagination que ça. Ici, par contre, avec les heptapodes, c’est enfin réussi! De même, dans un univers cinématographique tellement sexiste, où les héros sont toujours des mecs, alors que les personnages féminins jouent des rôles misérabilistes, je trouve qu’ici on a une femme héroïne dans le film.
Cependant, des points de vue littéraire et théologique, je trouve que ce film est un grand désastre, comme suit.
Premier contact suppose que les humains, écrivant de façon linéaire, ont juste une vision linéaire du temps; les heptapodes, écrivant circulairement, auraient une vision non-linéaire du temps, qui permet aux personnages d’avoir des prolepses à la place des souvenirs. De ce fait, en réalité, les personnages sont des prisonniers du hasard; non seulement ils savent ce qui va arriver, mais du coup ils ne peuvent pas modifier leurs actions futures. Les prolepses les aident à savoir ce qu’ils doivent faire et dire à l’avenir. Par exemple, les heptapodes viennent sur terre, parce qu’ils savent à l’avance qu’ils auraient besoin de l’aide des terriens 3000 ans plus tard; la héroïne sait qu’elle aura un mari qui la quittera, qu’elle aura une fille atteinte d’une maladie rare qui la fera mourir tôt, mais elle ne sait pas empêcher que cela se produise.
Tout d’abord, les anciens avaient une vision cyclique du temps. Sous inspiration divine, le peuple hébreu révolutionna ce concept, en disant: «Au commencement, Dieu créa…» Quel commencement? Ben oui, car les antiques avaient du mal à comprendre cette notion. Les Hébreux inventèrent l’histoire. Ainsi, le christianisme fait nettement la différence entre Dieu, qui est au-delà de l’espace-temps, et la création, qui s’inscrit dans l’espace-temps. La création commence par la création de l’espace-temps, comme cadre de celle-ci. Donc Premier contact nous mène quatre mille ans en arrière!
Sur le plan éthique-philosophique-théologique, le film est donc un calvinisme pur et dur. Calvin affirmait – et la moitié des États-Uniens, tout comme certains musulmans – que Dieu choisit d’avance les actes de tout un chacun, et que de ce fait, le libre-arbitre n’existe pas, mais Dieu prédestine les uns aux le bonheur éternel, et les autres à la damnation éternelle.
Le film s’appuie sur l’hypothèse de Sapir-Whorf, mais cette hypothèse est contredite pas les faits. On arrive pour la seconde fois au calvinisme, car les calvinistes utilisent le mécanisme Sapir-Whorf pour parler de l’Eucharistie: pour eux, le pain et le vin ne sont pas objectivement corps et sang du Christ, mais éventuellement subjectivement, dans la mesure où le sujet les considère nominalement comme étant corps et sang du Christ. Dans Premier contact, il y a trois erreurs flagrantes à ce niveau.
1. La héroïne – présumée linguïste – et son futur mari disent que notre vision linéaire du temps serait due à notre façon linéaire d’écrire, alors que l’écriture heptapodienne est circulaire. «Imagine-toi comment il serait d’écrire en même temps avec deux mains: avec la gauche vers la droite, et avec la droite vers la gauche.» Cette idée est fausse, non seulement parce que l’histoire a été inventée avant l’écriture, mais aussi parce que, dans les faits, les langages des signes ne sont pas linéaires, mais “ronds”, comme l’écriture heptapodienne. Les sourds écrivent «en même temps avec deux mains», et pourtant, ils n’ont pas une vision heptapodienne du temps; encore moins arrivent-ils à deviner l’avenir.
2. Il y a des langues, notamment les langues asiatiques, qui n’ont pas les temps passé, présent, futur. En vietnamien, par exemple, on utilise l’indicatif “présent” pour parler à la fois dans le passé et dans le futur, mais, plutôt que de donner une vision non-temporelle du monde, ces langues se trouvent mal à l’aise, et ont besoin d’utiliser énormément les adverbes de temps, pour suppléer au déficit. De même, le fait qu’en wallon on ait neuf mots pour la pluie – parce que chez nous il pleut tout le temps, et que du coup, nous savons catégoriser les différents types de pluie – ne change en rien la réalité des choses. Si un Wallon se promène dans son pays avec son invité aricain venu du Chili, ils succomberont tous les deux la même pluie pendant leur promenade, et l’expérience de la pluie sera virtuellement identique chez tous les deux, même si le second peut parler seulement de jallu en langue aymara, ou de lluvia en castillan, alors que le premier sait dire précisément s’il draxhe ou s’il mouzene ou sept autre termes de précipitation entre les deux. L’expérience, quant à elle, est indépendante des langues.
3. La héroïne apprend aux heptapodes l’anglais, alors qu’elle parle une multitude de langues. Si j’avais été à sa place, j’aurais appris aux visiteurs une langue dont la prononciation et la grammaire sont beaucoup moins dégénérées qu’en anglais (ou qu’en français, wallon etc.). Quelqu’un qui a l’ouïe différente de la nôtre aurait eu plus facile à apprendre l’italien, le latin, le russe, ou encore l’arabe ou l’hébreu. En aucun cas l’anglais.
Autrement dit, le film, tout en se prétendant linguïste, faillit grossièrement au niveau linguïstique. Un film qui pète beaucoup plus haut que son cul, et qui transpire de tous ses côtés l’hérésie du christianisme calviniste-américain.