Il y a une petite anomalie liturgique dans les calendriers occidentaux traditionnels. Les quatre-temps d’automne ont lieu le mercredi, vendredi et samedi qui suivent la fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix. Lorsque, par exemple, cette fête tombe un mardi, les trois jours de quatre-temps tombent dans l’octave de la fête (comme cela arrive avec les quatre-temps d’été qui tombent dans l’octave de la Pentecôte). Mais, lorsque, comme cette année-ci, la Sainte-Croix tombe un mercredi, alors les quatre-temps tombent une semaine plus tard, et n’ont donc pas de matériel liturgique propre (à moins que l’octave de saint Matthieu soit observée comme octave “majeure”).

En plus, dans certaines régions on observe le jeûne régional ou fédéral, qui, quoique calqué sur les quatre-temps, n’a pas de matériel liturgique propre.

Voilà pourquoi j’ai considéré approprié de traduire les deux hymnes de Fortunat, l’un pour les matines, l’autre pour la none d’un jour de jeûne.  Là où l’ont chante vêpres plutôt que none, cette dernière est idéale pour les secondes vêpres. À noter que ces deux hymnes existent dans le rite mozarabe, où elles sont chantées en carême.

O Nazarene

Ô Nazaréen, du Père es Verbe et radiance;
Bethléemien, de la femme es descendance;
Christ, sereinement agrée nos observances,
Ô roi, regarde le peuple qui s’avance
En fêtes, louanges, jeûnes, abstinences.

2. Donne-nous d’observer le jeûne, ce mystère,
Qu’il purifie nos cœurs de toute misère,
Qu’il chasse l’intempérance des viscères,
Que dans le corps le surplus non-nécessaire
N’étrangle la raison en la faisant taire.

3. Donc, guéris, Seigneur, le luxe et la gourmandise,
L’excès de sommeil et de boissons qui grisent;
Arrache tous les vices et les sottises,
Et que par ta discipline soient soumises
Langueurs et paroles que nos langues disent.

4. Tout en retranchant les boissons et nourriture,
Règle nos membres par l’abstinence pure;
Fais que les réjouissances qui ne perdurent
N’éteignent pas notre intelligence sûre,
Que l’âme ne dorme en un corps sans mesures.

5. Ô Dieu, mets un frein à tout ce qui est cupide,
Et que la prudence soit à nouveau splendide,
Et rends l’esprit perspicace et intrépide;
Ainsi, la prière sera plus limpide,
Ô créateur des esprits et corps solides.

18. Ô Maître, donne-nous d’atteindre cette cible
Que tu as proposée, Christ, à tes disciples,
Que nous jeûnions, à ton exemple crédible,
Et qu’en triomphant sur les passions multiples,
L’esprit, l’âme et le corps soient compatibles.

19. Oh, par le jeûne, Dieu du ciel et de la terre,
Chasse au loin les démons qui nous font la guerre,
Fais-nous entrer à ton autel de lumière,
Réveille les somnolents au cœur de pierre,
Redonne aux malades une santé claire.

21. Accorde-nous, Seigneur, un jeûne charitable,
Pour partager vêtements et mets de table
Et une oreille à ceux que la vie accable,
Afin d’établir ce qui est équitable
Parmi les gens que tu as créés semblables.

Gloire à toi, Dieu le Fils qui es d’avant les âges,
Qui, devenu humain, et plein de courage,
Jeûnas quarante jours sans mets, sans breuvage!
Esprit, Père et Fils, un Dieu en trois visages,
À toi, dans les siècles, gloire et tout hommage! Amen.

Christe servorum

Christ, roi et maître des gens, tes fidèles,
Qui nous mets un frein avec modération,
Tu nous as prescrit, selon ton modèle,
Les jeûne et ration.

2. Tu es l’exemple pour tous ceux qui jeûnent,
Toi qui as porté les fardeaux en ton corps,
Aujourd’hui t’ont suivi les vieux et jeunes,
Les faibles et forts.

3. Mais le soir tombe; le soleil se couche,
Et son bel éclat a presque disparu;
La nuit et le jour, l’un l’autre se touchent:
La clarté n’est plus.

9. Donc si une ouaille du troupeau s’affole,
Le pasteur, cherchant cette brebis perdue,
La trouve et la prend sur ses deux épaules
Avec des soins dus.

13. Ô mon bon pâtre, qui sauves pas grâce,
Nous ne pouvons rien, rien pour te rembourser:
Ni jeûnes, ni vœux, ni quoique l’on fasse
Comme œuvres poussées.

17. Tu acceptes le jeûne ou l’abstinence,
Pour notre grand bien, non pas pour la terreur,
Stricte ou relâché, en bonne conscience,
Pour guérir l’erreur.

20. Seigneur, s’il te plaît, que la nourriture
Qui sera mangée par nos corps las tantôt
Soit pour la santé et la belle allure
Des chrétiens dévôts. Amen.

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