Pain de messe.

Tantôt, en chantant les vêpres ce soir, nous avons lu, dans le livre du prophète Malachie, au chapitre premier, ces passages:

Vous offrez sur mon autel du pain souillé, et vous dites: «En quoi t’avons-nous pollué?» C’est en ce que vous dites: «La table du Seigneur est contemptible.» Et quand vous amenez une bête aveugle pour la sacrifier, n’y a-t-il point de mal en cela? Et quand vous l’amenez boiteuse ou malade, n’y a-t-il point de mal en cela? Présente-la à ton gouverneur, t’en saura-t-il gré, ou te recevra-t-il favorablement? a dit le Seigneur Sabaoth. […] Ce qui est boiteux, et malade, vous l’amenez, dis-je, pour m’être offert. Mais accepterai-je cela de vos mains? C’est pourquoi, maudit soit le rusé, qui ayant un mâle en son troupeau, et faisant un vœu, sacrifie au Seigneur ce qui est gâté!

Avec Abraham, on a mis fin aux sacrifices humains. Les sacrifices d’animaux finissent avec le Christ. Désormais, nous avons une offrande végétale: le pain et le vin pour l’Eucharistie.

Le prophète Malachie déplore le fait que des Israélites apportaient des sacrifices non pas de leur meilleur, mais de leur pire. En transposant cela dans le Nouveau Testament, on assiste à la même chose dans les oblats pour la Messe.

Appliqué à notre contexte, ce passage de Malachie nous avertit contre le pain et le vin que les chrétiens apportent de leur pire, non pas de leur meilleur.

Je me souviens encore comment, lorsque j’étais séminariste il y a une quinzaine d’années, à un moment donné, la seule matière qu’on ait trouvée pour la Messe a été du pain français industriel et du vin de mauvaise qualité avec des sulfites surajoutés. On a utilisé ce qu’on a eu. Mais je suis profondément scandalisé lorsque, de nos jours, où la bonne qualité est à notre portée, certains apportent du pain industriel et du vin industriel, qui ne méritent même pas de nom de pain et de vin. Et cela, au nom de la liberté.

Quel n’a pas été mon étonnement ce matin! Un groupe d’écoliers, accompagnés de trois institutrices de Saint-Servais, étaient déguisés en diables, monstres et sorcières, et c’est ainsi qu’ils ont paradé à travers le faubourg!

Pour une école “catholique” qui se vante de la neutralité et de son attachement aux sciences, cela me choque.

Bien sûr, d’aucuns me traiteront d’intégriste. On sous-entend que le Hallowe’en “à l’américaine” serait quelque chose de récréatif et d’inoffensif. Qu’on croie ou non à l’existence des démons, le démon est la figure du malfaiteur; se déguiser en diable n’a rien de bon, même si l’on est athée. Pourquoi ne pas mettre sur les écoliers des étiquettes avec les mots «mensonge», «meurtre», «tricherie», juste comme ça, “pour le fun”?

Mais j’apprends que Saint-Servais n’est pas unique. Un article raconte ce qui s’est passé à Champion, dans une autre école catholique: «Ce mercredi, l’institut de la Providence, à Champion, s’est transformé l’espace d’une soirée en temple du frisson. À l’initiative d’une partie des élèves de deuxième année secondaire, l’école a organisé une soirée Halloween. Au programme : rallye sanglant, karaoké sensoriel, concours du déguisement le plus horrible ou encore séance de tarot.»

 

 

 

 

 

Par contre, nous avons eu nos bonnes traditions qui sont, du moins en partie, perdues. Ce sont celles-là que nous pourrions ranimer. Par exemple, les chanteurs de l’étoile.

À Rome, les évêques catholiques-romains, l’évêque de Rome en tête, veulent le beurre et l’argent du beurre. Ils ont voulu à la fois garder les gais et lesbiennes dans leur église et plaire aux conservateurs.

Voici déjà le texte du document préparateur (j’en souligne les passages importants)

50. Les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne: sommes-nous en mesure d’accueillir ces personnes en leur garantissant un espace de fraternité dans nos communautés? Souvent elles souhaitent rencontrer une Église qui soit une maison accueillante. Nos communautés peuvent-elles l’être en acceptant et en évaluant leur orientation sexuelle, sans compromettre la doctrine catholique sur la famille et le mariage?

51. La question homosexuelle nous appelle à une réflexion sérieuse sur comment élaborer des chemins réalistes de croissance affective et de maturité humaine et évangélique en intégrant la dimension sexuelle: elle se présente donc comme un défi éducatif important. L’Église affirme, par ailleurs, que les unions entre des personnes du même sexe ne peuvent pas être assimilées au mariage entre un homme et une femme. Il n’est même pas acceptable que l’on veuille exercer des pressions sur l’attitude des pasteurs, ou que des organismes internationaux soumettent les aides financières à la condition d’introduire des lois s’inspirant de l’idéologie du gender.

52. Sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles, on prend acte qu’il existe des cas où le soutien réciproque jusqu’au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires. De plus, l’Église prête une attention spéciales aux enfants qui vivent avec des couples du même sexe, en insistant que les exigences et les droits des petits doivent toujours être au premier rang.

Rien de louable là-dedans! Nous ne sommes que des «personnes homosexuelles» (non pas des gais et lesbiennes, sans parler des transgenres etc.) Notre identité n’est que sexuelle Nous sommes une «question», et nous avons des «problématiques morales» Autrement dit, nous sommes des immoraux (Voir source pour rappel.) Et, bien sûr, nos «unions» ne sont même pas «assimilables» au mariage

L’hérésie de l’ “anti-gender” revient sur le plateau. (Rome croit que l’humanité est partagée entre des mâles et femelles, ontologiquement différents. De ce fait, elle attribue à Jésus Christ non pas l’humanité, mais la masculinité, ce qui est une hérésie christologique.)

Le texte final dit ceci:

Il n’y a absolument aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu pour le mariage et la famille.

Qu’on ne se foute pas le doigt dans l’œil! Il n’y a jamais eu question à Rome de chercher le Royaume et sa justice!

S’ils avaient été soucieux du Royaume et sa justice, ils auraient:

1. inclus beaucoup de délégués laïcs avec droit de vote au synode;
2. éliminé le filioque tout de suite;
3. accepté que des prêtres et des évêques soient mariés.

Ç’aurait été un minimum minimorum. Manifestement, à Rome ils ne sont pas très catholiques.

Comment vit-on sa foi catholique lorsque l’on est gai, lesbienne, transgenre, divorcé-remarié? Il y a deux options:

A. Soit on reste dans une église dont le clergé est conservateur, et l’on se cache, et alors on prétend être ce que l’on n’est pas. Comme l’écrivait Nasha Gagnebin sur son blogue: «la majorité des Catholiques romains sont des Protestants qui s’ignorent […] Et ces Catholiques démontrent simplement qu’ils croient en une Église faite de dogmes, sans croire à ces mêmes dogmes qui font leur Église. Ridicule en somme…» (source);

B. Soit on cherche une église catholique ouverte et inclusive. Et des églises catholiques non-romaines, ouvertes et inclusives, il y en a, et même en Belgique. Par exemple: l’Église vieille-catholique d’Utrecht, l’Église épiscopale (anglicane) des États-Unis, l’Église suédoise, l’Église danoise etc. Dans de telles églises on peut bien vivre sa foi catholique, tout en fondant une famille recomposée et/ou homoparentale, tout en recevant les sacrements et les cérémonies pastorales de l’Église.

Hier après-midi, nous avons participé à la Messe pendant laquelle nous avons béni le mariage d’A & R.

Je suis très content de ce que tout s’est bien passé.

À ce sujet, je viens de lire un article intitulé In Favour of ‘Equal Marriage’, par le professeur Adrian Thatcher.

Chaque célébration de mariage dans un contexte chrétien auquel je participe me fait penser, voire prégoûter anticipativement, au banquet de l’eschaton. Chaque célébration chrétienne d’un mariage représente – rend présente – la plénitude de l’Église, car le mariage est une icône de l’Eucharistie, de l’Église.

Eucharistie interdénominationnelle.

J’apprends sur la toile qu’il y a 8 ans, à Norcopie (Norrköping), a eu lieu une Eucharistie interdénominationnelle. Il y a eu des prêtres suédois, des prêtres orthodoxes-syriens, des ministres protestants, et 900 fidèles des trois sortes. Il y a 3 ans, l’Eucharistie interdénominationnelle a eu lieu chez les orthodoxes-syriens, et 700 fidèles ont été présents (souce).

Personnellement, je suis pour la communion eucharistique entre des fidèles et prêtres des Églises historiques. Et je n’ai pas de problème à admettre des protestants dedans, pour autant que l’Eucharistie soit présidée par un prêtre validement ordonné.

Je suis positivement surpris par le pas qui a été fait par les Syriens. En terre d’exil, ils veulent composer avec l’Église du pays. Et je trouve cela génial. Cela aidera la minorité syrienne (ou autre) à surmonter des préjugés.

J’apprends également qu’il y a deux ans, cette Eucharistie interdénominationnelle a eu lieu chez les Syriens, et cette fois-là, le sermon a été prononcé par un prêtre de l’Église suédoise.

Hymnes pour la semaine.

Voici le récapitulatif des hymnes, pour la semaine, telles que traduites par moi.

Dimanche aux premières vêpres (samedi soir): Lucis creator optime ou O Lux beata Trinitas.
Dimanche aux matines: Primo dierum omnium ou Nocte surgentes vigilemus omnes.
Dimanche aux laudes: Æterne rerum conditor ou Ecce iam noctis.
Dimanche aux secondes vêpres: O Lux beata Trinitas ou Immense cæli conditor.

Lundi aux matines: Somno refectis artubus.
Lundi aux laudes: Splendor paternæ gloriæ.

Mardi aux premières vêpres: Telluris alme conditor.
Mardi aux matines: Consors paterni luminis.
Mardi aux laudes: Ales diei nuntius.

Mercredi aux premières vêpres: Cæli Deus sanctissime.
Mercredi aux matines: Rerum creator optime.
Mercredi aux laudes: Nox et tenebræ et nubila.

Jeudi aux premières vêpres: Magnæ Deus potentiæ.
Jeudi aux matines: Nox atra rerum contegit.
Jeudi aux laudes: Lux ecce surgit aurea.

Vendredi aux premières vêpres: Plasmator hominis Deus.
Vendredi aux matines: Tu trinitatis unitas.
Vendredi aux laudes: Æterna cæli gloria.

Samedi aux premières vêpres: Dominus postquam creavit.
Samedi aux matines: Summæ Deus clementiæ.
Samedi aux laudes: Aurora iam spargit polum.

Ales diei nuntius.

Voici ma traduction-adaptation de l’hymne Ales diei nuntius, qui se chante les mardis aux laudes (fin des matines).

Le coq annonce le retour
De la lumière: il fera jour;
Et toi, Christ, nous donnes avis
De nous réveiller à la vie.

Tu nous dis de quitter le lit,
De cesser d’être ramollis,
Tu nous veux sobres, réveillés,
Chastes, droits, en train de veiller.

Jésus, nous chantons de nos voix,
Pleurant, priant, avec la foi;
De supplication animés,
Les cœurs purs ne dorment jamais.

Christ, interromps notre sommeil,
Et tiens-nous en état d’éveil;
En absolvant nos vieux péchés,
Éclaire-nous, ô Bon Berger.

Et la doxologie Sit, Christe, rex, commune également à d’autres hymnes:

Gloire à toi, Christ, roi éternel,
Qui vis et règnes dans le ciel,
Avec notre Père et l’Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.

Voici ma traduction-adaptation de l’hymne Telluris ingens conditor, pour les premières vêpres des mardis (lundi soir).

Du monde faiseur incréé,
Le sol, tu l’as bien dégréé
De la masse des eaux, figé
Et en terre ferme érigé.

La terre, tu l’as décorée
De germes et fleurs colorées ;
Tu fis des arbres, du gazon,
Fructifiant selon les saisons.

Guéris par ta grâce à présent
Les erreurs de nos jugements ;
Les méfaits soient de pleurs lavés ;
Mets un frein aux projets mauvais.

Qu’à tes lois soyons attachés;
Nul mal ne puisse nous toucher;
Que fassions le bien dans la joie,
Loin du péché mortel, par toi.

Et la doxologie:

Exauce-nous, Papa chéri,
Et toi, son égal, Jésus-Christ,
Et toi, Esprit de vérité:
Un pour toute l’éternité. Amen.

Ou, selon la traduction de Georges Pfalzgraf:

Exauce-nous, Père éternel,
Par Christ, qui vit et règne au ciel,
Avec toi et le Saint-Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.

Nox et tenebræ et nubila.

Voici ma traduction-adaptation en français de l’hymne Nox et tenebræ et nubila, qui se chante les mercredis aux laudes. Il s’agit du deuxième poème matinal de Prudence.

Que les ténèbres de la nuit
Et vanités du monde fuient;
Qu’à l’aurore elles soient perdues;
Viens, Christ, de lumière vêtu.

2. Sur terre la nuit se replie,
Percée d’un lumineux épi;
Le soleil redonne couleur
À la face du sol, Seigneur.

10. Christ, c’est toi seul que nous avons:
L’unique Dieu que nous savons
Par la simple raison, et nous,
Pleurant, te prions à genoux.

Et la doxologie Sit, Christe, rex piissime, commune également à d’autres hymnes:

Gloire à toi, Christ, roi éternel,
Qui vis et règnes dans le ciel,
Avec notre Père et l’Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.

Nicolas et moi fêtons aujourd’hui 5 ans de mariage. Ce sont, comme on dit, les noces de bois.