Seamless Faith.

On se demande souvent, Nicolas et moi, comment nous organiserons notre vie quotidienne lorsque nous aurons des enfants. Que serons-nous devenus d’ici là? Comment trouverons-nous un rapport équilibré entre la vie professionnelle et la vie de famille?

Mais aussi: comment transmettrons-nous la foi à nos enfants? J’en donne deux exemples:

1. À présent, nous prions les vêpres tous les soirs ou quasiment. Mais que ferons-nous avec les enfants, étant donné qu’ils devront aller tôt au lit? Combien de temps durera la prière du soir, et comment la faire, comment l’organiser?

2. Que ferons-nous les week-ends? J’espère être prêtre d’ici là, et que nous ayons les Messes dominicales les dimanches soir. Ainsi, nous – et les autres personnes venant à la Messe chez nous – pourrons organiser le week-end ailleurs. J’aimerais aller visiter le pays avec nos enfants. Mais sera-ce possible? Et si nous enfants veulent s’inscrire dans un club de foot ou à quelque connerie hebdomadaire se passant tous les samedis, que ferons-nous? Dieu nous en préserve, mais si jamais ça arrivait? Bien sûr, j’aimerais que nos gosses puissent partir en week-end, assez souvent, avec des copains à eux; mais s’ils demandaient à être scotchés à un horaire hebdomadaire qui nous obligerait de rester à la maison tous les week-ends?

Je viens de lire cet article par Traci Smith, auteure du livre Seamless Faith. Simple Practices for Daily Family Life, que l’on pourrait traduire par: «La Foi sans interruption. Des gestes simples pour la vie de famille au quotidien». Traci Smith me donne de l’espoir.

J’ai connu une tonne de fils de curé, et la grande et très grande et pesante majorité d’entre eux – même ceux qui sont devenus prêtres – sont athées. Deux en font certainement exception. Et l’un de ces deux-là, prénommé Darius, est devenu chanteur d’opéra. Mais lorsqu’il parlait des bonheurs de son enfance, il me racontait comment, depuis tout petit, il assistait son père à la Messe: au début comme acolyte, puis, à partir de l’âge scolaire, en tant que chantre. Je me rappelle encore une homélie de feu son père sur l’Eucharistie et la célébration de celle-ci.

Bientôt, Nicolas et moi-même suivrons des cours au bout desquels nous aurons des certificats d’aptitude parentale. Mais cela ne suffira pas. Je sais que les agence d’adoption soi-disant chrétienne nous discriminera en tant que couple gai, alors que les autres regarderont d’un mauvais œil notre foi chrétienne. Mais je n’ai presque pas peur. Si j’avais agi guidé par la peur, je n’aurais jamais quitté mon pays, je me serais mis à genoux devant mes parents homophobes, je n’aurais pas osé quitter le système, je ne serais pas parti à la recherche de Nicolas. Si j’ai accompli tout ça, c’est parce que j’ai écouté l’Esprit Saint plutôt que la “raison” de la peur.

N’empêche, il est important pour un(e) prêtre de savoir transmettre la foi dans sa propre famille. «Car si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment pourra-t-il gouverner l’Église de Dieu?» (I Timothée 3:5) Et ça ne s’apprend ni au séminaire, ni au cours de parentalité.

Père Tobias Haller.

Je viens de découvrir le blogue du père Tobias Haller, que je recommande vivement à quiconque s’intéresse à la théologie queer.

J’ai tapé un œil à son mémoire de maîtrise: Lawfully Joined. Same Sex Marriage in Light of the Church’s Traditional and Liturgical Practice.

Il a également écrit un article ironique: God’s Judgment on Heterosexuality. Si vous avez un peu d’imagination et le sens de l’humour, il vous fera rire et réfléchir à la fois.

Nouveau diocèse.

Sur le site de l’Union d’Utrecht, je viens d’apprendre je projet suivant: « Creating an new old-catholic/episcopal diocese for the parishes in France and Italy ». Autrement dit, la Mission vieille-catholique francophone pour la France et la Belgique devra fusionner avec la « convocation », c’est-à-dire avec la structure diocésaine pour les épiscopaliens (anglicans américains) en Europe.

Je me réjouis d’ores et déjà pour le projet!

Sur le même site, j’apprends que la pleine communion entre les vieux-catholiques et l’Église orientale de Saint-Thomas d’Inde (Mar Thomas) sera enfin réalisée. Un cas de plus de la reprise de communion entre l’Orient et l’Occident.

Ramadan chrétien.

Dans le temps, certains musulmans, pour expliquer aux Occidentaux ce qu’est leur ramadan, ils le qualifiaient de « carême musulman ». Aujourd’hui, c’est le contraire qu’il faudrait faire: rappeler aux chrétiens que leur carême est (ou devrait être) un « ramadan chrétien ».

La différence entre les jeûnes chrétien et musulman n’est pas liée à la qualité, ni à la quantité, mais au but. Les musulmans veulent – entre autres – expier leurs péchés par le jeûne, et rompent le soir non seulement le jeûne, mais aussi toute abstinence. Pour les chrétiens, le jeûne est non pas expiatoire (car c’est le Christ seul qui a expié pour nous), mais pénitentiel, et lorsque nous rompons le jeûne pendant le carême, la sobriété reste en vigueur jusqu’à la vigile pascale.

Entre énormément d’autres choses, lorsque nous jeûnons, nous partageons la condition de ceux qui n’ont pas assez à manger. Nous prenons conscience que notre existence n’est pas liée qu’à la consommation.

Les chrétiens – même les plus pratiquants et les plus obèses – aiment bien trouver des excuses et excusettes pour ne pas jeûner. Ils donneraient tout, pour qu’on ne les prive pas de nourriture.

À l’heure où beaucoup de personnes sont en surpoids, et où certains mangent une seule fois par jour, je trouve honteux que la majorité des chrétiens ne veuillent pas jeûner, ne fût-ce que quelques journées incomplètes pas an.

Bien entendu, je suis conscient du fait que certains métiers sont presque incompatibles avec le jeûne. Par exemple, les conducteurs de locomotive et les chauffeurs de bus, ainsi que les chirurgiens, et tant d’autres, ont besoin d’une attention pointue, et ne peuvent pas risquer les vies des autres. Mais les exceptions ne devraient pas restreindre le jeûne aux autres.

Allergie à la prière.

Pour ce début de carême, j’ai deux articles. Dans le second, je parlerai de l’ ‘‘allergie au jeûne’’; dans celui-ci je parle de l’ ‘‘allergie à la prière’’.

J’ai l’impression que le chrétien occidental, à partir du concile de Trente et en culminant de nos jours, est allergique à la prière. Les antiennes du carême répètent sans cesse: «priez, priez, priez». L’important n’est pas de dire aux autres de prier, ni d’inviter les autres à louer le Seigneur. L’important est de prier, et de louer le Seigneur. Louer le Seigneur, c’est raconter aux autres ce que le Seigneur a fait. Prier le Seigneur, c’est s’adresser à lui à la deuxième personne.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il adore chanter: «Voci gnignigni… voilà gnagnagna…»

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère attirer l’attention sur soi-même: «Me voici… je suis ceci, je suis cela….»

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il aime faire semblant que tout irait bien, que, tout compte fait, le Christ fût venu pour presque rien. Il est profondément pélagien.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère s’ennuyer devant une bougie (ou une icône, une hostie consacrée) sans rien dire, plutôt que de s’adresser à Dieu.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère se bourrer d’enseignements ‘‘spirituels’’ dans une pièce, que de pleurer sur ses péchés et ceux du monde.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère chanter des chants paillards travestis, plutôt que d’intercéder.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Si jamais il s’adresse à Dieu, sa prière est encore au stade de celle des primitifs du livre de la Genèse, et il ne sait pas ‘‘théologiser’’ devant Dieu.

Le carême est un moment privilégié pour guérir de cette allergie.

Managers?

«Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent. Il n’en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur ; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon pour la multitude.» (Marc 10)

C’est pourquoi il n’y a pas lieu de parler de ‘‘leaders’’ d’église. En référence probablement aux directeurs des communautés esséniennes, Jésus a encore dit: «Ne vous faites pas appeler directeurs (καθηγηταί), car un est votre Directeur: le Christ.» (Matthieu 23:10) Notons que le mot «καθηγητής» dérive du verbe «ἡγέομαι» (conduire à la manière d’un chef); du coup, au lieu de traduire «directeurs», on pourrait dire «leaders» ou «managers».

L’Église de Dieu a des ministres (serviteurs), dont les «intendants». Malheureusement, beaucoup de membres du clergé se comportent souvent en leaders ou managers d’une compagnie. Leur préoccupation suprême est d’avoir les finances au top, et les fidèles sont traités soit comme des clients (surtout s’ils sont riches), soit comme de la matière première. Ils sont assistés par des laïcs expérimentés à la ‘‘production’’, mais qui ne sont pas des prêtres, ni n’ont la vocation de jouer au prêtre. Ils font une distinction nette entre vie «professionnelle» et vie privée. Ils habitent loin de leur ‘‘usine’’, de préférence en banlieue chic ou à la campagne. Ils ne peuvent pas être ‘‘dérangés’’ en-dehors des heures de ‘‘bureau’’. Ils appliquent des ‘‘stratégies’’ mondaines.

Comment vois-je la pastorale, dans un pays comme le nôtre? Je pense qu’il y a deux pastorales: l’une des petites paroisses, l’autre des grandes paroisses.

Les petites paroisses n’ont pas (et ne devraient pas avoir) de clergé subsidié. Le clergé est ouvrier. Il y a une cohésion du groupe. Une charité chrétienne qui contribue à l’accomplissement de chacun. Une charité qui déborde vers l’extérieur. Les paroissiens sont des amis. Chacun apporte sa pierre à l’édifice. Dans un tel contexte, tout ce qui est sacramentel est immédiatement accessible, car le groupe est petit.

Dans une grande paroisse, avec un prêtre payé par le ministère de la justice, il y a moyen de faire mieux. Puisque le prêtre ne doit pas s’occuper à gagner sa propre subsistance, il a le temps de s’occuper d’une pastorale directe. Visiter ou appeler des paroissiens malades et à la retraite peut être une priorité. Grâce à des laïcs bénévoles, la paperasse peut être réduite. Être le pouvoir organisateur des écoles, ça, c’est pas le truc le plus koel à gérer. Mais la vie sacramentelle ne devrait pas y manquer. Le curé subventionné pourrait passer une demi-heure par jour dans la ‘‘chapelle à confesse’’ avant la Messe. Deux offices liturgiques par jour ne serait pas de trop, afin que les paroissiens puissent s’y rendre, une fois ou l’autre, s’ils en ont envie. Par contre, les réunions interminables le soir pourraient être réduites, et le curé devrait être exempt de tels supplices. Souvent ceux et celles qui adorent ce genre de réunions sont des célibataires/divorcés/veufs qui s’em****ent chez eux, et ont envie de faire club le soir.

Comment se passe la liturgie dans les Églises orientales? C’est très simple. Souvent, tout le monde va à l’office, sans avoir rien préparé. Le chantre et la chorale savent ce qu’ils doivent chanter. Ils ouvrent leurs gros livres et chantent avec le peuple. Le prêtre n’a pas à fourrer son nez là-dedans. Lui doit être attentif à ce que lui doit faire. En gros, on ne perd pas le temps inutilement avant l’office, et on ne se marche pas sur les pieds. En Occident, on fait souvent le contraire. À savoir: des réunions interminables, pour décider comment on va improviser un truc ‘‘dernier cri’’ pour amuser les singes paroissiens; le prêtre choisira les chants qui lui plaisent, mais qui ne plairont peut-être pas à la chorale, qui fera quand même un effort etc. On accuse souvent les Orientaux de faire des offices interminables; mais en réalité, ce sont plutôt les Occidentaux qui font des préparations interminables.

La maison du curé payé par le ministère de la justice devrait se trouver à proximité de l’église, et sa porte devrait être ouverte à tout le monde en tout temps. Si quelqu’un a besoin de se confesser, ou pique une crise mystique à onze heures du soir, le curé devrait pouvoir l’aider. Le curé devrait ne pas trop compter sur l’aumônier d’hôpital, mais il devrait visiter ses ouailles à l’hôpital. Et les funérailles devraient être des moments-clef de la pastorale: non pas tant pour les morts, mais pour ceux qui restent. Le curé devrait superviser les catéchèses d’adultes et d’enfants, en s’assurent lui-même de la formation des catéchistes.

Mais être curé payé, c’est un gros risque. Un risque d’être déconnecté des réalités, un risque d’être bien au chaud, pendant que d’autres se cassent le c*l dans un travail de misère, dans le froid et la faim. Il risque de ne pas atteindre ceux qui sont en-dehors de l’Église.

Et puis, un curé est un prêtre (πρεσβύτερος). Il ne devrait ni jouer au diacre, ni jouer à l’évêque. Une grosse paroisse devrait avoir des diacres (qui soient autre chose que des cérémoniaires ou que des chauffeurs d’évêque), mais aussi des laïcs bénévoles, qui sachent faire d’autres choses que de jouer au prêtre.

Et vous? Qu’attendez-vous d’un curé de paroisse?

Peu d’entre les lecteurs et lectrices de ce blogue connaissent la différence entre les différentes Églises de la Communion Anglicane.

Du côté de Rome, on prétend qu’il y a plusieurs Églises catholiques: L’Église romaine (incluant des diocèses belges, italiens, brésiliens… et tout diocèse de rite prétendument latin); l’Église melkite catholique, arménienne catholique et toute autre Église orientale qui accepte la papauté de Rome. Toutes ces Églises diffèrent en rite et un peu en discipline, mais autrement, l’idée est que toutes ces Églises ne sont qu’une, grâce à leur uniformité.

Du côté des Églises dites orthodoxes des sept conciles, il y a plusieurs Églises dites autocéphales. Elles prétendent avoir tout en commun: le même rite, la même discipline, la même doctrine. Elles s’organisent à des niveaux nationaux. Cependant, elles se font la concurrence déloyale l’une à l’autre, leur pleine communion reste souvent lettre morte, elles utilisent des calendriers différents et se traitent de ceci ou de cela à cause du calendrier. La discipline diffère fort, et parfois la doctrine est totalement différente de l’une à l’autre.

Ces les anglicans et les vieux-catholiques, il y a des différences en tous points, comme chez les ‘‘orthodoxes’’. Sauf qu’ici on n’essaie pas de gommer les différences. Et, concernant le thème des LGBT, les anglicans ne sont pas du tout d’accord entre eux. D’une part, les anglicans américains (appelés également « épiscopaliens ») sont ouverts à la question: on pratique des bénédiction de couples dans les pays où il y a le partenariat, on bénit des mariages là où le mariage civile précède le passage à l’église, on officie le mariage à l’église dans les pays où cela est permis. Au contraire, en Afrique, les évêques anglicans ont aidé les lois homophobes à tortures les gais et les lesbiennes.

En Angleterre, où le mariage civil sera sexuellement neutre à partir du mois prochain, les évêques ont sorti un document ‘‘de compromis’’: ils disent qu’après le mariage civil, les prêtres pourront faire des prières pour les couples gais et lesbiens, mais sans bénédiction! Pire encore, les prêtres gais et lesbiennes sont invités à rester célibataires et abstinents.

Les conservateurs, minoritaires, râlent, en disant qu’on ne peut pas prier dans l’église pour des gens qui vivent dans le péché. Par contre, de très bons théologiens ont montré à quel point la déclaration des évêques anglais est hypocrite et sans fondement théologique. Car ce n’est pas la première fois que ça arrive. Dans le passé, les évêques anglais avait déjà fait des gaffes: en refusant les secondes noces de certains veufs, puis en refusant le re-mariage des divorcés, puis en refusant l’ordination des divorcés…

J’ai écrit, moi aussi, une lettre aux évêques anglais. Personnellement, j’ai critiqué leur prétentions bibliques, en leur montrant comment, par le passé, l’Église d’Angleterre avait favorisé l’esclavage, et en leur expliquant que le littéralisme biblique mène à la conception que la Terre serait plate. Je les ai également accusés de traiter les couples gais et lesbiens, on leur jetant des miettes sous la table, comme au chiens.

Sur internet, plusieurs prêtres anglais annoncent qu’ils ne respecteront pas la lettre ‘‘pastorale’’ de leurs évêques, et qu’ils se marieront eux-mêmes, ou qu’ils marieront les couples gais et lesbiens. Trois évêques ont pris des distances vis-à-vis de leurs collègues. Ils peuvent bien se désister, étant donné que cette ‘‘pastorale’’ n’a été signée que par les archevêques de Cantorbéry et d’York. À mon avis, tout le monde s’en foutra de la ‘‘pastorale’’, jusqu’à ce que les évêques soient obligés de reconsidérer leur position. De toute façon, il y a des prêtres anglais qui ont béni des couples gais et lesbiens au grand jour. L’année prochaine, l’Angleterre aura 4 femmes évêques, et avec ça, les évêques conservateurs ne seront plus majoritaires.

Les évêques d’Ouganda, Kenya et Nigéria hurleront comme des loups. Ce sont eux que les chrétiens du futur blâmeront.

Pour l’instant, je suis content de ce que l’Église épiscopale (anglicane) des États-Unis et l’Église anglicane du Canada sont et restent inclusives, et ne se laissent pas intimider.

Le Vatican déplore l’interprétation de la position du pape sur l’homosexualité.

Le 30 décembre dernier – donc il y a juste un mois – le pape de Rome incitait l’évêque Charles Scicluna de Malte à s’opposer aux familles homoparentales. Source: ici.

J’ai également retrouvé un article sur 7sur7.be Je le reproduis ici. La mise en gras fait partie de l’original, mais la mise en rouge vient de moi, pour souligner quelques aspects importants. Si l’on lit attentivement l’article, on voit qu’en réalité le pape condamne la famille homoparentale.

Le Vatican a une nouvelle fois déploré lundi l’interprétation, selon lui erronée et tendancieuse, des propos du pape touchant la question de l’homosexualité que de nombreux médias présentent comme une ouverture et une rupture avec le passé.

Certains médias avaient évoqué une nouvelle ouverture du pape François aux couples homosexuels après la publication, début janvier, d’un échange qu’il avait eu fin novembre 2013 avec les supérieurs des congrégations religieuses et dans lequel il évoquait la situation d’une petite fille élevée par un couple de femmes.

« Distorsion »
A Radio Vatican, le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a jugé « plus qu »évidente » la « distorsion » des propos du pape François, notamment dans les médias italiens, dénonçant leur « instrumentalisation » alors que la question de la reconnaissance des couples homosexuels est d’actualité en Italie.

« Expériences »
Le pape, dans cet entretien, évoquait les défis éducatifs posés à l’Église par le nombre croissant d’enfants de divorcés, prenant l’exemple d’une fille de parents séparés vivant avec sa mère et la « petite amie » de celle-ci. L’éducateur, a précisé le pape, « doit s’interroger sur la façon d’annoncer Jésus-Christ à une génération qui change », en étant « attentifs à ne pas administrer un vaccin contre la foi » aux jeunes. Il avait alors cité quelques unes de ses « expériences » à Buenos Aires concernant « la préparation nécessaire pour accueillir dans des contextes éducatifs des enfants, des jeunes, qui vivent des situations complexes, particulièrement en famille ». Et le pape d’affirmer: « Je me souviens du cas d’une petite fille très triste qui, au final, avait confié à son institutrice: la petite amie de ma mère ne m’aime pas ».

Parti pris journalistique
Le seul fait que le pape ait cité la situation d’une petite fille dans un couple lesbien avait été considéré comme une ouverture, alors que le pape relevait le malaise d’un enfant dans un couple recomposé. « Le pape ouvert aux couples gays », ont même titré certains journaux italiens. Le père Federico Lombardi a précisé que le pape entendait parler « de la souffrance des enfants » vivant en dehors de la famille traditionnelle.

Homosexualité
Comme à chaque fois qu’un pape évoque l’homosexualité, ses propos sont soumis à des réductions, ont déploré des sources vaticanes. Alors que François rentrait du Brésil en juillet dernier, sa phrase « si une personne est homosexuelle et cherche le Seigneur, fait preuve de bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? », avait fait la Une dans le monde entier.

Famille
Le pape François a convoqué l’automne prochain une assemblée d’évêques (synode) pour traiter de ces questions de la famille. La nouveauté du pontificat est l’approche sans tabou et sans condamnation morale des situations des divorcés et des homosexuels. Ce qui ne veut pas dire que le pape argentin les juge positives.

Wilnis.

J’apprends que le groupe Katholiek Alternatief du village de Wilnis (commune De Ronde Venen, province d’Utrecht, Pays-Bas) vient d’être accepté comme paroisse du diocèse vieux-catholique d’Harlem.

Dimanche prochain aura lieu la Messe d’inauguration.

(Photo de leur site web.)

La Bénédiction des alliances de vie.

Ça fait un petit temps depuis que voulais vous traduire l’article La Bénédiction des alliances de vie publié sur le site de la paroisse vieille-catholique de Gouda. Il s’agit, en effet, de la proposition que le Collège d’administration a formulée au Synode.

En voici donc la traduction:

Il y a quelques années, au Synode, une résolution a été demandée aux évêques, concernant la bénédiction des unions entre deux personnes du même sexe. Les années suivantes, on a suivi les étapes suivantes:

– le rapport de la commission ad hoc ‘‘Les Alliances de vie et le sacrement de la bénédiction (de celles-ci)’’, octobre 2002;

– la remise, au Synode, des résultats des discussions qui ont été faites dans les paroisses, à propos du rapport, novembre 2004;

– suite, dans les paroisses, de la remise du rapport qui avait été faite au Synode, été 2005;

– remise de rapport, au Collège d’administration, par la commission ad hoc Frede-Robinson, été 2006.

Sur base de cette concertation, de la recherche et de la réflexion, qui ont toujours trouvé leur place dans l’Église, le Collège d’administration formule ci-dessus une vision globale sur la bénédiction sacramentelle des alliances personnelles de vie des baptisés. À la fin, il en résulte une proposition au synode.

1. La Participation aux sacrements dans l’Église

L’Église vieille-catholique des Pays-Bas n’établit pas de conditions spéciales à la vie sexuelle des fidèles en vue de leur participation aux principaux sacrements du baptême et de l’eucharistie. La foi que l’on assume transforme en une nouvelle créature l’homme tout entier, mort au péché et ressuscité à la vie nouvelle, qui est né à nouveau en Christ, et lui donne de prendre part au corps et au sang de celui-ci.

La vie toute entière, la vie sexuelle y comprise, témoigne de l’exemple de foi, espérance et charité donné par Jésus Christ, de l’obéissance à la parole de Dieu et du service envers le prochain. Pour la participation au baptême et à l’eucharistie, donc, l’Église vieille-catholique n’impose pas aux homosexuels d’autres principes qu’aux hétérosexuels.

Ainsi, dans notre Église, les fidèles homosexuels sont des membres pléniers de l’Église, avec tous les droits et les devoirs y liés.

Cette acceptation ne peut pas signifier autre chose, sinon que la participation à tous les autres sacrements est ouverte également aux homosexuels. Cela s’applique spécialement aux sacrements qui sont liés aux deux sacrements principaux, à savoir la confirmation et la confession-absolution, qui sont liées au baptême, tout comme l’onction des malades ou viatique qui se rattache à l’eucharistie. Aussi pouvons-nous soutenir qu’en ce qui concerne l’accès au ministère ecclésiastique, l’orientation sexuelle du candidat n’a pas d’importance dans notre Église. Dans ce cadre, la demande de la célébration d’une alliance de vie de deux baptisés homosexuels dans l’Église, où elle serait bénie et confirmée, est logique si elle est pertinente.

2. L’Alliance de vie entre baptisés

Si les baptisés font une alliance de vie, ils érigent une nouvelle ‘‘maisonnée’’ («oikos») dans la maison de Dieu. «Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux.» (Matthieu 18:20). Ainsi, indépendamment de la règle ou de l’intervention de l’Église, nous avons toujours affaire ici à une réalité sacramentelle, qui s’accomplit par la convivance des fidèles. En d’autres termes, cette alliance de vie est en rapport avec un approfondissement du baptême. Par le baptême, les humains voient la réalité à la lumière de la présence de Dieu en eux, avec les joies et les peines qu’ils trouvent sur leur chemin. Par le baptême, les fidèles s’engagent à bâtir le Royaume de Dieu. Par le baptême, les fidèles prennent part à la joie, la liberté et la justice de ce Royaume, et à la solidarité, et à la prière de l’Église (locale).

3. L’implication de l’Église dans le mariage

Par rapport à ceci, il est important de remarquer que pendant toute la période du premier millénaire, l’Église n’a connu aucun office liturgique pour la bénédiction des alliances de vie. Les gens utilisaient les formes de mariage qui provenaient des cultures locales, par lesquelles l’union maritale des baptisés était vécue, en principe, comme un lien spécial avec Dieu, le Christ et l’Église, et avec le Saint-Esprit. Pour cela, ils s’inspiraient des passages bibliques comme Genèse 2:18-25, Marc 10:1-12 (et parallèles);  1 Corinthiens 13, Cantique des cantiques, etc. Les conseils de Paul (ex.: Éph. 5:21-33) et de Pierre (I P. 3:1-7) étaient également pris en considération. Ainsi, lorsqu’il fut question de l’adultère, la règle a été que l’alliance de vie des baptisés avait un caractère monogame, à vie.

L’implication de l’Église dans le mariage des baptisés a augmenté à partir du douzième siècle, lorsque le curé faisait office de témoin, et le mariage était inscrit dans le registre des baptêmes. Les Églises orientales mirent l’accent sur l’épiclèse sur les mariés, c’est-à-dire la prière de bénédiction en invoquant le Saint-Esprit. Dans les Églises occidentales, c’est le contrat entre les fiancés qui devint central. Cela se déroulait au milieu de la communauté des fidèles, avec le curé comme témoin, et se consommait dans le lit nuptial. La législation civile, qui s’est compliquée à la fin du 18ème siècle, considérait l’Église comme l’expression de l’ordre naturel tel quel.

Notre tradition ecclésiale a connu, depuis longtemps, les deux aspects. Dans le formulaire de la bénédiction d’un mariage, l’accent était mis sur la prière que le prêtre prononçait sur les fiancés. En plus de ceci, l’Église reconnut le contrat que les mariés avaient conclu devant l’autorité civile. Elle considérait le mariage comme une relation exclusive à vie.

Il est clair que la propre responsabilité de l’Église et son devoir comprennent d’évaluer critiquement les changements sociétaux. La prononciation d’une prière de bénédiction sur une réalité qui n’est pas solide, n’a, sans doute, aucun sens, à la lumière du Royaume de Dieu. Par contre, la prière de bénédiction qui confirme une réalité-vers-le-cœur-de-Dieu, est en même temps l’explicitation des engagements, et l’espérance, la force et l’inspiration par lesquelles on est régénéré.

4. La Signification d’une alliance de vie

Pour l’Église, la question n’est pas si les fidèles demandent une bénédiction sur ce qui est vu subjectivement comme une ‘‘bonne’’ expérience, mais s’il est question, par leur alliance de vie, d’une réalité qui les surpasse et par laquelle ils peuvent également compter l’un sur l’autre, quoiqu’il arrive.

Dès lors, la question cruciale est celle du sens d’une alliance de vie entre baptisés, dans le cadre de l’Église, et leur vocation de collaborer, par la grâce de Dieu, à l’édification du Royaume de Dieu. Autrement dit: quelle est le sens de la maisonnée qu’érigent deux baptisés dans le cadre de la Maison de Dieu? Là-dedans la vie sexuelle n’a pas d’importance décisive. Si nous pouvons constater que l’alliance de vie entre baptisés, alliance exclusive et bâtie sur la fidélité jusqu’à la mort, est une brique de la Maison de Dieu dans ce monde – et nous le constatons – alors cela signifie que la prononciation d’une prière épiclétique de bénédiction sur ces alliances de vie est parfaitement justifiée.

Sur base du baptême des personnes concernées, la prononciation de cette prière de bénédiction doit être considérée un office liturgique sacramentel.

5. Différents mots pour de différentes formes de la même mission

À cet égard, il est évident qu’il faut formuler et nommer différemment les différentes alliances de vie. Ainsi, l’égalité des différentes formes ne fait pas de doute, et elles développent chacune son propre caractère. Comme il n’y a aucune relation humaine qui soit en tous points identique à n’importe quelle autre, de la même façon se différencient la relation entre un homme et une femme d’avec celle entre deux hommes ou deux femmes. La stricte absolutisation du sexe biologique, tout comme la stricte absolutisation de l’indépendance totale des données biologiques, crée un rupture par rapport à la façon nuancée dont cette réalité fonctionne sur le plan personnel et relationnel. Dans la même catégorie des différences relatives il y a l’inexistence de l’ouverture à la procréation d’une nouvelle vie. Cette possibilité donne – en partie – un caractère spécifique à une relation. Cela ressort du fait que ce manque, autant dans les relations hétérosexuelles que dans les homosexuelles, peut être vécu comme une perte douloureuse. En d’autres termes, il y a encore une différence entre la fertilité biologique et une autre fertilité, plus générale, sans laquelle on pourrait dire que l’une a la priorité sur l’autre.

6. L’Église vieille-catholique et les autres Églises

La tradition exceptionnelle de l’Église vieille-catholique et sa position unique au milieu des autres Églises, que ce soit au Pays-Bas, dans l’Union d’Utrecht et dans le monde, entraînent le fait que son point de vue sur la bénédiction des alliances de vie des fidèles homosexuels pourrait avoir des conséquences importantes. Sans vouloir porter préjudice aux positions que les autres Églises ont adoptées à ce sujet, nous voulons prendre, du fond de notre conscience de bonne foi, à la suite de Jésus Christ et focalisés sur le Royaume de Dieu dans ce monde, un point de vue responsable. Le but de ce point de vue n’est pas d’être le dernier mot dans cette matière complexe dans laquelle tous les fidèles sont concernés, mais le but est plutôt de contribuer à la continuation de la discussion.

7. La Proposition au synode

Vu ce qui précède, le Collège d’administration reconnaît l’alliance de vie entre baptisés homosexuels, alliance exclusive et bâtie sur la fidélité jusqu’à la mort, qui contribue à la mission de l’Église. Le Collège d’administration exhorte la Commission liturgique de produire un office de bénédiction de cette forme d’alliance de vie, qui, en vertu du baptême, donne à cette alliance le droit au caractère sacramentel.

Le Collège d’administration
octobre 2006