David Gushee pro-LGBT.

Les lecteurs et lectrices de ce blogue se rappellent peut-être comment, lors de certaines affaires, j’ai critiqué, entre autres David Gushee. Il s’agit de l’éthiciste de renom qui est considéré comme étant le standard dans les Églises néo-protestantes américaines.

Je viens d’apprendre, à ma surprise, que David Gushee a changé d’avis. Aujourd’hui il met les couples hétéros et homos sur le même plan d’égalité. Il vient de publier son nouveau livre Changing Our Mind.

Je suis sûr qu’il est conscient de ce comment il va tomber dans la disgrâce de beaucoup, tout comme il sera utile à une certaine minorité. Mais je kiffe les gens qui suivent leur conscience, plutôt que de suivre le troupeau.

J’aime la conclusion de David Gushee: «Après tout, il y a une manière facile de résoudre le “problème” LGBT: quittez les églises, familles, écoles et amis pour lesquels c’est un problème, et allez ailleurs où ça ne pose pas de problème.» À la fin de cette page, vous pourrez lire en ligne le contenu du livre, chapitre par chapitre.

Un article intéressant sur son changement d’idée et sur son livre, ici.

On peut aussi lire une entrevue avec lui.

That’s right, heretics.

Étant donné que mon mari bien-aimé n’est pas à la maison, j’ai décidé de surfer. Sur le féminisme chrétien.

C’est ainsi que je suis tombé sur le blogue d’Erik Parker, prêtre luthérien et dont l’épouse est prêtre aussi. Il a un article que j’ai kiffé grave: The Heresy of Women Submitting to Men.

Il fait référence à quatre autres articles: un de Tony Johnes, puis un de Rachel Evans (que les lecteurs de ce blogue connaissent déjà), un de Tamara Rice, et un de Sarah Bessey.

Superstition.

D’un point de vue liturgique, hier c’était la fête de tous les saints; le 2 novembre étant un dimanche, le jour des défunts n’est pas commémoré aujourd’hui, mais transféré à demain; mais, étant donné que demain nous avons la fête de saint Hubert, la commémoraison des défunts sera juste une mémoire, accrochée à la fête de demain. Bon. Ça, c’est la théorie. Car la plupart des paroisses fêtent les défunts aujourd’hui, même si c’est un dimanche.

Je me permets de traduire une bonne partie de l’article Superstition can’t be exorcised just by simply turning off the God switch («La Superstition ne peut pas être éliminée juste en se débarrassant de Dieu»), par le prêtre anglican Giles Fraser (l’original ici):

[…] L’un des cas où les funérailles d’église réussissent, alors que les funérailles non-religieuses n’y arrivent pas, c’est lorsque le défunt est un crétin fini. J’ai déjà présidé pas mal de funérailles pour des pédophiles, mais je n’ai jamais été à de telles funérailles non-religieuses. Basées sur des discours de louange, les funérailles non-religieuses ont du mal à célébrer quelque chose pour quelqu’un pour qui personne n’a aucune louange à dire. De ce point de vue, la liturgie chrétienne – en dépit du fait que pour l’athée elle serait basée sur quelque chose qui n’existe pas – laisse beaucoup plus de place à la réalité. Lorsque je préside des funérailles pour un homme qui frappait sa femme, personne ne fait semblant en prétendant le contraire de ce qui s’est passé. La moindre des choses, c’est de le juger.

Dans mon expérience, éliminer Dieu lorsque l’on parle de la mort n’amoindrit pas la superstition. Souvent, je préside des funérailles pour des gens qui se disent “pas croyants”, mais qui croient néanmoins que leurs époux les regardent d’en haut et restent avec eux après la mort. Ceux qui me racontent ce genre de choses s’attendent à ce que je partage leur point de vue.

Mais mon point de vue est juste le contraire. Les chrétiens croient en l’immortalité de Dieu et en la mortalité de l’humain. Depuis les délires pseudo-scientifiques sur le post-humain et l’immortalité digitale produite par le transfert de conscience vers les ordinateurs, et jusqu’à la superstition très commune des morts étant avec nous, Dieu est supposé mort, mais les humains ont récupéré quelques-uns de ses pouvoirs. Ironiquement, cette vision du monde est très irréaliste par rapport à la réalité de la mort.

L’athéisme n’est pas le remède contre la superstition. Il peut même l’amplifier, en offrant aux non-croyants l’illusion qu’en se débarrassant de Dieu, ils auraient éliminé la superstition. Ceci est malsain, car c’est le manque de vigilance intellectuelle qui permet l’apparition des croyances bizarres, comme des mauvaises herbes dans un jardin qui n’est pas soigné.

À Rome, les évêques catholiques-romains, l’évêque de Rome en tête, veulent le beurre et l’argent du beurre. Ils ont voulu à la fois garder les gais et lesbiennes dans leur église et plaire aux conservateurs.

Voici déjà le texte du document préparateur (j’en souligne les passages importants)

50. Les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne: sommes-nous en mesure d’accueillir ces personnes en leur garantissant un espace de fraternité dans nos communautés? Souvent elles souhaitent rencontrer une Église qui soit une maison accueillante. Nos communautés peuvent-elles l’être en acceptant et en évaluant leur orientation sexuelle, sans compromettre la doctrine catholique sur la famille et le mariage?

51. La question homosexuelle nous appelle à une réflexion sérieuse sur comment élaborer des chemins réalistes de croissance affective et de maturité humaine et évangélique en intégrant la dimension sexuelle: elle se présente donc comme un défi éducatif important. L’Église affirme, par ailleurs, que les unions entre des personnes du même sexe ne peuvent pas être assimilées au mariage entre un homme et une femme. Il n’est même pas acceptable que l’on veuille exercer des pressions sur l’attitude des pasteurs, ou que des organismes internationaux soumettent les aides financières à la condition d’introduire des lois s’inspirant de l’idéologie du gender.

52. Sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles, on prend acte qu’il existe des cas où le soutien réciproque jusqu’au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires. De plus, l’Église prête une attention spéciales aux enfants qui vivent avec des couples du même sexe, en insistant que les exigences et les droits des petits doivent toujours être au premier rang.

Rien de louable là-dedans! Nous ne sommes que des «personnes homosexuelles» (non pas des gais et lesbiennes, sans parler des transgenres etc.) Notre identité n’est que sexuelle Nous sommes une «question», et nous avons des «problématiques morales» Autrement dit, nous sommes des immoraux (Voir source pour rappel.) Et, bien sûr, nos «unions» ne sont même pas «assimilables» au mariage

L’hérésie de l’ “anti-gender” revient sur le plateau. (Rome croit que l’humanité est partagée entre des mâles et femelles, ontologiquement différents. De ce fait, elle attribue à Jésus Christ non pas l’humanité, mais la masculinité, ce qui est une hérésie christologique.)

Le texte final dit ceci:

Il n’y a absolument aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu pour le mariage et la famille.

Qu’on ne se foute pas le doigt dans l’œil! Il n’y a jamais eu question à Rome de chercher le Royaume et sa justice!

S’ils avaient été soucieux du Royaume et sa justice, ils auraient:

1. inclus beaucoup de délégués laïcs avec droit de vote au synode;
2. éliminé le filioque tout de suite;
3. accepté que des prêtres et des évêques soient mariés.

Ç’aurait été un minimum minimorum. Manifestement, à Rome ils ne sont pas très catholiques.

Comment vit-on sa foi catholique lorsque l’on est gai, lesbienne, transgenre, divorcé-remarié? Il y a deux options:

A. Soit on reste dans une église dont le clergé est conservateur, et l’on se cache, et alors on prétend être ce que l’on n’est pas. Comme l’écrivait Nasha Gagnebin sur son blogue: «la majorité des Catholiques romains sont des Protestants qui s’ignorent […] Et ces Catholiques démontrent simplement qu’ils croient en une Église faite de dogmes, sans croire à ces mêmes dogmes qui font leur Église. Ridicule en somme…» (source);

B. Soit on cherche une église catholique ouverte et inclusive. Et des églises catholiques non-romaines, ouvertes et inclusives, il y en a, et même en Belgique. Par exemple: l’Église vieille-catholique d’Utrecht, l’Église épiscopale (anglicane) des États-Unis, l’Église suédoise, l’Église danoise etc. Dans de telles églises on peut bien vivre sa foi catholique, tout en fondant une famille recomposée et/ou homoparentale, tout en recevant les sacrements et les cérémonies pastorales de l’Église.

Eucharistie interdénominationnelle.

J’apprends sur la toile qu’il y a 8 ans, à Norcopie (Norrköping), a eu lieu une Eucharistie interdénominationnelle. Il y a eu des prêtres suédois, des prêtres orthodoxes-syriens, des ministres protestants, et 900 fidèles des trois sortes. Il y a 3 ans, l’Eucharistie interdénominationnelle a eu lieu chez les orthodoxes-syriens, et 700 fidèles ont été présents (souce).

Personnellement, je suis pour la communion eucharistique entre des fidèles et prêtres des Églises historiques. Et je n’ai pas de problème à admettre des protestants dedans, pour autant que l’Eucharistie soit présidée par un prêtre validement ordonné.

Je suis positivement surpris par le pas qui a été fait par les Syriens. En terre d’exil, ils veulent composer avec l’Église du pays. Et je trouve cela génial. Cela aidera la minorité syrienne (ou autre) à surmonter des préjugés.

J’apprends également qu’il y a deux ans, cette Eucharistie interdénominationnelle a eu lieu chez les Syriens, et cette fois-là, le sermon a été prononcé par un prêtre de l’Église suédoise.

More Perfect Union ? Understanding Same-Sex Marriage

Un nouveau livre vient de paraître: More Perfect Union ? Understanding Same-Sex Marriage, par l’évêque anglican Alan Wilson.

Je n’ai pas lu le livre, mais je sais qu’Alan Wilson soutient haut et fort le mariage pour tous (dans la société et dans l’Église).

À l’exception d’un seul chapitre, on peut lire ce livre en ligne.

Encore le Lévitique.

Pour faire suite à mon précédent article sur le Lévitique, j’ai trouvé quelque chose d’intéressant, à savoir un texte appelé «Who is my flesh?» écrit par Noah Marsh. Les pages 9 et 10 me semblent les plus à propos.

Je cite/traduis: «Comme dans 18:20, le Lévitique 18:22 interdit au lecteur de rechercher son propre honneur, en violant la femme d’autrui. […] Si le mot « lit » est un euphémisme sexuel, comme « connaître » (yada), alors le verbe et le syntagme devraient être traduits par l’équivalent de contact sexuel. […] Il est important de noter que, dans l’euphémisme sexuel, le syntagme indique avec qui a eu lieu le contact sexuel. […] Ainsi, le syntagme « lit d’une femme » signifie que le contact sexuel a lieu avec la femme. Pour cela, l’interdit devrait être traduit par l’équivalent: « Avec un homme, tu n’auras pas de contact sexuel avec une femme; c’est une abomination. » Autrement dit, le Lévitique 18:22 interdit au lecteur de coucher avec une femme si elle couche avec un autre homme, puisqu’un seul homme avait droit à la sexualité de celle-ci.»

(Cliquer sur les images pour les agrandir.)

Bible éthiopienne.

Dans l’ancien empire romain où nous nous trouvons, nous connaissons deux canons bibliques, avec une variante intermédiaire:

1. Le judaïsme rabbinique, imité par les Églises protestantes, reconnaît un canon restreint de l’Ancien Testament.

2. L’Église catho-romaine reconnaît également les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament.

3. La plupart des Églises orientales, ainsi que les Églises anglicanes, reconnaissent les deutérocanoniques en tant que « livres bons à lire », sans leur donner la même importance qu’aux livres « protocanoniques ».

Mais il y a un quatrième cas: l’Église éthiopienne. Celle-ci reconnaît les protocanoniques, les deutérocanoniques, ainsi que toute une série de livres – à la fois dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament – qui ne sont reconnus que par elle; je les appellerais volontiers « tritocanoniques ».

Les livres tritocanoniques n’ont pas encore été traduits en français, mais on peut les trouver en anglais.

Sabbat & mariage.

Dans les nombreux livres à thématique LGBT chrétienne, il manque souvent un argument biblique très important.

Le voici, en anglais, sur le blogue de David Shell: How Jesus Breaking the Sabbath Proves Gay Marriage is Okay.

Malakoi & arsenokoitai.

Il y a deux mots qui sont utilisés systématiquement par les homophobes pour casser du pédé: «μαλακοί» et «ἀρσενοκοῖται». Ces deux mots se trouvent dans deux passages des épîtres de saint Paul, à savoir: I Corinthiens 6:9 et I Timothée 1:10.

Littéralement, «μαλακοί» signifie «mous». Cela ne nous aide pas trop. Les homophobes ont choisi de l’interpréter comme: «effeminés» ou «homosexuels». Est-ce vraiment cela le sens du mot grec? La langue maternelle de saint Paul a été l’araméen, et la première traduction du Nouveau Testament a été la Peshitta ou vulgate syrienne, qui date de l’époque même de la rédaction du Nouveau Testament. La Peshitta traduit «μαλακοί» par (mahable), qui signifie «corrompus».

Quant aux ἀρσενοκοῖται, les homophobes l’interprètent aussi en référence à l’homosexualité « pure et simple », en prétendant que la traduction littérale en serait «coïteurs de mâles». La première fois que j’ai vu ce mot, je me suis rendu compte que le mot employait une forme féminine, ce qui signifie qu’il se réfère soit à des femmes, soit à un métier unisexe. La moindre des choses aurait été de le traduire littéralement comme «coïteuses de mâles».

Ensuite, il y a un énorme problème chez nos traducteurs homophobes: le sens d’un mot composé n’est pas la somme des sens des deux mots qui le composent. Par exemple, en français, «désolé» vit de dé + sol, mais ça ne veut pas nécessairement signifier «qui manque de sol»; de même, une «pomme de terre» n’est nullement une mala terrensis! Donc les ἀρσενοκοῖται devraient être autre chose que des coïteurs ou coïteuses de mâles, purement et simplement. Et la Peshitta nous donne raison, car elle emploie (schahbay am dikhre), qui veut dire «ceux qui violent les hommes».

Plus de renseignements ici.