Utrecht & Upsal.

Le document «Utrecht and Uppsala on the Way to Communion» vient d’être publié (même s’il a déjà presque un an).

Vous pouvez le lire ici en PDF.

La pleine communion entre l’Église de Suède et les Églises vieilles-catholiques de l’Union d’Utrecht est attendue pour l’année prochaine, lorsque tous les évêques des deux côtés auront ratifié ce document.

Jules Ferrette.

Il y a déjà dix ans, l’Église orthodoxe britannique a été reçue comme diocèse par l’Église copte, et leurs ordres ont été considérés valides. (Détails ici et .)

Cette Église orthodoxe britannique a été “fondée” par Jules Ferrette, lui-même consacré évêque par un Syrien, à savoir l’évêque Bedros, futur patriarche syrien Ignace-Pierre III. Et, comme les Syriens et les Coptes sont en pleine communion, ça n’a pas posé problème.

Ce faisant, l’Église copte s’est prononcée positivement sur le “cas” Jules Ferrette.

Le gars en question peut être perçu de deux façons opposées:

1. Pour certains, Jules Ferrette était juste un individu, sacré par un autre individu, et qui a fondé “son” Église seulement plus tard. Dans ce cas, Ferrette n’aurait rien de valide, et ses disciples de nos jours – celtiques et britanniques – n’ont pas de vraie catholicité. L’ordination ne se passe pas d’un individu à l’autre, mais dans le cadre de la communauté.

2. Pour d’autres, Jules Ferrette a eu une consécration valide. Et l’Église copte est de cet avis. Pourquoi? Bah, parce que les missionnaires des premiers siècles faisaient la même chose. Les Anglais, Irlandais, Occitans, Italiens et Arméniens qui ont évangélisé la Belgique ont toujours été des individus, sacrés évêques dans un autre pays, puis ils sont venus ici, et ont fondé des communautés ultérieurement.

Mariavites.

Sur le site de l’Union d’Utrecht, dans cet article, ainsi que dans le communiqué, je lis que les vieux-catholiques mariavites vont bientôt être à nouveau des membres à part entière de l’Union d’Utrecht.

Quatre conditions leur sont imposées:

1. D’enlever le filioque du credo;
2. D’enlever le dogme vaticaniste de l’immaculée conception;
3.D’impliquer les laïcs dans le gouvernement de l’Église;
4. Seul leur évêque-primat aura droit de vote à la Conférence épiscopale internationale, comme pour les autres Églises membres (1 vote par pays).

Les évêques mariavites ont également pris leurs engagements.

Je rends grâce à Dieu!

La nouvelle est également annoncée – sans enthousiasme, cependant – sur Mariavite.fr

Ci-dessus, l’autel de la cathédrale de Płock.

Mariage de Dieu.

Dans les saintes écritures, on trouve, comme comparaison, le mariage hétérosexuel, pour parler de la relation entre Dieu et son peuple: entre Yahvé et Israël dans l’Ancien Testament, ou entre le Christ et son Église dans le Nouveau Testament.

C’est le mariage hétérosexuel qui donne une idée de la relation de Dieu avec son peuple; non pas la relation de Dieu avec son peuple qui donnerait une idée du mariage.

Je vais expliquer cela.

Il y a plusieurs métaphores, et plusieurs faits, mais toutes ces métaphores et ces faits ne peuvent pas être pris ensemble, car autrement ils se contredisent.

Par exemple, l’Église est le corps du Christ. Est-ce que le Christ serait marié à lui-même?

Si Dieu est marié à Israël, et que le Christ est le vrai Israël, Dieu le Père serait-il marié à Dieu le Fils? Ou encore, Dieu marié à lui-même?

En tant que chrétien, je fais partie de l’Église; serais-je marié au Christ?

En tant que chrétien, je fais partie du corps du Christ; serais-je marié à l’Église?

Jésus utilise beaucoup de paraboles, mais pas toutes en même temps. Lorsqu’il parle de la croissance de l’Église, il la compare au grain de sénevé; lorsqu’il parle du ministère dans l’Église, Jésus le compare à l’esclavage. Il serait, dès lors, complètement débile de faire l’Eucharistie avec du sénevé, tout comme il serait débile de maintenir l’esclavage, en prétendant que les prêtres et évêques fussent censés être des esclaves.

Pourtant, certains osent argumenter contre le mariage sexuellement neutre, en prétendant que le Christ fût un mâle et l’Église une femelle.

 

Deux mâles, même couche.

Vous savez peut-être que le 24 février, le président de l’Ouganda a enfoncé le clou encore plus profondément dans ses lois homophobes. Pour la première fois, non seulement les gais, mais maintenant les lesbiennes deviennent des hors-la-loi. En réponse à cela, Mgr Desmond Tutu d’Afrique de Sud a critiqué ces lois homophobes, en les comparant au nazisme et à l’apartheid. Et je lui donne raison.

À cette occasion, je voudrais réfléchir avec vous, à nouveau et d’une nouvelle manière, sur l’histoire entourant le fameux passage du Lévitique 11:22. Au début de mon cheminement vers l’auto-acceptation, je ne remettais pas en cause les traductions habituelles de ce verset. Je pensais, tout simplement, qu’il entrait dans le même sac que les autres prescriptions dont on ne devait pas tenir compte aujourd’hui. Par exemple, l’Ancien Testament tout entier est plein de condamnations envers ceux qui travaillent le samedi et/ou mangent du porc, et la plupart des chrétiens considèrent, à raison ou à tort, que ces choses de l’Ancien Testament ne sont plus valables dans le Nouveau, aussi essentielles et capitales qu’elles puissent être.

Mais le fondamentalistes, tout en mangeant du porc et en bossant le samedi, et tout en foulant aux pieds tout un chacun des versets du Lévitique, sont d’avis que seul celui-ci serait encore d’application. Pour justifier leur position, ils affirment que le mot ἀρσενοκοῖται dans le Nouveau Testament ne serait rien d’autre qu’une réitération du Lévitique 18:22. Dans ce cas, on devrait voir ce que ce verset-là dit vraiment.

Lorsque j’ai lu le Lévitique dans la traduction de Chouraqui, j’ai découvert que ce verset du Lévitique ne parle même pas des relations homosexuelles. Voici la traduction de Chouraqui: «Avec un mâle, tu ne coucheras pas à coucherie de femme. C’est une abomination.»Du peu d’hébreu que je connais, je comprends que «משׁכבי אשׁה» signifie «les lits d’une femme». Je regarde le texte grec des Septante (car le Nouveau Testament cite l’Ancien dans la version grecque des Septante), ce qui donne: «Kαὶ μετὰ ἄρσενος οὐ κοιμηθήσῃ κοίτην γυναικός». En français, ça donne: «Et avec un mâle tu ne coucheras pas dans le lit d’une femme.» C’est quoi, l’histoire de deux mâles sur une même couche de femme dans la Bible?

Pendant longtemps, j’ai pensé qu’il s’agissait des partouzes. Toutefois, souvent, les prescriptions du Lévitique font référence à des événements antérieurs (ou postérieurs) dans la Bible. Et en voici un:

«Pendant qu’Israël habitait cette contrée, Ruben alla coucher (וישׁכב, εκοιμήθη) avec Bilha, concubine de son père. Et Israël l’apprit. […] Ruben, toi, mon premier-né…, impétueux comme les eaux, tu n’auras pas la prééminence! Car tu es monté sur le lit (משׁכבי, κοίτην) de ton père, tu as souillé ma couche (יצועי, στρωμνήν) en y montant.» (Genèse 35:22, 49:4)

Voilà, donc, l’explication du truc! Ruben est allé sur la couche d’une même femme que son père, l’esclave sexuelle de celui-là. C’est ainsi que deux mâles se sont retrouvés sur le lit d’une femme. Pas en partouze, mais en alternance. (Et, de surcroît, et Jacob et Ruben l’ont violée.)

Peu d’entre les lecteurs et lectrices de ce blogue connaissent la différence entre les différentes Églises de la Communion Anglicane.

Du côté de Rome, on prétend qu’il y a plusieurs Églises catholiques: L’Église romaine (incluant des diocèses belges, italiens, brésiliens… et tout diocèse de rite prétendument latin); l’Église melkite catholique, arménienne catholique et toute autre Église orientale qui accepte la papauté de Rome. Toutes ces Églises diffèrent en rite et un peu en discipline, mais autrement, l’idée est que toutes ces Églises ne sont qu’une, grâce à leur uniformité.

Du côté des Églises dites orthodoxes des sept conciles, il y a plusieurs Églises dites autocéphales. Elles prétendent avoir tout en commun: le même rite, la même discipline, la même doctrine. Elles s’organisent à des niveaux nationaux. Cependant, elles se font la concurrence déloyale l’une à l’autre, leur pleine communion reste souvent lettre morte, elles utilisent des calendriers différents et se traitent de ceci ou de cela à cause du calendrier. La discipline diffère fort, et parfois la doctrine est totalement différente de l’une à l’autre.

Ces les anglicans et les vieux-catholiques, il y a des différences en tous points, comme chez les ‘‘orthodoxes’’. Sauf qu’ici on n’essaie pas de gommer les différences. Et, concernant le thème des LGBT, les anglicans ne sont pas du tout d’accord entre eux. D’une part, les anglicans américains (appelés également « épiscopaliens ») sont ouverts à la question: on pratique des bénédiction de couples dans les pays où il y a le partenariat, on bénit des mariages là où le mariage civile précède le passage à l’église, on officie le mariage à l’église dans les pays où cela est permis. Au contraire, en Afrique, les évêques anglicans ont aidé les lois homophobes à tortures les gais et les lesbiennes.

En Angleterre, où le mariage civil sera sexuellement neutre à partir du mois prochain, les évêques ont sorti un document ‘‘de compromis’’: ils disent qu’après le mariage civil, les prêtres pourront faire des prières pour les couples gais et lesbiens, mais sans bénédiction! Pire encore, les prêtres gais et lesbiennes sont invités à rester célibataires et abstinents.

Les conservateurs, minoritaires, râlent, en disant qu’on ne peut pas prier dans l’église pour des gens qui vivent dans le péché. Par contre, de très bons théologiens ont montré à quel point la déclaration des évêques anglais est hypocrite et sans fondement théologique. Car ce n’est pas la première fois que ça arrive. Dans le passé, les évêques anglais avait déjà fait des gaffes: en refusant les secondes noces de certains veufs, puis en refusant le re-mariage des divorcés, puis en refusant l’ordination des divorcés…

J’ai écrit, moi aussi, une lettre aux évêques anglais. Personnellement, j’ai critiqué leur prétentions bibliques, en leur montrant comment, par le passé, l’Église d’Angleterre avait favorisé l’esclavage, et en leur expliquant que le littéralisme biblique mène à la conception que la Terre serait plate. Je les ai également accusés de traiter les couples gais et lesbiens, on leur jetant des miettes sous la table, comme au chiens.

Sur internet, plusieurs prêtres anglais annoncent qu’ils ne respecteront pas la lettre ‘‘pastorale’’ de leurs évêques, et qu’ils se marieront eux-mêmes, ou qu’ils marieront les couples gais et lesbiens. Trois évêques ont pris des distances vis-à-vis de leurs collègues. Ils peuvent bien se désister, étant donné que cette ‘‘pastorale’’ n’a été signée que par les archevêques de Cantorbéry et d’York. À mon avis, tout le monde s’en foutra de la ‘‘pastorale’’, jusqu’à ce que les évêques soient obligés de reconsidérer leur position. De toute façon, il y a des prêtres anglais qui ont béni des couples gais et lesbiens au grand jour. L’année prochaine, l’Angleterre aura 4 femmes évêques, et avec ça, les évêques conservateurs ne seront plus majoritaires.

Les évêques d’Ouganda, Kenya et Nigéria hurleront comme des loups. Ce sont eux que les chrétiens du futur blâmeront.

Pour l’instant, je suis content de ce que l’Église épiscopale (anglicane) des États-Unis et l’Église anglicane du Canada sont et restent inclusives, et ne se laissent pas intimider.

Pourquoi.

Comme vous savez, il y a quelque temps, j’ai mis dans mes liens un renvoi vers le blogue du sous-doyen Robert Hendrickson, de la cathédrale épiscopalienne (anglicane) de Denver, aux États-Unis. Photo ci-contre.

Il y a quelques jours, il a écrit un excellent article, que l’on trouve ici en version originale. Puisque je le trouve excellent, j’en fais maintenant la traduction vers le français. Pour le reste, joyeuse Chandeleur!

Réflexion sur l’Homélie à la cour d’assises. Que faut-il réinventer?

Les débuts du Mouvement d’Oxford remontent à l’homélie que John Keble a prononcée devant la cour d’assises en 1833 sur l’apostasie nationale. L’homélie critiquait un proposition de loi parlementaire qui voulait réduire le nombre des évêchés en Irlande. Ça n’a pas trop l’air d’être une homélie qui allait mettre sur pied un mouvement qui transformerait la forme et la nature de l’anglicanisme; pourtant les thèmes qu’elle aborde touchent non seulement au cœur de la notion même d’anglicanisme, mais aussi des notions de catholique et d’Église catholique.

Keble critiquait l’État se mêlant des affaires de l’Église. Plus exactement, il critiquait la nation, du fait qu’elle mettait les pouvoirs terrestres au-dessus des pouvoirs célestes. C’était cela l’apostasie nationale. Il forgeait un chemin à l’Église d’Angleterre, afin qu’elle reconsidérât sa relation avec l’Église historique catholique et plus largement avec l’Église universelle.

Le sujet est toujours d’actualité, ainsi que le besoin de repentir.

L’Église est dans les griffes des pouvoirs du monde, tout comme elle l’était au 19ème siècle, sauf que cette fois-ci il ne s’agit plus du contrôle par l’État, sinon de notre propre capitulation devant les forces de la société mondaine.

Nous nous traînons les uns les autres devant les tribunaux. Nous banalisons la réalité de la mort, et en nions le pouvoir. Nous ne parlons presque pas du péché et de la rédemption. Nos prêtres sont des fonctionnaires qui manquent de formation. Nos élections d’évêques sont des concours de popularité. Nos buts spirituels sont définis par les sujets de la politique. Nous agissons par peur de devenir pauvres, plutôt que par espoir d’abondance. Nous ‘‘fabriquons’’ nos ordinands. Nous valorisons l’hyperactivité. Nous faisons preuve de productivité. Nous avons besoin de groupes de travail qui analyseraient les structures de notre Institution. Pourtant, ce dont nous avons réellement besoin, ce ne sont pas des groupes de travail qui se focalisent sur la forme de notre institution, mais nous avons besoin de mains d’œuvre qui rafraîchissent notre vocation d’être fidèles à l’essence de l’Église. Nous avons besoin de mains d’œuvre qui renouvellent notre vocation d’être l’Église.

Qu’est-ce que l’Église épiscopale? Qu’est-ce que l’Église tout court? D’un point de vue spirituel, qui sommes-nous? Que signifie la prière? Qui est Jésus, selon nous? Pourquoi le Baptême? Qu’est-ce qu’un missionnaire?

Il n’y aura pas de nouvelle vision sur notre institution, tant que nous ne comprendrons clairement et de manière convaincante pourquoi nous sommes l’Église et ce que signifie d’être une, sainte, catholique et apostolique. Dans l’Église, on entend haut et fort des voix anticléricales et anti-institution. Cependant, ni les prêtres, ni nos structures ne sont le vrai problème, mais seulement des boucs émissaires.

Quand il y a eu des élections, on a dit que les gens avaient les dirigeants qu’ils méritaient. Je crains que nous ayons le clergé que nous méritons. Plutôt que d’apprécier des visions théologiques claires, la prière sérieuse, et des vie de sacrifice, nous avons élevé le sentimentalisme et les ‘‘pistons’’ affectifs au rang de qualités que nous attendons du clergé.

Du coup, nous avons trop souvent des dirigeants qui ont des problèmes affectifs, voire qui sont des manipulateurs. Cela a entretenu la corruption dans le système, et une culture de suspicion, qui est blessante et permanente. Prenez un système sentimentaliste avec une couche de déséquilibre des pouvoirs, et mélangez ça avec l’infantilisation des fidèles (que nous avons dépourvus de pouvoir, de plusieurs façons, même en parlant du ministère des laïcs), et vous obtenez la recette d’une culture ecclésiastique qui n’a rien à voir avec le sacrifice constant de la croix, mais qui n’est qu’un système reposant sur des calculs, la force de séduction et le pouvoir d’en accomplir les buts.

C’est devenu, un peu partout et de plusieurs points de vue, un système mondain.

Dans un système sans pouvoir centralisateur, les outils du pouvoir local sont encore plus destructeurs. Ce que je veux dire, c’est que l’Église épiscopale – comme on disait autrefois du Vatican – n’a ni tanks, ni soldats. Nous n’avons pas de vrai pouvoir sur les vies de nos fidèles.

Les seules preuves de leur fidélité sont la tradition et la foi. Au fur et à mesure que nous détruisons ces deux éléments – et nous avons passé plusieurs dizaines d’années à en diminuer l’importance – il ne nous reste plus que de les asservir à nos fiefs par la manipulation, plutôt que de les émanciper. Et ces fiefs deviennent de plus en plus petits.

Le vrai défi pour l’Église, ce n’est pas de réinventer les structures. Le défi est de nous réinventer nous-mêmes, de redécouvrir ce que c’est que suivre le Christ avec fidélité. De réinventer nos vies dans lesquelles les autres puissent voir en nous l’essence de ce qu’est l’Église, c’est-à-dire Son Corps.

Nous devons retourner aux fondements de l’Église, nous devons affirmer que ce qui nous rend uniques, c’est d’être le peuple de Dieu, même si nous n’en sommes pas dignes. Cela commencera à bouger seulement lorsque nous aurons changé les critères pour vivre et choisir nos dirigeants.

La formation de nos dirigeants spirituels doit être différente de celle que nous attendons chez les dirigeants séculiers.

Si nous n’enseignons pas à nos gens les disciplines et doctrines essentielles de notre foi, ils seront familiarisés seulement avec des outils et critères mondains pour élire leurs dirigeants, et nous obtiendrons des dirigeants qui comprendront et tireront facilement les ficelles dans le monde des pouvoirs séculiers, mais qui ne sauront pas ce que signifie la puissance de la croix, le fait de donner sa vie en sacrifice.

Nous devons instruire les gens dans la prière, pour obtenir des dirigeants qui prient. Nous devons instruire les gens dans les Sacrements, pour en tirer des dirigeants qui dirigeront comme des Sacrements ambulants. Nous devons instruire les gens à être des évangélistes, pour en tirer des dirigeants qui partageront leur foi avec plaisir. Nous devons instruire les gens dans la doctrine saine, pour en tirer des dirigeants qui maintiendront la foi de nos pères et mères dans la foi. Nous devons instruire les gens à laver les pieds des autres, pour en tirer des dirigeants qui sauront servir.

Nous devons instruire les gens à être différents, à changer, à se laisser transformer. Nous avons besoin que les gens soient l’Église.

Pourquoi l’Église? Qu’est-ce qui nous rend différents d’une organisation d’entraide ou différents d’Oxfam?

Pourquoi l’Église? Qu’est-ce qui nous rend différents de la Fraternité des Élans ou du Rotary?

Pourquoi l’Église? Qu’est-ce qui nous rend différents du Parti républicain ou du Parti démocrate?

Pourquoi l’Église? Qu’est-ce que les gens peuvent trouver dans l’Église et qu’ils ne peuvent pas trouver dans New York Times ou Huffington Post?

Pourquoi l’Église? Pourquoi la Prière? Pourquoi les Sacrements?

Est-ce que les gens voient dans l’Église quelque chose de différent? Quelque chose de sacré? Est-ce qu’on voit en nous et notre Église un groupe de gens qui vivons pleins d’inspiration une vie qui reflète un but saint? Voit-on en nous un mode de vie plus saint?

Les structures naîtront de la fidélité refaite, renouvelée et réaffirmée; de la fidélité à l’Église, le peuple saint de Dieu.

Christianisme-monothéisme-génocide.

On dit souvent que les extrêmes se rejoignent. Quel est le meilleur collaborateur du fondamentalisme? C’est l’athéisme militant. Car ce sont précisément ces deux systèmes ‑ et eux seuls – qui lisent les textes bibliques de manière littérale.

L’autre jour, j’ai sur un forum, quelqu’un parlait de «la religion chrétienne, qui est si souvent pointée du doigt comme ‘‘religion de l’amour’’ […] cruelle et destructrice à l’égard de l’humanité […] ce monothéisme […] un lien avec les génocides divers et variés […] toutes ces heures de messes qui semblent avoir pourri ton enfance […] aux racines profondément judéo-chrétiennes te soit devenu insupportable.»

Pour faire un tel raisonnement, il faut avoir lu la Bible comme si c’était un journal. Ici on a juste la conclusion d’une telle lecture. Certains autres contemporains lisent les récits bibliques et arrivent à d’autres conclusions absurdes.

On a tellement trompeté l’ ‘‘ouverture’’ du pape François. Moi, je n’ai vu aucun signe d’ouverture, surtout en connaissant la structure dogmatique de l’Église romaine, qui est encore plus compliquée que le fédéralisme belge. Comme je l’ai déjà dit, canoniquement, sans qu’il y ait contradiction interne, aucun pape ne peut contredire ce que ses prédécesseurs ont dit, à moins d’invalider des conciles précédemment considérés œcuméniques. Mais mes amis m’ont dit: «Vu vas voir, ça va changer.»

En juin dernier, le pape François a émis l’encyclique Lumen fidei. Hier il a publié l’exhortation ‘‘apostolique’’ Evangelii gaudium. Même dans cette dernière, les idées anti-LGBT et anti-femmes ne manquent pas:

La famille traverse une crise culturelle profonde […] où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir aux autres et où les parents transmettent la foi aux enfants. Le mariage tend à être vu comme une simple forme de gratification affective qui peut se constituer de n’importe quelle façon et se modifier selon la sensibilité de chacun. Mais la contribution indispensable du mariage à la société dépasse le niveau de l’émotivité et des nécessités contingentes du couple. Comme l’enseignent les Évêques français, elle ne naît pas « du sentiment amoureux, par définition éphémère, mais de la profondeur de l’engagement pris par les époux qui acceptent d’entrer dans une union de vie totale ». (EG)

L’allusion est clairement faite à l’élargissement du mariage aux couples unisexuels. Et, bien entendu, on y sous-entend que les gais et lesbiennes n’eussent pas un vrai amour, mais seulement de l’émotivité. Le mariage entre deux hommes ou deux femmes, serait, selon l’évêque de Rome, juste une «gratification affective».

Ce que François cite là, ce n’est rien d’autre que le document homophobe que vous trouverez ici.

Le sacerdoce réservé aux hommes, comme signe du Christ Époux qui se livre dans l’Eucharistie, est une question qui ne se discute pas. (EG)

Voilà comment le sexisme, le mythe de la complémentarité engendre l’exclusion des femmes de la nature humaine. Indirectement, cela veut dire que les femmes n’eussent pas la même humanité que les hommes mâles. Un hérésie plus ancienne que le christianisme, et qui remonte au culte de Baal et Astarté!

Et là, François est dans la même ligne que le Vatican depuis un millénaire: «ça ne se discute pas». Lorsque l’on n’a pas d’arguments, on refuse d’en discuter.

En de nombreux endroits les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée deviennent rares. […] D’autre part, malgré la pénurie des vocations, nous avons aujourd’hui une conscience plus claire de la nécessité d’une meilleure sélection des candidats au sacerdoce. On ne peut remplir les séminaires sur la base de n’importe quelles motivations, d’autant moins si celles-ci sont liées à une insécurité affective […] (EG)

François est là tout aussi aveugle. La moindre des choses aurait été de voir que de nombreux hommes mariés ont une vocation à la prêtrise. (Cela, avant même de penser aux gais et aux femmes.)

Il fait l’illusion à l’exclusion des gais des séminaires.

Passons à l’encyclique LF:

Je pense surtout à l’union stable de l’homme et de la femme dans le mariage. Celle-ci naît de leur amour, signe et présence de l’amour de Dieu, de la reconnaissance et de l’acceptation de ce bien qu’est la différence sexuelle par laquelle les conjoints peuvent s’unir en une seule chair […]

Et tout le blabla sur la famille, qui suit dans le texte de LF, parle uniquement de la famille hétéroparentale, à l’exclusion de tout autre modèle de famille! L’aveugle ne se rend même pas compte qu’en disait tout cela, il condamne la famille même dans laquelle a grandi le Christ.

Je finirai cet article, en citant le blogue de Nasha:

Ce qui m’agace c’est qu’aujourd’hui, la majorité des Catholiques romains sont des Protestants qui s’ignorent. Pourquoi ? Parce qu’ils se comportent comme des Réformés ou des Luthériens : ils sont chrétiens, croyants mais n’approuvent que peu ou prou les dogmes de l’Église catholique de Rome. […] Et ces Catholiques démontrent simplement qu’ils croient en une Église faite de dogmes, sans croire à ces mêmes dogmes qui font leur Église. Ridicule en somme… […]

Certes, chacun a le droit de vivre sa religion et sa non-croyance comme bon lui semble. Il s’agit juste de ne pas oublier l’Histoire et de se rappeler que si en 2013, des Catholiques ne croient pas à la transsubstantiation, il y a d’autres dogmes qui subsistent au sein de leur église. Et que leurs dogmes « font » leur Église. Et qu’en tant que Catholiques romains, il ne leur est pas autorisé à remettre en cause les dogmes qui font de leur église ce qu’elle est. Ceux qui se revendiquent du Catholicisme romain n’ont qu’un seul choix : accepter « tous » les dogmes qui font leur Église. Ne pas en accepter un seul font d’eux des non-Catholiques. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est leur Église. Il serait bon de se renseigner avant de signer n’importe quoi et de revendiquer une appartenance à une Église. […]

Tradition.

Beaucoup de groupes et d’individus se réclament de la tradition. D’autres se sentent même horrifiés par le mot «tradition». Qu’est-ce que que, donc, la Tradition de l’Église? Est-ce juste le fait de mimer des brols d’antiquaire? Est-ce un développement organique?

Je vais vous traduire ci-dessous un texte du chanoine Jeffrey John à propos de la Tradition en tant que telle, puis en rapport avec les LGBT.

Ce que nous soutenons en tant qu’anglo-catholiques, c’est un traditionalisme intelligent, une exégèse honnête et cohérente de l’Écriture; nous y tenons, non pas en rupture avec, mais en tant que partie intégrante de la vie catholique de prière, liturgie et maturation spirituelle. Si nous rejetons Dieu, nous perdons tout. Si nous nous unissons fidèlement à lui, c’est lui qui nous aidera, par la prière et à travers notre conscience, à tenir ensemble notre foi, notre vie et notre intelligence. Il faut que nous nous rappelions ce que les pseudo-traditionalistes ne veulent pas comprendre: à savoir que la Tradition en elle-même n’est autre chose que la mémoire du changement ininterrompu dans l’Église, mais c’est la mémoire d’un changement organique, un changement davantage évolutionnaire plutôt que révolutionnaire, où chaque développement est issu de son propre passé, à la lumière d’une nouvelle expérience, guidée par la prière. Il faut que nous nous rappelions également que l’Écriture elle-même n’est pas autre chose que la mémoire du changement ininterrompu, où chaque nouvelle génération d’écrivains bibliques réinterprétaient, rééditaient, réécrivaient, à la lumière de nouvelles expériences, dans la prière. La stupidité et finalement la brutalité de tous les intégrismes ont comme source le refus de voir ce que la religion doit être, pour qu’elle soit une vraie religion: une relation vivante avec Dieu, et non pas le fait d’idolâtrer le passé.

Par dessus tout, rappelons-nous comment Jésus a mis sa Tradition en pratique. Dans le judaïsme, Jésus a été attaqué par deux formes de traditionalisme figé: la tradition sadducéenne, religion des Hérodiens, les gens du pouvoir, qui voulaient que la religion fût la base immuable de la structure sociale; et la tradition des pharisiens, les évangélicaux passionnés de l’époque, qui étaient assez proches de Jésus dans l’esprit et la doctrine, mais qui sont devenus ses ennemis encore plus redoutables, dès qu’il a voulu les défier et les changer. Mais il est important de remarquer que, lorsqu’il a eu affaire à ces deux partis, Jésus a plaidé pour le défi et le changement, toujours à partir de l’intérieur de la Tradition, et toujours en se basant sur l’Écriture. Il n’a pas brûlé les étapes en analysant l’Écriture ou la Tradition, quitte à en agacer certains. Lorsqu’il essaie de leur démontrer qu’ils ont fait du sabbat une idole, alors que c’était un don de Dieu, il ne leur dit pas: «Regardez: le sabbat est une loi barbare; il faut le laisser tomber!» Il dit pas non plus: «Je suis le Fils de Dieu, et je vous dis: faites tout ce que vous voulez.» Non. Jésus tire ses arguments à partir de l’intérieur de la Tradition. Il exprime son point de vue en montrant que la Tradition elle-même contenait des éléments comme l’humanité et la générosité, qui étaient sur le point d’être oubliés. Il leur rappelle que le but de la Loi est le bien de l’humanité, et pas le contraire. Il leur montre que l’amour de Dieu pour quiconque est dans le souffrance ici et maintenant a toujours surpassé tout souci des règles autour du sabbat.

Si jamais Jésus a été révolutionnaire, il n’a jamais été un révolutionnaire déconnecté de la réalité. On l’a accusé sans cesse que son enseignement fût «incompatible avec les Écritures»; il a été mis à mort parce qu’il fût «incompatible avec les Écritures»; alors que tout au long de sa vie il n’a jamais renié les Écritures, mais continué à essayer d’expliquer, en détail et avec patience, pourquoi leur compréhension en était fausse. Il a montré à quel point ses ennemis étaient sélectifs et subjectifs, dans leur littéralisme biblique, obéissant au précepte du corban, mais en piétinant celui qui demandait de prendre soin de ses parents. Lorsqu’ils l’accusèrent de ne pas suivre les règles concernant le lavement et le jeûne, il leur montra que l’Écriture était de loin plus focalisée sur la pureté du cœur et de l’esprit, que sur les brols de cuisine. Lorsqu’ils lui reprochaient que sa manière de fréquenter les païens était «incompatible avec les Écritures», il leur rappela que leur propre exclusivisme contredisait l’ouverture d’Élisée et d’Élie vis à vis de Naaman et de la veuve, ainsi que le message de Jonas aux Ninivites, et la promesse d’Isaïe, Jérémie et Zacharie que la lumière irait chez les païens. Lorsqu’ils l’accusèrent de ne pas respecter la Loi, il leur montra qu’il était venu pour accomplir la Loi, non pas pour l’abolir. Il s’inscrit dans la Tradition, et malgré ses reproches aux sadducéens et aux pharisiens, il respecte la Tradition, il vient sous la Loi, pour la compléter, et pas pour la détruire.

Tout cela est une leçon d’une importance capitale pour nous autres, catholiques anglicans, aujourd’hui. Beaucoup d’entre nous sommes fatigués et impatients, puisque maintenant il nous semble tellement difficile d’aimer l’Église et en même temps de travailler avec elle. Il est souvent difficile de ne pas la haïr, de ne pas partir en claquant la porte, à la bonne vieille méthode anglicane. Bien sûr, il est facile de prendre des arguments simplistes en brûlant les étapes. Bien sûr, un jour, quelqu’un dira quelque chose d’irréfléchi du genre: «Je n’ai rien à cirer de l’Écriture» ou «la Tradition n’a rien à dire à la fin du vingtième siècle.» Mais, une fois que l’on a dit cela, on a raté le coup. Une fois que l’on a arrêté de scruter la Tradition et l’Écriture, une fois que l’on a arrêté de prier avec elles et par elles, aussitôt on s’est coupé de la sève de vie chrétienne qui mène à la maturation, à la manière des fondamentalistes, et l’on en fait le même usage qu’eux. Car il n’est pas vrai que l’Écriture n’ait rien à nous dire. Et il est tout aussi faux de dire que la Tradition n’ait plus rien à nous dire à la fin du vingtième siècle. De tous les temps, c’est maintenant que trouver nos repères dans la Tradition est plus important que jamais. Mais oui, c’est une tâche difficile et pénible, par rapport aux facilités simplistes du fondamentalisme et de l’athéisme.

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Accepter les unions entre des personnes du même sexe est analogue à l’ordination des femmes. Ça ressemble à un pas révolutionnaire, mais ce ne l’est pas. Accepter les unions entre des personnes du même sexe, ça ne change pas la doctrine ou la discipline de l’Église vis à vis du mariage, mais tout simplement, on les applique à un nouveau groupe de personnes. La théologie sacramentelle est la même. Pour autant qu’elle repose sur la même qualité de l’amour et de l’engagement, pour autant qu’elle crée pour deux adultes le même cadre de vie et d’épanouissement, une telle union sera sans distinction à l’image de l’alliance de Dieu dans l’amour, et elle ne sera absolument pas différente d’un mariage sans procréation.

L’Église a pris la décision d’ordonner des femmes, une fois qu’elle s’est rendue compte que cela n’altère en rien le sacrement de l’ordre. L’ordination des femmes ne change pas la doctrine de la prêtrise ou les relations sacramentelles conséquentes à l’ordination. Elle admet tout simplement une nouvelle catégorie de personnes à ces relations. Sacramentellement rien n’a changé, puisque la représentation du Christ à travers la prêtrise ne se réfère pas à son genre physique du prêtre, mais à sa personne. De même, la représentation du Christ dans une union de personnes du même sexe ne se réfère pas au genre sexuel des deux, mais à leur alliance. Ce que saint Paul appelle le mystêrion, le «mystère» ou sacrement, se réfère à la façon dont une union sexuelle basée sur une alliance d’engagement total peut refléter l’alliance d’amour fidèle du Christ pour son Église. Ce n’est pas la polarité mâle-femelle qui crée le «mystère», ni quoi que ce soit qui ait affaire à la procréation (autrement on ne marierait pas les infertiles). La qualité de l’engagement entre deux personnes, l’amour et la volonté communes qui vont dans le même sens, voilà le cœur de la morale sexuelle chrétienne. Une telle union est sacramentelle précisément parce que, quoique de manière imparfaite, elle est l’image visible de l’amour fiable, ferme et sacrificiel de Dieu, dans la réalité de la vie humaine. Et cela n’est pas juste de la théorie théologique, mais de l’expérience. Énormément de couples gais chrétiens ont trouvé que ce «mystère» est tout aussi vrai dans leur propre union que dans le mariage hétérosexuel; et c’est une expérience qui exige d’être respectée.

(L’original anglais ici.)

Pour finir cet article, voici – cliquer pour élargir – les huit modèles de soi-disant ‘‘mariage biblique’’: