Jeudi-Vendredi-Saint.

Deux pensées pour le Vendredi-Saint.

Tout d’abord, pourquoi le Vendredi-Saint ne célèbre-t-on pas l’Eucharistie? (On célèbre plutôt la Messe des présanctifiés en communiant avec les espèces consacrées la veille.)

C’est parce que l’Eucharistie de jeudi soir sert aux deux jours, jeudi et vendredi, à la fois. Mais, puisque l’on veut rompre le jeûne vendredi soir, on le fait quand même avec les espèces eucharistiques. Entre la formule du début de la messe de jeudi et la fin de la vigile pascale, il n’y a plus de renvoi ou de formule de début. Virtuellement, c’est comme si tous les offices, depuis jeudi soir et jusqu’à la fin de la vigile pascale, ne constituaient qu’un. D’ailleurs, dans l’Église primitive, la seule messe du triduum, c’était celle de al vigile pascale, pendant laquelle on commémorait tout: la Cène, la passion, la résurrection. Avec l’évolution de la Tradition, les cérémonies et le calendrier ont évolué aussi, mais néanmoins, le sentiment est resté le même, à savoir qu’il s’agit d’une longue célébration. Oui, il y a une interruption physique dans la suite des offices, car nous devons travailler, dormir etc. Mais virtuellement, c’est comme si nous étions rester veiller dans l’église pendant tout le triduum. Dans le rite byzantin (du moins selon les rubriques), on dîne jeudi, puis le soir on va à la messe et l’on y communie, et l’on ne mange plus jusqu’à la vigile pascale. (Selon les rubriques, c’est le seul jour où l’on ne communie pas à jeûn!)

Ensuite, une autre pensée. Depuis le quatrième siècle, certains chrétiens ont considéré que le Christ était mort le vendredi 25 mars. En effet, c’était la veille du sabbat. Et les ans 29 et 33, la veille du 14 Nisan (Pâque juive) est tombée le vendredi 25 mars du calendrier romain. Aujourd’hui, je suis quasiment sûr que c’est à partir de cela que l’on a trouvé le 25 décembre comme date pour Noël. La logique est simple: si le Christ est mort à telle date, c’est sans doute qu’il a été conçu à la même date, donc il est né neuf mois plus tard.

Il y a un certain temps, Nicolas et moi avons logé dans un établissement qui m’a vite donné un portrait de ses propriétaires. En y réfléchissant, je me suis rendu compte qu’il y en avait beaucoup comme eux. Il y a des hôteliers qui croient que leur établissement est l’endroit de destination de ceux qui y logent. Ils ne se rendent pas compte de ce que les gens voyagent pour de vrais objectifs, et que l’hôtel n’est autre chose que l’endroit où ils comptent tout simplement dormir.

Bien entendu, les gens viennent pour dormir (et aussi manger, utiliser internet…). Non pas comme but de leur voyage (puisqu’ils ont leurs propres maisons pour dormir, surfer et manger chez eux), mais pour faciliter leur voyage. L’hôtel n’est donc qu’un accessoire. Or, lorsque l’hôtelier croit être le but et l’objectif touristique, on est devant une grande méconnaissance du marché et de notre « industrie ».

* * *

Pendant la crise d’après la seconde guerre, les politiciens croyaient avoir trouvé le source de la crise: les femmes! S’il y avait une crise, c’était sans doute, d’après eux, à cause de l’incompétence des femmes. Par conséquent, on a dispensé, à tort et à travers, des cours de ménage aux jeunes femmes. Autrement dit, on s’est trouvé un bouc émissaire, qui a fait oublier les vrais problèmes.

Aujourd’hui, dans pas mal de pays, on pointe du doigt les LGBT, en les accusant de tous les maux du monde. Il faut bien un bouc émissaire, qui détourne l’attention.

Et souvent, dans les hôtels, c’est pareille. Le client n’est-il pas content? Est-ce qu’il part en râlant? Eh bien, c’est sans doute parce que le réceptionniste avait la cravate mal mise, ou parce que la réceptionniste était mal coifée Bien sûr Ce n’est surtout pas parce que le lit était défectueux, le chauffage en panne, le WC bouché et internet qui ne marchait pas Non. Ça, ce sont des futilités Par contre, si le personnel n’a pas fait un sourire forcé et n’a pas dit au client « Parlez, Maître; votre serviteur écoute! », alors il n’y a pas eu de haute qualité

Connaissez-vous le documentaire La Face cachée du chocolat?

Bref, des enfants tenus en néo-esclavage pour la production du cacao et du chocolat.

Pour plus de détails, voici également un article édifiant.

Vous pouvez également signer la pétition pour que Lindt et Ferrero arrêtent de collaborer avec cette traite des néo-esclaves enfants.

7 ans de prisons pour caricature.

Tunisie – Sept ans de prison pour des caricatures de Mahomed sur Facebook.

Pour des détails, cliquez ici.

Merci, donc, la « révolution »! De telles condamnations n’ont jamais été prononcées sous Ben Ali.

Et quand je pense que notre pays s’est engagé, lui aussi, à promouvoir la « démocratie » en Tunisie!

Il y a quatre ans, je râlais parce que les « orthodoxes » russes avaient jeté saint Gérard à la poubelle, pour le remplacer par saint Séraphin. (D’ailleurs je me demande toujours ce que saint Séraphin en pense lui-même.)Puis, à Saint-Servais, je râlais parce que les « orthodoxes grecs » (lesbiens, plus exactement) ont renommé l’ancienne église Saint-Servais, en détrônant notre saint au profit de trois saints grecs.

Il y a quelque temps, je râlais également par ce que les « orthodoxes roumains » avaient détrôné le Saint-Esprit à Schaerbeek, pour renommer leur nouvelle cathédrale en l’honneur de Saint-Nicolas.

Il y a cinq ans, j’écrivais un article sur le Monastère de la Résurrection à Vendrin. Hier, en pensant à la résurrection du Christ, que l’on va fêter d’ici peu, je me demandais ce qu’était devenu le monastère de la Résurrection, de Vedrin. En en coup de Google, je tombe sur ça. Figurez-vous, il a été acheté par les « orthodoxes roumains », qui l’ont renommé en l’honneur de la « protection de la Mère de Dieu ».

Non; je ne râle pas parce qu’ils ont repris le monastère. Au contraire, je me réjouis que le monastère n’eût pas un autre destin. Mais ce qui me fait râler, c’est ce vice des soi-disant « orthodoxes », qui rasent tout sur leur passage. Ils se vantent d’être les [seuls et uniques] gardiens de la Tradition, mais voilà qu’ils la piétinent! Ils prétendent que l’orthodoxie (à leur façon) est universelle, alors qu’ils baignent dans l’hérésie phylétiste.

Qu’ils jettent au diable nos saints belges, ça « passe » encore (et encore!). Mais détrôner le Saint-Esprit et la Résurrection du Christ, au profit de saint Nicolas et de la « protection » de la Vierge Marie, ça, c’est de l’hérésie pratique. Non pas de l’hérésie théorique, comme aux temps anciens. Non. Mais de l’hétérodoxie au sens pratique.

Les anciennes sœurs de Vedrin avaient nommé leur monastère en l’honneur de la Résurrection, pour signifier l’importance que l’Orient chrétien accordait à la résurrection du Christ. Les sœurs roumaines viennent nous prouver le contraire: l’Orient chrétien post-moderne n’a rien à cirer foutre de la résurrection du Christ et du Saint-Esprit.

Si Luther se levait d’entre les morts!?!

Isaac le Syrien et les animaux.

À la dernière rencontre de la CCL Na-Lux, quelqu’un m’a donné une feuille avec une citation de saint Isaac de Ninive:

«En quoi consiste, en peu de mots, la pureté? En un cœur plein de miséricorde pour toute la création […] Et qu’est-ce qu’un cœur miséricordieux? Un cœur embrasé pour toute la création, les hommes, les oiseaux, les animaux, les démons et tout ce qui existe, de telle sorte que, lorsqu’il les voit ou qu’il y pense, ses yeux s’emplissent de larmes à cause de la violence de la miséricorde qui émeut ce cœur d’une grande compassion. Alors, ce cœur s’attendrit, et il ne peut plus supporter – qu’il en entende parler ou qu’il en soit témoin – le moindre tort ou la moindre souffrance infligés à une créature quelconque. Et c’est pourquoi, même en faveur des ennemis de la foi ou des êtres privés de raison, ou encore de ceux qui nous font du tort, il offre sans cesse des prières accompagnées de larmes, pour qu’ils soient protégés et fortifiés. Il le fait même en faveur des reptiles, en raison de la grande compassion qui emplit son cœur, sans mesure, à l’exemple de Dieu.»

Il y a quelques petites années, Nicolas a essayé de me faire regarder Beautés désespérées et ça n’a pas trop marché. Récemment il m’a proposé la série Famille moderne, et ça a marché!

Pour vous résumer l’action, il s’agit d’abord d’un vieux père (le même acteur que celui qui a incarné Al Bundy), qui a une fille hétéro et un garçon gai. La fille a un mari et trois gosses, alors que le fils a un mari et une bébé. Le vieux père se remarie avec une jeune, qui a déjà un gosse. Les péripéties de ces trois familles de la série sont en réalité la mise en scène d’anecdotes déjà vues par les réalisateurs dans leurs propres familles. Cette dose de réalisme est agrémenté d’une fin heureuse et une leçon a tirer à la fin de chaque épisode.

Il y a donc aussi un couple de deux mecs dans la série. Pourtant mes personnages favoris sont tous des hétéros:

* Phil, une sorte de papa-modèle, qui fait parfois des gaffes, mais qui se rattrape toujours;
* Gloria, qui est une mère-modèle, avec un bagage culturel colombien;
* Many, qui est un gosse précoce.

Pour la bande-annonce, cliquez ici.

Qu’a mangé le Christ?

Je lisais quelques lignes du traité éthique 1 de Syméon le Nouveau Théologien. Il dit qu’avant le péché, l’homme ayant été immortel, mangeait uniquement des fruits incorruptibles.

Ce n’est pas sa vision frugivore que je remarque. (Elle est partagée unanimement par les Pères anciens.) Mais le fait qu’il met l’accent sur l’incorruptibilité. Pour lui, les hommes et les animaux mangeaient les plantes sans les dévorer, sans les tuer.

Mais cette vision des choses entre en conflit direct avec la théorie selon laquelle le Christ aurait mangé du poisson mort. Surtout après sa résurrection!

L’image a été prise sur le site NoMeatAthlete.com

Aujourd’hui, c’est le dernier jour du carême. Dans le rite latin traditionnel, on devrait avoir un jour de jeûne suivi, le soir, de la messe. Cette messe inaugure, en effet, l’entrée du Christ dans Jérusalem. Plus exactement, l’évangile de ce soir, selon saint Jean, commence avec la fin du récit de la résurrection de Lazare (dont l’intégralité a été lue il y a neuf jours), pour passer ensuite au récit complet de l’entrée triomphale du Christ dans Jérusalem.

Demain matin, il devrait y avoir une liturgie de la parole, avec plein de morceaux sur les Rameaux: collecte, prophétie (Exode 15:27, 16:1-7), graduel, évangile (Matthieu 21:1-9), secrète, préface, sanctus et anaphore de consécration des rameaux. Puis, procession vers une autre église, où il y aurait une messe de la passion.

La première remarque est que, pour la messe de la vigile (ce soir), le récit des rameaux vient de Jean, alors que pour demain matin il est tiré de Matthieu; un peu comme pour d’autres fêtes avec vigile. La seconde remarque est que la consécration des rameaux est calquée complètement sur l’Eucharistie. Dom Gaspar Lefèvre et d’autres de sa génération se trompent en disant que, sans doute, dans le temps il y eût deux messes le matin des Rameaux, dont une des rameaux et l’autre de la passion. C’est faux, car les diférents morceaux de la liturgie de la parole de demain matin ne font aucune référence à l’Eucharistie, mais uniquement elle la calque, en parlant exclusivement des rameaux.

D’autre part, le 31 mars me rappelle un personnage que l’on commémore aujourd’hui dans le calendrier anglican: le prêtre John Donne (celui dont nous vient l’expression « for whom the bell tolls »). Celui-ci a écrit, entre autres, le poème appelé Upon the Annunciation and
Passion Falling upon One Day
. Loin d’être allérgique à la coïncidence de ces deux fêtes, John Donne s’en réjouit.

Et il n’est pas le seul. À Puy, chaque coïncidence de ces deux fête donne occasion à un jubilé. Cela correspond également à la pratique byzantine de ne jamais transférer l’Annonciation, quitte à la célébrer combinée à d’autres fêtes.

Dans un cas pareil (que nous revivrons en 1016), comment faire cela, dans le rite latin, d’une manière traditionnelle?

La clef d’une telle célébration réside dans la liturgie même du dimanche des Rameaux, qui combine les rameaux avec la passion. Le schéma est le suivant: « liturgie de la parole de la fête n° 1 + liturgie de la parole de la fête n° 2 + liturgie eucharistique de la fête n° 2 ».

Donc, pour fêter ensemble l’annonciation et la passion, on pourrait faire ceci. On commencerait la célébration comme pour un Vendredi-Saint habituel. Donc: prophétie (Osée 6:1-6) + trait (Habaquq 3) + collecte de la passion + prophétie (Exode 12:1-11) + trait (psaume 139/140) + passion selon saint Jean + collectes majeures + vénération de la croix avec impropères. Ensuite, s’il y a une procession, on pourrait chanter Vexilla Regis pendant celle-ci. Et tout de suite, la messe de l’Annonciation, comme lorsqu’elle tombe en carême. À la fin, dépouillement de l’autel (qui se ferait ici, et non pas le Jeudi-Saint comme les autres années).

Il y a des années, lorsque j’ai lu le livre de l’Ecclésiaste dans la Bible, je me suis dit que ce livre aurait dû se nommer plutôt « L’Apostasie de Salomon ». Plus tard, j’ai appris que CS Lewis avait pensé la même chose que moi. Oui, Dieu a pu inspirer même un apostat, dans le but de montrer à l’Église l’exemple qu’il ne faut pas suivre.

L’autre jour, nous avons été voir Cloclo au cinéma. C’était un bel exercice de carême, car ce film ressemble beaucoup au livre de l’Ecclésiaste. Ça montre la grandeur et la décadence d’un vaniteux. L’exemple à ne pas suivre.