Le week-end passé, samedi-dimanche, Nicolas et moi-même fêtions nos 10 ans ensemble.

Les plus belles 10 années de ma vie!

Tout le monde se demande pourquoi les cheminots font grève. Deux de mes collègues l’ont bien expliqué:
Nous ne faisons pas grève uniquement parce que nous perdons 4 jours de congés (c’est déjà pas mal hein), mais aussi pour les dizaines d’autres mesures, telles que:
– l’allongement de + de 10 ans de notre carrière,
– du calcul en 60ème de notre pension au lieu de 48ème,
– du calcul de celle-ci sur l’ensemble de la carrière au lieu des dernières années,
– de la suppression des heures de nuit,
– de la possible suppression des allocations pour travail du dimanche,
– pour pouvoir effectuer mon boulot avec du matériel entretenu correctement (impossible actuellement, vu la suppression de personnel),
– pour un réel service à la clientèle, plutôt que d’installer des automates et retirer le personnel en gare,
– pour que l’on investisse dans le rail plutôt que de diminuer continuellement les dotations pour avoir un outil correct à proposer à la clientèle, …

Un autre collègue explique:

Pour un peu expliquer la réalité, à la SNCB nous sommes payés 36h/semaine.

Au roulant, nous effectuons des journées jusqu’à 9h de travail (souvent), et nous pouvons faire 7 jours de travail d’affilé, ce qui fait que nous prestons souvent des semaines de 45/h voir jusqu’à 63h (ce qui est rare, j’en conviens).

Dans n’importe quelle entreprise, tout le monde trouverait normal que ce surplus d’heures soit: soit payé, soit récupéré (ce qui est notre cas). Mais en écoutant ou lisant les gens sur Facebook, il est anormal que le personnel de la SNCB souhaite continuer à récupérer ces heures, et devrait plutôt les prester gratuitement. (Ces gens-là le font-ils dans leur société?)

Nous avons beaucoup de congé, semble-t-il? Les gens oublient que quand ils se reposent le week-end, une partie du personnel travaille et récupère en semaine (des jours que nous ne choisissons pas), et là on nous dit: «T’es encore en congé!» T’as juste envie de leur dire: «Ben, j’ai fait mes 5 jours cette semaine, comme toi!» Mais souvent la personne qui te dit ça est soit à mi-temps soit au chômage, et te dit encore: «Vous êtes bien à la SNCB!» Ce à quoi tu réponds: «On engage, si tu veux»; mais là, c’est une autre histoire.

Se lever à 2h du matin quand on a déjà du mal à se lever à 6h, ce n’est pas pour eux. Prester les week-ends, jours fériés, Noël et jour de l’an, encore moins. Mais quand tu récupères ces jours travaillés, ils seront les premiers à te dire: «T’es encore en congé!»

Quand tu leur expliques que beaucoup travaillent dans un dépôt à plus de 100 km de leur lieu d’habitation, et qu’il n’est pas rare que certains dorment sur leur lieu de travail plusieurs fois par semaine car ils n’ont: soit pas le temps de rentrer chez eux et de revenir pour la prestation suivante, soit pas de moyen de faire cet aller-retour! Nous n’avons pas de remboursement de frais de transport. «Mais vous avez les transports en train gratuits!» Certes, mais comme nous commençons avant le premier train, ou nous finissons après le dernier train, la voiture reste le mode de déplacement le plus fréquent.

Nous n’avons pas de pauses prédéterminées pour ce qui est de se nourrir ou aller aux toilettes. C’est à nous de trouver un créneau horaire ou un lieu pour le faire. On ne va pas arrêter le train pour une envie pressante; on serre les fesses, et on prie pour avoir un peu de temps avant le train suivant.

Donc au final, nous n’avons pas plus de congés que les autres personnes en régime 36h/semaine en Belgique. Mais comme nous ne faisons pas du 8-16 en semaine, on nous croise à des heures inhabituelles pour le commun des mortels. Si on nous voit à 14h, on nous dit: «Il est bien, lui!» Ben oui, levé à 1h30 du matin pour bosser à 3h et finir à midi, et le lendemain je commencerai à 4h30 pour finir à 13h30, et si tu me croises à ce moment-là: «Il est encore en congé!»

Ce qui est amusant, c’est lors des journées d’information à l’embauche, quand les gens entendent réellement les conditions de travail: pourvoir être muté n’importe où en Belgique, travailler à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, et 365 jours par an, tu ne choisis pas ta période de vacances… «Cette année, tu peux partir en vacances aux congés de Pâques… Ha, tu voulais en juillet-août? Bah, l’année prochaine sera peut-être le cas!» Tu repasses tes examens oraux tous les trois ans, et si tu commets une faute, tu es mis à pied avec perte de salaire, et dois repasser tes examens également (pour les petites erreurs ce n’est qu’une retenue sur le salaire). Quand les gens entendent réellement ces conditions de travail, eh bien, tout d’un coup, la moitié de la salle se vide!

Sinon, on ne se plaint pas; on veut juste garder nos droits: être payé les heures qu’on preste, et récupérer celles où l’on n’est pas payé. Mais pour le bobo moyen qui trouve qu’il se lève tôt à 6h du mat´, qui fait du 8-16 dans un bureau climatisé, et qui souvent le vendredi part plus tôt, parce que c’est vendredi, qui part trois fois par an en vacances, on en demande de trop, on est juste une bande de privilégiés…. Donc pour eux, je leur dis: «On engage!»

Froment.

Récemment, j’ai eu une controverse à propos de la matière du pain eucharistique. La personne avec qui je discutais affirmait que Jésus eût utilisé du pain d’orge à la sainte Cène. L’argument principal était le suivant: Jésus a multiplié des pains d’orge (Jean 6); ça veut dire que les Juifs n’utilisaient pas de froment; en plus, «moi, j’ai été en Israël, et je n’ai pas vu de blé, mais seulement de l’orge.»

Lors de la sortie d’Égypte, «le lin et l’orge avaient été frappés, parce que l’orge était en épis, et que c’était la floraison du lin; le froment et l’épeautre n’avaient point été frappés, parce qu’ils sont tardifs» (Exode 9:31-32). Cela veut dire qu’il y a une grande probabilité que les Hébreux aient utilisé du pain de froment (blé). Dans l’AT hébreu, le froment, חטה, pluriel חטים, apparaît 30 fois, même si l’orge, שעורה, pluriel שעורים, le dépasse très légèrement avec 34 occurrences.

Mais quant à Jésus, à part pour la multiplication des pains, l’orge n’apparaît plus. Au contraire, c’est le blé (froment) qui est mentionné. Le Nouveau Testament contient le mot σῖτος 15 fois, quasi chaque fois en utilisant le blé comme figure de l’Église, des sauvés, du Royaume.

La toute dernière occurrence du blé dans le NT apparaît dans Apocalypse 6:6, pour nous dire que le froment est trois fois plus cher que l’orge. Donc la sainte Cène ayant été un repas de fête, on y a utilisé du pain de blé, et non d’orge.

Sur la toile, je salue un article écrit par un prêtre, à ce sujet.

Vigile de l’Ascension.

Depuis le XVe siècle, on a commencé à compiler une messe pour la vigile de l’Ascension. Plus exactement, cette compilation était pauvre, et correspondait à l’image qu’on se faisait à l’époque à propos des vigiles, image qui est très différente de ce qu’on avait fait le premier millénaire. La méthode du XVe siècle consistait à chercher une épître et un évangile qui parlent de l’Ascension du Christ, et à remplir tous les vides avec les propres du dimanche précédent.

Tout d’abord, le choix des lectures n’a pas été mauvais. Il fallait chercher un morceau, tiré des quatre évangiles, qui raconte l’ascension du Christ, et sans que ce fût le même morceau que le lendemain. Or là on avait un petit problème: seuls Marc et Luc racontent l’ascension telle quelle, et le passage de Marc était déjà réservé pour le lendemain. Mais on a dans l’évangile selon Jean tout un discours de Jésus, qui est placé dans sa bouche comme ayant été prononcé lors de la sainte Cène (alors que, historiquement, ça a pu être juste une rédaction de l’Église primitive, sur base d’un tas de discours de Jésus, surtout après sa résurrection). Les compilateurs du XVe siècle ont donc choisi ce morceau de Jean 17, où Jésus dit au Père: «Quant à moi, je vais vers toi.» Ce choix est excellent, car l’antienne du Magnificat des premières vêpres de l’Ascension, Pater manifestavi (voir plus bas), est tiré du même texte.

Quant à la première lecture, les messes des vigiles la tirent d’habitude de l’Ancien Testament. Les compilateurs du XVe siècle l’ont tirée de l’épître de Paul aux Éphésiens 4, texte qui parle explicitement de l’ascension de Jésus, et lui donne une interprétation.

Toutefois, combler les vides en répétant ce qui a été dit et chanté le dimanche précédent n’a aucun sens. Voilà pourquoi je pense qu’il faudrait continuer à compiler cette messe, en empruntant du matériel liturgique déjà existant. Personnellement, je pense que l’on pourrait prendre les prières (collecte, secrète, postcommunion) ainsi que la préface du lendemain.

Sinon, pour la collecte, on pourrait l’emprunter au mercredi des quatre-temps d’automne, en changeant «clémence» par «ascension»; cela donnerait un grand sens théologique de l’ascension: le Christ monte au ciel avec notre nature humaine et, ce faisant, nous en fait participants. Ainsi:
Misericordiæ tuæ remediis, quæsumus, Domine, fragilitas nostra subsistat: ut quæ sua conditione atteritur, tua ascensione reparetur, qui vivis et regnas…
Que je traduis ainsi:
Que notre fragilité, nous t’en prions, Seigneur, soit soutenue par les remèdes de ta miséricorde: afin que ce qui est usé par sa condition soit réparé par ton ascension, toi qui vis et règnes…
Autre traduction:
Que les remèdes de ta miséricorde, nous t’en prions, Seigneur, soutiennent notre nature fragile: afin que ce qui est usé par sa condition soit réparé par ton ascension, toi qui vis et règnes…

Pour les chants liturgiques, on pourrait prendre:

Introït: In excelso throno, avec le psaume 67 Exsurgat Deus.

Alléluia 1: A summo cælo.

Alléluia 2 (éventuellement): Vere tu es rex absconditus.

Offertoire: Tollite portas.

dont la dernière ligne pourrait être remplacée par l’alléluia:
alleluia

Communion: Pater manifestavi.

In medio ecclesiæ.

Dans cet article, je discuterais la relation de la Bible avec la liturgie, et les problèmes de cette relation, à travers un exemple concret.

L’introït de la messe de la fête d’un docteur est tiré du livre de l’Ecclésiastique (ou Josué petit-fils de Sira), chapitre 15. En latin, le texte de l’introït donne ceci:

In medio ecclesiæ aperiet os eius, et implevit eum Dominus spiritu sapientiæ et intellectus; stolam gloriæ induit eum.
Au milieu de l’église [ille] lui ouvrira la bouche, et le Seigneur le remplira de l’esprit de la sagesse et de l’intelligence; ille le revêtira de l’étole de gloire.

Ce texte est basé d’une variante de la version Itala. La Septante grecque (qui semble s’accorder avec l’original hébreu) donne le texte suivant:

Ἐν μέσῳ ἐκκλησίας ἀνοίξει τὸ στόμα αὐτοῦ· εὐφροσύνην καὶ στέφανον ἀγαλλιάματος εὑρήσει, καὶ ὄνομα αἰώνιον κατακληρονομήσει.
Au milieu de l’église, elle lui ouvrira la bouche; il trouvera la joie et la couronne d’allégresse, et il héritera un nom éternel.

Qu’y a-t-il à prendre, et qu’y a-t-il à laisser? Il y a trois possibilités alternatives:

A. Faire comme en latin: garder une leçon différente pour le chant liturgique, et une autre leçon pour le texte dans les bibles. Le seul avantage de cette méthode serait de faire accorder le français avec le latin. Le grand inconvénient serait que l’introït deviendrait introuvable dans les bibles en français. Dans un cas pareil, on s’éloignerait énormément de la nature même des introïts, qui doivent être des textes bibliques.

B. Avoir dans les bibles francophones la leçon de la bible latine Itala. L’avantage serait d’avoir une conformité entre la liturgie et les bibles. L’inconvénient est qu’à l’exclusion de la bible latine Itala, toutes les autres bibles – même la vulgate clémentine – traduisent comme la Septante.

C. Garder dans les bibles francophones la leçon de la Septante, et en même temps chanter cela même dans l’introït en français. Le seul inconvénient (qui en réalité n’en est pas un, comme je le montrerai plus loin) est d’y avoir une différence entre ce qu’on chante en latin et ce qu’on chante en français. Pour le reste, il y a seulement des avantages: on chanterait en français la même chose dans dans les bibles; on aurait la même leçon dans toutes les langues. Et cela pourrait même sauver une anomalie liturgique. En effet, le texte latin de la version Itala dit mentionne l’étole de gloire, en supposant que tous les saints docteurs (en les fêtes desquels on chante cet introït) seraient des membres du clergé: la plupart sont évêques, il y a aussi quelques prêtres, et même le diacre saint Éphrem. Donc, des gens qui portent l’étole. Sauf que le sentiment de l’Église assimile aux docteurs aussi quelques laïcs, comme sainte Thérèse, la moniale de Lisieux. Sans parler de l’Église primitive, où les docteurs – ceux qui catéchisaient les catéchumènes avant le baptême – étaient des laïcs. Donc, si on prend le texte de la Septante, en chantant l’introït, on n’a plus ce souci. Au contraire, chanter cet introït en la fête de Thérèse, la moniale de Lisieux, serait une porte-à-faux, car elle n’a jamais été membre du clergé.

 

Japan’s independent kids.

Je viens de découvrir un petit documentaire, Japan’s independent kids, où l’on voit des gamins prendre seuls le transport en commun.

C’est avec nostalgie que je regarde ça. De mon temps, je prenais le train seul à l’âge de 5 ans, pour aller chez mes grands-parents, et je devais prendre aussi deux correspondances.

Dommage que les temps aient changé à ce niveau-là…

Esclavesse.

En cette semaine de la Pâque, j’ai pris le temps de relire l’Exode. La chose qui m’a marqué le plus, c’est le thème de l’esclavage. Tout d’abord, parce que la très grande majorité des traducteurs bibliques utilisent des euphémismes, des adoucissants, pour camoufler au maximum ce thème.

Il y a maints endroits de l’Exode où l’on parle de vendre sa fille en esclavage, même comme esclave sexuelle. Je pense que les choses doivent être dites telle quelles, au risque d’en choquer plus d’un.

Or, voici le hic. En principe, en français, le mot «esclave» (comme en anglais «slave») est à la fois masculin et féminin. Mais du coup, surtout lorsque la lecture est écoutée, le message ne passe pas, car on imagine toujours des hommes esclaves, alors qu’il y avait beaucoup de femmes.

Certaines traductions anglaises, pour différencier, disent: «slaves, [both] male and female». Cependant, ce n’est pas vraiment ce que le texte dit. Le texte n’engage pas le binarisme sexuel, mais l’esclavage.

Alors, pourquoi ne pas dire «esclavesse»?

Le mot «esclavesse» apparaît dans Nolant de Fatouville, Colombine avocat pour et contre: «Chaque Turc a plusieurs esclaves qui le servent. — N’a-t-elle point quelque esclavesse? — Oui, monsieur, de toutes sortes; des hommes, des femmes, des gens qui ne sont ni hommes ni femmes.»

Ironiquement, Fatouville utilise «avocat» et «médecin» au masculin pour parler de femmes exerçant ces métiers.

Chez Arthur Beugnot, «esclave» est exclusivement féminin, alors que la forme masculine est «esclaf». Mais je pense qu’il est trop tard que pour récupérer cette méthode-là.

Œuf de Pâque.

D’où vient l’histoire des œufs de Pâque, au-delà des légendes?

Jésus est sorti du tombeau tout seul, sans l’aide de personne, comme le poussin sort de l’œuf, tout seul, sans l’aide de personne.

Vidéo ici.

Quant à la concurrence de l’Annonciation-Vendredi-Saint, j’ai trouvé un magnifique article extensif ici.

Réflexion pour l’Annonciation-Vendredi-Saint 2016.

vache_veau
Lait_viol

283 morts.

Le meilleur roman que j’ai lu l’année passée dit et répète que la peur est le pire des ennemis. Sur la couverture, on voit la peut personnifiée, en train de se regarder dans un miroir dans un cimetière.

En Belgique, tous les jours, en moyenne, meurent 283 personnes. De ces 283 morts par jour, 74 meurent du cancer, 33 meurent du tabagisme, 10 meurent de maladies cardiovasculaires, 5 se suicident, et 2 meurent dans des accidents routiers.

Donc les attaques d’avant-hier en Belgique s’élèvent à 31 morts. Ceci n’est pas énorme, par rapport à tous ce que je viens d’énumérer. Oui, il y a aussi 250 blessées, mais je n’ai pas parlé de la moyenne de blessés par jour en Belgique. Je n’ai compté que les morts.

Ce que les terroristes ont voulu, c’est de semer la peur. Avec un coup de pouce de nos médias, ils ont réussi.

Une église à Bruxelles annonce en pompe: «Nous avons défié le terrorisme en célébrant une messe.» Euh, non. Ça, c’est de la récup’ crasseuse. La messe que vous avez célébrée était programmée depuis longtemps, et beaucoup d’autres paroisses en Belgique ont célébré des messes déjà programmées. L’archevêque de Malines, l’évêque de Namur, celui de Bruges, etc., ils ont tous célébré des messes chrismales, parce qu’elle devaient être célébrées, mais ils ne se vantent pas.