Saint Anselme 2012

Aujourd’hui, c’est la fête de saint Anselme de Cantorbéry, jour dont je parle tous les ans et que je ne risque pas d’oublier.

Cette année-ci, ma question le concernant est la suivante: comment se fait-il qu’il n’est pas apparu dans le BCP 1662? Cela me surprend d’autant plus que la théologie anglicane lui est tellement redevable! Avec leurs bons, comme leurs mauvais côtés. Comment se fait-il que le plus grand archevêque que Cantorbéry eut ne se trouve même pas dans le BCP? (À vrai dire, je n’ai pas eu la possibilité de vérifier ça dans un exemplaire de 1662, mais seulement dans les BCP 1662 de la fin du XIXème siècle.)

En tout cas, je crois que la chrétienté, tellement pélagienne, du XXIème siècle, a besoin de redécouvrir le fondateur de la sotériologie.

Orthodoxisme, idolatrie, monophysisme.

Les déçus de notre société post-chrétienne s’intéressent de plus en plus aux religions orientales. Tous les ans, il y a des milliers de convertis à l’islam, des centaines de nouveaux bouddhistes, mais également un tas de gens qui se ´´convertissent´´ à l’orthodoxisme.

Souvent, en lisant un livre, on se fait une opinion; mais en relisant le même livre des années plus tard, on comprend le même livre autrement.

Il y a 16 ans, j’ai lu plusieurs livres de Paul Evadokimov. Entre autres, « L’Orthodoxie », un livre censé expliquer les particularités des Églises orthodoxes des sept conciles, par rapport aux religions non-chrétiennes et par rapport à d’autres Églises chrétiennes. Eh ben, il y a donc 16 ans, après avoir lu ce livre, j’ai été tellement dégoûté, que par la suite j’ai lu Oswald Chambers et Charles Spurgeon, pour me consoler.

Je viens de relire « L’Orthodoxie » d’Evdokimov. Et là, je tire les conclusions suivantes. Pour la plupart des chapitres, là où Evdokimov prétend présenter des choses typiques de la théologie des Églises des sept conciles, en réalité, ces choses-là peuvent s’appliquer à d’autres Églises: vieille-catholique, anglicane, vieilles-orientales, voire catholique romaine et luthérienne. Rien de neuf sous le soleil.

Mais, par contre, pour ce qui est des chapitres concernant les icônes et la liturgie, j’ai le même sentiment qu’il y a 16 ans. Je n’y vois qu’un amas de crypto-monophysisme et de l’idolâtrie pure et dure.

Il ne suffit pas de dire que l’on croit à l’incarnation, à la divinisation de l’homme par le Christ, et même que le Christ est homme et Dieu. Ces mots-là ne veulent rien dire, si par après on dit tout le contraire. L’humanité du Christ, dans ce livre d’Evdokimov, est totalement absente. Idéologiquement absente. Ce n’est pas étonnant qu’en parlant de l’eucharistie, il ne mentionne même pas la pratique hérétique de 99% des communautés dites orthodoxes: à savoir, le fait d’excommunier de facto tous les chrétiens.

La liturgie chez Evdokimov a une portée mystico-gélatineuse; il lui fait dire ce qu’elle ne dit pas. Les vêpres sont, pour lui, une mise en scène de la chute et de l’annonciation. Et de ce fait, il élève le rite byzantin au rang de rite suprême et supérieur aux autres, sinon l’unique valable, à cause de la mise en scène qu’il soi-disant contient. (Or, ce sont des purs accidents de l’histoire de la liturgie qui font qu’il y a certains gestes, purement contingents. Ce qui est de l’ordre du contingent et du superflu, Evdokimov l’érige en norme, et perd de vue l’essence même des offices liturgiques.)

Pour ce qui est de l’icône, Evdokimov m’a semblé d’abord intégriste: il interdit les icônes sur papier, les reproductions d’icônes. (Qu’en penserait-il des icônes numériques?) Par la suite, lorsqu’il parle d’une présence réelle du Christ et des saints dans les icônes, je ne peux voir autre chose qu’un veau d’or. En réalité, les Israélites n’ont jamais pris le veau d’or pour un dieu; leur péché était de donner à YHWH une représentation, un objet qui rend présent, un objet véhicule de la présence divine. Et alors, entre le veau d’or et la conception de l’icône chez Evdokimov il n’y a aucune différence fondamentale. Curieusement, il reconnaît l’absence des icônes dans l’Église primitive.

Quant à l’art, pour Evdokimov, tout art non-religieux est démoniaque. Et tout art religieux n’est pas iconographique. Car, d’après lui, l’iconographe est inspiré par l’Esprit Saint, alors que l’artiste y met de sa culture et de son vécu. Autrement dit, c’est du littéralisme biblique, appliqué à l’iconographie.

Paradoxalement, dans ce livre, Evdokimov nie la présence réelle du Christ dans les saintes espèces, et condamne les doctrines catholique romaine et luthérienne à ce sujet. La raison? D’après lui, ce serait de nier l’ascension. Qu’est-ce qu’il propose en échange? Quelque chose de floue et ambigu, qui me ressemble davantage à la théorie de Calvin. En tout cas, d’après Evdokimov, les parcelles non consommées et qui ne sont pas destinées aux malades ne sont plus que des simples pain et vin. D’après lui, d’une part, nos yeux nous empêchent de voir le Christ, mais d’autre part, le pain eucharistique est le corps du Christ, d’une façon nominale. Et cela, grâce à l’épiclèse. (Si telle avait été la foi de l’Église ancienne, elle n’aurait pas appelé la messe « eucharistie » = action de grâces, mais plutôt « epiclèse ».)

Je trouve dommage que les autres Églises ne mettent rien en doute de l’orthodoxie présumée (et autoproclamée) des Églises des sept conciles. Au long du XXème siècle, les anglicans et les vieux-catholiques ont dit: « Nous sommes des orthodoxes de rite occidental ». Maintenant il reste à voir si les Églises des sept conciles sont elles-mêmes des orthodoxes de rite oriental.

Bref, il me faudrait relire et reméditer les XXXIX Articles de religion, pour trouver une consolation.

Mais bon, on ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac; on ne peut pas dire que tous les chrétiens dits orthodoxes pensent comme Evdokimov. Au fait, je me suis rendu compte que dans les Églises des sept conciles, l’unité doctrinale est encore plus floue et vague qu’elle ne l’est dans la Communion Anglicane. Comprenons-nous bien: au moins chez les Anglicans il y a quatre points doctrinaux communs.

Maintenant, le comble, c’est qu’Evdokimov pense que la règle dans les Églises des sept conciles, c’est le principe in dubiis libertas. C’est à dire: un fond commun, plus une liberté d’opinion théologique. Mais quel est, finalement, le fond commun chez les dits ortohodoxes des septs conciles? J’ai cherché ce fond commun, et je ne l’ai pas trouvé. Les uns (>1%) ont l’Eucharistie comme base, alors que les autres (<99%) excommunient perpétuellement leurs membres, sauf une fois par an. Les uns croient que chacun se sauve soi-même par la foi, l’acquisition des energies incréées (qui ne sont pas la même chose que la grâce acquise par le Christ sur la croix) et par les bonnes oeuvres; d’autres tiennent, à des degrés différents, la doctrine traditionnelle scripturaire du salut par la grâce. Les uns croient au péché originel; d’autres le nient. Les uns croient que les péchés se payent par de bonnes oeuvres aux péages aériens; d’autres croient d’autres théories, plus catholiques ou plus pélagiennes. Les uns croient réellement que le Christ est entièrement humain et entièrement Dieu; alors que d’autres professent cela que de bouche (ou de plume), tout en niant l’humanité du Christ dans le concret. Les uns croient que la succession apostolique-épiscopale se transmet uniquement par des orthodoxes de nom; les autres vont jusqu’à rebaptiser un converti. Les uns ont adopté le calendrier grégorien pour tous les fêtes; d’autres seulement pour les fêtes fixes; la plupart tiennent farouchement au calendrier julien, en maudissant les autres.

Donc, à part la foi trinitaire, il me semble qu’il n’y reste rien d’autre, aucun élément essentiel, commun à tous ceux qui s’étiquettent « orthodoxes ». Mais si, dans les petits détails: la monachocratie, l’homophobie, la misogynie, le nationalisme, l’éthno-phylétisme, le mépris envers le mariage, le mépris envers les rites non-byzantins… Pour le reste… juste la prétention d’une unité doctrinale et de la praxie. Oui, une simple prétention. Sinon, in dubiis libertas: la liberté de casser du pédé, du catho romain, du protestant. La liberté de se dire et croire meilleur que l’autre, et unique dépositaire du salut.

En ce qui me concerne, je n’ai pas besoin de tous ces accessoires (essentiels pour Evdokimov) pour avoir la communion avec Dieu. Je n’ai pas besoin que le Patocrator me regarde depuis la coupole de l’Église. Non. Il est plus près de moi que je ne le pense. Il n’est pas là-haut. Il est ici bas, vrai homme et vrai Dieu.

Je crois qu’en dehors de la matière des sacrements, toute autre  matière, quoique utile, est accessoire. D’accord, les icônes peuvent nous aider d’une manière décorative et didactique, ou affirmer la christologie; le chant liturgique peut nous aider dans notre prière; l’encens aussi. Mais les messes célébrées dans les prisons, sans crucifix, ni icône, ni encens, ni chant, ni ornements, sont tout aussi correctes, belles, authentiques et valides que les messes du monde libre, avec accessoires, pour autant que rien d’essentiel n’y ait été retranché.

Jusqu’au quatrième siècle, les gens ont été bel et bien sauvés, sans icônes et sans encens, sans chapelets et sans musique byzantine; sans moines et sans évêques célibataires. Cependant, ils participaient pleinement à l’Eucharistie de chaque samedi soir, car là, le Christ, qui est au dessus du temps, leur était présent et leur rendait présent le sacrifice de la croix.

Octave de la Pâque.


À Pâque, la semaine qui suit la vigile pascale est comme un jour. Mais pour vraiment la sentir ainsi, il faut avoir vécu intensément la semaine sainte aussi.

Lorsque je vis superficiellement la semaine sainte, sans participer à beaucoup d’offices et sans jeûner, je ne peux pas sentir la semaine pascale comme une octave.

Au contraire, après un triduum pascal « à la carte », la semaine de Pâque prend toute sa splendeur. L’évangile du dimanche de l’octave nous situe « au soir du premier jour après le sabbat », c’est à dire au soir du jour de la résurrection du Christ. Quelques 24 heures après l’événement de la résurrection, mais dans la liturgie nous nous situons une semaine après. Et pendant la semaine, les différentes messes sont des angles de vue différentes du même événement (tout comme la Passion, lue pendant la semaine sainte, de plusieurs points de vue).

L’octave de la Pâque me rappelle souvent le film Un Jour sans fin (Le Jour de la marmotte). Chaque matin de cette semaine, c’est le matin de la Pâque, le matin après la vigile pascale. Et cela, indépendamment des jours chômés ou ouvrables.

Client espion.

Qui n’a pas ris, en regardant Louis de Funès jouer le client espion?

Malheureusement, ce genre de personnage existe dans la vie réelle. «Mais pourquoi pas?», diraient certains; «après tout, le client espion agit pour le bien de tous les clients.»

En réalité, le client espion n’a pas les mêmes observations que les autres clients; le client espion ne poursuit que ce que demandent de lui ceux qui l’ont embauché.

Prenons un exemple. Supposons une pizzeria. Le client réel s’en fout complètement de l’ordre du couteau et de la fourchette, de la couleur de la serviette en papier. Lui, il veut que sa pizza soit vite prête, qu’elle soit délicieuse et pas chère. Au contraire, le faux client suivra les règles des patrons; il sera moins attentif aux qualités recherchées par le client, mais il sera exigeant quant aux petits détails insignifiants: serviette, position des couverts.

Pire encore, si la pizzeria appartient à une chaîne étrangère d’un peuple barbare, le client espion demandera des sanctions contre les serveurs, parce que ceux-ci n’ont pas été impolis comme le peuple barbare. Car si à la maison-mère on s’adresse en général aux clients en disant: «Hi, Jane! My name is Jacky, and I’ll be your support. Please try our Pizza Salami delicacy!», ce genre de remarque n’est pas adaptée chez nous. Pire, ce serait mal vu de dire à une dame: «Salut, Jeanne! Je suis Jaques, à ton service. Essaie, s’il te plaît, notre pizza salami!» Non. Chez nous, on est poli. On dit «Madame», on vouvoie, et on permet aux clients de choisir. On ne les prie par de prendre ce dont on veut se débarrasser. Tout au plus, si le client de sait pas choisir, on peut lui faire une suggestion. Chez nous, on est poli. Mais le client espion n’appréciera pas la politesse typique de chez nous; il la considérera comme un manque de soumission aux règles de la chaîne.

Donc voilà pourquoi le client espion ne peut être quelqu’un de bien ailleurs que dans les films.

Le pire, c’est quand la chaîne n’a pas assez de sous pour acheter de nouvelles assiettes à la place des abîmées, mais elle a des sous assez que pour payer un faux client. Un espion.

Pendant la crise après la seconde guerre, on a accusé les femmes. Et l’on a organisé des cours de ménage pour les femmes. Ça n’a pas remédié. Les femmes étaient juste des boucs-émissaires. Aujourd’hui, on tape sur les ouvrier, les employés et d’autres travailleurs: d’autres boucs-émissaires.

Voilà un site intéressant: gayhomophobe.com

C’est un site qui dénonce les LGBT dans le placard, qui luttent contre les LGBT. Une fois outé-e-s, certain-e-s s’assument, d’autres non. En tout cas, le site en vaut un tour.

Le Christ est ressuscité!

Jeudi-Vendredi-Saint.

Deux pensées pour le Vendredi-Saint.

Tout d’abord, pourquoi le Vendredi-Saint ne célèbre-t-on pas l’Eucharistie? (On célèbre plutôt la Messe des présanctifiés en communiant avec les espèces consacrées la veille.)

C’est parce que l’Eucharistie de jeudi soir sert aux deux jours, jeudi et vendredi, à la fois. Mais, puisque l’on veut rompre le jeûne vendredi soir, on le fait quand même avec les espèces eucharistiques. Entre la formule du début de la messe de jeudi et la fin de la vigile pascale, il n’y a plus de renvoi ou de formule de début. Virtuellement, c’est comme si tous les offices, depuis jeudi soir et jusqu’à la fin de la vigile pascale, ne constituaient qu’un. D’ailleurs, dans l’Église primitive, la seule messe du triduum, c’était celle de al vigile pascale, pendant laquelle on commémorait tout: la Cène, la passion, la résurrection. Avec l’évolution de la Tradition, les cérémonies et le calendrier ont évolué aussi, mais néanmoins, le sentiment est resté le même, à savoir qu’il s’agit d’une longue célébration. Oui, il y a une interruption physique dans la suite des offices, car nous devons travailler, dormir etc. Mais virtuellement, c’est comme si nous étions rester veiller dans l’église pendant tout le triduum. Dans le rite byzantin (du moins selon les rubriques), on dîne jeudi, puis le soir on va à la messe et l’on y communie, et l’on ne mange plus jusqu’à la vigile pascale. (Selon les rubriques, c’est le seul jour où l’on ne communie pas à jeûn!)

Ensuite, une autre pensée. Depuis le quatrième siècle, certains chrétiens ont considéré que le Christ était mort le vendredi 25 mars. En effet, c’était la veille du sabbat. Et les ans 29 et 33, la veille du 14 Nisan (Pâque juive) est tombée le vendredi 25 mars du calendrier romain. Aujourd’hui, je suis quasiment sûr que c’est à partir de cela que l’on a trouvé le 25 décembre comme date pour Noël. La logique est simple: si le Christ est mort à telle date, c’est sans doute qu’il a été conçu à la même date, donc il est né neuf mois plus tard.

Il y a un certain temps, Nicolas et moi avons logé dans un établissement qui m’a vite donné un portrait de ses propriétaires. En y réfléchissant, je me suis rendu compte qu’il y en avait beaucoup comme eux. Il y a des hôteliers qui croient que leur établissement est l’endroit de destination de ceux qui y logent. Ils ne se rendent pas compte de ce que les gens voyagent pour de vrais objectifs, et que l’hôtel n’est autre chose que l’endroit où ils comptent tout simplement dormir.

Bien entendu, les gens viennent pour dormir (et aussi manger, utiliser internet…). Non pas comme but de leur voyage (puisqu’ils ont leurs propres maisons pour dormir, surfer et manger chez eux), mais pour faciliter leur voyage. L’hôtel n’est donc qu’un accessoire. Or, lorsque l’hôtelier croit être le but et l’objectif touristique, on est devant une grande méconnaissance du marché et de notre « industrie ».

* * *

Pendant la crise d’après la seconde guerre, les politiciens croyaient avoir trouvé le source de la crise: les femmes! S’il y avait une crise, c’était sans doute, d’après eux, à cause de l’incompétence des femmes. Par conséquent, on a dispensé, à tort et à travers, des cours de ménage aux jeunes femmes. Autrement dit, on s’est trouvé un bouc émissaire, qui a fait oublier les vrais problèmes.

Aujourd’hui, dans pas mal de pays, on pointe du doigt les LGBT, en les accusant de tous les maux du monde. Il faut bien un bouc émissaire, qui détourne l’attention.

Et souvent, dans les hôtels, c’est pareille. Le client n’est-il pas content? Est-ce qu’il part en râlant? Eh bien, c’est sans doute parce que le réceptionniste avait la cravate mal mise, ou parce que la réceptionniste était mal coifée Bien sûr Ce n’est surtout pas parce que le lit était défectueux, le chauffage en panne, le WC bouché et internet qui ne marchait pas Non. Ça, ce sont des futilités Par contre, si le personnel n’a pas fait un sourire forcé et n’a pas dit au client « Parlez, Maître; votre serviteur écoute! », alors il n’y a pas eu de haute qualité

Connaissez-vous le documentaire La Face cachée du chocolat?

Bref, des enfants tenus en néo-esclavage pour la production du cacao et du chocolat.

Pour plus de détails, voici également un article édifiant.

Vous pouvez également signer la pétition pour que Lindt et Ferrero arrêtent de collaborer avec cette traite des néo-esclaves enfants.

7 ans de prisons pour caricature.

Tunisie – Sept ans de prison pour des caricatures de Mahomed sur Facebook.

Pour des détails, cliquez ici.

Merci, donc, la « révolution »! De telles condamnations n’ont jamais été prononcées sous Ben Ali.

Et quand je pense que notre pays s’est engagé, lui aussi, à promouvoir la « démocratie » en Tunisie!