Sepultura image de l’Église.

Quelle est la ressemblance entre Sepultura et l’Église? Elle est plus grande que vous ne l’avez peut-être remarquée.

Sepultura a été fondée par les frères Cavalera en 1984, n’est-ce pas? À titre d’exemple, prenons les chansons Arise (1991), Territory (1993), et Roots Bloody Roots (1996). Écoutons-les en reprise récente par Sepultura. On peut vite se rendre compte de ce que les versions actuelles ne sont pas du tout identiques à l’original, mais ce sont de fades copies. Prenons maintenant les mêmes chansons, en reprise récente par Soulfly. Ces versions Soulfly seront identiques aux originaux. Pourquoi? Par ce que: 1. Le groupe Soulfly est formé par Max Cavalera avec d’autres personnes dont son propre fils Zyon Cavalera, et Igor Cavalera y a également participé. 2. Au contraire, l’actuelle Sepultura, quoique héritière du nom du groupe fondé en 1984, ne contient aucun des membres fondateurs, mais, tout au plus, Andreas Kisser avec des ‘‘novices’’. Conclusion: Soulfly est la vraie héritière et continuatrice de la Sepultura ancienne, alors que la Sepultura contemporaine n’est autre chose que la prétention de continuité.

Pour la petite histoire, les chansons de la vieille Sepultura se prononçaient sur des sujets éthiques, sociaux, et chrétiens (une sorte de ‘‘théologie du charbonnier’’). Soulfly continue dans le même sens. Au contraire, la nouvelle Sepultura va dans le sens de l’athéisme militant et n’a pas beaucoup de préoccupations éthiques. Andreas Kisser a beau préparer la fête de 30 ans d’existence de Sepultura; c’est une imposture. Il est vrai que Soulfly puise de plus en plus dans les musiques folkloriques de tous les continents, elle se met à jour, mais ce ne sont pas ces nouvelles formes qui sauraient supprimer le fond, qui est le même depuis 1984.

Avec l’Église, c’est pareille. Certaines Églises, quoique contenant des ‘‘éléments’’ de l’Église primitive, quoique se nommant avec des paroles tirées du symbole nicéno-constantinopolitain ou de certains conciles œcuméniques, quoiqu’en gardant, en outre, par le biais du conservatisme, certaines tares de forme, ne sauraient être la même chose que l’Église primitive. D’autre part, d’autres Églises se font nommer différemment, elles ont mis à jour certaines formes, mais au niveau du dépôt de la foi, elles se situent tout à fait dans la continuité de l’Église primitive.

Certains amis croient que, puisque dans leur Église ils ont un soi-disant ‘‘successeur de Pierre’’ et seulement des gens de sexe apparemment masculin à l’autel, leur Église se trouverait dans la continuité parfaite de l’Église primitive. Alors ils me demandent: «Comment peux-tu te dire vieux-catholique, tout en acceptant les femmes-prêtres, l’homosexualité, le végétalisme, le punk et le métal, et d’autres choses qui ne se trouvaient pas dans l’Église primitive?» Ma réponse est la suivante: l’Église primitive était loin d’être parfaite dans sa forme; depuis le premier siècle et jusqu’à nos jours, l’Esprit-Saint nous apprend à avancer toujours vers la perfection. Néanmoins, dans son fond, l’Église est toujours la même. Nous croyons en l’Esprit Saint, vicaire du Christ (Év. Jean 14:16, 14:26, 15:26, 16:7); c’est ce vicaire du Christ qui nous enseigne toutes choses. Nous n’avons pas remplacé ce vicaire divin par un quelconque prétendu vicaire humain.

Max, Igor, et Zyon Cavalera sont toujours en vie, et peuvent dire leurs opinions sur la continuité du groupe fondé en 1984. C’est à leurs fruits qu’on les reconnaît, on les croit, on les juge. Si les apôtres étaient toujours dans ce corps, je pense qu’il y aurait toujours des dissensions entre eux. Certains seraient plus progressistes que d’autres. Certains évolueraient. Mais, étant donné que le Christ est le même, et l’Esprit Saint est le même, l’Église serait la même que ce qu’elle est.

Ce soir, nous commençons la fête de saint Willibrord.

À l’occasion de la Saint-Willibrord, les évêques vieux-catholiques et anglicans ont formulé la lettre suivante:

Message des évêques anglicans et vieux-catholiques d’Europe Continentale à leurs Églises à l’occasion de la fête de la Saint Willibrord du 7 novembre 2013

Frères et sœurs en Christ,

Une décision significative pour nos Églises membres anglicanes et vieilles-catholiques a été prise à l’occasion de l’Assemblée générale de la Conférence des Églises européennes (CEE), qui s’est tenue à Budapest entre le 3 et le 8 juillet 2013. En effet, le principe que les Églises anglicanes et vieilles-catholiques peuvent être désormais considérées comme faisant partie d’une seule et même famille au sein du mouvement œcuménique que la CEE représente a été formellement reconnu. Bien qu’aucune publicité notable n’ait accompagné cette décision, ce développement est important pour notre propre identité dans le paysage chrétien européen.

Cette reconnaissance a été principalement l’œuvre d’un membre de l’Église catholique-chrétienne de la Suisse, la diacre Ulrike Henkenmeier. Elle a présenté la proposition et a convaincu l’Assemblée que si la CEE souhaitait regrouper des Églises en familles, alors il apparaît sensé d’un point de vie ecclésiologique que les anglicans et vieux-catholiques fassent partie de la même famille. Nos Églises sont des Églises catholiques. Nous partageons une identité en tant qu’Églises catholiques synodales et réformées. Nous sommes réformés dans le sens que nous avons restauré ce que nous considérons comme l’expression authentique de l’Église une, sainte et apostolique en Jésus-Christ. Pour les anglicans, cette restauration est passée par une réforme, et pour les vieux-catholiques par une résistance contre l’autorité ecclésiale centralisatrice de la curie romaine. Que la diacre Ulrike soit remerciée pour sa motion, qui a été édifiante pour beaucoup de délégations des autres Églises qui n’étaient pas conscientes de l’intercommunion qui existe entre nous ou de la compréhension que nous avons de nous-mêmes en tant qu’Églises catholiques.

Bien sûr, nous autres, anglicans ou vieux-catholiques, devraient tout connaître sur cette relation familiale ! Mais si je voulais être honnête, je dois bien admettre que tendanciellement il y a plus de vieux-catholiques qui sont au courant des accords de Bonn qu’il n’y a d’anglicans. Pour cette raison, le Conseil international de coordination anglican-vieux-catholique, la Sociétés Saint Willibrord et nos évêques ont toujours un point ouvert dans leurs agendas : la nécessité d’éduquer nos gens sur l’intercommunion qui avait été établie par les accords de Bonn en 1931 et sur leur signification dans notre vie commune d’aujourd’hui.

Faire partie d’une seule et même famille est un fait significatif qui mérite d’être célébré. Mais cela ne suffit pas. En tant que famille, nous sommes appelés à témoigner et à travailler ensemble. Notre communion sacramentelle que nous chérissons et vivons de manière unie doit être rendue visible dans notre proclamation commune de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ et dans notre aspiration à la venue du Royaume de Dieu.

Le thème de l’Assemblée générale de la CEE était « Et maintenant, pourquoi attendre encore ? » Nous pourrions demander la même chose à notre famille d’anglicans et de vieux-catholiques. Notre mission commune et notre vie en Europe doit prendre plus de corps, doit devenir plus visible. Qu’attendons-nous ? Ne pouvons-nous pas montrer de manière plus manifeste que nous sommes uns, de par toutes ces villes et cités d’Europe continentale où des personnes anglicanes et vieilles-catholiques vivent ensemble ? Nous partageons une vie de communion, puisque nous autres anglicans et vieux-catholique pouvons rencontrer le Christ ensemble en partageant la Sainte Communion. Mais ce partage, dont l’eucharistie en est la suprême manifestation, nécessite une meilleure visibilité de notre cheminement vers le Christ, lorsque, hors de nos églises et chapelles, nous aidons les pauvres et nous nous mettons au service des besoins du monde. Grâce aux accords de Bonn, un grand bienfait nous a été agréé de connaître l’amour de Dieu dans le partage de notre communion sacramentelle. Saint Grégoire le Grand a dit : « Qui aime son prochain aime son Dieu ». Nous, anglicans et vieux-catholiques, pouvons déjà venir vers Dieu ensemble et en communion. Puissions-nous trouver des voies pour nous approcher de Dieu ensemble dans notre prochain.

Au nom des évêques anglicans et vieux-catholiques d’Europe continentale,
+David Hamid

Réforme.

Chez la plupart des protestants, le 31 octobre est la fête de la Réforme.

Je viens d’apprendre une drôle de nouvelle concernant certains de ceux qui se disent « orthodoxes ». Dans le passé, en France, les « orthodoxe de rite occidental » (ÉCOF) se sont fait éjecter, notamment par ceux qui ne pouvaient pas concevoir un autre rite que le rite byzantin.

Aujourd’hui, j’apprends que la même chose est arrivée également aux États-Unis. Sur son propre site web, l’Église orthodoxe russe hors-frontières, rattachée au patriarcat de Moscou, affirme avoir démis à la fois l’évêque Shaw et le prêtre Bondi (tous deux des acteurs du rite occidental dans ladite Église), et interdit à leurs paroisses occidentales de continuer à utiliser le rite romain. Pire encore, les évêques de cette Église-là rejettent les ordinations presbytérales ayant été accomplies – dans son propre sein – dans le rite occidental.

Cela démontre que, tout simplement, l’Église russe hors-frontières idolatrise le rite byzantin, et n’est ouverte à rien du tout. Si elle est incapable de respecter un rite traditionnel et parfaitement orthodoxe, comment sera-t-elle capable d’accepter une évolution quelconque de la société???

Ou est le Christ dans tout ça?

Ce sont les Églises autoproclamées « orthodoxes » qui ont besoin d’une réforme.

Christ femme.

Je viens de trouver un article, écrit en 1951 par l’évêque serbe Velimirović, intitulé La femme comme symbole du Christ. L’argumentation me semble très intéressante. En effet, le Christ nous a laissé beaucoup de paraboles, dont les protagonistes – le Samaritain, le Semeur, le veau gras, le fils du viticulteur, etc. – sont interprétés comme étant le Christ lui-même. Sauf que, dans deux cas, les protagonistes des paraboles sont des femmes: la femme qui cherche de drachme perdu, la femme qui pétrit la pâte. Il a été plus facile aux écrivains chrétiens d’identifier le Christ comme le veau gras plutôt qu’une femme. N’empêche, les Pères de l’Église n’ont pas eu de difficultés à identifier le Christ comme la Sagesse de Dieu dont parlait l’AT.

Antje Jackelén.

Antje Jackelén, l’actuelle évêque de Lund, vient d’être élue à devenir archevêque d’Upsal à partir d’avril prochain, moment où l’actuel archevêque Anders Wejryd se retirera.

D’un certain point de vue, je suis vraiment content qu’une femme arrive à être prima inter pares également dans l’Église de Suède (comme c’est déjà le cas aux ÉU et en Islande).

D’un autre point de vue, le fait que l’évêque de quelque part devienne archevêque n’a pas de sens ecclésiologique. Ça démontre que les différentes Églises nationales sont encore embourbées dans une vision pyramidale, selon laquelle si on devient archevêque, c’est qu’on a été promu. Or, l’archidiocèse d’Upsal, tout comme celui de Malines, tout comme celui de Rome… tous ces diocèses devraient élire archevêque exclusivement d’entre les membres – laïcs et clercs – de leur propre sein. Aux élections archiépiscopales de l’Église de Suède, il y avait deux candidats provenant de l’archidiocèse même: Cristina Grenholm – prêtre et théologienne féministe – et Ragnar Persenius, qui est évêque auxiliaire d’Upsal, œcuméniste, voisin de la cathédrale, et père d’un fils décédé jeune.

Antje Jackelén a étudié la théologie à Tubingue et Lund, où elle a obtenu son doctorat avec la thèse «Le Temps et l’éternité». Elle a également enseigné la théologie à Chicago. Ordonnée prêtre en 1980, sacrée évêque en 2007, son motto est: «Dieu est plus grand».

Les Huitantards quittent l’Église.

Je vais vous traduire ici un article écrit par Rachel Held Evans, auteure d’Une année de féminité biblique. L’original de l’article en question se trouve ici. Elle a également écrit un article «15 raisons pour lesquelles j’ai quitté l’Église» et aussi «15 raisons pour lesquelles je suis revenue à l’Église».

Pourquoi les octantistes quittent l’Église

À l’âge de trente-deux ans, je fais partie tout juste de la génération de ceux qui sont nés dans les années octante.

 J’ai écrit mon premier essai avec un crayon, sur un papier, mais lorsque j’ai fini mes études supérieures, j’avais un GSM et j’utilisais le verbe « googler ».

Je connais par cœur le numéro de fixe de mes anciens copains du secondaire, mais ne me demandez pas de vous dicter le numéro de mon mari, que je dois d’abord chercher dans mes contacts.

J’ai des cassettes de sélections de chansons de Nirvana et Pearl Jam, mais je n’ai jamais organisé un voyage sans Travelocity.

Malgré que j’ai un pied dans la génération des soixante-huitards, j’ai plutôt tendance à m’identifier aux attitudes et coutumes de la génération ’80; et de ce fait, on me demande souvent d’expliquer aux leaders de mes camarades néo-protestants pourquoi les huitantards sont en train de quitter l’Église.

Les derniers sondages à l’appuie, ainsi que munie par les témoignages personnels de mes amis et lecteurs, je montre que les jeunes adultes perçoivent le christianisme néo-protestant comme étant trop politisé, trop exclusiviste, vieillot, insouciant de la justice sociale, et hostile aux lesbiennes, gais, bis et transgenres.

J’indique des recherches qui montrent que les jeunes néo-protestants ont trop souvent l’impression qu’ils doivent choisir entre leur intégrité intellectuelle et leur foi, entre la science et le christianisme, entre miséricorde et sainteté.

J’explique comment les questions sexuelles, dont les néo-protestants font une obsession, font apparaître la vie chrétienne comme si c’était une liste de règles, et que les huitantards languissent après des communautés de foi où ils puissent poser des questions en toute confidence et lutter avec le doute.

Toutefois, après que j’ai fini ma présentation et ouvert les questions, un pasteur leva sa main et dit: «Si j’ai bien compris, vous dites qu’au culte on a besoin de groupes musicaux qui déchirent…»

Là, je me suis tapé la tête contre le mur.

Malgré et contre tout, les chefs des Églises chrétiennes, notamment les chefs néo-protestants, pensent que la solution pour ramener à l’église les jeunes qui ont une vingtaine d’années, serait de faire quelques modernisations de style: musique branchée, davantage de cultes décontractés, cafétaria dans la salle paroissiale, un pasteur qui porte des jeans moulants, un site web mis à jour et qui accepte des dons en ligne.

Mais le truc, c’est que, ayant été éduqués pour la vie, nous avons un sens très critique, et nous ne nous laissons pas vite impressionner par le consumérisme ou les spectacles.

Au fait, je dirais plutôt que l’‘‘église qui fait du spectacle’’ est une chose de plus qui nous éloigne de l’Église, en particulier du néo-protestantisme.

Beaucoup d’entre nous, moi y comprise, sommes de plus en plus attirés par les traditions de haute liturgie – catholicisme, orthodoxisme oriental, anglicanisme etc. – précisément parce que les formes liturgiques anciennes ne paraissent ni prétentieuses, ni soucieuse d’être ‘‘cool’’, et nous trouvons cela d’une authenticité rafraîchissante.

Ce que les huitantards veulent vraiment de l’Église, ce n’est pas un changement dans le style, mais un changement dans l’essentiel.

Nous voulons en finir avec les guerres culturelles. Nous voulons la paix entre la science et la foi. Nous voulons nous identifier par rapport aux choses pour lesquelles nous nous battons, non pas par rapport à celles contre lesquelles nous prenons position.

Nous voulons poser des questions pour lesquelles il n’y a pas de réponses toutes faites.

Nous voulons des églises qui prêchent le royaume de Dieu, pas qui prêchent un parti politique ou une nation.

Nous voulons que nos amis LGBT soient les bienvenus dans nos communautés de foi.

Nous voulons être exhortés à vivre saintement, non seulement à propos du sexe, mais aussi lorsqu’il s’agit de vivre dans la simplicité, prendre soin des pauvres et des opprimés, chercher la réconciliation, respecter l’environnement et devenir des artisans de paix.

Vous ne pouvez pas juste nous offrir un café, puis aller comme d’habitude à vos trucs, et vous attendre à ce que nous restions. Si nous quittons l’Église, ce n’est pas parce qu’il n’y ait pas assez de trucs ‘‘cool’’, mais parce que nous n’y trouvons pas Jésus.

Comme chaque génération avant et après nous, au plus profond de nous-mêmes, nous désirons Jésus.

Maintenant, ces tendances sont vraies, non seulement pour les huitantards, évidemment, mais aussi pour beaucoup de gens d’autres générations. Chaque fois que j’écris sur ce sujet, je reçois des messages en majuscules, de la part des gens qui ont la quarantaine et des grand’mères, soixante-huitards et retraités, en disant: «MOI AUSSI!» Donc je ne veux pas décrire l’abîme qui sépare les générations plus grand qu’il ne l’est.

Mais les chefs des Églises désireux de regagner les octantards, je les encourage volontiers à s’asseoir et discuter avec eux sur ce qu’ils cherchent et ce comment ils veulent participer à la vie de la communauté de foi.

Leurs réponses pourraient vous surprendre.

Adam Ackely.

L’Université d’Azusa, en Californie, veut renvoyer le professeur Adam Ackley, qui y avait enseigné la théologie systématique pendant 15 ans. La raison? Mr Adam Ackley, précédemment connu comme Mme Herth Ackley, transgenre f↓m, est en train de faire sa transition.

Marc Pernot.

Un ami me signale un article du pasteur Marc Pernot, qu’il a écrit il y a presque un an. Mais, comme la chose est toujours d’actualité, je me permets d’en reproduire ici l’essentiel. Le pasteur a reçu cette lettre de la part d’une dame:

Monsieur le Pasteur,

En tant que pasteur de l’Église Réformée de France, vous n’avez pas réprouvé publiquement l’homosexualité, une occasion manquée pour rappeler ce qu’en dit la Bible, Parole de Dieu (voir Lévitique 18.22,23 et Romains 1.26,27 par exemple). La réponse y est claire et ne ressemble pas à la vôtre donnée au journaliste.

Il convenait de mettre de côté votre opinion personnelle à ce jour, laquelle peut évoluer à la lumière de la Parole de Dieu et par son œuvre en vous.

Sincèrement.

La réponse du pasteur:

Chère Madame,

Veuillez croire que ma position est fondée sur la prière et l’étude de la bible. Je connais bien entendu les passages que vous citez.
Mais la Bible, pour être « Parole de Dieu » doit être interprétée. Car la Parole de Dieu est vivante, parce que c’est «l’Esprit qui fait vivre mais que la lettre tue» , comme le souligne l’apôtre Paul (2Cor. 3:6). Et cela n’est pas un vain mot.

Par exemple :

L’apôtre Paul, dit, le plus solennellement du monde :

Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes.
(Romains 13:1-2).

Appliqué à la lettre,

  • Jésus aurait dû se soumettre aux autorités du Sanhédrin, se taire, rentrer dans le rang et ne pas être crucifié.
  • Les apôtres aussi, et Paul en premier, auraient dû se taire et arrêter de parler de Jésus-Christ quand les autorités le leur demandaient.
  • Et notre église de l’Oratoire aurait dû dénoncer les juifs, comme les autorités le leur demandaient. Au contraire, c’est au nom de leur foi que des familles ont accueilli des enfants parmi les leurs, au péril de leurs vies, pour les sauver de la mort dans les camps d’extermination.

Pourtant les mots de l’apôtre Paul dans cette lettre aux Romains sont très très clairs. Il ne dit pas que «en général» ou «sauf cas particulier», il faut obéir aux autorités. Non, il dit qu’il n’existe pas d’autorités qui ne viennent de Dieu. Si on les lit «à la lettre», il faut assumer comme «venant de Dieu» l’autorité des nazis sur l’Europe, celle de Bachar el Assad sur la Syrie… et il faut dire oui, amen, à leur décisions comme venant d’un ordre de Dieu, et ceux qui feront autrement s’attirent la juste condamnation de Dieu sur eux-même.

La Bible est à interpréter, comme le dit Jésus en aimant Dieu et en aimant son prochain comme soi-même. Et donc ce passage sur les autorités est à interpréter «par l’Esprit» et non par la lettre.

C’est en les replaçant dans le contexte de la ville de Corinthe il y a 2000 ans, avec foi et intelligence, qu’il faut lire ces passages des lettres de Paul qui semblent dire d’une façon «très claire» que la femme doit être soumise à son mari «en toute chose» comme au Christ lui-même! Parce que vraiment une lecture «à la lettre» de ce genre de texte peut faire mourir, presque une femme [par jour] mourant en France sous les coups de son mari! Non, désolé, il y a des cas où ce verset n’est absolument pas la «Parole de Dieu» pour une femme. Bien entendu.

Jésus, Paul et les autres apôtres ont été les premiers à lire de façon intelligente et souple la Bible.

Par exemple, Jésus lui-même avait une attitude très libre vis à vis du sabbat. S’il avait du bien à faire un samedi, il le faisait tranquillement en mettant de côté ce commandement. Jésus laisse même ses disciples grignoter des épis de blé, ce qui était loin d’être une urgence impérative, évidemment, et qui est un acte interdit par le commandement du Sabbat. Jésus et ses disciples, et les apôtres auraient dû être lapidés selon la Loi de Moïse:

 «L’Éternel parla à Moïse, et dit: Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur: Vous ne manquerez pas d’observer mes sabbats… celui qui le profanera, sera puni de mort… ce sera entre moi et les enfants d’Israël un signe qui devra durer à perpétuité; car en six jours l’Éternel a fait les cieux et la terre, et le septième jour il a cessé son œuvre et il s’est reposé. Lorsque l’Éternel eut achevé de parler à Moïse sur le mont Sinaï, il lui donna les deux tables du témoignage, tables de pierre, écrites du doigt de Dieu.» (Exode 31:12-18).

Et l’apôtre Paul a bien raison de nous libérer de la lettre de l’obéissance à la Loi de Moïse. Celui qui veut l’appliquer le peut. Mais ce qui compte c’est l’esprit de ces textes, pas la lettre des commandements concernant le sabbat, les aliments permis ou défendus, les rites à suivre pour les fêtes, les périodes d’impureté, et encore moins les commandements d’exécuter ceux qui ne respectent pas exactement le sabbat, et encore moins de lapider nos enfants quand ils n’obéissent pas (Deut. 21:20-21)!

Mais Jésus n’est pas comme ça, il nous a appris à vivre ces commandements par l’Esprit, en aimant Dieu en y mettant «toute notre intelligence».

Donc, je suis loin très très loin, vous l’avez compris, de penser que c’est appliquer l’écriture par l’Esprit que de s’arrêter à ces textes de la Bible qui condamneraient l’homosexualité comme si c’était un péché.

Je comprends que cela puisse être votre opinion. Mais il vaudrait mieux dire que votre interprétation personnelle de la Bible est ceci ou cela. Parce que si vous affirmez que votre opinion personnelle est la seule possible, c’est à dire que votre interprétation personnelle de la Bible est sans aucun doute la «Parole de Dieu», à mon avis il y a un vrai problème:

  • vous rendez absolument tout dialogue impossible avec les autres chrétiens, posant au départ que toute lecture de la Bible différente de la vôtre n’est pas conforme à la volonté de Dieu, par principe.
  • vous vous fermez à l’Esprit. Si vous avez la conviction que Dieu dit «blanc», il vaut mieux penser et dire : «je pense que Dieu veut dire «blanc», mais peut-être que je me trompe, que Dieu m’éclaire». Alors, oui, notre opinion personnelle peut évoluer. C’est une des grandes qualités d’une lecture ouverte et non dogmatique des écritures que d’être sans cesse prête à se réformer, d’accepter le débat avec d’autres.

Enfin bref, oui, personnellement, je pense que l’homosexualité n’est en général pas un choix, qu’elle n’est pas un péché, et qu’en l’occurrence il est bon d’encourager chaque personne, homosexuelle ou hétérosexuelle, à construire un couple dans l’amour, l’engagement, le respect, dans l’espérance de l’aide de Dieu, aussi. Et donc oui, je pense qu’il serait bon que notre église puissent organiser une cérémonie religieuse de mariage d’un couple hétéro comme d’un couple homo. Mais si je me trompe, que Dieu m’éclaire.

Bien respectueusement

pasteur Marc Pernot

J’aime bien la réponse du pasteur. Et même si je reste réservé quant à l’utilisation du mot «pasteur» et quant à la façon dont Marc Pernot parle de la Trinité, toutefois, il me semble qu’il a de bons articles sur le blogue. Mon favori est le suivant: Il est parfois criminel de confondre son église et le Saint-Esprit.

Saint Nathan d’Upsal.

Je rentre d’Utrecht avec un désir: celui de mettre sur pied un groupe virtuel de prière et réflexion appelé La Société Saint-Nathan-d’Upsal.

En effet, d’où m’est venue l’idée?

En 1908, le prêtre anglais George Barber a fondé la Société Saint-Willibrord, dans le but de « promouvoir de bonne relations entre les Églises anglicanes et vieilles-catholiques, et pour préparer la voie de la restauration de la pleine intercommunion entre elles ». Vingt-deux ans plus tard, le 2 juillet 1931 eut lieu l’Accord de Bonn, qui restaura la pleine communion entre ces deux groupes d’Églises: l’Union d’Utrecht et la Communion Anglicane.

Depuis longtemps, la question suédoise me démange. Il y a plus de quinze ans, un ex-ami suédois me racontait qu’il quittait l’Église de Suède et il embrassait Rome. Sa critique vis-à-vis de son Église natale a donné l’effet contraire à celui qui était recherché. Autrement dit, l’ouverture de cette Église, malgré son attachement à la Tradition, m’a semblé l’idéal de ce que devrait être une Église nationale.

Il y a une dizaine d’années, j’ai participé pour la première fois à une grand’messe suédoise (et j’y ai communié, bien entendu). Même si tout ne me réjouit pas dans la communion des Églises de Borgå/Porvoo, je suis content que ça existe, et je me réjouis surtout du rôle que l’Église suédoise y a.

Comme je vous l’ai dit précédemment, cette année a eu lieu la onzième réunion entre des théologiens vieux-catholiques et suédois. Mais il me semble que, malgré les discussions théologiques, c’est le travail de terrain qui doit être fait, à partir de la base. Une conclusion de 65 pages, paraît-il, a été rédigée. Mais la pleine communion n’est pas [que] une histoire de paperasse et de discussions.

Voilà pourquoi je pense que tout cela devrait être accompagné de la prière, des deux bords, et d’autres actions y liées.

D’où le nom de saint Nathan d’Upsal? Nathan Söderblom a été non seulement un prix Nobel, mais également docteur à la Sorbonne, prêtre et curé suédois à Dunkerque, puis archevêque d’Upsal. Dans l’Église épiscopale des ÉU, il est commémoré le jour de son trépas, le 12 juillet. En effet, Nathan Södeblom, père de l’œcuménisme, est décédé dix jours après la pleine communion entre anglicans et vieux-catholiques, mais son Église a été exclue de cela. Il n’a pas su la voir de ses propres yeux.Voilà une raison de plus pour qu’il soit le patron du groupe de prière virtuel suédois-vieux-catholique.

Voici la collecte de sa fête:

Dieu tout-puissant, qui donnas à ton serviteur saint Nathan une préoccupation particulière pour l’unité de ton Église et le bien-être de ton peuple: donne-nous, par la puissance de ton Saint-Esprit, d’être poussés à chercher la fin des barrières qui divisent un chrétien d’avec un autre chrétien, et de présenter ton amour au monde, dans des actions de charité; par notre Seigneur Jésus Christ, ton Fils unique, qui vit et règne avec toi et l’Esprit-Saint: Dieu dans les siècles des siècles. Amen.

Épiclèse.

Tant qu’on est encore dans l’octave de la Pentecôte (plus exactement le vendredi des quatre-temps d’été), je voudrais vous partager deux réflexions: sur l’épiclèse et sur l’octave de la Pentecôte.

Concernant l’épiclèse, on aime dire qu’il s’agit de l’invocation de l’Esprit Saint. En réalité, dans quasiment tous les rites et toutes les cérémonies où il y a une épiclèse, on ne s’adresse pas au Saint-Esprit. On demande au Père d’envoyer l’Esprit.

Les véritables rites occidentaux ont la spécificité de demander à l’Esprit lui-même de descendre sur les dons eucharistiques: Veni, sanctificator omnipotens æterne Deus : et benedic hoc sacrificium, tuo sancto nomini præparatum. – Viens, sanctificateur, Dieu tout-puissant et éternel, et bénis ce sacrifice, préparé pour ton saint nom.

D’où sait-on que c’est l’Esprit-Saint qui est invoqué ici? La preuve, nous l’avons dans le rite lyonnais, où l’épiclèse est double: sur le dons et sur le peuple: après la formule citée ci-dessus, le prêtre dit la suivante: Veni, sancte Spiritus : reple tuorum corda fidelium, et tui amoris in eis ignem accende. – Viens, saint Esprit, remplis le cœur de tes fidèles, et allume en eux le feu de ton amour.

Maintenant, concernant l’octave de la Pentecôte, d’aucuns ont estimé – contrairement à toute l’histoire de l’Église – que la fête de la Pentecôte ne devrait pas avoir d’octave. Dans la pratique, ça donne ceci: civilement, nous avons un lundi de la Pentecôte, mais dans les églises de nos villages, si jamais il y a une Messe, c’est une Messe « du temps ordinaire ». La raison invoquée, c’est le nombre de 50. Oui, 50 jours de la Pâque à la Pentecôte.

Que la Pentecôte tombe 50 jours après la Pâque est un fait. Mais qu’on ne puisse pas dépasser ces 50 jours dans la fête, est une contre-vérité historique.

Le christianisme est l’héritier légitime du judaïsme. La Pentecôte est la deuxième fête, selon l’importance. Et les apôtres ont gardé cette fête (Actes 20:16, I Corinthiens 16:8). Or, dans la diaspora juive, la Pentecôte durait 2 jours. De surcroît, chez les Karaïtes – qui gardent la coutume ancienne – la Pentecôte tombe toujours un dimanche, et le lundi suivant.