Superstition.

D’un point de vue liturgique, hier c’était la fête de tous les saints; le 2 novembre étant un dimanche, le jour des défunts n’est pas commémoré aujourd’hui, mais transféré à demain; mais, étant donné que demain nous avons la fête de saint Hubert, la commémoraison des défunts sera juste une mémoire, accrochée à la fête de demain. Bon. Ça, c’est la théorie. Car la plupart des paroisses fêtent les défunts aujourd’hui, même si c’est un dimanche.

Je me permets de traduire une bonne partie de l’article Superstition can’t be exorcised just by simply turning off the God switch («La Superstition ne peut pas être éliminée juste en se débarrassant de Dieu»), par le prêtre anglican Giles Fraser (l’original ici):

[…] L’un des cas où les funérailles d’église réussissent, alors que les funérailles non-religieuses n’y arrivent pas, c’est lorsque le défunt est un crétin fini. J’ai déjà présidé pas mal de funérailles pour des pédophiles, mais je n’ai jamais été à de telles funérailles non-religieuses. Basées sur des discours de louange, les funérailles non-religieuses ont du mal à célébrer quelque chose pour quelqu’un pour qui personne n’a aucune louange à dire. De ce point de vue, la liturgie chrétienne – en dépit du fait que pour l’athée elle serait basée sur quelque chose qui n’existe pas – laisse beaucoup plus de place à la réalité. Lorsque je préside des funérailles pour un homme qui frappait sa femme, personne ne fait semblant en prétendant le contraire de ce qui s’est passé. La moindre des choses, c’est de le juger.

Dans mon expérience, éliminer Dieu lorsque l’on parle de la mort n’amoindrit pas la superstition. Souvent, je préside des funérailles pour des gens qui se disent “pas croyants”, mais qui croient néanmoins que leurs époux les regardent d’en haut et restent avec eux après la mort. Ceux qui me racontent ce genre de choses s’attendent à ce que je partage leur point de vue.

Mais mon point de vue est juste le contraire. Les chrétiens croient en l’immortalité de Dieu et en la mortalité de l’humain. Depuis les délires pseudo-scientifiques sur le post-humain et l’immortalité digitale produite par le transfert de conscience vers les ordinateurs, et jusqu’à la superstition très commune des morts étant avec nous, Dieu est supposé mort, mais les humains ont récupéré quelques-uns de ses pouvoirs. Ironiquement, cette vision du monde est très irréaliste par rapport à la réalité de la mort.

L’athéisme n’est pas le remède contre la superstition. Il peut même l’amplifier, en offrant aux non-croyants l’illusion qu’en se débarrassant de Dieu, ils auraient éliminé la superstition. Ceci est malsain, car c’est le manque de vigilance intellectuelle qui permet l’apparition des croyances bizarres, comme des mauvaises herbes dans un jardin qui n’est pas soigné.

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