I saw three ships.

Voici ma traduction-adaptation du noël anglais I saw three ships, que vous pouvez écouter ici.

J’ai aperçu trois grands bateaux
R1: Par le grand gel de ce Noël,
J’ai aperçu trois grands bateaux
R2: En ce Noël à l’aurore.

2. Vers où allaient les trois cargos?

3. Vers Bethléem ils naviguaient.

4. Beaucoup de cloches haranguaient

5. Alors sur terre on chantera

6. Le monde sera dans la joie.

Chant marial.

Au sixième mois, vient l’ange Gabriel,
Jusqu’à Nazareth, en descendant du ciel.
R.: Ave, ave, ave Maria! (bis)

Il va vers la vierge du nom de Marie,
Fiancée à Joseph, et ainsi il lui dit:

« Ô pleine de grâce, Dieu est avec toi! »
Devant cette scène, Marie est sans voix.

Mais l’ange lui dit: « Ô Marie, n’aie pas peur!
Tu as trouvé grâce devant le Seigneur.

Tu vas être enceinte, tu enfanteras
Jésus, ton fils que tu tiendras dans tes bras.

Jésus sera grand et sera Fils de Dieu,
Siégeant sur le trône des rois, ses aïeux.

David et Jacob, ses pères de très loin,
Suivra, et son règne n’aura point de fin. »

Marie dit à l’ange: « Je ne comprends pas;
Je suis une vierge; comment, donc, cela?

– Écoute, le Saint-Esprit viendra sur toi,
La force de son ombre te couvrira.

– Je suis la servante de Dieu, me voici!
Et que sa parole soit vite accomplie! »

Ohne dich en français.

Ce matin, je me suis réveillé en train de traduire poétiquement la chanson Ohne dich de Rammstein. Voilà ce que ça a donné:

Je cherche après toi dans les bois,
Où tu étais la dernière fois,
Et le soir s’abat sur le pays;
Sur le sentier derrière, c’est la nuit,
Et le bois est vide et noir sans toi.
Malheur à moi!
Les oiseaux ne chantent-ils pas!

Sans toi, je n’existe pas,
Seul sans toi;
Je suis seul, même avec toi,
Seul sans toi;
Longues heures tant je compte,
Seul sans toi;
Quand s’arrêtent les secondes,
T’es pas là.

Sur les branches chues par terre
Tout est sans vie, dans la misère.
J’ai du mal à respirer si bas.
Malheur à moi!
Les oiseaux ne chantent-ils pas!

Sans toi, je n’existe pas…

J’ai du mal à respirer si bas.
Malheur à moi!
Les oiseaux ne chantent-ils pas!

Sans toi, je n’existe pas…

Plaintes auprès de la Commission permanente de contrôle linguistique.

Plainte_MinSante_2020-05-24

Plainte_TEC_2020-05-24

“Ézéchias envoya en tout Israël et en Juda, et il écrivit des lettres à Ephraïm et à Manassé, pour qu’ils vinssent au temple du Seigneur à Jérusalem, faire la Pâque du Seigneur Dieu d’Israël […], résolurent de faire la Pâque le second mois. […] Une grande multitude se réunit donc à Jérusalem pour faire la fête des azymes le second mois.” (2 Chroniques 30)

Nous avons ici un cas où, chez les Hébreux, la Pâque a été ajournée d’un mois. En effet, la date normale de la Pâque hébraïque est le 14ème jour du premier mois, ce qui correspond à la pleine lune de l’équinoxe de printemps. La base de la fête pascale hébraïque a été le début du printemps; l’exode d’Égypte s’est greffé sur cela, puis notre Pâque chrétienne s’est greffée sur les éléments hébraïques qui l’ont précédée. Néanmoins, dans Nombres 9:9-11, nous avons deux circonstances spéciales où la Pâque peut être ajournée d’un mois: l’impureté rituelle, ou sinon le fait d’être en voyage au temps de la date correcte. Et nous voyons une circonstance spéciale dans le livre des Chroniques, que j’ai cité plus haut, pour deux raisons: le sacrificateurs n’avaient pas eu assez de temps pour “se sanctifier” à temps pour la date correcte; beaucoup de gens étaient encore en voyage, avec une haute probabilité qu’ils n’arrivent pas à temps à Jérusalem pour la date correcte. Certes, si l’on ajourne la Pâque d’un mois, ce n’est plus le début du printemps. Oui, mais il paraît, selon l’Ancien Testament, qu’il vaut mieux la célébrer correctement en retard, que de la bâcler à la date correcte.

Mais vous allez me dire que toutes ces choses ne s’appliquent qu’à l’Ancien Testament, et que nous autres, chrétiens, nous devons quand même observer la date correcte, quelles que soient les circonstances.

Toutefois, comme je l’ai montré par la passé, en 2019, nous avons fêté la Pâque presque un mois après la date correcte d’un point de vue astronomique. La plupart du temps, notre calendrier grégorien calcule la date de la Pâque correctement, mais de temps en temps, comme l’année passée, nous avons eu, en Occident même, une Pâque à une date conventionnelle (21 avril), alors que le premier dimanche après la pleine lune de l’équinoxe de printemps était le 24 mars! (Plus d’infos ici. C’est aussi pourquoi je suis un adepte fervent de la date de la Pâque astronomique, plutôt que conventionnelle. La Communion Anglicane a ratifier cela en théorie, mais n’a rien fait dans la pratique.)

Donc, si l’année passée, nous avons fêté la Pâque un mois après la date correcte, pour une raison de routine, pourquoi ne pas fêter en 2020 la Pâque avec un mois de retard, pour raison de Coronavirus?

Dans la pratique, voilà ce qui va se passer. Le monde sera encore en confinement dans une semaine. Il y aura, au mieux, des Messes diffusées par vidéoconférence. Mais la plupart des chrétiens n’auront même pas la possibilité de communier, réellement et matériellement, au corps et au sang du Christ.

Postposer la Pâque jusqu’au dimanche 10 mai aurait été la chose la plus raisonnable à faire, d’après moi. Bien sûr, la Pentecôte aurait été ajournée d’un mois, et ainsi de suite. Au besoin, si le confinement devait être prolonger encore davantage, ce n’est pas grave; nous aurions eu la possibilité de postposer la Pâque encore et encore. En réalité, entre la Pentecôte et l’Avent, il y a une vingtaine de semaines “libres”. Même si nous n’avions plus que dix voire cinq semaines entre la Pentecôte et l’Avent, cela n’aurait rien changé en fin de compte. Mieux aurait valu, d’après mois, une Pâque presque parfaite à une date erronée qu’une Pâque bâclée par le Coronavirus à une date correcte.

“And Hezekiah sent to all Israel and Judah, and wrote letters also to Ephraim and Manasseh, that they should come to the house of the LORD at Jerusalem, to keep the passover unto the LORD God of Israel […],  to keep the passover in the second month. […] And there assembled at Jerusalem much people to keep the feast of unleavened bread in the second month.” (2 Chronicles 30).

Here we have a case in which the Hebrews’ Passover was postponed one month later. In fact, the normal date of the Hebrews’ Passover is the 14th day of the first month, which is the full moon after the vernal equinox. This festival was at first a celebration of the spring season and of the new year; the Exodus event was grafted on the more ancient festival, and the Christian Passover (Easter) was grafted on the Hebrew one. However, in Numbers 9:9-11, we have two special circumstances of the Passover being transferred one month later: either the ritual impurity, or travelling on the correct date. The case we have seen in Chronicles is a special circumstance, because the priests had not had enough time to get “sanctified”, while, on the other hand, some people were still on the way, unable to reach Jerusalem on time.  Of course, if one postpones Easter for one month, it’s not the beginning of the spring any more. Yes, but it seems that, in the Old Testament, it is better to celebrate the Passover properly at a later date than to celebrate it unfittingly on the proper date.

But you could tell me that those special circumstances only apply to the Old Testament, and that we, Christians, should always observe Easter on the right date, whichever be the circumstances.

The truth is, as I was saying in the past, that in 2019 we celebrated the Easter almost one month after its astronomical date. Most of the time, the Gregorian calendar that we use agrees with astronomy in the calculation of the Easter date, but sometimes – like the last year – we celebrated the Easter at a conventional date, 21st April, while the first Sunday after the full moon of the vernal equinox was the 24th March! (Details here. This is why I support the astronomic way of calculating the Easter date, rather than the conventional one. The Anglican Communion has ratified it in theory, but never put it into practice.)

Therefore, if the last year have we celebrated the Easter one month after its right date, for a reason of habit, why not celebrate it in 2020 one month after its right date, for a Coronavirus reason?

In practice, this is what is going to happen. Next week, we shall still be in lockdown. There will be streamed Masses at best. Most of the Christians will not even have the possibility to partake, really and physically, the body and blood of Christ.

The best thing to do, from my point of view, would have been to postpone Easter to Sunday the 10th of May. Of course, Whitsunday would also be postponed etc. If the lockdown were to be stretched any longer, we would be able to postpone our Easter further and further. Any way, between Pentecost and Advent, there are about twenty “ordinary” weeks. The worst thing we could get is only ten or only five “ordinary” Sundays, which seems totally acceptable to me. I believe it would have been better for us to have an almost perfect Easter on a wrong date, than an imperfect Easter at the right date.

Songs of Thankfulness and Praise.

En cette fin du temps de l’Épiphanie, voici ma traduction-adaptation du chant Songs of Thankfulness and Praise:

Nous te magnifions, Jésus,
Toi qui nous es apparu ;
L’astre t’a manifesté,
Et les Mages sont restés ;
Germe de David entré
Dans le monde, à tous montré,
Sois loué par des chants clairs,
Dieu manifesté en chair.

Au Jourdain tu te montras
Prophète et pontife et roi,
Et aux noces de Cana,
Ta divinité se voit ;
Tu montras ton bras divin,
En changeant l’eau en bon vin ;
Sois loué par des chants clairs,
Dieu manifesté en chair.

Christ, tu t’es montré encor’,
Guérissant âmes et corps,
Et manifesté, chassant
Les démons, ô Tout-Puissant ;
Tu es apparu enfin
En changeant le mal en bien ;
Sois loué par des chants clairs,
Dieu manifesté en chair.

Le soleil s’obscurcira ;
Ciel, lune, astres : plus d’éclat !
Christ, brillant tu reviendras ;
Tous verront en haut ta croix ;
La trompette sonnera ;
Tu viendras en juge et roi ;
Tous te confesseront clair :
Dieu manifesté en chair.

Tu te fais connaître ici
Dans la Bible et dans l’hostie ;
Fais-nous suivre sur tes pas ;
Rends-nous purs, Dieu, comme toi ;
Donne dans ta parousie
La joie de l’Épiphanie ;
Que nous t’accueillions dans l’air,
Dieu manifesté en chair.

Transylvanisme II.

Image sur wikimedia.

Image sur wikimedia.

Le Transylvanisme est un concept qui affirme que la Transylvanie a une identité spécifique, communiquée à ses ressortissants et à ses habitants, quelles que soient leurs origines ethniques et leurs langues.

En gros, un Transylvanien qui parle roumain aura toujours plus d’affinités avec ses voisins qui parlent hongrois, allemand ou ruthène, qu’avec le Bucarestois qui parle (plus ou moins) la même langue que lui. Un Transylvanien magyarophone aura toujours plus d’affinités avec ses voisins roumanophones ou germanophones qu’avec un Pestois. Et ainsi de suite.

Ma question: y a-t-il une ethnie transylvanienne en tant que telle? En général, les Transylvanistes disent que le Transylvanisme est supra-ethnique, voire multi-ethnique. À première vue, cela semble évident. Tel Transylvanien est de langue roumaine, rite byzantin, et tout le folklore qui en découle; tel autre Transylvanien parle hongrois, et est de confession calviniste, et a un autre folklore; tel autre parle allemand, utilise le rite latin, et un folklore tout autre. Or les barrières ne sont pas si rigides que ça. Par exemple, les autochtones de Gherla sont de rite et folklore arméniens, mais ils parlent hongrois. Confessionnellement, les Sicules, majoritairement unitariens parlant un dialecte hongrois, sont énormément plus proches des « témoins de Jéhovah » de langue roumaine, que des autres magyarophones, trinitaires. Les catholiques de la communion du pape de Rome sont confessionnellement plus proches entre eux, quels que soient les rites et les langues qu’ils pratiquent, que des gens d’autres confessions. Et que dire des athées polyglottes, qui écoutent du métal, et qui ne s’identifient à aucun folklore traditionnel? Par quoi doit-on définir les ethnies transylvaniennes?

En dernier recours, on pourra dire: par la génétique. Mais même, chez les magyarophones, le maximum de haplogroupe patrilinéaire N, propre aux finno-ougriens, n’excède pas les 4%. Et puis, les magyarophones ont du sang italien aussi, alors que les roumanophones peuvent également avoir 1,1% de sang finno-ougrien (comme votre serviteur). Donc qu’est-ce qu’il y a d’autre?

Il ne reste, comme différence, à mon avis, que la langue d’enseignement dans les écoles.

Puis il y a la politique, la couche culturelle du 20e siècle, produite par les régimes de Bucarest, et qui a semé la zizanie entre les Transylvaniens de langues et confessions différentes.

Origine des Roumains.

L’empereur romain Trajan a conquis la Dacie (le territoire actuel de la Roumanie) en 100-102 et 104-105. Des Romains se sont installés en Dacie. Puis en 271-275, l’empereur Aurélien a retiré les troupes romaines au sud du Danube, en abandonnant la colonie romaine, et en la laissant en proie aux invasions barbares. Les Hongrois sont arrivés dans les Carpates au 10e siècle. Les Roumains sont attestés dans les documents à partir du 13e siècle. En bref, ceci est un fait historique accepté par toutes les parties. À partir de cela, trois théories ont vu le jour.

A. La théorie de l’École transylvanienne était la suivante. Lors de la conquête de la Dacie, la très grande majorité des Daces sont morts dans la guerre. L’affirmation de Dion Cassius, « tous les Daces ont péri », doit être prise au sens littéral. Les Romains ont dû repeupler le pays avec des colons. Après 275, seules les troupes ont quitté la Dacie (Roumanie); les autres gens avaient une famille, une vie etc.; ils n’avaient pas de raison de quitter. Le fait qu’ils n’aient pas été attestés pendant près d’un millénaire ne signifie nullement qu’ils étaient absents.
Mon commentaire. Comment se fait-il que les Roumains ont résisté devant autant d’envahisseurs barbares? Si les envahisseurs se déracinaient les uns les autres, comment les Roumains sont-ils restés immuables?

B. La théorie (isolée à la base, puis reprise) du régime de Ceauşescu. Lors de la conquête de la Dacie par les Romains, seuls les hommes sont morts à la guerre, et d’ailleurs pas tous. Les soldats romains ont épousé les veuves daces, et leur ont imposé la langue. D’ailleurs, il reste en roumain une centaine de mots de substrat dacique.
Note: une variante nationaliste plus récente suppose que très peu de Daces sont morts à la guerre, et que la majorité de la population dace serait restée immuable.
Mon commentaire. Comme Mr Dan Ungureanu l’a démontré, la plupart des mots prétendument daces sont alpins, romains, occitans. Moi-même, j’ai découvert que certains de ces mots-là, comme beaucoup d’autres, appartiennent au substrat celtique, alors que certains autres mots prétendument daces sont d’adstrat, et très tardifs par leur forme (inadaptation aux règles de la phonétique roumaine). Donc rien de dace. J’ai montré cela dans mon livre. Il y a eu deux guerres daces. Entre la fin de la première et le debut de la seconde, Trajan a fait bâtir par Appolodore de Damas le premier pont sur le Danube. Pendant tout ce temps, les Daces ont eu le temps de mobiliser toutes leurs forces de guerre, et ils en avaient besoin, devant la supériorité numérique des Romains. Donc il n’y a eu aucune continuité dace. De surcroît, les Carpates étaient une frontière naturelle. Même aujourd’hui, génétiquement et linguistiquement, les Transylvaniens sont différents des gens du sud des Carpates. Donc pas de Daces au nord des Carpates! Dernière remarque: la théorie en question n’est pas politiquement neutre: elle vise à légitimer l’annexation de la Transylvanie par Bucarest, et à stigmatiser les magyarophones, qui, même après un millénaire de continuité en Transylvanie, sont considérés citoyens de second rang, voire des « étrangers ».

C. La théorie initiée par Robert Rösler. Quand les Romains se sont retirés en 275, toute la population latine a déménagé au sud du Danube, par peur des envahisseurs barbares. Lorsque les Hongrois sont arrives en Transylvanie au 10e siècle, il n’y avait que quelques Slaves là. Les Roumains sont des Latins du sud du Danube, qui sont passés au nord du Danube le 13e siècle. Une comparaison entre le roumaire (parlé en Histrie) et le roumain démontre que le second dérive du premier, et non l’inverse. Les Roumains, minoritaires en Transylvanie, se multipliaient de façon exponentielle, jusqu’à dépasser en nombre les Hongrois autochtones. Des mots communs entre les langues albanaise et roumaine démontrent que les locuteurs de ces deux langues ont cohabité sur le même territoire.
Mon commentaire. Cette théorie n’est que politique, pour affirmer le mythe du territoire vide. Elle est un véritable dogme des régimes hongrois, passés et présents. Rösler et ses successeurs n’ont strictement aucune preuve historique pour démontrer l’immigration des Roumains depuis le sud du Danube vers le nord, et de là jusques en deçà des Carpates. Quant au roumaire, il est très proche du roumain transylvanien, alors que le roumain de Bucarest n’est qu’une version très corrompue de la langue pure qui était (est) parlée en Transylvanie. Une remarque de Mr Dan Ungureanu: après l’établissement des Hongrois en Transylvanie, tous les colons ultérieurs ont pu s’y établir sur base de chartes précises; or il n’y en a pas pour les Roumains; si les Roumains avaient émigré en Transylvanie, ils auraient été accueillis les bras ouverts et avec des devoirs et droits, à l’instar des germaniques, Slovaques etc. Autre remarque de Mr Dan Ungureanu: deux mots roumains, zîmbru et bucium n’auraient pas pu perdurer s’il n’y avait pas eu de continuité dans les Carpates. Moi-même, j’ai une autre remarque: la Bible gothique d’Ulfilas contient beaucoup d’emprunts au roumain; s’il n’y avait pas eu de continuité roumaine dans les Carpates, ces mots-là n’auraient pas été dans le gothique.

D. L’origine alpine. Cette théorie a été lancée par M. le professeur Dan Ungureanu, et elle réconcilie, à mon avis, les théories A et C, tout en réfutant la B. Dans son livre « Româna şi dialectele italiene« , M. le professeur démontre que la langue roumaine s’est formée, non pas sur le territoire de la Roumanie, mais dans les Alpes. Les langues et dialectes des Alpes – le roumanche, le ladin, le frioulan, le vénète, l’occitan etc. – contiennent essentiellement tous les éléments qui résultent de l’évolution linguistique depuis le latin, ainsi qu’un bon bagage de mots de substrats celtiques et italiens. La grande majorité des mots soi-disant « daces » présents dans la langue roumaine se trouvent soit dans les Alpes, soit ailleurs en Italie. Je suis allé encore plus loin, en proposant des étymologies celtiques et alpines pré-celtiques pour toute une série d’autres mots roumains, abstraits, concrets et surtout intimes. En roumain, les mots relatifs à la pastorale et aux conifères sont alpins aussi. En faisant des calculs mathématiques sur la démographie, M. le professeur est arrivé à la conclusion que les Roumains arrivés des Alpes dans les Carpates n’étaient que 30 mille âmes (ailleurs il estime cela à 10-100 mille). Personnellement, je dirais même moins.

Les Alpins étaient des bergers. Dans les Carpates, ils ont continué leur mode de vie. Lors du retrait d’Aurélien, effectivement, les peuples migrateurs ont envahi les plaines au pied des Carpates. Mais ces peuples-là, à part les Goths, ne sont pas entrés en contact avec les Roumains. Les altitudes n’étaient pas convoitées par les barbares. Ce n’est qu’après de longs siècles de vie alpine que les Roumains sont descendus des montagnes, et ont assimilé linguistiquement toutes sortes de peuplades.

En regardant la distribution d’haplogroupes patrilinéaires, on voit que les Transylvaniens roumanophones sont majoritairement R1b, comme les Italiens et les Français. Ce sont des Celtes. Les Moldaves sont des proto-Européens slavisés, puis roumanisés. Les Wallaques d’aujourd’hui sont, sans doute, des Balkaniques roumanisés. Historiquement, la Moldavie (résultant en deux Moldavies aujourd’hui, dont un pays indépendant en une région de la Roumanie) a été fondée par des Transylvaniens sujets de la couronne hongroise. Pour ce qui est des Wallaques, qui n’ont pas eu de contact direct avec les magyarophones, ils utilisent néanmoins beaucoup de mots d’origine hongroise. Le patois de Bucarest, pétri d’hypercorrections et de barbarismes, dépalatalisé parfois de travers, n’est qu’une forme très corrompue de la langue roumaine authentique, une sorte de créole.

Une autre chose que j’ai découverte grâce à mes recherches étymologiques, c’est que les Alpins déménageant dans les Carpates étaient chrétiens à leur arrivée. Plus précisément, des chrétiens d’un rite gaulois, occidental. Ils ont été byzantinisés vers 990, mais toute une paraliturgie occidentale s’est préservée jusqu’à nos jours.

Lorsque les Hongrois sont arrivés dans le bassin carpatique, ils n’ont pas trouvé de Roumains tout de suite. C’est parce que ces derniers étaient dans les montagnes, mais totalement absents dans les plaines.

La plupart des hydronymes en Roumanie ont une origine non-roumaine. La plupart des grandes villes et même des villages ont des noms hongrois. Pour les villes qui gardent quand même on nom d’origine latine, il n’y a toutefois pas de continuité. Par exemple, Cluj vient d’un type *Claus-, mais le l aurait dû être amuï, donc le résultat aurait été Chiuj ou Chij, sans compter que le nom romain Napoca ne s’est pas transmis. Le romain Apulum ne s’est pas transmis, mais un autre nom latin, Alba, s’est formé à la place. Le nom de la capitale de la République de Moldavie, Chisinau, est hongrois, Kis-Jenö, « Petit-Eugène ».

Donc les Roumains, à l’instar des Hongrois, sont non pas des « autochtones », mais des gens venus d’ailleurs.

Transylvanisme (I).

Je commence une série d’articles à propos du transylvanisme.

J’entends souvent des catégorisations du genre: « Les Roumains sont comme ci, comme ça… » Pour l’œil occidental, l’idée de « Roumain » est liée soit à l’appartenance étatique de la localité où quelqu’un est né, soit à sa carte d’identité. Si vous voulez une comparison, c’est comme si on mettait un Corse, un Breton, un Mahorais et un Réunionnais dans le même paquet, la même culture, le même mode de vie, la même langue usuelle, et la même composition génétique. Eh bien, pour la république qui s’appelle Roumanie, c’est exactement la même chose.

La Transylvanie est une région dans le nord-ouest de la Roumanie, annexée par cette dernière en 1918, alors qu’elle a toujours été différente en tous points.

Sur le concept de transylvanisme et son histoire, ce sera pour une autre fois. Cette fois-ci, juste quelques données sur la génétique.

Un article écrit par des généticiens nous dit quelque chose d’important. Ils ont travaillé que sur des roumanophones de toutes les provinces historiques de la Roumanie, et sont arrivés aux résultats suivants: sur les lignées maternelles (ADNmt), les Transylvaniens sont apparentés à l’Europe Centrale. Les Carpates constituent une frontière génétique. Les Wallaques (sud de la Roumanie, Bucarest…) sont génétiquement différents, en tout cas au niveau matrilinéaire; ils sont apparentés aux peuples des Balkans.

Voyons maintenant au niveau patrilinéaire. J’ai enlevé les appellations disputées de cette carte (domaine public) de Robert Gabel et al., en gardant scrupuleusement les dénominations acceptées, et les couleurs correspondantes, et en omettant les régions non-pertinentes:

Haplogroups_europe

Comme vous pouvez le constater, la Transylvanie se trouve, pour la plus grade partie, dans les R1b. Pourquoi? Parce que c’est en Transylvanie que sont arrivés les Roumains des Alpes. Plus tard, ces bergers des montagnes sont descendus, et ont assimilé linguistiquement les gens du sud et de l’est.

Si les Roumains étaient arrivés en Roumanie depuis le sud du Danube, comme l’affirment une partie des gens intéressés politiquement, la Roumanie serait – en tout cas, chez les roumanophones – homogène. Le R1b en Transylvanie ne peut pas être expliqué par les colons mosellans, parce que ceux-ci se sont trop peu mélangés aux roumanophones, en tout cas, suffisamment peu pour que leur ligne patrilinéaire devienne majoritaire. En réalité, comme je l’ai dit, ce sont les Alpins.

 

Here is a personal story, to show you a symptomatic trend in our churches.

On Whitsunday, or Pentecost day, my husband had to fly to Edinburgh. As his flight took place before noon, we had checked to see where he could attend the Mass in one of the Episcopal churches in and around Edinburgh.

We first sent an e-mail to the diocese, but they were unable to answer, saying that we had to look for ourselves on the web. So we did, and we found Saint Philip’s church, as the one and only having an evening Mass on Sundays.

But once he got there, my husband found a closed door. In short, in the whole area of Edinburgh, there is no Sunday evening Mass (either on Saturday evenings, or on Sunday evenings).

In Belgium, 22,6% of the active population works on Sundays, and 34,1% of the Belgian population works on night shifts (source). Even if we consider that for many people, these two categories overlap, we still have one-third of the active population that is not available on the « traditional » Sunday Mass schedule of 10:30 or 11 AM. I do not know the situation in Scotland or in the rest of the countries of the Anglican Communion, but the health services, the water supply and treatment, the electricity and gas distribution, the public transportation, the hospitality industry, the mailing services, journalism, and many more industries operate on Sundays too, day and night, whichever be the country. That was probably not a concern of the pre-modern society, which gave us the « traditional » Sunday Mass schedule, but today, the Church is completely ignorant of the Sunday-working and night-life « minority » of the Church’s fold.

Here I am not blaming the Scottish Episcopal Church alone, but the Churches in general. The problem is not of today. Several decades ago, when many people were already working on Sunday and night shifts, there were still many people going to church; therefore the Church could ignore the « minority. » But today, it is probably the 12th hour, and the Church could recover some of those she has ignored for the past decades.

As a night and Sunday worker myself for the past 13 years, I can testify of the high perseverance I needed, of the many sleepless hours and days, just because the Church was ignoring those of my « minority » made up of 1/3 of the active population! When I used to finish my shift at 7 AM, and had to wait long hours until Mass, the priest’s greeting, « Good morning everyone », and the sermon beginning with the words « this morning » seemed an insult rather than good news.

But besides that third of the active population, there are other: students that have to study or do their long homework, and who cannot afford a whole forenoon out of their study. There are also families, the members whereof do not see each other during the week, and for whom a quarter of the weekend is too much time outside the family. There are people having to travel on Sunday forenoon, like the case presented at the beginning of this article. There are tourists that would not lose a whole forenoon of their journey because of a one-hour Mass. We must not push the faithful to chose between Mass and beach, between Eucharist and study, between Holy Communion and travel, between Church and work. The former must always be compatible with the latter. And this is only possible through evening Masses of the Lord’s Day.

For all these reasons, Saturday vigil Masses and Sunday evening Masses should become much more available.

Both Saturday and Sunday evenings are fit for the night workers and Sunday workers. The most tourist-friendly schedule is Saturday evening. If people go somewhere for the weekend, they would attend Mass without stress on Saturday evening before having supper. If people plan a Sunday city trip, they would first have Mass on Saturday evening before the journey, then have the whole Sunday time for tourism. For those who party on Saturday nights, a Sunday evening Mass is the fittest, for obvious reasons.

Every Mass of Saturday evening is a small Easter vigil. The primitive Church used to have her weekly Eucharist on Saturday night (Acts 20:6-11). As for Sunday evenings, we should remember our Lord: he only celebrated himself the Eucharist twice: first on the night before he was betrayed, and on Easter Sunday evening in Emmaus. Both were evening celebrations. So, finally, our « traditional » schedule of 10:30 or 11 AM has nothing really « traditional », but was a convenience for an agrarian society long gone.

Some may object, saying that in their congregation they have one Mass on Sunday forenoon, and choral evensong (eventually with adoration and benediction) on Sunday evening. To this, I reply that accommodation may be done in the following manner. If there be choral evensong, you may easily hook an offertory and the rest of a low Mass, in which case the service will not last very long. By the way, there are people who only attend evensong, and by this mechanism, they could also have Holy Communion. Now if your specificity is to have Mass in the forenoon, and evensong with adoration and benediction in the evening, here’s a tip. At Mass, consecrate a second large host, as usual, and place it in the ostensory, as usual, with the rest of the Eucharistic reserve. However, instead of purifying the chalices, keep in the tabernacle one of them with the remaining Eucharistic wine. In the evening, as your evensong draws to its end, spread the corporal on the altar, as usual. After the people have adored the Lord who is present in the presanctified species, you can distribute the Holy Communion thereof. When the people have received the body and blood, the priest can bless them not with the ostensory (which by now would be empty), but with the chalice. Then you would purify the vessels, as usual. Such a liturgy of the presanctified gifts would also have the merit not to sunder the adoration and benediction from the real purpose of the Eucharistic reserve, that is, the Holy Communion.

Last but not least, the nowadays situation is very clericalist. First, the Mass schedule is set in accordance with the stipendiary priests, and not focused on the needs of the flock. Secondly, stipendiary clergy of all levels have their day off, during the week, and they are expected to do nothing of church things during their sacred resting day. On the other side, the rest of us use to work the whole week, but when we finally have our sacred resting day, we are expected to give away half of it for the sake of the Church. In fact, most of the Masses that are scheduled on Sunday evenings (except in universities) are done so, not because somebody cared for the constraints of the flock but just because the priest cannot be there in the forenoon, and thus, as a plan B.

Voici une histoire personnelle, pour vous montrer une tendance symptomatique dans nos églises.

Le dimanche de la Pentecôte, mon époux a dû prendre l’avion vers Édimbourg. Comme il devait voyager en matinée, nous avons dû voir s’il y avait moyen qu’il aille à la Messe à l’une des nombreuses églises épiscopaliennes (anglicanes) sur Édimbourg.

D’abord, nous avons envoyé un courriel au diocèse, qui nous a répondu de chercher par nous-mêmes. En épluchant la toile, nous avons trouvé la que l’Église Saint-Philippe était la seule qui avait la Messe les dimanches soir.

Une fois sur place, mon mari s’est retrouvé devant une porte fermée. En gros, sur Édimbourg, il n’y a aucune Messe vespérale (que ce soit le samedi soir ou le dimanche soir).

En Belgique, 22,6% de la population active travaille les dimanches, et 34,1% des Belges actifs travaillent la nuit (source). Même si l’on considère que certaines personnes se trouvent simultanément dans les deux groupes, il y a quand même un tiers des travailleurs et travailleuses pour qui la Messe à 10h30 ou 11h, selon l’horaire « traditionnel », ne convient pas. Je ne sais pas comment ça va en Écosse et ailleurs, mais quel que soit le pays, beaucoup d’activités ne s’interrompent ni le dimanche, ni la nuit: hôpitaux, services de l’eau (épuration, potabilisation, distribution), transports, hôtels, journaux, la poste etc. La société pré-moderne n’avait pas tout ça. Donc l’horaire « traditionnel » de la Messe dominicale convenait à tout le monde. Mais aujourd’hui, l’Église ignore complètement la « minorité » qui travaille les nuits et les dimanches, alors qu’elle a des membres appartenant à ces catégories.

Je ne jette pas la pierre à l’Église épiscopale écossaise seule, mais aux Églises en général. Le problème ne date pas d’aujourd’hui ni d’hier. Il y a plusieurs décennies, des gens bossaient déjà les dimanches et en horaires de nuit. Mais à l’époque il y avait quand même beaucoup de gens diurnes qui remplissaient les églises. L’Église pouvait ignorer la « minorité » invisible. Mais aujourd’hui, on est à la 12ème heure, et l’Église pourrait récupérer au moins une partie de ceux et celles qu’elle a ignoré-e-s par le passé.

Je suis moi-même un travailleur de dimanche et de nuit depuis 13 ans, et je peux vous raconter à quel point il faut être motivé pour aller encore à la Messe le dimanche après le taf. Je fais partie de ce tiers de la population active, une « minorité ». Il y a quelques années, je devais rester éveillé après mon service de nuit, pour pouvoir aller à la Messe, et quand le prêtre faisait référence à « ce matin », je trouvais que ce n’était pas drôle. Souhaiter un bon matin en plein milieu du jour ressemblait à une insulte.

Mais au-delà de ce tiers de la population active, il y a d’autres gens: des étudiants qui doivent faire leurs devoirs ou étudier, et qui ne peuvent pas allouer une demi-journée de leur temps précieux pour aller à la Messe. Il y a des familles qui ne se voient pas pendant la semaine, pour qui une demi-journée signifie beaucoup. Il y a celles et ceux qui doivent voyager le dimanche dans la matinée, comme le cas évoqué plus haut. Il y a des touristes qui ne peuvent pas gâcher toute une matinée pour une Messe d’une heure. Nous devons arrêter de pousser les gens à choisir entre la Messe et la plage, entre l’Eucharistie et le temps d’étude, entre l’église et le travail, entre voyager et reçevoir la communion. La Messe devrait être toujours compatible avec toutes ces activités. La solution, c’est de célébrer des Messes vespérales le jour du Seigneur.

Pour toutes ces raisons, il devrait y avoir davantage de Messes les samedis soir et dimanches soir.

Autant les samedis que les dimanches soir conviennent aux travailleurs de dimanche et de nuit, selon les cas. Les samedis soir sont les plus propices pour les touristes. Si les gens passent leur fin de semaine quelque part, ils pourront aller à la Messe là-bas, sans stress, le samedi avant de souper. Si les gens planifient de passer leur dimanche en visitant une ville, ils sont susceptibles d’aller à la Messe samedi soir avant d’entamer leur voyage. Les Messes du dimanche soir conviennent particulièrement à ceux qui font la fête vingt-quatre heures plus tôt.

Toute Messe du samedi soir est une miniature de la vigile pascale. L’Église des premiers siècles célébrait son Eucharistie hebdomadaire le samedi soir (Actes 20:6-11). Pour ce qui est des dimanches soir, rappelons-nous la vie du Seigneur sur terre: il n’a célébré l’Eucharistie que deux fois: d’abord la nuit où il fut livré, ensuite le soir du dimanche de sa résurrection, à Emmaüs. Les deux fois, c’était le soir. C’est-à-dire que notre horaire « traditionnel », 10h30 ou 11 h avant midi n’a rien de « traditionnel », mais il était conçu pour une société agraire, déjà révolue.

Certains pourraient objecter en disant que chez eux on célèbre une Messe dimanche avant midi, ensuite le soir les vêpres (éventuellement avec adoration et bénédiction du Saint-Sacrement). Je réponds que l’on peut adapter cela, de la façon suivante. Si vous avez les vêpres, on peut enchaîner facilement l’offertoire et le reste d’une Messe basse, pour pas que l’office soit trop long. D’ailleurs, il y a des gens qui ne vont qu’aux vêpres, et à qui vous pourrez donner la communion par ce mécanisme. Maintenant si vous avez la Messe avant midi, suivie le dimanche soir par les vêpres avec adoration et bénédiction du Saint-Sacrement, vous pouvez faire ceci. À la Messe, consacrez une seconde grande hostie, comme d’habitude, la mettant dans l’ostensoir. Mais au lieu de purifier tous les calices, gardez-en un avec le reste du précieux sang, dans le tabernacle. Le soir, à la fin des vêpres, ouvrez le corporal comme d’habitude. À la fin de l’adoration, on pourrait donner la communion à partir de la seconde grande hostie et de la réserve de vin eucharistique. Une fois que les gens ont communié, le prêtre pourra leur donner la bénédiction, non plus avec l’ostensoir (qui est vide maintenant), mais avec le calice. Puis on peut purifier les vases liturgiques, comme de coutume. Cette liturgie des présanctifiés aurait le mérite de prévoir l’adoration, sans que les espèces eucharistiques soient séparés du fait de communier, qui est leur raison d’être.

En fin de compte, la situation actuelle est très cléricaliste. L’horaire des Messes ne correspond qu’aux besoins des prêtres non-ouvriers, sans prendre en considération les besoins réels des ouailles. Deuxièmement, les évêques, prêtres et diacres qui gagnent leur pain du travail ecclésiastique ont leur jour de congé en semaine, sans qu’on attende d’eux de faire des « trucs d’église » pendant leur repos sacrosaint. Par contre, on s’attend à ce que le reste d’entre nous, qui sommes au taf toute la semaine, allouions à la Messe dominicale une demi-journée de notre repos. Au fait, quand il y a quelque part des Messes les dimanches soir, c’est dans chaque cas (universités exceptées) parce que le prêtre ne sait pas être là le matin, donc par second choix.

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