Lorsque les eaux usées sont épurées, les traitements dits « secondaires »* utilisent l’activité bactérienne pour dégrader la pollution dissoute. Bien sûr, les bactéries ne demandent pas mieux que d’être nourries de la sorte, afin de pouvoir… se reproduire ! Jusqu’à un certain point, c’est une bonne chose que d’avoir plus de bactéries pour l’épuration. Mais vient un moment où il faut quand même purger afin de préserver les performances et éviter les nuisances. Cet amas de bactéries décantées constitue ce que l’on appelle les boues de station d’épuration**.
Que faire alors avec cette boue ? S’en débarrasser en décharge ? Certainement pas, puisque c’est interdit en Région Wallonne depuis 2007. L’envoyer en incinérateur ? Oui, mais attention : même après déshydratation, les boues contiennent encore tant d’eau que l’on parle plus souvent de co-incinération avec des matières plus sèches, afin d’éviter que toute l’énergie produite par la combustion ne serve qu’à… faire évaporer l’eau !
En Wallonie, une voie d’évacuation populaire de ces boues est la valorisation agricole : on arrose généreusement les boues avec de la chaux, qui va les hygiéniser tout en réduisant drastiquement la biodisponibilité des métaux lourds qu’elles contiennent. On obtient ainsi un produit épandable sur les champs. Et ne faites pas la grimace : c’est bien plus appétissant que le lisier animal.
Ailleurs, une autre voie encore plus audacieuse gagne du terrain : la biométhanisation. Dans ce cas, les boues sont digérées par d’autres souches de bactéries qui produiront du biogaz. Ce dernier peut alors soit être employé comme carburant, ou bien servir pour cogénérer de l’électricité et de la chaleur. Ainsi, le gaz peut être soit revendu en distribution, soit permettre une diminution de la facture d’énergie des stations d’épuration – voire plus !
Il existe encore d’autres possibilités pour les boues secondaires, telle que l’oxydation par voie humide, utilisée à la station d’épuration de Bruxelles Nord.
L’image illustre des boues déshydratées. Elle vient du profil de Peter Craven sur Flickr.
* Pas dans le sens facultatif, mais parce qu’ils arrivent en deuxième étape.
** Plus exactement : les boues secondaires. Les stations d’épuration peuvent parfois aussi produire des boues primaire et/ou chimiques, dont la nature diffère des boues secondaires.