Je vous présente l’hymne Debilis cessent elementa legis, propre à la fête de la Circoncision du Christ, et qui se trouve dans les bréviaires édités par Sébastien Besnault. Cette traduction vient du bréviaire de Paris de 1786, et je l’ai légèrement adaptée (en éliminant les mots de trop pour la mélodie).
Ce Fils de Dieu, peint en tant de victimes,
Pur et clair rayon du soleil éternel,
Porte, en sa chair, l’opprobre de nos crimes,
Ce jour solennel.
Pour les abolir, à un âge tendre,
Il verse son sang pour la première fois;
Par cet essai, s’engage à le répandre
Plus tard sur la croix.
Ce jour, ô Jésus, tu nous fais connaître
Ton nom sous lequel fléchit tout l’univers;
Tu t’appelles Sauveur, et tu vas l’être,
En brisant nos fers.
Gloire au Père, qui fait son Fils victime;
Gloire au divin Fils, qui pour nous s’est livré;
Gloire à l’Esprit Saint d’amour, qui l’anime:
Un Dieu à jamais. Amen.
Le noël qui m’a le plus marqué cette année-ci, c’est God Rest Ye Merry Gentlemen. Vous pouvez l’écouter ici.
Il s’agit des chanteurs de Noël et de la nouvelle de la naissance du Christ qu’ils apportent au maître et à la maîtresse de maison, tout en leur faisant leurs vœux à l’occasion des fêtes.
En me réveillant ce matin, j’en ai traduit le premier couplet ainsi:

Que Dieu vous garde, maîtres,
En ce jour solennel,
Car Jésus vient de naître,
Le Sauveur, à Noël,
Pour sauver tous les êtres
Du tourment éternel.
Ref.: Nos vœux de réconfort et joie,
Confort et joie,
Nos vœux de réconfort et joie!
En cette fête de Noël, je vous présente ma traduction-adaptation en français de l’hymne Christe redemptor omnium, qui se chante à la fois aux premières vêpres (ce soir) et aux matines de Noël.
Christ, rédempteur du monde entier,
Du Père Fils seul-engendré
Né du Père avant tous les temps,
Généré ineffablement,
Lumière et du Père reflet,
De tous tu es l’espoir complet;
Écoute tes serviteurs qui
Partout au monde te supplient.
Auteur du salut, souviens-toi
Comment tu a pris, plein de joie,
D’une vierge ton humain corps,
En naissant sur la terre alors.
Et ce saint jour reste témoin
D’une année à l’autre, plus loin:
Depuis trône paternel,
Tu vins sauver les gens mortels.
Les ciel, terre, mer, les étangs
Et tout ce qu’il y a dedans
Louent ton premier avénement,
Chantant leurs hymnes constamment.
Et nous, qui sommes purifiés
Par ton saint sang et sanctifiés,
En cette fête de Noël
Te chantons l’hymne solennel.
Et la doxologie Iesu, tibi sit gloria de Noël, déjà traduite par Georges Pfalzgraf:
Honneur et gloire à toi, Seigneur,
Né de la Vierge en notre honneur,
Ainsi qu’au Père et à l’Esprit,
Durant les siècles infinis. Amen.
Autre mélodie:
Pendant cette fête de Noël, pensez aux personnes non-humaines aussi.
C’est quoi, la vie d’une vache?
1. Être séparée de sa mère;
2. Être violée par des humains (« insémination artificielle »);
3. Dès qu’elle accouche, on lui enlève son veau, pour le tuer;
4. On l’exploite pour le lait; elle continue à penser à son veau;
5. Un an et un peu plus tard (entre 365-435 jours), elle est violée à nouveau, pour reproduire le cycle;
6. Après 6-10 ans, la vache passe à la boucherie.
Regardez ces deux vidéos:
I. Vidéo sur la séparation de la vache et du veau;
II. Vidéo sur la souffrance d’une vache privée de veau.
Ce soir s’achèvent les antiennes Ô. Quoique… Certains chantent le 24 au soir O Iesu.
En plus des antiennes Ô que nous connaissons, sur le site anglicansonline.org, on trouve une liste exhaustive des antiennes Ô: O beata infantia, O Bethlehem, O bone pastor, O cœlorum Domine, O cœlorum Rex, O decus apostolicum, O Domine fac, O Eloi gyrum, O Gabriel, O gloriose tactor, O Hierusalem, O mundi domina, O pastor Israel, O rex Israel, O Rex pacifice, O Sancte sanctorum, O Speculum, O Summe artifex, O Tetragrammaton…
Tout ça est à trier, bien sûr, car l’idée de base est de reconnaître des noms qu’on a donnés au Christ dans l’Ancien Testament, avant son incarnation. D’autres sont superflus, car O Tetragrammaton correspond à O Adonaï.
N’empêche, il est intéressant de voir comment on commente l’incarnation.
Je n’ai pas le temps de traduire ça, mais il y a sur internet le témoignage de quelqu’un qui a assisté à l’ouverture du procès contre les 26 hommes arrêtés par la police égyptienne, à cause de la pseudo-journaliste Mona Iraqi.
Voici le lien: http://paper-bird.net/2014/12/21/day-one-of-the-trial/
Ma réflexion se poursuit:
1. Est-ce que le “printemps arabe” a servi à quelque chose? L’Occident a-t-il de quoi se féliciter?
2. Voulons-nous que des choses semblables ou pires arrivent également en Palestine? En donnant une légitimité d’existence étatique à la Palestine, nous lui donnons la légitimité d’exercer ses lois inhumaines.
3. Les pays occidentaux font-ils quelque chose concernant ce cas égyptien?
Mon premier contact, pourtant indirect, avec l’anglicanisme, je l’ai eu lorsque j’étais séminariste chez les orthodoxes byzantins. Le directeur du séminaire avait fait ses études à Oxford; le prêtre pédagogue nous racontait comment, au “bon vieux temps”, des prêtres anglicans avait rendu visite aux orthodoxes byzantin, et avaient célébré ensemble l’Eucharistie. Mais dans mon séminaire, tout le monde déplorait l’anglicanisme à cause des femmes prêtres.
Mon premier contact direct avec l’anglicanisme s’est fait ainsi. J’avais une amie bulgare qui allait à la Messe chez les anglicans de Bruxelles. Encouragé par l’exemple de Gene Robinson, j’ai décidé d’aller une fois à la Messe là-bas. J’ai été très impressionné par la façon dont on y a administré la communion: sous les deux espèces et à genoux au banc de communion.
Deux événements ont déclenché ma rupture avec le catholicisme-romain:
I. Le samedi 14 août 2004, lorsque la Messe catholique-romaine à laquelle j’ai participé a été totalement mariolatre. «Plus jamais ça!», me suis-je dit. Le 22 août 2004, à 14 heures, j’ai participé la deuxième fois à une Messe anglicane. Je ne croyais plus au modèle d’unité chrétienne offert par Rome.
II. Le doyen catholique-romain a lancé une pétition contre l’adoption des enfants par des couples de deux hommes ou deux femmes. Il m’a demandé de signer sa pétition, et de la présenter à des paroissiens. En âme et conscience, je n’ai pas signé, ni transmis la pétition, mais, au contraire, j’ai su que je n’avais pas de place chez les cathos-romains.
Je voulais une Église qui soit suffisamment “vétéro-protestante” pour affirmer le salut par la grâce seule et pour ne pas pratiquer des dévotions dangereuses. Mais je voulais aussi que cette Église soit enracinée dans les sacrements et qu’elle pratique l’inclusivité.
Nicolas et moi-même avons fréquenté les paroisses anglicanes d’Ixelles et Charleroi pendant plusieurs années. C’est en tombant sur le missel anglican – The Anglican Missal – que j’ai fait une grande découverte. Je m’explique. Depuis que je suis chrétien, je considérais que les Églises orientales avaient des choses à changer, notamment concernant la catéchisation et la participation des fidèles à la Messe (la forme), mais je n’ai jamais douté de l’authenticité (le fond) des rites orientaux. Par contre, j’avais l’impression que les rites occidentaux étaient inférieures au niveau du fond. Le jour où je suis tombé sur le missel anglican, j’ai compris que l’Occident était sur le même plan que l’Orient, dans la même Tradition, mais que les Occidentaux avait saccagé la liturgie.
Je suis désolé, mais les anaphores traditionnelles (orientales ou le canon romain), je ne peux pas les mettre sur le même plan que ldes prières eucharistiques créées selon le goût du jour au 20ème siècle. Une liturgie théocentrique, je ne peux pas la mettre sur le même plan qu’une performance où le prêtre se donne en spectacle. Les offertoires traditionnels, je ne peux pas les mettre sur le même plan que des bobards du Talmud. Je ne parle pas des exceptions; il peut y arriver qu’un groupe doive célébrer sans missel ou dans un cadre qui ne permettrait pas une célébration comme il faut.
C’est comme ça que je suis devenu un anglo-catholique. Un anglican traditionaliste.
Maintenant nous nous trouvons dans l’Union d’Utrecht. De ce fait, nous ne nous sommes pas séparés de la famille anglicane. Car, de par les accords de pleine communion, la famille anglicane va même au-delà de la Communion Anglicane; elle s’étend aux vieux-catholiques de l’Union d’Utrecht, mais aussi aux luthériens nordiques. Mais, étant vieux-catholique et belge, le terme «anglo-catholique» n’a plus beaucoup de sens; peut-être que celui de «belgo-catholique» serait plus approprié.
Être un responsable pastoral vieux-catholique n’est pas chose facile. Car il y a une énorme pression; on attend de vous d’être un « catholique-romain-Vatican-II » qui se permet tout, tout en essayant de rester au plus près de la papauté, si possible. «L’Église est une pute, mais elle est ma mère», dit saint Augustin.
Il y a deux points non-négociables chez moi:
1. L’Inclusivité. On pourrait essayer de me persuader, mais je ne reconnaîtrai jamais de différence ontologique entre les humains, quels que soient leurs sexe, genre, couleur etc. C’est une question doctrinale, christologique, qui touche à l’incarnation.
2. La Tradition. Je ne supporte pas la dictature de ceux qui imposent des textes fabriqués suite à leurs humeurs théologiques. Je préfère m’unir aux centaines de générations de chrétiens qui nous ont précédés. Richard Enraght, Arthur Tooth, T. Pelham Dale, Sidney Faithorn Green, James Bell Cox, Alexander Heriot Mackonochie et beaucoup d’autres confesseurs de la foi se sont battus il y a un siècle ou plus. Pour citer Edward Bouverie Pusey: «Les ritualistes ne se mêlent pas de la dévotion des autres […] Ils demandent seulement qu’on leur permette d’adorer Dieu en utilisant un rituel que, personne ne remettait en question il y a encore quelques années.»
Photos: 1. Église Saint-Magnus à Londres; 2. Église Saint-Clément-en-Philadelphie; 3. Église de la Paix à Frederikshåb.
Dans le rite byzantin, dans les prières de la prothèse (offertoire), le prêtre, en découpant une parcelle de pain et en la mettant sur la patène, dit: «Seigneur Jésus Christ, reçois ce sacrifice pour tes serviteurs un tel et une telle…» Dans l’offertoire de la Messe du rite latin, le prêtre commence l’offertoire par: «Reçois, Père saint, cette victime sans tache, que je t’offre pour mes péchés, offenses et négligences, ainsi que pour ceux des fidèles…»
La question est: qu’est-ce qu’on offre?
La plupart des commentateurs que j’ai lus pensent que nous offrons à Dieu nos dons, et en échange Dieu nous donne sa grâce. Quelqu’un disait, d’ailleurs: «La Messe est le sacrifice, au sens propre, alors que la mort de Jésus sur la croix ne l’est que métaphoriquement.»
Eh bien, la Tradition de l’Église nous dit tout autre chose. Notez que dans la Messe syrienne, l’hymne de l’offertoire chante ceci: «Que toute chair fasse silence… car le Roi des roi et le Seigneur des seigneurs s’approche pour être sacrifié et donné en nourriture…»
La Messe eucharistique commence, tout doucement, à partir de l’offertoire. C’est le Christ que nous offrons, pendant la Messe, au Père et au Saint-Esprit et à lui-même.
Si nous pouvions offrir à Dieu quelque chose pour nos péchés, le Christ se serait sacrifié en vain. Même dans l’Ancien Testament, à savoir dans le psaume 49 (50), Dieu dit: «Je ne prendrai pas de bœufs de ta maison, ni de boucs de tes menus troupeaux. Car toutes les bêtes de la forêt m’appartiennent, et le bétail des montagnes et les taureaux. Je connais tous les oiseaux du ciel, et la beauté des champs est à moi. Si j’ai faim, je ne te le dis pas; car toute la terre habitée m’appartient et sa plénitude. Est‑ce que je mange la chair des taureaux? est‑ce que je bois le sang des boucs?» Si Dieu avait accepté le sacrifice, même végétal, des humains, il se se serait pas incarné. L’Eucharistie est le prolongement de l’incarnation, non pas son remplacement!
Donc, lorsque le prêtre dit: «Reçois, Père saint, cette victime sans tache» ou «Seigneur Jésus Christ, reçois ce sacrifice», c’est du Christ qu’on parle là. On sous-entend que le Christ sacrifié sera présent sur l’autel à partir de la consécration.
















