On a tellement trompeté l’ ‘‘ouverture’’ du pape François. Moi, je n’ai vu aucun signe d’ouverture, surtout en connaissant la structure dogmatique de l’Église romaine, qui est encore plus compliquée que le fédéralisme belge. Comme je l’ai déjà dit, canoniquement, sans qu’il y ait contradiction interne, aucun pape ne peut contredire ce que ses prédécesseurs ont dit, à moins d’invalider des conciles précédemment considérés œcuméniques. Mais mes amis m’ont dit: «Vu vas voir, ça va changer.»

En juin dernier, le pape François a émis l’encyclique Lumen fidei. Hier il a publié l’exhortation ‘‘apostolique’’ Evangelii gaudium. Même dans cette dernière, les idées anti-LGBT et anti-femmes ne manquent pas:

La famille traverse une crise culturelle profonde […] où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir aux autres et où les parents transmettent la foi aux enfants. Le mariage tend à être vu comme une simple forme de gratification affective qui peut se constituer de n’importe quelle façon et se modifier selon la sensibilité de chacun. Mais la contribution indispensable du mariage à la société dépasse le niveau de l’émotivité et des nécessités contingentes du couple. Comme l’enseignent les Évêques français, elle ne naît pas « du sentiment amoureux, par définition éphémère, mais de la profondeur de l’engagement pris par les époux qui acceptent d’entrer dans une union de vie totale ». (EG)

L’allusion est clairement faite à l’élargissement du mariage aux couples unisexuels. Et, bien entendu, on y sous-entend que les gais et lesbiennes n’eussent pas un vrai amour, mais seulement de l’émotivité. Le mariage entre deux hommes ou deux femmes, serait, selon l’évêque de Rome, juste une «gratification affective».

Ce que François cite là, ce n’est rien d’autre que le document homophobe que vous trouverez ici.

Le sacerdoce réservé aux hommes, comme signe du Christ Époux qui se livre dans l’Eucharistie, est une question qui ne se discute pas. (EG)

Voilà comment le sexisme, le mythe de la complémentarité engendre l’exclusion des femmes de la nature humaine. Indirectement, cela veut dire que les femmes n’eussent pas la même humanité que les hommes mâles. Un hérésie plus ancienne que le christianisme, et qui remonte au culte de Baal et Astarté!

Et là, François est dans la même ligne que le Vatican depuis un millénaire: «ça ne se discute pas». Lorsque l’on n’a pas d’arguments, on refuse d’en discuter.

En de nombreux endroits les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée deviennent rares. […] D’autre part, malgré la pénurie des vocations, nous avons aujourd’hui une conscience plus claire de la nécessité d’une meilleure sélection des candidats au sacerdoce. On ne peut remplir les séminaires sur la base de n’importe quelles motivations, d’autant moins si celles-ci sont liées à une insécurité affective […] (EG)

François est là tout aussi aveugle. La moindre des choses aurait été de voir que de nombreux hommes mariés ont une vocation à la prêtrise. (Cela, avant même de penser aux gais et aux femmes.)

Il fait l’illusion à l’exclusion des gais des séminaires.

Passons à l’encyclique LF:

Je pense surtout à l’union stable de l’homme et de la femme dans le mariage. Celle-ci naît de leur amour, signe et présence de l’amour de Dieu, de la reconnaissance et de l’acceptation de ce bien qu’est la différence sexuelle par laquelle les conjoints peuvent s’unir en une seule chair […]

Et tout le blabla sur la famille, qui suit dans le texte de LF, parle uniquement de la famille hétéroparentale, à l’exclusion de tout autre modèle de famille! L’aveugle ne se rend même pas compte qu’en disait tout cela, il condamne la famille même dans laquelle a grandi le Christ.

Je finirai cet article, en citant le blogue de Nasha:

Ce qui m’agace c’est qu’aujourd’hui, la majorité des Catholiques romains sont des Protestants qui s’ignorent. Pourquoi ? Parce qu’ils se comportent comme des Réformés ou des Luthériens : ils sont chrétiens, croyants mais n’approuvent que peu ou prou les dogmes de l’Église catholique de Rome. […] Et ces Catholiques démontrent simplement qu’ils croient en une Église faite de dogmes, sans croire à ces mêmes dogmes qui font leur Église. Ridicule en somme… […]

Certes, chacun a le droit de vivre sa religion et sa non-croyance comme bon lui semble. Il s’agit juste de ne pas oublier l’Histoire et de se rappeler que si en 2013, des Catholiques ne croient pas à la transsubstantiation, il y a d’autres dogmes qui subsistent au sein de leur église. Et que leurs dogmes « font » leur Église. Et qu’en tant que Catholiques romains, il ne leur est pas autorisé à remettre en cause les dogmes qui font de leur église ce qu’elle est. Ceux qui se revendiquent du Catholicisme romain n’ont qu’un seul choix : accepter « tous » les dogmes qui font leur Église. Ne pas en accepter un seul font d’eux des non-Catholiques. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est leur Église. Il serait bon de se renseigner avant de signer n’importe quoi et de revendiquer une appartenance à une Église. […]

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  1. Tout ceci m’évoque des souvenirs: dans le film de soeur Sourire, on la présente qui s’exprime en interview, persuadée que Vatican II allait participer à la libération de la femme. Sous Jean-Paul II, des femmes cathos romaines étaient persuadées que « le prochain Pape » allait forcément admettre la prêtrise des femmes, …

    Un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras »… Oh wait… il n’y a en fait même pas un seul « tu l’auras » à Rome… Juste l’espoir fulgurant de tant de cathos romains que le magistère souffle un jour un « tu l’auras ».