Je vais vous traduire ici un article écrit par Rachel Held Evans, auteure d’Une année de féminité biblique. L’original de l’article en question se trouve ici. Elle a également écrit un article «15 raisons pour lesquelles j’ai quitté l’Église» et aussi «15 raisons pour lesquelles je suis revenue à l’Église».
Pourquoi les octantistes quittent l’Église
À l’âge de trente-deux ans, je fais partie tout juste de la génération de ceux qui sont nés dans les années octante.
J’ai écrit mon premier essai avec un crayon, sur un papier, mais lorsque j’ai fini mes études supérieures, j’avais un GSM et j’utilisais le verbe « googler ».
Je connais par cœur le numéro de fixe de mes anciens copains du secondaire, mais ne me demandez pas de vous dicter le numéro de mon mari, que je dois d’abord chercher dans mes contacts.
J’ai des cassettes de sélections de chansons de Nirvana et Pearl Jam, mais je n’ai jamais organisé un voyage sans Travelocity.
Malgré que j’ai un pied dans la génération des soixante-huitards, j’ai plutôt tendance à m’identifier aux attitudes et coutumes de la génération ’80; et de ce fait, on me demande souvent d’expliquer aux leaders de mes camarades néo-protestants pourquoi les huitantards sont en train de quitter l’Église.
Les derniers sondages à l’appuie, ainsi que munie par les témoignages personnels de mes amis et lecteurs, je montre que les jeunes adultes perçoivent le christianisme néo-protestant comme étant trop politisé, trop exclusiviste, vieillot, insouciant de la justice sociale, et hostile aux lesbiennes, gais, bis et transgenres.
J’indique des recherches qui montrent que les jeunes néo-protestants ont trop souvent l’impression qu’ils doivent choisir entre leur intégrité intellectuelle et leur foi, entre la science et le christianisme, entre miséricorde et sainteté.
J’explique comment les questions sexuelles, dont les néo-protestants font une obsession, font apparaître la vie chrétienne comme si c’était une liste de règles, et que les huitantards languissent après des communautés de foi où ils puissent poser des questions en toute confidence et lutter avec le doute.
Toutefois, après que j’ai fini ma présentation et ouvert les questions, un pasteur leva sa main et dit: «Si j’ai bien compris, vous dites qu’au culte on a besoin de groupes musicaux qui déchirent…»
Là, je me suis tapé la tête contre le mur.
Malgré et contre tout, les chefs des Églises chrétiennes, notamment les chefs néo-protestants, pensent que la solution pour ramener à l’église les jeunes qui ont une vingtaine d’années, serait de faire quelques modernisations de style: musique branchée, davantage de cultes décontractés, cafétaria dans la salle paroissiale, un pasteur qui porte des jeans moulants, un site web mis à jour et qui accepte des dons en ligne.
Mais le truc, c’est que, ayant été éduqués pour la vie, nous avons un sens très critique, et nous ne nous laissons pas vite impressionner par le consumérisme ou les spectacles.
Au fait, je dirais plutôt que l’‘‘église qui fait du spectacle’’ est une chose de plus qui nous éloigne de l’Église, en particulier du néo-protestantisme.
Beaucoup d’entre nous, moi y comprise, sommes de plus en plus attirés par les traditions de haute liturgie – catholicisme, orthodoxisme oriental, anglicanisme etc. – précisément parce que les formes liturgiques anciennes ne paraissent ni prétentieuses, ni soucieuse d’être ‘‘cool’’, et nous trouvons cela d’une authenticité rafraîchissante.
Ce que les huitantards veulent vraiment de l’Église, ce n’est pas un changement dans le style, mais un changement dans l’essentiel.
Nous voulons en finir avec les guerres culturelles. Nous voulons la paix entre la science et la foi. Nous voulons nous identifier par rapport aux choses pour lesquelles nous nous battons, non pas par rapport à celles contre lesquelles nous prenons position.
Nous voulons poser des questions pour lesquelles il n’y a pas de réponses toutes faites.
Nous voulons des églises qui prêchent le royaume de Dieu, pas qui prêchent un parti politique ou une nation.
Nous voulons que nos amis LGBT soient les bienvenus dans nos communautés de foi.
Nous voulons être exhortés à vivre saintement, non seulement à propos du sexe, mais aussi lorsqu’il s’agit de vivre dans la simplicité, prendre soin des pauvres et des opprimés, chercher la réconciliation, respecter l’environnement et devenir des artisans de paix.
Vous ne pouvez pas juste nous offrir un café, puis aller comme d’habitude à vos trucs, et vous attendre à ce que nous restions. Si nous quittons l’Église, ce n’est pas parce qu’il n’y ait pas assez de trucs ‘‘cool’’, mais parce que nous n’y trouvons pas Jésus.
Comme chaque génération avant et après nous, au plus profond de nous-mêmes, nous désirons Jésus.
Maintenant, ces tendances sont vraies, non seulement pour les huitantards, évidemment, mais aussi pour beaucoup de gens d’autres générations. Chaque fois que j’écris sur ce sujet, je reçois des messages en majuscules, de la part des gens qui ont la quarantaine et des grand’mères, soixante-huitards et retraités, en disant: «MOI AUSSI!» Donc je ne veux pas décrire l’abîme qui sépare les générations plus grand qu’il ne l’est.
Mais les chefs des Églises désireux de regagner les octantards, je les encourage volontiers à s’asseoir et discuter avec eux sur ce qu’ils cherchent et ce comment ils veulent participer à la vie de la communauté de foi.
Leurs réponses pourraient vous surprendre.