Saint Augustin.

En la fête de saint Augustin, je ne sais m’abstenir d’écrire un petit article à propos de lui.

C’est un personnage que je kiffe pour sa théologie, mais dont j’abhorre la vie personnelle.

Le type, né d’une mère chrétienne – sainte Monique – et d’un père païen, a vécu non pas tellement dans la débauche, loin de là! Il a vécu des années avec une femme, sans s’être marié avec. Ensemble ils ont eu un fils, Adéodat. Lorsqu’il s’est converti, Augustin a jeté sa compagne à la porte, pratiquement comme un chien, et puis il a fait semblant d’avoir toujours été un célibataire. Un célibataire pécheur, mais un célibataire quand même. Dans ses Confessions, il parle d’elle si peu, et en donne même pas le nom. Quant à elle, elle a dit qu’elle n’amerait jamais un autre homme, et il paraît qu’elle n’a jamais eu d’autre homme après Augustin. Malheureusement, il y en a beaucoup de nos jours qui font la même chose qu’Augustin! Et là, je ne peux qu’abhorrer une telle conception de la morale et du mariage. À mes yeux, Augustin n’est qu’un mari totalement irresponsable, plus immoral après sa conversion qu’avant celle-ci.

Mais concernant la théologie, je suis, moi aussi, un adversaire des pélagiens et des sémipélagiens, comme saint Augustin. Lorsque je serai vieux, j’espère trouver le temps de traduire le livre Augustinus, de Cornelis Jansen (Cornelii Iansenii, Episcopi Yprensis, Augustinus, seu doctrina sancti Augustini de humanæ naturæ sanitate, ægritudine, medicina, adversus Pelagianos et Massilienses, Louvain 1640).

Nestorius.

J’ai déjà écrit un article à ce sujet, il y a longtemps, mais j’y reviens.

Nestorius est l’un des personnages condamnés injustement, et avec lui la moitié de la chrétienté de l’époque (les Églises assyriennes).

Voici quelques liens:

Le Livre d’Héraclide de Damas, un livre autobiographique de Nestorius, dans lequel on peut voir qu’il était tout simplement chalcédonien dans sa doctrine. En tout cas, il n’était absolument dyoprosopite.

– Sur le site Nestorian.org, l’article Le Lynchage de Nestorius;

– Le blogue East Meets East.

Antoine-Basile 2013.

Hier, c’était la fête de saint Antoine de Padoue. Dans le temps, c’était un saint très vénéré en Occident. À vrai dire, chaque saint a eu son heure de gloire, pour ainsi dire. Il y a eu d’abord les saints auxiliaires, puis saint Joseph et saint Antoine de Padoue avec sainte Rita. De nos jours, sainte Thérèse de Lisieux et d’autres comme elle ont plus de popularité.

Le problème vient, me semble-t-il, du fait que les gens pieux ont moins envie d’imiter les saints dans leurs vertus et leur enseignement. Revenons, donc, à saint Antoine de Padoue. Sur YouTube vous trouvez un documentaire sur sa vie.

Beaucoup moins populaire a été saint Basile le Grand, que nous fêtons aujourd’hui. Au fait, si la date de la fête byzantine de saint Basile est le 1er janvier, cela présuppose une concurrence avec la fête de la circoncision du Seigneur; c’est pourquoi, l’Occident fête traditionnellement le 14 juin, jour de sa consécration épiscopale.

L’Occident tardif a vu dans saint Basile seulement le fondateur monastique oriental. À vrai dire, saint Basile a écrit une règle monastique, encore en vigueur chez certains moines et moniales de rite byzantin. Ainsi est-il en quelque sorte l’homologue grec de saint Benoît. (Dans sa règle, saint Benoît parle de saint Basile.) Et, comme l’Orient a toujours refusé de séparer la vie contemplative d’avec la vie active, saint Basile a également été le fondateur du tout premier hôpital, dans le sens moderne du terme.

Mais ce n’est pas pour son côté monastique que saint Basile est digne de louange. Au contraire, il est réputé pour ses écris théologiques, dont Contre Eunome et le Traité sur l’Esprit Saint, et la victoire de l’orthodoxie sur l’arianisme et le pneumatomachisme. (Plus de détails ici.)

Mais un autre thème, concernant Basile, et qui est tout à fait actuel, c’est la question liturgique de l’anaphore selon Basile.

Il y a plus de quinze ans, j’ai entendu une théorie de la bouche de certains patrolatres (*), prétendant que l’Église primitive eût connu seulement une ordo de la messe composé par saint Jacques de Jérusalem, et que saint Basile et saint Jean Chrysostome eussent abrégé cet ordo-là. Bien entendu, ces affirmations-là n’ont aucun fondement.

En réalité, l’anaphore selon saint Basile est l’aboutissement du développement organique d’une anaphore cappadocienne. C’est une longue anaphore, mais pas la plus longue que la Tradition nous ait conservée. Elle est complètement parsemée de citations bibliques, et a un beau bagage christologique. Et puis, théologiquement parlant, elle remplit parfaitement son rôle d’action de grâce.

Pourquoi, donc, l’Occident l’évite? Parce que l’Occident a été habitué à parler de « prière de consécration », comme si le but d’une telle prière était la consécration des éléments eucharistique. Du coup, suivant cette mentalité, il suffirait de dire quelques paroles magiques en vue de la consécration, et basta! Mais la Tradition nous dit autre chose. L’Église récite une telle prière dans le but de rendre grâce à Dieu. La consécration du pain et du vin est seulement une rawette! C’est comme lorsqu’on va souper chez des amis. Le but n’est pas de manger. On y mange, mais ça, c’est la rawette, même si le fait de manger est très important pour la santé. De même, la sainte communion est très importante; cependant le but de l’anaphore est de rendre grâce à Dieu. C’est le sens même du mot « eucharistie »: action de grâces.

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(*) En Occident, il y a des papolatres. En Orient il y a des patrolatres. Ces derniers prennent les pères de l’Église comme autorités incontestables, qui auraient des pouvoirs de décision émanant directement du Christ, et qui se substitueraient à la Tradition.

Sint-Serwai 2013.

Ouy, c’ est l’ fiesse sint Serwai ou Servå, k’ a stî veke di Tongues et Måstraik.

Et c’ est l’ fiesse di nosse viyaedje di Sint-Serwai eto, et co l’ patron d’ nosse tchapele vaici.

Al Sint-Serwai 2013, gn a bråmint des sacwès ki candjnut, foirt avant po nosse tchapele.

Meilleur livre LGBT chrétien.

Faithful to the Truth: How to be an orthodox gay Catholic, le livre de notre ami Stephen est sorti! Il est disponible chez Amazon.

D’après moi, c’est le meilleur livre apologétique LGBT chrétien qui ait jamais été publié. Pourquoi? Parce que:

1. Les livres apologétiques LGBT protestants ne traitent pas du tout de la question de la Tradition de l’Église concernant les LGBT. Or, c’est un chapitre important, voire très important, de la théologie. Les conservateurs pensent que, malgré tout, ils ont raison, parce qu’ils pensent que la Tradition est forcément de leur côté, et que, donc, toute interprétation autre que la leur manque de fondement, parce que déracinée de la Tradition. Or, ce n’est pas le cas. Stephen montre bien que la Tradition de l’Église se partage entre, d’une part, un support de la « cause » LGBT et, d’autre part, une homophobie associée à la misogynie, à l’esclavage, à l’antisémitisme et à d’autres maux.

2. Les livres apologétique LGBT catho romains s’occupent à expliquer les textes émis par le Vatican, afin de les assouplir; alors que, comme Stephen le montre très clairement, même d’un point de vue catho romain, ces textes-là n’ont aucune valeur et que le fidèle catho romain peut les rejeter sans problème. Stephen démontre même comment ces textes-là sont seulement le fruit du modernisme théologique.

Le livre a, pourtant, des failles importantes, justement parce qu’il reste très romain dans la mentalité. Ainsi, les textes liturgiques sont juste cités d’après d’autres livres qui les cite, au lieu de prendre les originaux, en langues originales; les erreurs de Boswell sont copiées tout simplement. Deuxièmement, l’orthodoxie signifie « droite glorification« , donc la liturgie n’est pas un « simple témoignage », troisième roue au carrosse après la Bible et la Tradition, comme croit Stephen; au contraire, elle est le cœur même de la Tradition de l’Église. C’est pour ça que les textes de l’adelphopoèse ont une valeur interprétative de la Bible; alors que les injonctions de saint Jean Chrysostome ou celles de Razinger restent de simples opinions non-ecclésiales.

En tout cas, c’est un livre qui ne devrait manquer dans la bibliothèque des LGBT chrétiens qui comprennent l’anglais.

Isaac le Syrien et les animaux.

À la dernière rencontre de la CCL Na-Lux, quelqu’un m’a donné une feuille avec une citation de saint Isaac de Ninive:

«En quoi consiste, en peu de mots, la pureté? En un cœur plein de miséricorde pour toute la création […] Et qu’est-ce qu’un cœur miséricordieux? Un cœur embrasé pour toute la création, les hommes, les oiseaux, les animaux, les démons et tout ce qui existe, de telle sorte que, lorsqu’il les voit ou qu’il y pense, ses yeux s’emplissent de larmes à cause de la violence de la miséricorde qui émeut ce cœur d’une grande compassion. Alors, ce cœur s’attendrit, et il ne peut plus supporter – qu’il en entende parler ou qu’il en soit témoin – le moindre tort ou la moindre souffrance infligés à une créature quelconque. Et c’est pourquoi, même en faveur des ennemis de la foi ou des êtres privés de raison, ou encore de ceux qui nous font du tort, il offre sans cesse des prières accompagnées de larmes, pour qu’ils soient protégés et fortifiés. Il le fait même en faveur des reptiles, en raison de la grande compassion qui emplit son cœur, sans mesure, à l’exemple de Dieu.»