Octave de la Pâque.


À Pâque, la semaine qui suit la vigile pascale est comme un jour. Mais pour vraiment la sentir ainsi, il faut avoir vécu intensément la semaine sainte aussi.

Lorsque je vis superficiellement la semaine sainte, sans participer à beaucoup d’offices et sans jeûner, je ne peux pas sentir la semaine pascale comme une octave.

Au contraire, après un triduum pascal « à la carte », la semaine de Pâque prend toute sa splendeur. L’évangile du dimanche de l’octave nous situe « au soir du premier jour après le sabbat », c’est à dire au soir du jour de la résurrection du Christ. Quelques 24 heures après l’événement de la résurrection, mais dans la liturgie nous nous situons une semaine après. Et pendant la semaine, les différentes messes sont des angles de vue différentes du même événement (tout comme la Passion, lue pendant la semaine sainte, de plusieurs points de vue).

L’octave de la Pâque me rappelle souvent le film Un Jour sans fin (Le Jour de la marmotte). Chaque matin de cette semaine, c’est le matin de la Pâque, le matin après la vigile pascale. Et cela, indépendamment des jours chômés ou ouvrables.

Qu’a mangé le Christ?

Je lisais quelques lignes du traité éthique 1 de Syméon le Nouveau Théologien. Il dit qu’avant le péché, l’homme ayant été immortel, mangeait uniquement des fruits incorruptibles.

Ce n’est pas sa vision frugivore que je remarque. (Elle est partagée unanimement par les Pères anciens.) Mais le fait qu’il met l’accent sur l’incorruptibilité. Pour lui, les hommes et les animaux mangeaient les plantes sans les dévorer, sans les tuer.

Mais cette vision des choses entre en conflit direct avec la théorie selon laquelle le Christ aurait mangé du poisson mort. Surtout après sa résurrection!

L’image a été prise sur le site NoMeatAthlete.com

Nouvelles février-mars.

Je me rends compte qu’un mois est presque passé depuis mon dernier article.

Parmi les nouvelles, je vous annonce qu’on vient de finir les dernières corrections à notre roman, qui sera imprimé bientôt, si Dieu le veut, et inauguré le samedi 24 mars prochain, à la Maison Arc-en-Ciel de Liége, Hors-Château 7. Bienvenue! Détails ici.

Ensuite, il y a eu le mariage de notre ami Ludo avec son mari Qiyaam. Malheureusement, nous n’avons pas su y aller.

Puis, au boulot il y a de majeurs changements.

Entre autres, j’ai postulé pour le poste de réceptionniste à la Maison de la Culture à Namur. Après une entrevue d’embauche plutôt encourageante, la réponse écrite m’est parvenue par la poste: « Le poste ne correspond pas à votre profil ». J’ai bien peur que, une fois de plus, les clichés sexistes n’aient frappé: on imagine souvent qu’une femme est « plus à sa place » ou « plus accueillante » à un poste de réceptionniste qu’un homme (une certaine directrice d’un certain hôtel disait très « subtilement » que « les clients veulent voir des seins sur le comptoir »… Sans commentaire!). C’est tout aussi idiot que de dire qu’il vaut mieux unE infirmiÈRE plutôt qu’un infirmier! J’imagine que le fait que je suis né à l’étranger a aussi pu jouer. Et, à ce propos, j’ai constaté que pour beaucoup d’employeurs, si vous êtes né en Belgique mais avez vécu à l’étranger, vous êtes quelqu’un avec beaucoup d’expérience; alors que si vous êtes né à l’étranger et avez passé la plus longue période de votre vie en Belgique, vous êtes quand même « juste un étranger ».

Et puis, de gros travaux vont commencer à la maison.

Il y a d’autres « travaux », qui commencent à se dessiner, sur le plan « spirituel ». Dieu merci et Kyrie eleison!

Nous avons également eu la visite de mon meilleure pote, Clément, qui est pour moi comme un frère, et de sa copine Gégé.

Pour finir, un mot sur le carême. On dit souvent que le carême = partage + prière + sobriété. Je pense que c’est faux. Tout d’abord, tout chrétien doit avoir une vie de prière et de partage pendant toute l’année. L’éthique chrétienne, ce n’est pas que pour le carême. Et le partage ne doit pas se résumer à une modeste participation à une collecte d’argent pour une bonne cause une fois par an. Quant à la sobriété, elle est l’opposé du carême: « quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage ».

Le carême se distingue par un élément clef: le jeûne et l’abstinence. Dans un monde où les Occidentaux grossissent sans cesse, où l’on jette de la nourriture, et où la plupart des gens des pays pauvres n’ont même pas 1 repas par jour, je trouve scandaleux qu’on ne jeûne pas en carême. Et l’on pourrait manger végétalien, ne fut-ce que pendant le carême (comme mes grands-parents et vos arrière-grands-parents). Dans le Nouveau Testament, le mot « jeûne » se retrouve 21 fois. Ce n’est pas pour rien.

Lapido Media.

Grâce à une cliente, je viens de découvrir ce blogue, qui me plaît beaucoup:
www.lapidomedia.com

Aujourd’hui même, mon Nicolas et moi fêtons 2 ans de mariage.

Comme cadeau, mon Nicolas m’a offert l’album To The Faithful Departed des Cranberries, et moi, je lui ai offert l’album Leef de Jan Smit.

Pour fêter cela, nous avons mangé au restaurant, nous avons été voir des amis.

 

Mise à jour

Dimanche, nous sommes allés à Charleroi.

Pour quoi faire? Tout d’abord, nous avons été visiter l’atelier de la SNCB.


Ensuite, nous avons été à la messe à la paroisse anglicane. Sauf que, voilà, nous avons appris une bonne nouvelle: la paroisse s’est détachée de l’Église d’Angleterre et s’est ralliée à l’Église épiscopalienne (américaine). Du coup, c’est le clergé de Waterloo qui assure les messes, une fois par mois pour l’instant.

Ben oui, c’était le dimanche des récoltes! Autant d’occasions de rendre grâce à Dieu!

Fête-Dieu et théologie.

Dans la plupart des calendriers occidentaux, c’est jeudi que figurait la Fête-Dieu. Dans les calendriers romains modernes, c’est la « fête du Corps et du Sang du Christ ». Le calendrier romain traditionnel a une fête séparée pour le sang du Christ (le lundi après le 3 mai à Bruges, ailleurs le 1er juillet), et du coup, la Fête-Dieu est seulement la fête du corps du Christ.

Cette dernière pose un sérieux problème théologique. Les fêtes sont des événements, des représentations, par lesquelles ont rend présent quelque chose qui s’est passé dans le passé. Il y a la transfiguration du Christ, la naissance de saint Jean-Baptiste, le martyre de tels autres saints, la conversion de saint Paul. Toujours des événements! Par exemple, pour ce qui est de Noël, je lis ceci:

« La veillée de Noël ou nut´ dès matènes […] à côté de la mangeaille, il y avait place aussi pour des jeux ou des rites : à minuit, on allumait une chandelle […], à minuit on faisait éclater en plein air de multiples boîtes d’artifices (ou tchambes), des coups de fusil ou même un bruyant carillon. Et puis, surtout, dans la nuit, on éveillait ceux qui n’avaient pas sîsé lès matènes et en bande on s’en allait à travers champs, à travers prés, vers l’église où l’on entendrait deûs, treûs mèsses. […] Au moment d’admirer la crèche de l’église paroissiale, ils obéissaient à l’illusion qui donnait à chacun d’eux l’impression de revivre l’heureuse aventure des bergers de la Nativité, et dans la nuit, par les sentiers et les fondrières, ils refaisaient avec une touchante simplicité et une foi entière, le voyage de Bethléem. » (Auguste D’Outrepont, Les Noëls wallons, pages 25-26).

Les fêtes sont, donc des événements. On rend présent l’événement du passé, et le passé devient présent. Alors, la Fête-Dieu est un non-événement. Elle est statique, alors que toute fête doit être dynamique.

Comment donc résoudre ce problème? Certains calendriers anglicans parlent de l’institution de la sainte Communion, pour nommer la Fête-Dieu. Sauf que là, il s’agit d’une duplication du Jeudi-Saint. Alors, une autre solution?

Oui. La fête du sang du Christ, telle que fêtée à Bruges, fait mémoire de l’arrivée de la relique supposée. Donc la Fête-Dieu pourrait être considérée la mémoire de l’événement de Bolsiena et Orvieto. Malgré les trucs de sainte Julienne du Mont-Cornillon, la Fête-Dieu n’a été instaurée dans tout l’Occident que l’année suivante au miracle de Bolsena!

On garde encore la relique à Orvieto (photo ci-contre)!

Ce qui est intéressant, c’est que les appendices du missel byzantin parlent de ce genre de miracle qui pourrait arriver. Donc une fête en l’honneur d’un tel événement s’encadrerait parfaitement dans la Tradition unique de l’Église unique.

Trinité vs chanoine.

Hier nous avons fêté la Trinité.

Si Dieu est, il doit être nécessairement UN; autrement il ne serait pas Dieu. «Dieu doit être unique, attendu qu’il est l’être
suprême et qu’il ne le serait pas s’il n’était pas unique», dit Tertullien. «Dieu est celui dont on ne peut rien imaginer de plus grand», dit Anselme. Donc «Dieu est amour» (1 Jean 4:8). Et comment Dieu pourrait-il être amour, sans manifester cet amour? Car si quelqu’un dit être charitable, amical ou bienveillant, cela implique une interaction avec une autre personne. Donc l’amour de Dieu, avant la création, en-dehors de l’espace-temps, fait que le Père engendre le Fils et fait procéder l’Esprit Saint, sans pour autant que ces deux deviennent des êtres distincts.

La pensée habituelle des chrétiens est que la bible ne parle pas de la Trinité de Dieu. En réalité, dès le premier verset de la Genèse, les saintes écritures nous dévoilent la tri-unité de Dieu, mais dans un langage qui n’est pas la terminologie philosophique grecque à laquelle nous sommes plus ou moins habitués.

Dans les saintes écritures, Dieu le Père dit: «Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin» (Isaïe 44:6 et Apocalypse 1:8), puis c’est le Christ qui dit la même chose (Apocalypse 22:13). Dans d’autres textes, le Christ est nommé « sauveur » (d’ailleurs, c’est la signification du nom Jésus), alors que Dieu dit qu’il n’y a pas d’autre sauveur que lui (Isaïe 45:21). Tout l’Ancien Testament insiste sur le fait que Dieu est UN, alors que le Christ est nommé Dieu (Isaïe 9:6, Jean 1:1). Et plein de passages de l’Ancien Testament – à partir de Genèse 1:1 – mettent Dieu au pluriel (pas au duel, mais au pluriel, qui consiste en 3 au minimum), mais le verbe accompagnateur au singulier: «Dieux créa».

L’Esprit Saint a une personnalité propre (Romains 8:26; Jean 14, 15, 16 etc.). Et dans les textes, l’ordre des personnes de la Trinité est aléatoire: Père & Esprit & Fils (Jean 4:24); Fils & Père & Esprit (2 Corinthiens 13:13); Père & Fils & Esprit (Matthieu 28:19).

Hier soir, nous avons été à la messe à la cathédrale. Il aurait été utile de choisir éventuellement de tels passages bibliques et de prêcher là-dessus, et de développer le dogme de la tri-unité de Dieu en termes simples, pour édifier les fidèles. Mais, à la place, le chanoine – disciple de Kiko Argüello – nous a parlé de vertes et de pas mûres: dans un premier temps, il disait que la Trinité serait un groupe formé par Dieu + le Christ + l’Esprit Saint (on aurait pu conclure, de ses paroles, que le Christ et l’Esprit ne seraient pas Dieu). Pire encore, dans un second temps il a parlé de Dieu en terme sexuels.

Ainsi, pour le chanoine, si Dieu a créé l’homme a son image, alors son image doit être « homme et femme »: le Père et le Fils se sont aimés et ont engendré l’Esprit! C’est donner à Dieu l’image des dieux païens Baal et Astarté!

Par une compréhension tordue de Genèse 1:27, qu’il a cité à deux reprises, le chanoine contredit tout ce que dit l’Église depuis toujours, et tout ce qu’elle exprime terminologiquement, depuis le NT, les Pères apostoliques, les conciles œcuméniques et jusqu’au vingtième siècle. (Pour plus de détails, voyez cet excellent sous-chapitre écrit par Stephen.)

Le chanoine ferait mieux de se demander s’il est encore lui-même catholique!

Limites du commonitorium.

La plupart des Églises traditionnelles font appel à la formule du Commonitoriumde saint Vincent de Lérins: «Id teneamus, quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est; hoc est etenim vere proprieque catholicum.» ( «Nous tenons ce qui a été cru partout, toujours et par tous; car ceci est vraiment et à proprement parler catholique.»)Avant de commencer, il faudrait préciser que saint Vincent de Lérins n’était pas très orthodoxe. Il était semi-pélagien et s’opposait à saint Augustin. Bien souvent, ceux qui crient à l’hérésie…

Au fait, bien souvent, lorsqu’une Église cite saint Vincent de Lérins, il s’avère qu’elle refuse d’avoir innové. Elle considère que son innovation n’est pas une innovation, ou que l’innovation n’est pas importante, mais ne veut pas pour autant se débarrasser de l’innovation, ce qui démontre qu’il s’agit réellement d’une innovation.

Mais revenons à saint Vincent de Lérins.

Au début, l’Église ne tenait pas partout et par tous la même opinion sur la conversion des païens. Certains voulaient imposer aux païens la Loi de Moïse, d’autres ne ne voulaient pas. Et finalement on ne l’a pas imposée (ou bien on a fait un compromis à l’éthiopienne).

Pendant à peut près 150 ans, on n’a baptisé que des adultes. Puis la question du baptême des enfants est venu petit à petit. L’Église a vu qu’il n’y avait aucun obstacle dogmatique, donc on a innové. On a commencé à croire ce qui n’avait pas été cru toujours et par tous et partout.

Il a été question de l’introduction de la fête de Noël. Tetullien témoigne à quel point il y avait une hostilité contre cette innovation. Eh oui, la plupart des fêtes n’ont pas été tenues toujours, partout et par tous.

Ensuite, aux 4ème et 5ème siècles, trois quarts des Églises locales étaient tombées dans l’hérésie arienne. Les Pères cappadociens étaient seulement une poignée. Pourtant, la foi orthodoxe n’a pas été crue par tous partout, car seule une partie de l’Occident était resté orthodoxe.

Les icônes ont été adoptées petit à petit, puisqu’il n’y avait pas de problème doctrinal pour les introduire. Mais certains rigoristes ont crié à l’idolâtrie. L’innovation, pourtant orthodoxe, n’avait pas été tenue toujours et par tous et partout. (L’Église arménienne, par exemple, n’a ni icônes, ni statues; mais en même temps elle ne s’y oppose pas à ce que d’autres en utilisent. Voilà un exemple de sagesse, si rare de nos jours!)

Il peut y avoir beaucoup d’autres exemples, positifs comme négatifs. L’hésychasme, les indulgences, les nouveaux dogmes mariaux, la prédestination, le Filioque, les styles liturgiques… et beaucoup d’autres choses, dogmatiques ou liturgiques, pastorales ou théoriques, ont été des innovations, bonnes ou mauvaises.

Innover ne veut pas dire rejeter pour remplacer. Innover veut dire compléter. Par exemple, baptiser des enfants est ok, si on ne s’oppose pas au baptême des adultes; utiliser des icônes est ok, si on n’oblige pas les autres à les utiliser, etc.

La règle de saint Vincent n’est pas applicable à la lettre, même au niveau doctrinal. Car sinon tous les chrétiens se trouvent dans le cas de croire et pratiquer des choses qui n’ont été crues, ni pratiqués, toujours, partout, par tous.

L’Église fait trop souvent abstraction du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit guide l’Église, dans la mesure où elle se laisse guider par lui. Le seul critère évangélique est le suivant: chaque arbre se connaît à son fruit. Chaque innovation, après un temps de mûrissement, montrera ses fruits.

Frédéric Lenoir

Snoopyitsme soulève des questions intéressantes dans ses derniers commentaires, c’est pourquoi, en faisant une pause, j’essayerai de dire ce que j’en pense. (J’écris cet article, au lieu d’envoyer un mail privé à Snoopyitsme, afin que ça puisse être utile à d’autres.)Pour ce qui est des « extraterrestres », je crois fermement que ce sont des démonophanies, des apparitions de démons. Je recommande le site Paapsi.org, qui contient des témoignages de gens qui ont subi des « abductions ». Je vous recommande le témoignage de Max Ouellet. Il y a également un bel article ici.

* * *

Pour ce qui est du livre «Comment Jésus est devenu Dieu» par Frédéric Lenoir, je l’ai déjà eu en main et feuilleté pendant une vingtaine de minutes. J’allais à la librairie Club de la Place de l’Ange à Namur, et ce livre se trouvait et dans la vitrine, et sur le stand circulaire au milieu du magasin, et sur une autre étagère. Manifestement, il fallait encore un livre « choque », pour gagner de l’argent. (D’ailleurs dans la librairie vous ne trouverez aucun livre chrétien.)

Donc je disais que je l’ai feuilleté. Sauf que sur toutes les pages consultées il y avait des inexactitudes historiques, ainsi que des affirmations grotesques. Mais le fait le plus surprenant est que l’auteur ne connaît même pas le Nouveau Testament! Je trouve cela désolant pour quelqu’un qui est un « historien des religions ». Le livre me semble tout aussi bien documenté que «Le Monde des religions» qu’il édite.

Le Nouveau Testament est plein d’affirmations de la divinité de Jésus, ainsi que de la Trinité. Effectivement, tout est exprimé dans la terminologie théologique de l’époque, que d’ailleurs Mr Lenoir n’a pas l’air de connaître.

Prenons quelques exemples. «Les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et Vérité» (Jean 4). Dans saint Jean le Christ apparaît comme la vérité personnifiée. Saint Paul met le Christ avant le Père, lorsqu’il mentionne la Trinité, en disant: «Que la grâce du Seigneur Jésus Christ et l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit, soient avec vous tous.» (1 Corinthiens 13:13). Mais peut-être le fait le plus remarquable est celui de Thomas qui se met à genoux devant le Christ ressuscité en lui disant: «Mon Seigneur et mon Dieu!» (Jean 20:28). Saint Paul affirme également «le Christ est issu selon la chair, lequel est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement! Amen.» (Romains 9:5).

Lorsque je dis que la divinité du Christ est exprimée selon la terminologie de l’époque, il s’agit du fait suivant: les écrits du Nouveau Testament attribuent à Jésus la plupart des titres et toutes les prérogatives de Dieu, qu’on trouve dans l’Ancien Testament. Par exemple:
– «C’est moi, moi qui suis YHWH, et il n’y a point de Sauveur que moi.» (Isaïe 43:11).
– «Tu lui donneras le nom de Jésus [= Sauveur], car c’est Lui qui sauvera son peuple de ses péchés.» (Matthieu 1:21)

Ou bien le même titre appliqué à la fois au Christ et au Père dans le même livre:
– «Je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout-Puissant.» (Apoc. 1:8)
– Jésus dit: «Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.» (Apoc. 22:13)
– «Ainsi parle YHWH, roi d’Israël et son rédempteur, YHWH Sabaoth: Je suis le premier et je suis le dernier, et hors moi il n’y a point de Dieu.» (Isaïe 44:6).

Le monothéisme hébreu aurait été complètement incompatible avec le fait d’invoquer dans la prière qui que ce soit, à part Dieu. Or partout dans le Nouveau Testament vous lisons que les chrétiens priaient Jésus.

Tout cela pour dire que le livre de Frédéric Lenoir est bidon. Je ne le condamne pas s’il ne croit pas au Christ, mais un scientifique doit être honnête par rapport à ceux dont il parle. Par exemple, je ne suis pas obligé d’être un chat, mais si je suis vété et je dis que le chat aime le chocolat, je suis un scandale.

* * *

Mais pourquoi est-il si important de savoir si Jésus était Dieu ou pas? Parce que, justement, le christianisme n’est pas une religion au sens stricte du terme. Dans une religion classique, c’est l’homme qui fait des efforts pour trouver Dieu. Dans les religions révélés, c’est Dieu qui prend l’initiative, pour sauver l’homme.

Et pour sauver l’homme, la seule manière possible a été que Dieu devienne lui-même homme; que le créateur devienne lui-même créature.

En même temps, si Dieu est amour, il ne peut pas être seul. Un dieu qui s’embêtait et se tournait les pouces avant la création n’est pas un dieu d’amour, car l’amour implique la communion. C’est pour cela que Dieu, depuis l’éternité, engendre le Fils et procède le Saint-Esprit, dans une communion d’amour. Cependant ce mouvement est dans on intérieur, de sorte qu’il n’engendre pas de nouveaux êtres, mais deux personnes de la même essence; non pas trois dieux, mais il reste unique, tout en étant trois. Ainsi, 1+1+1=1.

Snoopyitsme, le livre qui m’a fait comprendre la logique de l’incarnation de Dieu et sa nécessité est Cur Deus homo de saint Anselme. J’espère pouvoir te l’offrir à l’occase.

Et moi, pourquoi crois-je au Christ? Au bout du compte, ç’aurait pu être juste une belle vision de ce que doit être le Messie, mais sans plus. Je crois que toutes ces braves gens qui, au Ier siècle de notre ère, ont donné leur vie pour une conviction, l’ont fait suite à un événement central de l’histoire: la résurrection du Christ, dont ils ont été témoins. Ce qui importe dans les écrits narratifs du Nouveau Testament, ce n’est pas le nombre des miracles, ni l’exactitude de la généalogie du Christ, ni plein d’autres choses; mais un épisode central: la résurrection de Jésus, alors que ses disciples pensaient que tout était fini. C’est pour ça que cet événement les a bouleversés si fort, c’est pour ça qu’ils le décrivent chacun de son expérience et de son point de vue. Et, d’après moi, ici il ne peut pas s’agir d’une fiction, mais d’un fait historique. Ces gens-là auraient pu continuer leur vie tranquillement, mais ils ont préféré parcourir le monde avec ses dangers, et finalement être tués pour avoir affirmé ce fait historique.

Mais à quoi sert de croire que ce train va à Ostende, si on ne monte pas dedans? Ce serait une foi inutile, car autrement c’est comme si on ne croyait pas que le train va à Ostende. C’est pourquoi, malgré toutes les suppositions que nous pouvons faire à travers nos raisonnements, rien ne nous donnera la certitude à 100%. Par contre, par la prière nous pouvons expérimenté une relation personnelle avec le ressuscité, une expérience qui diffère substantiellement de l’imprécation adressée à l’ordi qui a planté. Seul celui qui l’expérimente sait de quoi il s’agit.

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Maintenant pour ce qui est du monothéisme et du polythéisme, je crois que l’humanité a été dès le début monothéiste. Elle a gardé le protévangile, c’est à dire l’annonce de la venue du Messie pour racheter l’humanité. Mais les différents peuples se sont mis à adorer les démons, et c’est ainsi qu’est né le polythéisme.

Mais pour accomplir la promesse, Dieu a choisi une nation-pilote, le peuple juif. Or ce peuple, malgré les différents rappels, n’a cessé de s’abattre vers le polythéisme. Au bout du compte, le Messie a été la personnalité corporative du peuple d’Israël et de toute l’humanité. En tant qu’humain à 100%, il a accompli la promesse, mais à cause de l’état de péché de l’humanité il a dû être également 100% Dieu.