Tourniquet & King’s X.

Aujourd’hui, je voudrais également vous présenter deux groupes.

Être chrétien ET métalleux ET pour les droits des animaux? Oui, c’est possible. Et, en ce sens, je vous présente le groupe Tourniquet. Leurs chansons Ark of Suffering et Stereotaxic Atrocities dénoncent l’exploitation des animaux, en formulant leurs arguments à partir des textes bibliques. Petit bémol: le chanteur a une voix laide et pas cultivée du tout.

D’autre part, je vous présente King’s X: c’est une bande de métalleux ET chrétiens ET gais ET pour-la-vie. Ils s’inspirent surtout des livres de CS Lewis. Je vous recommande leur album Faith, Hope, Love. Petit bémol: leur métal est trop mou pour mes oreilles et mon cerveau.

Pourquoi.

Comme vous savez, il y a quelque temps, j’ai mis dans mes liens un renvoi vers le blogue du sous-doyen Robert Hendrickson, de la cathédrale épiscopalienne (anglicane) de Denver, aux États-Unis. Photo ci-contre.

Il y a quelques jours, il a écrit un excellent article, que l’on trouve ici en version originale. Puisque je le trouve excellent, j’en fais maintenant la traduction vers le français. Pour le reste, joyeuse Chandeleur!

Réflexion sur l’Homélie à la cour d’assises. Que faut-il réinventer?

Les débuts du Mouvement d’Oxford remontent à l’homélie que John Keble a prononcée devant la cour d’assises en 1833 sur l’apostasie nationale. L’homélie critiquait un proposition de loi parlementaire qui voulait réduire le nombre des évêchés en Irlande. Ça n’a pas trop l’air d’être une homélie qui allait mettre sur pied un mouvement qui transformerait la forme et la nature de l’anglicanisme; pourtant les thèmes qu’elle aborde touchent non seulement au cœur de la notion même d’anglicanisme, mais aussi des notions de catholique et d’Église catholique.

Keble critiquait l’État se mêlant des affaires de l’Église. Plus exactement, il critiquait la nation, du fait qu’elle mettait les pouvoirs terrestres au-dessus des pouvoirs célestes. C’était cela l’apostasie nationale. Il forgeait un chemin à l’Église d’Angleterre, afin qu’elle reconsidérât sa relation avec l’Église historique catholique et plus largement avec l’Église universelle.

Le sujet est toujours d’actualité, ainsi que le besoin de repentir.

L’Église est dans les griffes des pouvoirs du monde, tout comme elle l’était au 19ème siècle, sauf que cette fois-ci il ne s’agit plus du contrôle par l’État, sinon de notre propre capitulation devant les forces de la société mondaine.

Nous nous traînons les uns les autres devant les tribunaux. Nous banalisons la réalité de la mort, et en nions le pouvoir. Nous ne parlons presque pas du péché et de la rédemption. Nos prêtres sont des fonctionnaires qui manquent de formation. Nos élections d’évêques sont des concours de popularité. Nos buts spirituels sont définis par les sujets de la politique. Nous agissons par peur de devenir pauvres, plutôt que par espoir d’abondance. Nous ‘‘fabriquons’’ nos ordinands. Nous valorisons l’hyperactivité. Nous faisons preuve de productivité. Nous avons besoin de groupes de travail qui analyseraient les structures de notre Institution. Pourtant, ce dont nous avons réellement besoin, ce ne sont pas des groupes de travail qui se focalisent sur la forme de notre institution, mais nous avons besoin de mains d’œuvre qui rafraîchissent notre vocation d’être fidèles à l’essence de l’Église. Nous avons besoin de mains d’œuvre qui renouvellent notre vocation d’être l’Église.

Qu’est-ce que l’Église épiscopale? Qu’est-ce que l’Église tout court? D’un point de vue spirituel, qui sommes-nous? Que signifie la prière? Qui est Jésus, selon nous? Pourquoi le Baptême? Qu’est-ce qu’un missionnaire?

Il n’y aura pas de nouvelle vision sur notre institution, tant que nous ne comprendrons clairement et de manière convaincante pourquoi nous sommes l’Église et ce que signifie d’être une, sainte, catholique et apostolique. Dans l’Église, on entend haut et fort des voix anticléricales et anti-institution. Cependant, ni les prêtres, ni nos structures ne sont le vrai problème, mais seulement des boucs émissaires.

Quand il y a eu des élections, on a dit que les gens avaient les dirigeants qu’ils méritaient. Je crains que nous ayons le clergé que nous méritons. Plutôt que d’apprécier des visions théologiques claires, la prière sérieuse, et des vie de sacrifice, nous avons élevé le sentimentalisme et les ‘‘pistons’’ affectifs au rang de qualités que nous attendons du clergé.

Du coup, nous avons trop souvent des dirigeants qui ont des problèmes affectifs, voire qui sont des manipulateurs. Cela a entretenu la corruption dans le système, et une culture de suspicion, qui est blessante et permanente. Prenez un système sentimentaliste avec une couche de déséquilibre des pouvoirs, et mélangez ça avec l’infantilisation des fidèles (que nous avons dépourvus de pouvoir, de plusieurs façons, même en parlant du ministère des laïcs), et vous obtenez la recette d’une culture ecclésiastique qui n’a rien à voir avec le sacrifice constant de la croix, mais qui n’est qu’un système reposant sur des calculs, la force de séduction et le pouvoir d’en accomplir les buts.

C’est devenu, un peu partout et de plusieurs points de vue, un système mondain.

Dans un système sans pouvoir centralisateur, les outils du pouvoir local sont encore plus destructeurs. Ce que je veux dire, c’est que l’Église épiscopale – comme on disait autrefois du Vatican – n’a ni tanks, ni soldats. Nous n’avons pas de vrai pouvoir sur les vies de nos fidèles.

Les seules preuves de leur fidélité sont la tradition et la foi. Au fur et à mesure que nous détruisons ces deux éléments – et nous avons passé plusieurs dizaines d’années à en diminuer l’importance – il ne nous reste plus que de les asservir à nos fiefs par la manipulation, plutôt que de les émanciper. Et ces fiefs deviennent de plus en plus petits.

Le vrai défi pour l’Église, ce n’est pas de réinventer les structures. Le défi est de nous réinventer nous-mêmes, de redécouvrir ce que c’est que suivre le Christ avec fidélité. De réinventer nos vies dans lesquelles les autres puissent voir en nous l’essence de ce qu’est l’Église, c’est-à-dire Son Corps.

Nous devons retourner aux fondements de l’Église, nous devons affirmer que ce qui nous rend uniques, c’est d’être le peuple de Dieu, même si nous n’en sommes pas dignes. Cela commencera à bouger seulement lorsque nous aurons changé les critères pour vivre et choisir nos dirigeants.

La formation de nos dirigeants spirituels doit être différente de celle que nous attendons chez les dirigeants séculiers.

Si nous n’enseignons pas à nos gens les disciplines et doctrines essentielles de notre foi, ils seront familiarisés seulement avec des outils et critères mondains pour élire leurs dirigeants, et nous obtiendrons des dirigeants qui comprendront et tireront facilement les ficelles dans le monde des pouvoirs séculiers, mais qui ne sauront pas ce que signifie la puissance de la croix, le fait de donner sa vie en sacrifice.

Nous devons instruire les gens dans la prière, pour obtenir des dirigeants qui prient. Nous devons instruire les gens dans les Sacrements, pour en tirer des dirigeants qui dirigeront comme des Sacrements ambulants. Nous devons instruire les gens à être des évangélistes, pour en tirer des dirigeants qui partageront leur foi avec plaisir. Nous devons instruire les gens dans la doctrine saine, pour en tirer des dirigeants qui maintiendront la foi de nos pères et mères dans la foi. Nous devons instruire les gens à laver les pieds des autres, pour en tirer des dirigeants qui sauront servir.

Nous devons instruire les gens à être différents, à changer, à se laisser transformer. Nous avons besoin que les gens soient l’Église.

Pourquoi l’Église? Qu’est-ce qui nous rend différents d’une organisation d’entraide ou différents d’Oxfam?

Pourquoi l’Église? Qu’est-ce qui nous rend différents de la Fraternité des Élans ou du Rotary?

Pourquoi l’Église? Qu’est-ce qui nous rend différents du Parti républicain ou du Parti démocrate?

Pourquoi l’Église? Qu’est-ce que les gens peuvent trouver dans l’Église et qu’ils ne peuvent pas trouver dans New York Times ou Huffington Post?

Pourquoi l’Église? Pourquoi la Prière? Pourquoi les Sacrements?

Est-ce que les gens voient dans l’Église quelque chose de différent? Quelque chose de sacré? Est-ce qu’on voit en nous et notre Église un groupe de gens qui vivons pleins d’inspiration une vie qui reflète un but saint? Voit-on en nous un mode de vie plus saint?

Les structures naîtront de la fidélité refaite, renouvelée et réaffirmée; de la fidélité à l’Église, le peuple saint de Dieu.

Salzinnes.

Je prends souvent le bus n° 9, et du coup, je dois remonter la Ruelle de l’Enfer. Depuis là, j’admire chaque fois l’atelier du chemin de fer qui se trouve à Salzinnes, à l’emplacement même de l’ancienne Abbaye de Salzinnes.

Qu’est-ce que ça fait du bien d’avoir Internet! Parce que, sur la toile, j’ai trouvé, en ligne l’antiphonaire de Salzinnes. Et ça me fait beaucoup méditer. L’abbaye en question est l’endroit d’où est issue la dévotion eucharistique. Et, à l’époque, les moniales talentueuses faisaient ces livres à la main, librement. Elle ne devaient pas avoir un job profane, pour exercer leur talent juste les week-ends, à côté de la job. L’art était apprécié, au moins de cette façon-là. Et c’était vraiment de l’art.

Aujourd’hui, il faut juste être productif. L’art est réprimé à la fois par la loi civile et par les Églises. D’une part, les artistes doivent vivre au jour le jour. D’autre part, les Églises favorisent les mocheries, les nullités, les handicapes théologiques, le copyright, les livres coûteux. Rien à voir avec les exigences de l’Évangile.

Ci-contre, une page de l’antiphonaire de Salzinnes (1554). L’abbaye a été détruite par la Révolution Française, peu avant l’an 1800. Que du ‘‘bonheur’’!

Tintin en Arménie?

Il y a quelques semaines, j’ai découvert quelque chose de bizarre dans l’un des épisodes de Tintin. Il y a là un texte en arménien, qui représente les noms: Արմէն (Armén), répété, et Սիրակ (Sirag = «Sirach»), ainsi qu’un nom de famille mal orthographié.

Devrait-ce être un «Tintin en Arménie?»

À propos d’Arméniens, l’autre jour j’ai découvert un groupe de métal chrétien arménien: Blood Covenant. Voici leur version du Notre Père, sur YouTube.

Essentiel.

Qu’Internet est magnifique, n’est pas? On peut y trouver des livres, qu’auparavant on devait chercher dans des bibliothèques éloignées.

Passionné par la liturgie comparée, je suis tombé, par hasard, sur plusieurs choses intéressantes. Tout d’abord, j’ai découvert le troisième tome du livre Explication littérale historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe par le de Pierre Le Brun. On en trouve aussi le premier tome sur Wikisource.

Mais ce que je trouve d’intéressant dans ce troisième tome, c’est la liturgie comparée. L’auteur montre comment tous les rites du monde chrétien gardent les mêmes choses. Il y donne également la messe arménienne in extenso, en latin, ainsi que des anaphores orientales.

Machines.

L’autre jour, un ami est passé dans ma rue, sans me voir, alors que j’étais en train de le croiser. Non, il n’était pas aveugle. Mais il avait son ipad en main, en train de texter, de tchatter ou quoi. Moi, je ne l’ai pas dérangé.

C’est dingue, comment les moyens de communication nous rendent la communication impossible, si nous en abusons.

Abolition.

Il y a quelques années, quelqu’un me répliquait, à propos d’une prière: «Ça a été aboli.» Il y a quelques mois, quelqu’un d’autre me disait, à propos du génitif et du datif d’une certaine langue: «Ça a été aboli.»

À l’époque je me disais: mais qu’est-ce que ces gens ont avec l’abolition? C’est maintenant que je me rends compte à quel point la liturgie et la lingüistique ont des choses en commun.

On abolit la peine de mort, on abolit l’esclavage, on abolit le travail forcé, on abolit de mauvaises choses. Par contre, la tradition, chrétienne ou lingüistique, ne saurait pas être abolie. Car elle est transmission. La tradition a un développement organique. Cela ne veut pas dire que lorsqu’une erreur est récurrente, elle deviendrait une règle.

Regardez l’anglais. La langue anglaise n’a pas d’académie. Elle évolue organiquement. Bien entendu, il y a beaucoup de barakîs qui disent et écrivent avec des fautes, avec ou sans intention. Mais le corps commun des anglophones continue à maintenir l’anglais correct, parce que ce corps connaît et pratique la lecture.

Regardez l’islandais. Il est le même qu’au onzième siècle, sauf quelques néologismes, eux-mêmes formés spontanément à partir de mots déjà existants.

Regardez le wallon et le luxembourgeois. On y note les mots que l’on découvre, et on les utilise. Une gamine a inventé spontanément le mot «taprece» en wallon; deux personnes qui ne se connaissaient pas ont inventé simultanément, il y a deux ans, le mot «djåzofone».

Et l’évolution, elle fonctionne comment? Par exemple, en wallon, au douzième siècle, il y a eu la peste au pays liégeois, et la famine dans le namurois; à cause de ces problèmes, le sch n’a plus pu être prononcé par ceux-là. Du coup, c’est devenu une forte aspiration à Liége, et un s aspiré à Namur. Mais personne ne s’est assis à table pour dire: «Bon, désormais, le sch, pour mieux s’adapter aux nécessités de notre époque, deviendra du b; on le révise entièrement avec prudence et on lui rend une nouvelle vigueur en accord avec les circonstances et les nécessités d’aujourd’hui.» Non. Personne. C’est ça la différence entre évolution et abus. Le sch n’aurait jamais su se transformer en b, puisque cela est contraire à la nature même des langues romanes. Et si, aujourd’hui, on prononce une aspiration ou un s aspiré, mais qu’on écrit quand même sch, c’est pour affirmer qu’il n’y a pas eu altération, mais évolution.

La tradition de l’Église est pareille. Rien et personne ne peut ‘‘abolir’’ le Lévitique, l’épître de saint Jacques, l’offertoire, le canon romain, l’anaphore selon saint Basile, les conjugaisons, les déclinaisons… quelque fort que ceux-ci puissent déranger. Le seul droit et devoir qu’ont les grammairiens et les liturgistes, c’est de mettre sur papier et transmettre ce que nous avons reçu.

Ouganda-Nigéria.

Depuis hier au Nigéria, depuis Noël en Ouganda, être gai ou lesbienne est un crime.

Au Nigéria, l’homosexualité est punie de 14 ans de prison; en Ouganda, la prison à perpétuité.

Dans les deux pays, non seulement les LGBT sont victimes de ces nouvelles lois, mais également toute personne ayant participé à une cérémonie d’union, à un mariage etc., et toute personne qui ne raccuse pas les gais aux autorités.

Pour une fois, quelqu’un se révolte. Je lis ici que «le milliardaire britannique Richard Branson appelle entreprises et touristes à boycotter l’Ouganda après l’adoption par le Parlement ougandais d’une loi punissant de façon draconienne l’homosexualité […] ‘‘Je recommande aux entreprises à travers le monde de faire la même chose. L’Ouganda doit revenir sur ses positions sous peine d’être ostracisé par les entreprises et touristes du monde entier’’.»

Quand est-ce que nos dirigeants feront-ils pareillement? Et la reine britannique et ses petits-fils adorés? Et l’archevêque de Cantorbéry? Que dire encore des fondamentalistes américains, qui sont à la base de ces lois abominables? («God Loves Uganda»).

Les pays dits ‘‘civilisés’’ devraient imposer un blocus à l’Ouganda et au Nigéria.

Christianisme-monothéisme-génocide.

On dit souvent que les extrêmes se rejoignent. Quel est le meilleur collaborateur du fondamentalisme? C’est l’athéisme militant. Car ce sont précisément ces deux systèmes ‑ et eux seuls – qui lisent les textes bibliques de manière littérale.

L’autre jour, j’ai sur un forum, quelqu’un parlait de «la religion chrétienne, qui est si souvent pointée du doigt comme ‘‘religion de l’amour’’ […] cruelle et destructrice à l’égard de l’humanité […] ce monothéisme […] un lien avec les génocides divers et variés […] toutes ces heures de messes qui semblent avoir pourri ton enfance […] aux racines profondément judéo-chrétiennes te soit devenu insupportable.»

Pour faire un tel raisonnement, il faut avoir lu la Bible comme si c’était un journal. Ici on a juste la conclusion d’une telle lecture. Certains autres contemporains lisent les récits bibliques et arrivent à d’autres conclusions absurdes.

ARF.

Mon Nicolas vient de découvrir le magasin de produits végétaliens ARF Shop.

D’une part, ça me réjouit, parce que des magasins de ce genre, il n’y en a pas des masses.

Mais d’autre part, ça se trouve à Wannebeek, en Flandre romane, sur la ‘‘frontière lingüistique’’. Un peu loin. Loin de la ville, loin du train, loin du bus. Heureusement qu’on peut commander par la poste.

Le magasin ARF dérive de l’assoc’ ARF Belgium, qui dérive d’Animaux en péril. Néanmoins, ARF Belgium me semble une caricature du végétalisme. Leurs arguments sont gonflés. En tant que végétalien, ça me fait de la peine de critiquer d’autres végétaliens, mais je dois le dire: leurs articles sont mal écrits. Gonfler la vérité, c’est mentir. Point.

Et puis, ce qui me dégoûte carrément chez eux, c’est qu’ils promeuvent une politique de dénationalisation. Ils devraient commencer par apprendre le français.