Racine.

En principe, je ne voulais rien écrire à propos de l’évêque qui vient d’être élu pape de Rome.

J’ai entendu beaucoup de monde en parler autour de moi. Les uns disaient que Jorge Mario Bergoglio était quelqu’un proche des pauvres et de la gauche. D’autres soulignaient l’homophobie de celui-ci et en général son conservatisme.

Je pense que les deux attitudes sont incorrectes. Il n’y a pas de « bon pape » et de « mauvais pape ». La papauté, avec ses prérogatives d’épiscopat universel, est une mauvaise chose en soi. Tout au plus, on peut dire que dans le monde il y a deux papes légitimes: un à Rome, un autre à Alexandrie (le copte); mais théologiquement parlant, ce sont des évêques, et ne devraient avoir aucun rôle d’usurpation des épiscopats des autres.

À la sainte Cène, le Christ a agi en sa propre personne. Après l’ascension, saint Pierre a agi en la personne du Christ au milieu des apôtres. Et chaque évêque fait de même. (Et les prêtres sont mandatés par leurs évêques pour faire de même.)

Ceci dit, la papauté n’est pas la seule institution ecclésiastique perverse. Prenons, par exemple, le « patriarche de Moscou et de toutes les Russies » et son « saint » synode. À quoi ressemble une bande de moines qui se sont choisis les uns les autres pour être évêques dans les contrées qu’ils ne connaissaient même pas? À quoi ressemble un évêque qui se proclame patriarche et usurpe à la fois l’autorité des évêques locaux et celle du peuple de Dieu, dont on n’attend qu’une obéissance aveugle et la thune?

Aujourd’hui il y a, me semble-t-il, extrêmement peu d’Églises qui suivent la Tradition de nos pères dans la foi, en matière d’ecclésiologie et surtout d’épiscopat. Je sais que dans l’ECUSA et dans l’Église épiscopalienne d’Écosse ce sont les fidèles et le clergé qui choisissent leur propre évêque. C’est dans ce sens-là qu’il faut aller, pour atteindre la plénitude de la catholicité véritable.

Emploi.

Hier j’ai perdu mon emploi.

Comment réagir face à cela? Déjà sur mon blogue…

Lorsqu’il leur arrive la même chose, certains blogueurs l’annoncent tout de suite, et se font traiter de pleurnichards. D’autres ne disent rien, et se font cataloguer d’orgueilleux.

Personnellement, puisque je n’ai rien à me reprocher concernant ma perte d’emploi (ce n’était pas pour faute grave), je le dis.

Donc une nouvelle chose commence. La recherche d’emploi reprend.

En 2012 il fallait que je trouve quelque chose d’autre. Mon nouveau job a été ma « victoire » pour Noël. Maintenant qu’on approche la Pâque, ça me fait bizarre de me trouver sans travail.

Mais j’ai déjà plusieurs pistes pour l’avenir.

3 ans de diaconat.

Il y a 3 ans, à savoir le 14 mars 2010, j’ai été ordonné diacre.

Je fête, donc, mes trois ans de diaconat.

Et, au bout de ces trois années, j’essaie de dresser un bilan.

Il est évident qu’un diacre du 21ème siècle n’a ni le même rôle, ni les mêmes tâches, qu’au premier ou au deuxième siècles.

Mais l’essentiel est là: servir.

Propositions carémiques.

J’entends parfois des chrétiens qui se proposent des trucs pour le carême: parfois des exercices spirituels, des livres à lire, des choses auxquelles ils renoncent le temps du carême.

Personnellement, je crois comprendre toujours mieux, d’année en année, les sens du carême, mais je n’arrive jamais à vivre le carême comme je le voudrais. Je me dis toujours que l’année d’après ce serait mieux.

Néanmoins, ce carême excite en moi quelques désirs pour par-après, sans doute. Je me propose de lire deux romans: Le Voyage du pèlerin de John Bunyan (en anglais, si possible), ainsi que le 1984 de George Orwell.

Malheureusement, je n’ai vu que le film 1984, d’après le roman. Quant au Voyage du pèlerin, j’en ai lu des passages, mais jamais le livre en entier.

Et plutôt que de me détacher des choses moins utiles pendant le carême, paradoxalement, je compte m’acheter un outil de travail qui me sera très utile dans le train, les soirs où j’aurai une place assise (ce qui arrive une fois sur deux; merci les boss de la SNCB!).

Collecte des martyrs.

Comme je le dis assez souvent, c’est dans la liturgie que se vérifie la foi de l’Église en général, et de chaque Église locale en particulier. Pour voir quelle a été la foi de l’Église, à l’époque X, concernant le sujet Y, il faut chercher dans les prières de l’époque.

Avant-hier, 4ème jeudi du carême, ou jeudi de la mi-carême, le missel romain prévoyait une fête mobile des les saints Côme et Damien. Voici les trois prières de la fête: collecte, secrète, postcommunion. Elles datent de l’époque de Grégoire II (715-731):

Magnificet te, Domine, sanctorum tuorum Cosmæ et Damiani beata solemnitas: qua et illis gloriam sempiternam, et opem nobis ineffabili providentia contulisti. Per… Que te magnifie, Seigneur, l’heureuse solennité de tes saints Côme et Damien: puisque tu leur as donné la gloire sans fin, et à nous ton secours, par l’ineffable providence. Par…
In tuorum, Domine, pretiosa morte iustorum sacrificum illud offerimus, de quo martyrium sumpsit omne principium. Per… Seigneur, dans la [fête de la] précieuse mort de tes justes, nous offrons le même sacrifice dont tout martyre tire l’origine. Par…
Sit nobis, Domine, sacramenti tui certa salvatio: quæ cum beatorum martyrum tuorum Cosmæ et Damiani meritis imploratur. Per… Que nous soit certain, Seigneur, le salut de ton sacrement, qu’on implore avec les mérites de tes bienheureux martyrs Côme et Damien. Par…

Les prières ci-dessus diffèrent beaucoup, par leur forme et leur contenu, des prières ci-dessous, plus tardives, pour la fête fixe, du mois de septembre, de ces mêmes saints Côme et Damien. Pour la petite histoire, la collecte est utilisé également aux fêtes d’autres saints martyrs.

Præsta, quæsumus, omnipotens Deus: ut, qui sanctorum martyrum tuorum Cosmæ et Damiani natalitia colimus, a cunctis malis imminentibus, eorum intercessione liberemur. Per… Donne, nous t’en prions, Dieu tout-puissant, que nous, qui fêtons la naissance [au ciel] de tes saints martyrs Côme et Damien, soyons libérés, par leur intercession, de tous les maux imminents. Par…
Sanctorum tuorum nobis, Domine, pia non desit oratio: quæ et munera nostra conciliet, et tuam nobis indulgentiam semper obtineat. Per… Seigneur, que nous ne soyons pas privés de l’oraison pieuse de tes saints, mais qu’elle s’unisse à nos dons, et nous obtienne toujours ton indulgence. Par…
Protegat, quæsumus, Domine, populum tuum et participatio cælestis indulta convivii, et deprecatio collata sanctorum. Per… Seigneur, que ton peuple soit protégé à la fois par la participation au banquet céleste, et par la prière réunie des saints. Par…

Grégoire-présanctifiés.

Dans le rite byzantin, pendant les féries du carême – ainsi que les trois premières féries de la Semaine Sainte – on célèbre la messe des présanctifiés, attribuée à « saint Grégoire l’auteur des Dialogues, pape de Rome », c’est-à-dire Grégoire le Grand. Pendant que certains intégristes font appel à cette liturgie dans le but de prétendre à l’universalité du rite byzantin, les liturgistes sérieux rejettent purement et simplement la paternité de saint Grégoire le Grand par rapport à cette liturgie.

Qu’en est-il?

Tout d’abord, je ne crois pas que l’attribution de cette messe des présanctifiés ait été faite sans raison. Mais je ne crois pas non plus que ce rituel ait été compilé par saint Grégoire le Grand. Je pense que la vérité est quelque part au milieu.

Pour comprendre cela, pensons d’abord à deux autres ordos de la Messe chez les byzantins, à savoir: la messe « selon saint Pierre l’apôtre » et la messe « selon saint Jean Chrysostome ». Mais revenons à nos moutons. Qu’est-ce que saint Grégoire a à voir dans l’ordo des présanctifiés chez les byzantins?

Tout d’abord, regardons la forme de cette liturgie. Alors que, en général, le rite byzantin considère l’alléluia comme un chant de deuil et de carême, la messe des présanctifié contient le graduel « Que ma prière s’élève comme l’encens ». La démarche est typiquement latine. Ensuite, cette messe des présanctifiés contient une procession avec les saintes espèces, encore une piété latine. Ensuite, le prêtre sort avec le cierge pascal, ce qui rappelle la vigile pascale latine. Donc il y a plein d’éléments du rite latin dans cette messe byzantine des présanctifiés. Des éléments qui ne remontent certainement pas à saint Grégoire le Grand, mais que la piété populaire a pu lui attribuer, grâce à son renom.

Mais il y a autre chose. La pratique eucharistique en carême a été différente en Occident par rapport à Byzance. Côté byzantin, presque tous les jours de l’année on pouvait célébrer la Messe, sauf les féries du carême; le jeûne était vu comme incompatible avec la Messe. Côté latin, c’est juste le contraire: les féries ordinaires n’avaient pas de propre, sauf en carême; autrement dit, la Messe était célébrée les dimanches et les jours de fête, toute l’année, mais en carême il y avait la messe vespérale quotidienne.

Avant de prendre l’épiscopat, saint Grégoire a été nonce papal à Constantinople. Pendant son séjour là-bas, il a dû réconcilier la pratique latine (eucharistie quotidienne vespérale en carême) avec la pratique locale (pas d’eucharistie pour les féries du carême). Le compromis a dû être, sans doute, l’adoption de la messe des présanctifiés (connue à Rome pour le Vendredi-Saint) à Byzance, pour le carême. Mais dans ce cas, avec le temps, d’autres éléments latin ont dû être incorporés, puisqu’on les attribuait à saint Grégoire.

Joyeux anniversaire, mon amour!

Un jour j’ai demandé à un ami anversois de souche s’il pouvait traduire notre roman en néerlandais. Je m’attendais à des réponse du genre: « Je n’ai pas le temps », « Il est trop long »… Mais sa réponse fut la suivante: « Le néerlandais est trop compliqué pour moi. Il faudrait demander à un linguiste de traduire… »

Une autre fois, un ami prêtre en Flandre, lui aussi Flamand de souche, m’a dit que dans son missel néerlandophone il y avait des mots qu’il ne comprenait pas.

La semaine passée, j’ai écrit un mail en néerlandais à un client, puis j’ai demandé à un collègue flamand de souche de réviser mon texte avant que je l’envoie au client. Le collègue m’a dit: « Tes phrases sont trop longues. Tu devrais les couper en de plus petits morceaux, parce que j’ai du mal à les comprendre. » Les phrases qui posaient problème étaient du genre: « Vandaag hebben wij een gescande aangetekende deurwaardersbrief door e-mail voor u vanaf een onbekend adres ontvangen ». Je fais ce genre de longues phrases en français et en anglais aussi. Je ne vois par pourquoi en néerlandais ça pose un problème.

Je me suis donc demandé si le néerlandais était:

A. Une forme écrite et normalisée de tous les dialectes flamands et hollandais?

B. Une langue artificielle, pour remplacer ces dialectes?

C. Le dialecte amstellois, érigé en norme?

J’ai posée la question à un professeur de néerlandais, qui m’a donné la réponse B, ce qui m’a étonné, puisque je soupçonnais la réponse A. Je lui ai donné des exemples de diversité en néerlandais (trois sortes de génitif: « Joeri’s boek, het boek van Joeri, het boek der wijsheid »). Le prof m’a dit que seule la deuxième version était correcte, et que les deux autres étaient à la fois archaïques, dialectales et poétiques. Même chose pour les mots du dictionnaire: tout peut être dialectal, archaïque, poétique; mais cela ne tient pas du néerlandais correct. Quid de la « regie der wegen » ? Oui, car, selon le prof, cela tien d’une institution archaïque… Alors qui est la norme du néerlandais « correct »? Réponse: la presse. Oui, mais la presse utilise énormément de faux-anglicismes et anglicismes. Et quoi? Le mot « noen » serait archaïque/poétique/dialectal, pendant que « account manager » et « sorry » seraient du bon néerlandais? Réponse: la langue évolue.

Tout cela m’a mené à la conclusion suivante: derrière le néerlandais il doit y avoir un complexe d’infériorité.

Les Roumains ont fait la même chose. D’une part on a tapé sur les doigts des écoliers qui utilisaient des mots ancestraux (même si ces mots-là se trouvaient dans les dictionnaires), et d’autre part on a organisé des tonnes de concours littéraires dont le seul but était d’encourager les élèves à utiliser des barbarismes. Ça fait que la langue roumaine soi-disant littéraire de nos jours est un amas de: mots non-roumains, grammaire boiteuse, orthographe simplifiée pour les illettrés… et devant cet idiome artificiel tout le monde manifeste une crainte pieuse, car peu de gens arrivent à l’utiliser « correctement ».

Est-ce que la même chose serait arrivée au néerlandais?

Toute langue naturelle comporte une littérature ancienne. Or, justement, les Roumains ont banni leurs écrivains qui s’exprimaient en un roumain ancestral, et promu les nuls qui ont écrit en idiome artificiel. (Le premier écrivain roumain dont l’œuvre a été entièrement traduite en français, c’est Eminescu; tandis que Creangă n’a jamais été traduit en français!)

Et en néerlandais? Henri Conscience s’est-il battu pour une langue artificielle?

Chandeleur 2013.

Comment est-ce que la fête de la Chandeleur prend-elle sa place dans le calendrier liturgique?

Déjà le dimanche passé, nous avons commencé le temps liturgique du « pré-carême »; donc c’était le dimanche de la septuagésime; aujourd’hui, c’est la sexagésime. Lorsque la Pâque tombe très tôt dans l’année, la Chandeleur approche de très près le carême. Par exemple, ce fut le cas en 1818 et ce le sera en 2285: alors la Chandeleur tombe le lundi gras dans les calendriers occidentaux; chez les orientaux, qui commencent le carême toujours un lundi, ces années-là la Chandeleur coïncide avec le premier jour de carême.

N’empêche, même en Occident, il arrive souvent que la Chandeleur tombe dans la période du pré-carême. Alors à la place de l’alléluia, on chante le cantique de Syméon, en tant que trait.

Il y a dix jours, nous avons été à la messe à la jésuitière.

Et, à partir de l’évangile du jour – le mariage de Cana en Galilée – le prêtre a bâti son sermon homophobe.

De surcroît, une connaissance, présente à cette messe-là, nous a dit par après que « l’adoption, ou la procréation d’enfants dans les couples homosexuelles est encore trop récent que pour pouvoir en dresser un bilan d’appréciation assez objectif ». Double choc!

Voici sur internet une famille homoparentale qui accepte de jouer les fêtes de foire: de montrer sa vie quotidienne, afin de briser les tabous et méconnaissances, et les ragots et médisances.

Leur blogue: GayFamilyValues.blogspot.be

Leurs vidéos: YouTube.com/user/depfox