Qu’a mangé le Christ?

Je lisais quelques lignes du traité éthique 1 de Syméon le Nouveau Théologien. Il dit qu’avant le péché, l’homme ayant été immortel, mangeait uniquement des fruits incorruptibles.

Ce n’est pas sa vision frugivore que je remarque. (Elle est partagée unanimement par les Pères anciens.) Mais le fait qu’il met l’accent sur l’incorruptibilité. Pour lui, les hommes et les animaux mangeaient les plantes sans les dévorer, sans les tuer.

Mais cette vision des choses entre en conflit direct avec la théorie selon laquelle le Christ aurait mangé du poisson mort. Surtout après sa résurrection!

L’image a été prise sur le site NoMeatAthlete.com

Aujourd’hui, c’est le dernier jour du carême. Dans le rite latin traditionnel, on devrait avoir un jour de jeûne suivi, le soir, de la messe. Cette messe inaugure, en effet, l’entrée du Christ dans Jérusalem. Plus exactement, l’évangile de ce soir, selon saint Jean, commence avec la fin du récit de la résurrection de Lazare (dont l’intégralité a été lue il y a neuf jours), pour passer ensuite au récit complet de l’entrée triomphale du Christ dans Jérusalem.

Demain matin, il devrait y avoir une liturgie de la parole, avec plein de morceaux sur les Rameaux: collecte, prophétie (Exode 15:27, 16:1-7), graduel, évangile (Matthieu 21:1-9), secrète, préface, sanctus et anaphore de consécration des rameaux. Puis, procession vers une autre église, où il y aurait une messe de la passion.

La première remarque est que, pour la messe de la vigile (ce soir), le récit des rameaux vient de Jean, alors que pour demain matin il est tiré de Matthieu; un peu comme pour d’autres fêtes avec vigile. La seconde remarque est que la consécration des rameaux est calquée complètement sur l’Eucharistie. Dom Gaspar Lefèvre et d’autres de sa génération se trompent en disant que, sans doute, dans le temps il y eût deux messes le matin des Rameaux, dont une des rameaux et l’autre de la passion. C’est faux, car les diférents morceaux de la liturgie de la parole de demain matin ne font aucune référence à l’Eucharistie, mais uniquement elle la calque, en parlant exclusivement des rameaux.

D’autre part, le 31 mars me rappelle un personnage que l’on commémore aujourd’hui dans le calendrier anglican: le prêtre John Donne (celui dont nous vient l’expression « for whom the bell tolls »). Celui-ci a écrit, entre autres, le poème appelé Upon the Annunciation and
Passion Falling upon One Day
. Loin d’être allérgique à la coïncidence de ces deux fêtes, John Donne s’en réjouit.

Et il n’est pas le seul. À Puy, chaque coïncidence de ces deux fête donne occasion à un jubilé. Cela correspond également à la pratique byzantine de ne jamais transférer l’Annonciation, quitte à la célébrer combinée à d’autres fêtes.

Dans un cas pareil (que nous revivrons en 1016), comment faire cela, dans le rite latin, d’une manière traditionnelle?

La clef d’une telle célébration réside dans la liturgie même du dimanche des Rameaux, qui combine les rameaux avec la passion. Le schéma est le suivant: « liturgie de la parole de la fête n° 1 + liturgie de la parole de la fête n° 2 + liturgie eucharistique de la fête n° 2 ».

Donc, pour fêter ensemble l’annonciation et la passion, on pourrait faire ceci. On commencerait la célébration comme pour un Vendredi-Saint habituel. Donc: prophétie (Osée 6:1-6) + trait (Habaquq 3) + collecte de la passion + prophétie (Exode 12:1-11) + trait (psaume 139/140) + passion selon saint Jean + collectes majeures + vénération de la croix avec impropères. Ensuite, s’il y a une procession, on pourrait chanter Vexilla Regis pendant celle-ci. Et tout de suite, la messe de l’Annonciation, comme lorsqu’elle tombe en carême. À la fin, dépouillement de l’autel (qui se ferait ici, et non pas le Jeudi-Saint comme les autres années).

Il y a des années, lorsque j’ai lu le livre de l’Ecclésiaste dans la Bible, je me suis dit que ce livre aurait dû se nommer plutôt « L’Apostasie de Salomon ». Plus tard, j’ai appris que CS Lewis avait pensé la même chose que moi. Oui, Dieu a pu inspirer même un apostat, dans le but de montrer à l’Église l’exemple qu’il ne faut pas suivre.

L’autre jour, nous avons été voir Cloclo au cinéma. C’était un bel exercice de carême, car ce film ressemble beaucoup au livre de l’Ecclésiaste. Ça montre la grandeur et la décadence d’un vaniteux. L’exemple à ne pas suivre.

21 mars.

Je ne pensais pas que j’écrirais quelque chose avant la présentation de notre roman. Toutefois, je le fais.

Tout d’abord, les livres sont en route depuis l’imprimerie; ils devraient arriver cet après-midi.

La date du 21 mars me fait penser, habituellement, à la fête du trépas de saint Benoît (dont nous avons l’habitude de fêter, plus solennellement, le 2 juillet, la translation des reliques). Mais cette année-ci, le 21 mars me fait penser à d’autres personnes.

Je pense à l’activiste LGBT Rosie O’Donnell, dont c’est l’anniversaire. Malheureusement, c’est aujourd’hui également la fin de son émission de télévision; et même si je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’elle fait, j’aime bien son intégrité, surtout dans ses prises de position.

Mais en tout premier lieu, le 21 mars me fait penser au mariage de CS ´´Jack´´ Lewis avec Joy Davidman. C’est une histoire d’amour assez unique. Joy, qui vivait dans un mariage pas tout à fait valide, s’est convertie au Christ suite à ses lectures. Elle divorce, se fait baptiser et rejoint les frères Lewis à Oxford. Jack et Joy se marient civilement. Joy était à l’article de la mort dans l’hôpital, pour un cancer des os. Le prêtre les marie dans l’hôpital, il donne l’extrême-onction à Joy et célèbre avec eux la messe. Joy est guérie miraculeusement. Mais quatre ans plus tard, elle a le cancer du sein et meurt au retour d’un voyage en Grèce.

Nouvelles février-mars.

Je me rends compte qu’un mois est presque passé depuis mon dernier article.

Parmi les nouvelles, je vous annonce qu’on vient de finir les dernières corrections à notre roman, qui sera imprimé bientôt, si Dieu le veut, et inauguré le samedi 24 mars prochain, à la Maison Arc-en-Ciel de Liége, Hors-Château 7. Bienvenue! Détails ici.

Ensuite, il y a eu le mariage de notre ami Ludo avec son mari Qiyaam. Malheureusement, nous n’avons pas su y aller.

Puis, au boulot il y a de majeurs changements.

Entre autres, j’ai postulé pour le poste de réceptionniste à la Maison de la Culture à Namur. Après une entrevue d’embauche plutôt encourageante, la réponse écrite m’est parvenue par la poste: « Le poste ne correspond pas à votre profil ». J’ai bien peur que, une fois de plus, les clichés sexistes n’aient frappé: on imagine souvent qu’une femme est « plus à sa place » ou « plus accueillante » à un poste de réceptionniste qu’un homme (une certaine directrice d’un certain hôtel disait très « subtilement » que « les clients veulent voir des seins sur le comptoir »… Sans commentaire!). C’est tout aussi idiot que de dire qu’il vaut mieux unE infirmiÈRE plutôt qu’un infirmier! J’imagine que le fait que je suis né à l’étranger a aussi pu jouer. Et, à ce propos, j’ai constaté que pour beaucoup d’employeurs, si vous êtes né en Belgique mais avez vécu à l’étranger, vous êtes quelqu’un avec beaucoup d’expérience; alors que si vous êtes né à l’étranger et avez passé la plus longue période de votre vie en Belgique, vous êtes quand même « juste un étranger ».

Et puis, de gros travaux vont commencer à la maison.

Il y a d’autres « travaux », qui commencent à se dessiner, sur le plan « spirituel ». Dieu merci et Kyrie eleison!

Nous avons également eu la visite de mon meilleure pote, Clément, qui est pour moi comme un frère, et de sa copine Gégé.

Pour finir, un mot sur le carême. On dit souvent que le carême = partage + prière + sobriété. Je pense que c’est faux. Tout d’abord, tout chrétien doit avoir une vie de prière et de partage pendant toute l’année. L’éthique chrétienne, ce n’est pas que pour le carême. Et le partage ne doit pas se résumer à une modeste participation à une collecte d’argent pour une bonne cause une fois par an. Quant à la sobriété, elle est l’opposé du carême: « quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage ».

Le carême se distingue par un élément clef: le jeûne et l’abstinence. Dans un monde où les Occidentaux grossissent sans cesse, où l’on jette de la nourriture, et où la plupart des gens des pays pauvres n’ont même pas 1 repas par jour, je trouve scandaleux qu’on ne jeûne pas en carême. Et l’on pourrait manger végétalien, ne fut-ce que pendant le carême (comme mes grands-parents et vos arrière-grands-parents). Dans le Nouveau Testament, le mot « jeûne » se retrouve 21 fois. Ce n’est pas pour rien.

L’autre jour, j’ai découvert quelques utilisations anciennes des mots « septante », « octante » et « nonante » dans les traductions bibliques francophones. Anciennes, car, en Suisse comme en Belgique, les traducteurs modernes préfèrent le patois de Paris. Fransquiner, ça leur donne de se sentir plus virils, me semble-t-il, ou plus tendance. Mais il n’y a pas que les traducteurs. Les lecteurs, dans les églises, fransquinent aussi, et parfois même les prédicateurs. À part que ça tue toute l’imagerie biblique, tout style littéraire (« septante-sept fois sept fois » est une métaphore), ça n’a ni cul, ni tête.

(D’ailleurs, même en France, André Goosse trouve quarante-deux auteurs français ayant employé « septante » et « nonante », ainsi qu’une recommendation officielle scolaire de 1945.)

Oui, mais en Belgique, la seule traduction biblique qui utilise un numéral cohérent, c’est la Bible de Louvain, de 1550. Du coup, on se disait avec Nicolas que peut-être qu’il y a également un français de Flandre, légèrement différent de celui de Wallonie, qui est à son tour légèrement différent de celui de l’agglomération bruxelloise.

Mais en cherchant « français de Flandre » sur internet, je suis tombé sur deux blogues: Flandres-Hollande et Polar en Flandre. Et là, j’arrive devant un fait: à part Henri Conscience, je ne connais que dal de la littérature flamande.

À vrai dire, nous sommes culturellement abrutis. Plein de films flamands et hollandais à succès ne passent jamais dans les cinémas wallons. Et les écoles font tout pour endoctriner les enfants wallons avec la littérature française, alors que nos gosses ne connaissent rien de la littérature belge, flamande ou wallonne. (Au contraire, hier je suis tombé sur un livre rattachiste, imprimé à Fleurus, et financé par la Région wallonne!)

 

Aujourd’hui s’accomplit un an depuis que Laurent Ghilain et Peter Meurrens ont réussi a obtenir l’arrivée de leur fils Samuel.

Comme quoi, il y a encore beaucoup d’homophobie institutionalisée chez nous!

Voici la plainte que je viens d’envoyer.

J’habite sur Namur et travaille à Saint-Gilles, en tant que réceptionniste d’hôtel. Ce soir, mon époux m’accompagne au travail. Et comme nous n’avions pas encore eu le temps d’aller voir la Grand’Place de Bruxelles lors de cet hiver, c’est ce soir, il y a moins de deux heures, que nous nous y sommes rendus, avant de venir au travail.

À 21h38, nous avons essayé d’accéder à la Grand’Place par la rue de la Colline. Deux policières et trois policiers – deux blonds et un barbu – ont râlé parce que dans mon sac j’avais un flacon en plastique d’eau Chaudfontaine de 250 ml, que je prends d’habitude avec mon casse-croûte. Je précise qu’en dehors de cette eau, je n’avais sur moi que des livres et des biscuits. Pas de pétards, pas de bouteille. Que des choses inoffensives.

Étant donné que les cinq ont voulu me confisquer la bouteille, j’ai essayé d’éviter cela, en vidant l’eau, et en expliquant mon geste en français et en néerlandais, pour être sûr que l’on me comprît. J’allais au moins garder le flacon, pour pouvoir le remplir plus tard sur mon lieu de travail. Mais non ! Non seulement ils m’ont confisqué le flacon vide, mais en plus, les cinq policiers m’ont escorté manu militari dehors, en me traitant de dangereux et en me tutoyant. Cinq musclés contre une personne de 53 kg comme moi ! Alors que je n’avais rien de dangereux sur moi !

Et pendant que les cinq brutalisaient l’homme inoffensif que je suis, d’autres personnes accédaient à la Grand’Place sans être contrôlées, alors que celles-là auraient bel et bien pu avoir des pétards et des bouteilles. Si jamais il y a des incidents cette nuit, au moins vous saurez d’où ça vient. Comme quoi, on filtre le moucheron et l’on avale le chameau !

Cette attitude est totalement inacceptable. Je comprends qu’ils étaient frustrés de devoir travailler au Nouvel-An (chose que je fais moi-même), mais cela n’excuse pas la brutalité et le manque de civilité des policiers. Ce sont eux qui devraient être des exemples de bonne conduite dans la société !

Dans quelques instants je vais commencer mon travail, énervé par ce que l’on vient de me faire. Alors que moi aussi, je travaille la nuit et les week-ends, j’aurais aimé un minimum de calme.

Je souhaite que ce message parvienne aux cinq concernés. Je crois qu’il n’y a pas à attendre des excuses de la part de ces personnes si peu réfléchies, mais j’espère toutefois qu’elles éviteront de telles erreurs dans l’avenir.

Avec mes meilleurs vœux pour 2012,

GS

Le Doux monstre de Bruxelles ou L’Europe sous tutelle

Je viens de découvrir un nouveau livre, qui pourrait me plaire…