Christe redemptor omnium.

En cette fête de Noël, je vous présente ma traduction-adaptation en français de l’hymne Christe redemptor omnium, qui se chante à la fois aux premières vêpres (ce soir) et aux matines de Noël.

Christ, rédempteur du monde entier,
Du Père Fils seul-engendré
Né du Père avant tous les temps,
Généré ineffablement,

Lumière et du Père reflet,
De tous tu es l’espoir complet;
Écoute tes serviteurs qui
Partout au monde te supplient.

Auteur du salut, souviens-toi
Comment tu a pris, plein de joie,
D’une vierge ton humain corps,
En naissant sur la terre alors.

Et ce saint jour reste témoin
D’une année à l’autre, plus loin:
Depuis trône paternel,
Tu vins sauver les gens mortels.

Les ciel, terre, mer, les étangs
Et tout ce qu’il y a dedans
Louent ton premier avénement,
Chantant leurs hymnes constamment.

Et nous, qui sommes purifiés
Par ton saint sang et sanctifiés,
En cette fête de Noël
Te chantons l’hymne solennel.

Et la doxologie Iesu, tibi sit gloria de Noël, déjà traduite par Georges Pfalzgraf:

Honneur et gloire à toi, Seigneur,
Né de la Vierge en notre honneur,
Ainsi qu’au Père et à l’Esprit,
Durant les siècles infinis. Amen.



Autre mélodie:



Combien de O?

Ce soir s’achèvent les antiennes Ô. Quoique… Certains chantent le 24 au soir O Iesu.

En plus des antiennes Ô que nous connaissons, sur le site anglicansonline.org, on trouve une liste exhaustive des antiennes Ô: O beata infantia, O Bethlehem, O bone pastor, O cœlorum Domine, O cœlorum Rex, O decus apostolicum, O Domine fac, O Eloi gyrum, O Gabriel, O gloriose tactor, O Hierusalem, O mundi domina, O pastor Israel, O rex Israel, O Rex pacifice, O Sancte sanctorum, O Speculum, O Summe artifex, O Tetragrammaton

Tout ça est à trier, bien sûr, car l’idée de base est de reconnaître des noms qu’on a donnés au Christ dans l’Ancien Testament, avant son incarnation. D’autres sont superflus, car O Tetragrammaton correspond à O Adonaï.

N’empêche, il est intéressant de voir comment on commente l’incarnation.

Belgo-catholique?

Mon premier contact, pourtant indirect, avec l’anglicanisme, je l’ai eu lorsque j’étais séminariste chez les orthodoxes byzantins. Le directeur du séminaire avait fait ses études à Oxford; le prêtre pédagogue nous racontait comment, au “bon vieux temps”, des prêtres anglicans avait rendu visite aux orthodoxes byzantin, et avaient célébré ensemble l’Eucharistie. Mais dans mon séminaire, tout le monde déplorait l’anglicanisme à cause des femmes prêtres.

Mon premier contact direct avec l’anglicanisme s’est fait ainsi. J’avais une amie bulgare qui allait à la Messe chez les anglicans de Bruxelles. Encouragé par l’exemple de Gene Robinson, j’ai décidé d’aller une fois à la Messe là-bas. J’ai été très impressionné par la façon dont on y a administré la communion: sous les deux espèces et à genoux au banc de communion.

Deux événements ont déclenché ma rupture avec le catholicisme-romain:

I. Le samedi 14 août 2004, lorsque la Messe catholique-romaine à laquelle j’ai participé a été totalement mariolatre. «Plus jamais ça!», me suis-je dit. Le 22 août 2004, à 14 heures, j’ai participé la deuxième fois à une Messe anglicane. Je ne croyais plus au modèle d’unité chrétienne offert par Rome.

II. Le doyen catholique-romain a lancé une pétition contre l’adoption des enfants par des couples de deux hommes ou deux femmes. Il m’a demandé de signer sa pétition, et de la présenter à des paroissiens. En âme et conscience, je n’ai pas signé, ni transmis la pétition, mais, au contraire, j’ai su que je n’avais pas de place chez les cathos-romains.

Je voulais une Église qui soit suffisamment “vétéro-protestante” pour affirmer le salut par la grâce seule et pour ne pas pratiquer des dévotions dangereuses. Mais je voulais aussi que cette Église soit enracinée dans les sacrements et qu’elle pratique l’inclusivité.

Nicolas et moi-même avons fréquenté les paroisses anglicanes d’Ixelles et Charleroi pendant plusieurs années. C’est en tombant sur le missel anglican – The Anglican Missal – que j’ai fait une grande découverte. Je m’explique. Depuis que je suis chrétien, je considérais que les Églises orientales avaient des choses à changer, notamment concernant la catéchisation et la participation des fidèles à la Messe (la forme), mais je n’ai jamais douté de l’authenticité (le fond) des rites orientaux. Par contre, j’avais l’impression que les rites occidentaux étaient inférieures au niveau du fond. Le jour où je suis tombé sur le missel anglican, j’ai compris que l’Occident était sur le même plan que l’Orient, dans la même Tradition, mais que les Occidentaux avait saccagé la liturgie.

Je suis désolé, mais les anaphores traditionnelles (orientales ou le canon romain), je ne peux pas les mettre sur le même plan que ldes prières eucharistiques créées selon le goût du jour au 20ème siècle. Une liturgie théocentrique, je ne peux pas la mettre sur le même plan qu’une performance où le prêtre se donne en spectacle. Les offertoires traditionnels, je ne peux pas les mettre sur le même plan que des bobards du Talmud. Je ne parle pas des exceptions; il peut y arriver qu’un groupe doive célébrer sans missel ou dans un cadre qui ne permettrait pas une célébration comme il faut.

C’est comme ça que je suis devenu un anglo-catholique. Un anglican traditionaliste.

Maintenant nous nous trouvons dans l’Union d’Utrecht. De ce fait, nous ne nous sommes pas séparés de la famille anglicane. Car, de par les accords de pleine communion, la famille anglicane va même au-delà de la Communion Anglicane; elle s’étend aux vieux-catholiques de l’Union d’Utrecht, mais aussi aux luthériens nordiques. Mais, étant vieux-catholique et belge, le terme «anglo-catholique» n’a plus beaucoup de sens; peut-être que celui de «belgo-catholique» serait plus approprié.

Être un responsable pastoral vieux-catholique n’est pas chose facile. Car il y a une énorme pression; on attend de vous d’être un « catholique-romain-Vatican-II » qui se permet tout, tout en essayant de rester au plus près de la papauté, si possible. «L’Église est une pute, mais elle est ma mère», dit saint Augustin.

Il y a deux points non-négociables chez moi:

1. L’Inclusivité. On pourrait essayer de me persuader, mais je ne reconnaîtrai jamais de différence ontologique entre les humains, quels que soient leurs sexe, genre, couleur etc. C’est une question doctrinale, christologique, qui touche à l’incarnation.

2. La Tradition. Je ne supporte pas la dictature de ceux qui imposent des textes fabriqués suite à leurs humeurs théologiques. Je préfère m’unir aux centaines de générations de chrétiens qui nous ont précédés. Richard Enraght, Arthur Tooth, T. Pelham Dale, Sidney Faithorn Green, James Bell Cox, Alexander Heriot Mackonochie et beaucoup d’autres confesseurs de la foi se sont battus il y a un siècle ou plus. Pour citer Edward Bouverie Pusey: «Les ritualistes ne se mêlent pas de la dévotion des autres […] Ils demandent seulement qu’on leur permette d’adorer Dieu en utilisant un rituel que, personne ne remettait en question il y a encore quelques années.»

Photos: 1. Église Saint-Magnus à Londres; 2. Église Saint-Clément-en-Philadelphie; 3. Église de la Paix à Frederikshåb.

Suscipe Pater sancte.

Dans le rite byzantin, dans les prières de la prothèse (offertoire), le prêtre, en découpant une parcelle de pain et en la mettant sur la patène, dit: «Seigneur Jésus Christ, reçois ce sacrifice pour tes serviteurs un tel et une telle…» Dans l’offertoire de la Messe du rite latin, le prêtre commence l’offertoire par: «Reçois, Père saint, cette victime sans tache, que je t’offre pour mes péchés, offenses et négligences, ainsi que pour ceux des fidèles…»

La question est: qu’est-ce qu’on offre?

La plupart des commentateurs que j’ai lus pensent que nous offrons à Dieu nos dons, et en échange Dieu nous donne sa grâce. Quelqu’un disait, d’ailleurs: «La Messe est le sacrifice, au sens propre, alors que la mort de Jésus sur la croix ne l’est que métaphoriquement.»

Eh bien, la Tradition de l’Église nous dit tout autre chose. Notez que dans la Messe syrienne, l’hymne de l’offertoire chante ceci: «Que toute chair fasse silence… car le Roi des roi et le Seigneur des seigneurs s’approche pour être sacrifié et donné en nourriture…»

La Messe eucharistique commence, tout doucement, à partir de l’offertoire. C’est le Christ que nous offrons, pendant la Messe, au Père et au Saint-Esprit et à lui-même.

Si nous pouvions offrir à Dieu quelque chose pour nos péchés, le Christ se serait sacrifié en vain. Même dans l’Ancien Testament, à savoir dans le psaume 49 (50), Dieu dit: «Je ne prendrai pas de bœufs de ta maison, ni de boucs de tes menus troupeaux. Car toutes les bêtes de la forêt m’appartiennent, et le bétail des montagnes et les taureaux. Je connais tous les oiseaux du ciel, et la beauté des champs est à moi. Si j’ai faim, je ne te le dis pas; car toute la terre habitée m’appartient et sa plénitude. Est‑ce que je mange la chair des taureaux? est‑ce que je bois le sang des boucs?» Si Dieu avait accepté le sacrifice, même végétal, des humains, il se se serait pas incarné. L’Eucharistie est le prolongement de l’incarnation, non pas son remplacement!

Donc, lorsque le prêtre dit: «Reçois, Père saint, cette victime sans tache» ou «Seigneur Jésus Christ, reçois ce sacrifice», c’est du Christ qu’on parle là. On sous-entend que le Christ sacrifié sera présent sur l’autel à partir de la consécration.

Chant pour l’Avent.

Je vous présente ici ma traduction-adaptation du chant «Lo! he comes with clouds descending» ou «Lo! he cometh, countless trumpets». J’ai utilisé le texte original de John Cennick (1752), ainsi que l’adaptation de Charles Wesley (1758) et Martin Madan (1760), et j’y ai ajouté une doxologie finale.

Toi, qui viens sur les nuages,
Précédé d’un signe en croix,
Escorté par tes saints anges,
Tous s’inclinent devant toi.
Alléluia (×3)
Viens régner, ô Dieu et Roi!

Tout œil verra ta lumière,
Toutes langues et nations;
Ceux qui t’ont percé naguère
Seront en lamentations;
En prière (×3)
T’attendra la création.

Les montagnes et les îles,
Terre et ciel ne seront plus.
Voilà les tiens qui s’exilent !
Tu leur donnes le salut.
Ils jubilent (×3)
D’être parmi tes élus.

Tu juges les créatures,
Les humains, selon leurs faits.
Dans l’air tes saints t’inaugurent,
Car sur toi ils sont greffés.
Alléluia (×3)
Vois ton règne triompher!

Ton épouse qu’est l’Église
Et l’Esprit te disent: «Viens!»
Aux redoutables assises
Prends auprès de toi les tiens.
Leur devise: (×3)
«Ô Seigneur Jésus, reviens!»

En portant les cicatrices
De la lance et des gros clous,
De ta passion rédemptrice,
Tu seras connu d’un coup
D’œil propice. (×3)
Nous t’adorerons debout!

Souriant, tu vas détruire
Le mal et la triste mort,
Le péché et son empire;
Tu changeras notre sort.
Tous t’admirent. (×3)
Ton royaume sera fort!

Gloire à toi et gloire au Père,
Gloire aussi à l’Esprit Saint,
Trinité d’avant les ères,
Sans début et sans déclin,
Unitaire, (×3)
Maintenant, toujours, sans fin!

Pain de messe.

Tantôt, en chantant les vêpres ce soir, nous avons lu, dans le livre du prophète Malachie, au chapitre premier, ces passages:

Vous offrez sur mon autel du pain souillé, et vous dites: «En quoi t’avons-nous pollué?» C’est en ce que vous dites: «La table du Seigneur est contemptible.» Et quand vous amenez une bête aveugle pour la sacrifier, n’y a-t-il point de mal en cela? Et quand vous l’amenez boiteuse ou malade, n’y a-t-il point de mal en cela? Présente-la à ton gouverneur, t’en saura-t-il gré, ou te recevra-t-il favorablement? a dit le Seigneur Sabaoth. […] Ce qui est boiteux, et malade, vous l’amenez, dis-je, pour m’être offert. Mais accepterai-je cela de vos mains? C’est pourquoi, maudit soit le rusé, qui ayant un mâle en son troupeau, et faisant un vœu, sacrifie au Seigneur ce qui est gâté!

Avec Abraham, on a mis fin aux sacrifices humains. Les sacrifices d’animaux finissent avec le Christ. Désormais, nous avons une offrande végétale: le pain et le vin pour l’Eucharistie.

Le prophète Malachie déplore le fait que des Israélites apportaient des sacrifices non pas de leur meilleur, mais de leur pire. En transposant cela dans le Nouveau Testament, on assiste à la même chose dans les oblats pour la Messe.

Appliqué à notre contexte, ce passage de Malachie nous avertit contre le pain et le vin que les chrétiens apportent de leur pire, non pas de leur meilleur.

Je me souviens encore comment, lorsque j’étais séminariste il y a une quinzaine d’années, à un moment donné, la seule matière qu’on ait trouvée pour la Messe a été du pain français industriel et du vin de mauvaise qualité avec des sulfites surajoutés. On a utilisé ce qu’on a eu. Mais je suis profondément scandalisé lorsque, de nos jours, où la bonne qualité est à notre portée, certains apportent du pain industriel et du vin industriel, qui ne méritent même pas de nom de pain et de vin. Et cela, au nom de la liberté.

Hymnes pour la semaine.

Voici le récapitulatif des hymnes, pour la semaine, telles que traduites par moi.

Dimanche aux premières vêpres (samedi soir): Lucis creator optime ou O Lux beata Trinitas.
Dimanche aux matines: Primo dierum omnium ou Nocte surgentes vigilemus omnes.
Dimanche aux laudes: Æterne rerum conditor ou Ecce iam noctis.
Dimanche aux secondes vêpres: O Lux beata Trinitas ou Immense cæli conditor.

Lundi aux matines: Somno refectis artubus.
Lundi aux laudes: Splendor paternæ gloriæ.

Mardi aux premières vêpres: Telluris alme conditor.
Mardi aux matines: Consors paterni luminis.
Mardi aux laudes: Ales diei nuntius.

Mercredi aux premières vêpres: Cæli Deus sanctissime.
Mercredi aux matines: Rerum creator optime.
Mercredi aux laudes: Nox et tenebræ et nubila.

Jeudi aux premières vêpres: Magnæ Deus potentiæ.
Jeudi aux matines: Nox atra rerum contegit.
Jeudi aux laudes: Lux ecce surgit aurea.

Vendredi aux premières vêpres: Plasmator hominis Deus.
Vendredi aux matines: Tu trinitatis unitas.
Vendredi aux laudes: Æterna cæli gloria.

Samedi aux premières vêpres: Dominus postquam creavit.
Samedi aux matines: Summæ Deus clementiæ.
Samedi aux laudes: Aurora iam spargit polum.

Ales diei nuntius.

Voici ma traduction-adaptation de l’hymne Ales diei nuntius, qui se chante les mardis aux laudes (fin des matines).

Le coq annonce le retour
De la lumière: il fera jour;
Et toi, Christ, nous donnes avis
De nous réveiller à la vie.

Tu nous dis de quitter le lit,
De cesser d’être ramollis,
Tu nous veux sobres, réveillés,
Chastes, droits, en train de veiller.

Jésus, nous chantons de nos voix,
Pleurant, priant, avec la foi;
De supplication animés,
Les cœurs purs ne dorment jamais.

Christ, interromps notre sommeil,
Et tiens-nous en état d’éveil;
En absolvant nos vieux péchés,
Éclaire-nous, ô Bon Berger.

Et la doxologie Sit, Christe, rex, commune également à d’autres hymnes:

Gloire à toi, Christ, roi éternel,
Qui vis et règnes dans le ciel,
Avec notre Père et l’Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.

Voici ma traduction-adaptation de l’hymne Telluris ingens conditor, pour les premières vêpres des mardis (lundi soir).

Du monde faiseur incréé,
Le sol, tu l’as bien dégréé
De la masse des eaux, figé
Et en terre ferme érigé.

La terre, tu l’as décorée
De germes et fleurs colorées ;
Tu fis des arbres, du gazon,
Fructifiant selon les saisons.

Guéris par ta grâce à présent
Les erreurs de nos jugements ;
Les méfaits soient de pleurs lavés ;
Mets un frein aux projets mauvais.

Qu’à tes lois soyons attachés;
Nul mal ne puisse nous toucher;
Que fassions le bien dans la joie,
Loin du péché mortel, par toi.

Et la doxologie:

Exauce-nous, Papa chéri,
Et toi, son égal, Jésus-Christ,
Et toi, Esprit de vérité:
Un pour toute l’éternité. Amen.

Ou, selon la traduction de Georges Pfalzgraf:

Exauce-nous, Père éternel,
Par Christ, qui vit et règne au ciel,
Avec toi et le Saint-Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.

Nox et tenebræ et nubila.

Voici ma traduction-adaptation en français de l’hymne Nox et tenebræ et nubila, qui se chante les mercredis aux laudes. Il s’agit du deuxième poème matinal de Prudence.

Que les ténèbres de la nuit
Et vanités du monde fuient;
Qu’à l’aurore elles soient perdues;
Viens, Christ, de lumière vêtu.

2. Sur terre la nuit se replie,
Percée d’un lumineux épi;
Le soleil redonne couleur
À la face du sol, Seigneur.

10. Christ, c’est toi seul que nous avons:
L’unique Dieu que nous savons
Par la simple raison, et nous,
Pleurant, te prions à genoux.

Et la doxologie Sit, Christe, rex piissime, commune également à d’autres hymnes:

Gloire à toi, Christ, roi éternel,
Qui vis et règnes dans le ciel,
Avec notre Père et l’Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.