Nouvelles de Suède.

J’ai vu tantôt sur la toile que le premier mariage religieux juif en Suède avait eu lieu en juin dernier. Vidéo ici.

Qu’en est-il de l’Église suédoise? Pour commencer, en 2006, elle a publié une liturgie pour la bénédiction des couples de même sexe, après un partenariat civil. Texte ici.

Mais en 2009, elle a décidé du mariage sexuellement neutre. Du coup, des textes alternatifs ont été élaborés, et ils sont présents ici. Essentiellement, «tu les créas homme et femme» est devenu «qui créas l’homme à ton image». Les prières insistent sur l’amour.

Je vois en vente le Missale för Svenska kyrkan, édition 2013, qui contient également «Sjungen Förbön vid vigsel samt vid vigsel för par av samma kön» («les prières chantées, avec le mariage ensemble avec le mariage des couples de même sexe»). Une preuve de plus qu’on peut être à la fois high church et progressiste.

J’apprends également (ici) l’utilisation des couronnes pour le rituel du mariage, et m’en réjouis. En Orient, le mariage entre un homme et une femme s’appelle « couronnement » (mais parfois il était utilisait également pour l’affrairement). L’utilisation des couronnes de mariage existait par ci par là en Occident aussi. Par exemple, à l’église Saint-Médard à Anderlues, pour ne citer que la Belgique. Le fait que ça reprenne racine en Suède me semble un bon signe, surtout pour le symbolisme.

Photo ci-contre: Vera & Annika.

 

Phelps.

Beaucoup d’entre vous savent que Fred Phelps, le ‘‘pasteur’’ aux pancartes « God hates fags » est décédé. Peu de gens savent dans quelles conditions il est décédé.

Fred Phelps était un homo dans le placard. Il a fait 13 enfants, dont un quart sont devenus athées, et aucun de ses petits-enfants ne pratique.

Ayant entraîné une foule dans le fanatisme, il a été lui-même excommunié par ses propres disciples, qui le trouvaient trop ‘‘mou’’. C’est le choque de sa propre excommunication qui l’a mis dans l’état qui a entraîné sa mort.

« On vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. » (Matthieu 7:2)

Nouveau diocèse.

Sur le site de l’Union d’Utrecht, je viens d’apprendre je projet suivant: « Creating an new old-catholic/episcopal diocese for the parishes in France and Italy ». Autrement dit, la Mission vieille-catholique francophone pour la France et la Belgique devra fusionner avec la « convocation », c’est-à-dire avec la structure diocésaine pour les épiscopaliens (anglicans américains) en Europe.

Je me réjouis d’ores et déjà pour le projet!

Sur le même site, j’apprends que la pleine communion entre les vieux-catholiques et l’Église orientale de Saint-Thomas d’Inde (Mar Thomas) sera enfin réalisée. Un cas de plus de la reprise de communion entre l’Orient et l’Occident.

Iam Christe sol iustitiæ.

Voici ma traduction-adaptation en français de l’hymne Iam Christe sol iustitiæ (orthographiée aussi Jam Christe sol justitiæ). Cette hymne se chante aux laudes – fin de matines – des lundis du carême.

Çà, Christ, ô justice et soleil,
Veuille nous désenténébrer;
Comme le jour réapparaît,
Éclaire la terre au réveil.

Donne un bon climat aujourd’hui;
Convertis les cœurs des pécheurs;
Change, dans ta bonté, les pleurs
Des gens souffrants, et les réjouis.

Accorde, nous te demandons,
Au monde de se convertir,
Pour les péchés le repentir
Qui entraînera le pardon.

Des cieux tu reviendras un jour;
Heureuse, voudra t’adorer
Ta création, qui, restaurée
Par ta grâce, t’attend toujours.

Que tout t’adore, Trinité,
Et nous, sauvés dans cette foi,
Te chantons encore une fois:
Un Dieu pour toute éternité. Amen.

Saint-Benoît.

Dans le rite byzantin, le 14 mars, c’est la fête de saint Benoît. Dans le calendrier occidental, elle tombe le 21 mars. Le 12, c’était la fête de saint Grégoire le Grand. Puisque les fêtes de ces deux saints tombent en carême, elles restent des fêtes mineures, et l’on fête avec plus de solennité la translation de saint Benoît le 11 juillet, et le sacre épiscopal de saint Grégoire le 3 septembre.

Lorsque j’étais séminariste dans l’Église orthodoxe, j’avais une grande dévotion envers saint Benoît. Sans doute, pour sa modération, comparée à l’excès de zèle des moines orientaux. Sa modération et l’exigence de l’étude chez les moines. Tous les ans, j’avais l’habitude de chanter ses matines du 14 mars. À plusieurs reprises j’ai participé, dans des monastères, à la messe des présanctifiés le jour de sa fête (soir le soir du 13, soit le soir du 14).

À l’époque, mes camarades séminaristes me considéraient trop occidental. Aujourd’hui, beaucoup me considèrent trop oriental. Moi-même, je crois que la Tradition n’est qu’une, même si elle peut s’exprimer dans de différentes formes. Ici, en Occident, je sens le devoir d’être occidental, en m’encadrant dans la continuité des centaines de générations de Belges qui nous ont précédés, depuis que l’Évangile est arrivé ici jusqu’à nos jours. De ce fait, pour moi, la communion des saints signifie l’expression de la foi à leur manière. Néanmoins, parfois je me réjouis de pouvoir me trouver, en touriste, dans des oasis orientales en Occident. Dans pareils cas, je sens être un Oriental encore plus authentique que ceux qui ont adopté tardivement le rite byzantin et qui auront toujours quelque chose de trop non-oriental en eux.

Je pense que les Occidentaux doivent témoigner des idées progressistes devant les Orientaux, tout comme les Orientaux doivent aider les Occidentaux à ne pas perdre leur propre héritage.

Ci-contre: l’icône de saint Benoît, sur l’iconostase de l’église byzantine du Monastère de Chevetogne.

Ex more docti mystico.

Voici ma traduction-adaptation en français de l’hymne Ex more docti mystico, qui se chante aux matines du carême.

Par mystique coutume instruits
Abstenons-nous, portons les fruits
Du carême, vers toi tournés,
Pendant ces quarante journées.

Loi et prophètes, au début,
Quarante jours de jeûne ont vu;
Enfin, le carême, ô Christ roi,
A été sanctifié par toi.

Rends-nous frugaux dans tous les mets,
Boissons et discours désormais,
Sans abus de sommeil ou jeux,
Mais vigilants et courageux.

Évite-nous de dépenser
Notre force en vaines pensées;
Que nous ne soyons pas soumis
Au tyrannisant ennemi.

Nous te prions tous à genoux;
Ô Seigneur, prends pitié de nous;
Nous pleurons, juge juste et doux,
Ne nous abandonne au courroux.

Seigneur Dieu, nous avons fâché
Ta clémence, par nos péchés;
Alors, répands sur nous, des cieux,
Tes miséricordes, ô Dieu.

Souviens-toi que nous sommes tiens,
Pécheurs, mais l’œuvre de tes mains;
Faits pour la gloire de ton nom,
Notre vie, de toi la tenons.

Réduits le mal que nous faisons;
Augmente ce qu’il y‿a de bon;
Que nous puissions d’être plaisants,
Pour toujours, et dès maintenant.

Accorde-nous, ô Trinité,
Toi, notre Dieu dans l’unité,
Que ce carême glorifie
Ton très saint nom, dans notre vie. Amen.

Ramadan chrétien.

Dans le temps, certains musulmans, pour expliquer aux Occidentaux ce qu’est leur ramadan, ils le qualifiaient de « carême musulman ». Aujourd’hui, c’est le contraire qu’il faudrait faire: rappeler aux chrétiens que leur carême est (ou devrait être) un « ramadan chrétien ».

La différence entre les jeûnes chrétien et musulman n’est pas liée à la qualité, ni à la quantité, mais au but. Les musulmans veulent – entre autres – expier leurs péchés par le jeûne, et rompent le soir non seulement le jeûne, mais aussi toute abstinence. Pour les chrétiens, le jeûne est non pas expiatoire (car c’est le Christ seul qui a expié pour nous), mais pénitentiel, et lorsque nous rompons le jeûne pendant le carême, la sobriété reste en vigueur jusqu’à la vigile pascale.

Entre énormément d’autres choses, lorsque nous jeûnons, nous partageons la condition de ceux qui n’ont pas assez à manger. Nous prenons conscience que notre existence n’est pas liée qu’à la consommation.

Les chrétiens – même les plus pratiquants et les plus obèses – aiment bien trouver des excuses et excusettes pour ne pas jeûner. Ils donneraient tout, pour qu’on ne les prive pas de nourriture.

À l’heure où beaucoup de personnes sont en surpoids, et où certains mangent une seule fois par jour, je trouve honteux que la majorité des chrétiens ne veuillent pas jeûner, ne fût-ce que quelques journées incomplètes pas an.

Bien entendu, je suis conscient du fait que certains métiers sont presque incompatibles avec le jeûne. Par exemple, les conducteurs de locomotive et les chauffeurs de bus, ainsi que les chirurgiens, et tant d’autres, ont besoin d’une attention pointue, et ne peuvent pas risquer les vies des autres. Mais les exceptions ne devraient pas restreindre le jeûne aux autres.

Allergie à la prière.

Pour ce début de carême, j’ai deux articles. Dans le second, je parlerai de l’ ‘‘allergie au jeûne’’; dans celui-ci je parle de l’ ‘‘allergie à la prière’’.

J’ai l’impression que le chrétien occidental, à partir du concile de Trente et en culminant de nos jours, est allergique à la prière. Les antiennes du carême répètent sans cesse: «priez, priez, priez». L’important n’est pas de dire aux autres de prier, ni d’inviter les autres à louer le Seigneur. L’important est de prier, et de louer le Seigneur. Louer le Seigneur, c’est raconter aux autres ce que le Seigneur a fait. Prier le Seigneur, c’est s’adresser à lui à la deuxième personne.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il adore chanter: «Voci gnignigni… voilà gnagnagna…»

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère attirer l’attention sur soi-même: «Me voici… je suis ceci, je suis cela….»

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il aime faire semblant que tout irait bien, que, tout compte fait, le Christ fût venu pour presque rien. Il est profondément pélagien.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère s’ennuyer devant une bougie (ou une icône, une hostie consacrée) sans rien dire, plutôt que de s’adresser à Dieu.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère se bourrer d’enseignements ‘‘spirituels’’ dans une pièce, que de pleurer sur ses péchés et ceux du monde.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère chanter des chants paillards travestis, plutôt que d’intercéder.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Si jamais il s’adresse à Dieu, sa prière est encore au stade de celle des primitifs du livre de la Genèse, et il ne sait pas ‘‘théologiser’’ devant Dieu.

Le carême est un moment privilégié pour guérir de cette allergie.

Jean Wesley.

Aujourd’hui, certains calendriers liturgiques fêtent deux prêtres, John et Charles Wesley.

C’étaient des prêtres anglicans pas très conformistes, qui ont engendré, malgré eux, le méthodisme. John, depuis sa vie de séminariste, était un fidèle observateur du Book of Common Prayer. Il a poli la sotériologie arminienne. Excellent prêcheur, il attirait les foules. John Wesley croyait en la sanctification par les sacrements, c’est pourquoi il célébrait la Messe quatre fois par semaine. Il était végétalien/végétarien (il mangeait très rarement des laitages) et abolitionniste. Il m’a fallu du temps pour me rendre compte de tout ce que j’avais en commun avec lui.

John et Charles n’avaient pas beaucoup de ressources liturgiques; ils ont traduit ceci et cela; mais ils ont surtout composé beaucoup d’hymnes, qui sont souvent, théologiquement, plus profondes et plus doctrinales que certaines hymnes romaines. À ce titre, je pense qu’on peut comparer les frères Wesley aux frères Côme et Jean les Damascènes.

Malheureusement, John Wesley a été un mauvais missionnaire. Aux États-Unis on l’a faussement accusé pour ses hymnes, du coup, au lieu de se défendre, il a fui. Plus tard, lorsque les Américains souffraient de ne pas avoir d’évêque, John Wesley – qui n’était que prêtre, pas un évêque – s’est mis à ordonner des évêques, prêtres et diacres, pour les envoyer là-bas. De ce fait, il a créé une Église parallèle. Un mois plus tard, l’Église américaine avait un évêque, via les Écossais.

Je voudrais m’arrêter maintenant sur l’histoire des méthodistes. La première chose que je veux dire, c’est que, si John n’avais pas été imprudent, les méthodistes seraient encore aujourd’hui des anglicans/épiscopaliens. Deuxièmement, du vivant des Wesley, les méthodistes étaient abolitionnistes. Puis, ils se scindèrent en deux: les méthodistes abolitionnistes dans le Nord, et les méthodistes esclavagistes dans le Sud. En plus, au Sud, il y avait des méthodistes noirs. C’est la première fois qu’une Église se divisait à cause d’un problème éthique. Et devinez qui a eu tord. Les esclavagistes du Sud, bien sûr. Maintenant, ce sont leurs arrière-petits-enfants qui sont homophobes, alors que les arrière-petits-enfants des abolitionnistes sont pour le mariage pour tous. Malheureusement, certains n’apprennent toujours rien de l’histoire.

* * *

Pour finir, voici ma traduction du chant Love Divine All Loves Excelling, de Charles Wesley:

Ô amour qui tout dépasses,
Joie du ciel, chez nous descends.
Fais briller sur nous ta face,
Purifie-nous par ton sang.
Toi, Jésus, amour immense,
Affermis nos cœurs tremblants.
Fais-nous sentir ta puissance,
Prends pitié de tes enfants.

Souffle ton Esprit, le gage
Et les arrhes, par la foi,
De notre saint héritage,
De notre repos en toi.
Au péché tu nous arraches ;
– Tu es l’Alpha, l’Oméga –
Et tu nous rends purs, sans tache,
Nous sauvant dès ici bas.

Viens, Seigneur, et nous délivre,
Fais de nous tes temples saints.
De ta vie nous pourrons vivre
Sans fin, selon ton dessein.
Et, avec les chœurs des anges,
Nous te servirons toujours,
Te chanterons des louanges,
À l’autel de ton amour.

Et ta création nouvelle,
– Terre neuve et nouveaux cieux –
Sera restaurée, plus belle,
Transformée devant nos yeux.
Avançant de gloire en gloire,
Couronnés, transfigurés,
Nous jouirons de ta victoire,
Pour toute l’éternité.

Managers?

«Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent. Il n’en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur ; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon pour la multitude.» (Marc 10)

C’est pourquoi il n’y a pas lieu de parler de ‘‘leaders’’ d’église. En référence probablement aux directeurs des communautés esséniennes, Jésus a encore dit: «Ne vous faites pas appeler directeurs (καθηγηταί), car un est votre Directeur: le Christ.» (Matthieu 23:10) Notons que le mot «καθηγητής» dérive du verbe «ἡγέομαι» (conduire à la manière d’un chef); du coup, au lieu de traduire «directeurs», on pourrait dire «leaders» ou «managers».

L’Église de Dieu a des ministres (serviteurs), dont les «intendants». Malheureusement, beaucoup de membres du clergé se comportent souvent en leaders ou managers d’une compagnie. Leur préoccupation suprême est d’avoir les finances au top, et les fidèles sont traités soit comme des clients (surtout s’ils sont riches), soit comme de la matière première. Ils sont assistés par des laïcs expérimentés à la ‘‘production’’, mais qui ne sont pas des prêtres, ni n’ont la vocation de jouer au prêtre. Ils font une distinction nette entre vie «professionnelle» et vie privée. Ils habitent loin de leur ‘‘usine’’, de préférence en banlieue chic ou à la campagne. Ils ne peuvent pas être ‘‘dérangés’’ en-dehors des heures de ‘‘bureau’’. Ils appliquent des ‘‘stratégies’’ mondaines.

Comment vois-je la pastorale, dans un pays comme le nôtre? Je pense qu’il y a deux pastorales: l’une des petites paroisses, l’autre des grandes paroisses.

Les petites paroisses n’ont pas (et ne devraient pas avoir) de clergé subsidié. Le clergé est ouvrier. Il y a une cohésion du groupe. Une charité chrétienne qui contribue à l’accomplissement de chacun. Une charité qui déborde vers l’extérieur. Les paroissiens sont des amis. Chacun apporte sa pierre à l’édifice. Dans un tel contexte, tout ce qui est sacramentel est immédiatement accessible, car le groupe est petit.

Dans une grande paroisse, avec un prêtre payé par le ministère de la justice, il y a moyen de faire mieux. Puisque le prêtre ne doit pas s’occuper à gagner sa propre subsistance, il a le temps de s’occuper d’une pastorale directe. Visiter ou appeler des paroissiens malades et à la retraite peut être une priorité. Grâce à des laïcs bénévoles, la paperasse peut être réduite. Être le pouvoir organisateur des écoles, ça, c’est pas le truc le plus koel à gérer. Mais la vie sacramentelle ne devrait pas y manquer. Le curé subventionné pourrait passer une demi-heure par jour dans la ‘‘chapelle à confesse’’ avant la Messe. Deux offices liturgiques par jour ne serait pas de trop, afin que les paroissiens puissent s’y rendre, une fois ou l’autre, s’ils en ont envie. Par contre, les réunions interminables le soir pourraient être réduites, et le curé devrait être exempt de tels supplices. Souvent ceux et celles qui adorent ce genre de réunions sont des célibataires/divorcés/veufs qui s’em****ent chez eux, et ont envie de faire club le soir.

Comment se passe la liturgie dans les Églises orientales? C’est très simple. Souvent, tout le monde va à l’office, sans avoir rien préparé. Le chantre et la chorale savent ce qu’ils doivent chanter. Ils ouvrent leurs gros livres et chantent avec le peuple. Le prêtre n’a pas à fourrer son nez là-dedans. Lui doit être attentif à ce que lui doit faire. En gros, on ne perd pas le temps inutilement avant l’office, et on ne se marche pas sur les pieds. En Occident, on fait souvent le contraire. À savoir: des réunions interminables, pour décider comment on va improviser un truc ‘‘dernier cri’’ pour amuser les singes paroissiens; le prêtre choisira les chants qui lui plaisent, mais qui ne plairont peut-être pas à la chorale, qui fera quand même un effort etc. On accuse souvent les Orientaux de faire des offices interminables; mais en réalité, ce sont plutôt les Occidentaux qui font des préparations interminables.

La maison du curé payé par le ministère de la justice devrait se trouver à proximité de l’église, et sa porte devrait être ouverte à tout le monde en tout temps. Si quelqu’un a besoin de se confesser, ou pique une crise mystique à onze heures du soir, le curé devrait pouvoir l’aider. Le curé devrait ne pas trop compter sur l’aumônier d’hôpital, mais il devrait visiter ses ouailles à l’hôpital. Et les funérailles devraient être des moments-clef de la pastorale: non pas tant pour les morts, mais pour ceux qui restent. Le curé devrait superviser les catéchèses d’adultes et d’enfants, en s’assurent lui-même de la formation des catéchistes.

Mais être curé payé, c’est un gros risque. Un risque d’être déconnecté des réalités, un risque d’être bien au chaud, pendant que d’autres se cassent le c*l dans un travail de misère, dans le froid et la faim. Il risque de ne pas atteindre ceux qui sont en-dehors de l’Église.

Et puis, un curé est un prêtre (πρεσβύτερος). Il ne devrait ni jouer au diacre, ni jouer à l’évêque. Une grosse paroisse devrait avoir des diacres (qui soient autre chose que des cérémoniaires ou que des chauffeurs d’évêque), mais aussi des laïcs bénévoles, qui sachent faire d’autres choses que de jouer au prêtre.

Et vous? Qu’attendez-vous d’un curé de paroisse?