Bible éthiopienne.

Dans l’ancien empire romain où nous nous trouvons, nous connaissons deux canons bibliques, avec une variante intermédiaire:

1. Le judaïsme rabbinique, imité par les Églises protestantes, reconnaît un canon restreint de l’Ancien Testament.

2. L’Église catho-romaine reconnaît également les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament.

3. La plupart des Églises orientales, ainsi que les Églises anglicanes, reconnaissent les deutérocanoniques en tant que « livres bons à lire », sans leur donner la même importance qu’aux livres « protocanoniques ».

Mais il y a un quatrième cas: l’Église éthiopienne. Celle-ci reconnaît les protocanoniques, les deutérocanoniques, ainsi que toute une série de livres – à la fois dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament – qui ne sont reconnus que par elle; je les appellerais volontiers « tritocanoniques ».

Les livres tritocanoniques n’ont pas encore été traduits en français, mais on peut les trouver en anglais.

Éthique.

D’où est-ce que nous tirons notre éthique?

CS Lewis écrivait: «On s’est parfois demandé si Dieu ordonne certaines choses parce qu’elles sont bonnes, ou si certaines choses sont bonnes parce que Dieu les ordonne. Avec Hooker, et contre Dr Johnson, j’adopte catégoriquement la première position. La seconde mène à l’abominable conclusion (atteinte, je crois, par Paley) que la charité est bonne uniquement parce que Dieu, arbitrairement, l’ordonne, et qu’il aurait pu tout aussi bien nous commander de le haïr et de nous haïr les uns les autres, et qu’alors la haine eût été également bonne.»

Dans Wringe et Rae, on trouve cela d’une manière un peu plus développée:

Bigots.

Sur la toile, j’ai trouvé quelques nouvelles (un peu anciennes déjà) assez intéressantes.

Tout d’abord, la neurologue Kathleen Taylor pense que le fondamentalisme n’est pas un choix dû au libre arbitre, mais une maladie mentale, que l’on pourrait soigner bientôt. (Article ici.)

Le pasteur Duane Youngblood, pédophile et prétendu ex-gay et auteur du livre Freedom From Homosexuality. No Longer Living The Lie vient d’être réinculpé… pour corruption de mineur. (Artcile ici.)

L’archevêque catho-romain et homophobe John Nienstedt a profité sexuellement d’une dizaine de prêtres et séminaristes. (Articles ici.)

Ceux qui me connaissent savent que, depuis mon adolescence, je suis métalleux. À vrai dire, à présent, je m’identifie plus punk que métalleux. Cependant, je ne suis pas chaud pour voir du métal ou du punk dans les églises, même si je l’ai été par le passé.

S’il s’agit d’un office “à tendance”, alors, pourquoi pas, pour autant que les textes restent inviolés? Mais je n’aime pas du tout les paroisses qui imposent un certain type de musique aux fidèles.

Alors, comment faire, pour respecter la neutralité? C’est simple: en utilisant le chant grégorien, ou le chant traditionnel (chaque tradition liturgique a son chant traditionnel). Cela assure la neutralité, parce que:

– Ça nous lie à ceux qui nous ont précédés;
– C’est simple à chanter;
– Personne ne se donne en spectacle.

Sabbat & mariage.

Dans les nombreux livres à thématique LGBT chrétienne, il manque souvent un argument biblique très important.

Le voici, en anglais, sur le blogue de David Shell: How Jesus Breaking the Sabbath Proves Gay Marriage is Okay.

Malakoi & arsenokoitai.

Il y a deux mots qui sont utilisés systématiquement par les homophobes pour casser du pédé: «μαλακοί» et «ἀρσενοκοῖται». Ces deux mots se trouvent dans deux passages des épîtres de saint Paul, à savoir: I Corinthiens 6:9 et I Timothée 1:10.

Littéralement, «μαλακοί» signifie «mous». Cela ne nous aide pas trop. Les homophobes ont choisi de l’interpréter comme: «effeminés» ou «homosexuels». Est-ce vraiment cela le sens du mot grec? La langue maternelle de saint Paul a été l’araméen, et la première traduction du Nouveau Testament a été la Peshitta ou vulgate syrienne, qui date de l’époque même de la rédaction du Nouveau Testament. La Peshitta traduit «μαλακοί» par (mahable), qui signifie «corrompus».

Quant aux ἀρσενοκοῖται, les homophobes l’interprètent aussi en référence à l’homosexualité « pure et simple », en prétendant que la traduction littérale en serait «coïteurs de mâles». La première fois que j’ai vu ce mot, je me suis rendu compte que le mot employait une forme féminine, ce qui signifie qu’il se réfère soit à des femmes, soit à un métier unisexe. La moindre des choses aurait été de le traduire littéralement comme «coïteuses de mâles».

Ensuite, il y a un énorme problème chez nos traducteurs homophobes: le sens d’un mot composé n’est pas la somme des sens des deux mots qui le composent. Par exemple, en français, «désolé» vit de dé + sol, mais ça ne veut pas nécessairement signifier «qui manque de sol»; de même, une «pomme de terre» n’est nullement une mala terrensis! Donc les ἀρσενοκοῖται devraient être autre chose que des coïteurs ou coïteuses de mâles, purement et simplement. Et la Peshitta nous donne raison, car elle emploie (schahbay am dikhre), qui veut dire «ceux qui violent les hommes».

Plus de renseignements ici.

Lévitique.

Le monde manque d’une traduction de la Bible en langue française qui ne soit pas corrompue par les anachronismes de toutes espèces, notamment par les anachronismes homophobes.

Bien que nous ne soyons plus sous la Loi de Moïse, mais dans al grâce du Christ, les mauvaises traductions du Lévitique font toujours mal.

Les deux passages du Lévitique que l’on invoque contre les gais sont 18:22 et 20:13. La plupart des traductions, à l’instar de la Vulgate latine, donnent ceci: «Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. // Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable; ils seront punis de mort: leur sang retombera sur eux.»

D’autres versions donnent quelque chose d’un peu différent. Par exemple:

La Bible Giguet: «Tu n’auras pas commerce avec un autre homme, comme avec une femme, car c’est une abomination. // Si un homme a commerce avec un autre homme comme avec une femme, qu’ils meurent de mort tous les deux; ils ont commis une abomination; ils sont coupables.»

La Bible de Louis-Isaac Lemaistre: «Vous ne commettrez point cette abomination où l’on se sert d’un homme comme si c’était une femme. // Si quelqu’un abuse d’un homme comme si c’était une femme, qu’ils soient tous deux punis de mort, comme ayant commis un crime exécrable: leur sang retombera sur eux.»

La Bible de Louvain: «Tu ne te mêleras point avec le mâle par compagnie féminine; c’est abomination. // Celui qui couchera avec le mâle par compagnie féminine, l’un et l’autre a fait péché exécrable; qu’ils meurent de mort.»

Chouraqui: «Avec un mâle, tu ne coucheras pas à coucherie de femme. C’est une abomination. // L’homme qui couchera avec un mâle à coucherie de femme, ils font une abomination, les deux. Ils sont mis à mort, à mort, leurs sangs contre eux.»

La Septante grecque donne ceci: «Kαὶ μετὰ ἄρσενος οὐ κοιμηθήσῃ κοίτην γυναικός, βδέλυγμα γάρ ἐστιν. // Kαὶ ὃς ἂν κοιμηθῇ μετὰ ἄρσενος κοίτην γυναικός, βδέλυγμα ἐποίησαν ἀμφότεροι, θανατούσθωσαν, ἔνοχοί εἰσιν.» Littéralement: «Et avec le/un mâle tu ne coucheras le lit d’une/la femme, car c’est horreur. // Et celui qui couchera avec le/un mâle le lit de la/une femme, horreur font les deux, qu’ils se tuent, coupables sont-ils.»

L’hébreu massorétique: «ואת זכר לא תשׁכב משׁכבי אשׁה תועבה הוא׃»
et «ואישׁ אשׁר ישׁכב את זכר משׁכבי אשׁה תועבה עשׂו שׁניהם מות יומתו דמיהם׃»

Je ne suis pas expert en hébreu, mais «משׁכּבי אשּׁה» signifie littéralement «les lits de la/une femme», et, puisqu’il n’y a pas de préposition, mais plutôt un pluriel, ça signifie «dans le lit de la/une femme», il me semble que le «à coucherie de» de Chouraqui n’est pas innocent. Pourquoi? Parce que, si le texte avait voulu condamner l’homosexualité, il aurait juste dit: «Tu ne coucheras pas avec un mâle», sans ajouter la référence à la femme; pour tous les autres péchés sexuels le texte précise juste qui ne peut coucher avec qu[o]i. Le «משׁכּבי» est complètement superflu partout ailleurs. Le texte ne dit jamais des trucs du genre: «Tu ne coucheras pas avec une bête à coucherie de femme». S’il est utilisé dans ces deux cas (qui sont un et le même), c’est que la femme y joue un rôle. Ce n’est pas pour rien que la femme est mentionnée ici. La seule conclusion plausible, c’est qu’il s’agit ici de deux hommes qui profitent d’une femme!

Alors, la traduction la plus proche du texte d’origine est celle de la Bible de Louvain.

Thornton Stringfellow.

Je suis content de ce que, de nos jours, nous pouvons consulter en ligne sur internet des livres anciens, non seulement de bons livres, mais aussi de mauvais.

Par exemple, ici on trouve en ligne le livre Thornton Stringfellow, Scriptural and Statistical Views in Favor of Slavery. Malheureusement, à ce jour il y a des négationnistes, et c’est pour cela que ce genre de livres devrait être accessibles.

Nouveaux livres.

Quelque chose de “drôle” m’est arrivé ce week-end.

Tout d’abord, avant-hier j’ai reçu la lettre la plus homophobe que m’a jamais été adressée. J’ai même eu du mal à la lire.

En même temps, je me dis que ce genre d’attitude n’est autre chose que la dernière étape désespérée des conservateurs. Car, même dans le monde néo-protestant, il y a de plus en plus de théologiens qui s’ouvrent.

Justement, les deux derniers livres en la matière: The Bible’s Yes to Same-Sex Marriage par Mark Achtemeier, et A Letter to My Congregation. An evangelical pastor’s path to embracing people who are gay, lesbian and transgender in the company of Jesus par Ken Wilson.

D’ici quelque temps, les chrétiens homophobes seront une minorité qui essayera de nier son passé.

Au plus souvent, sur quel sujet que ce soit, les positions des conservateurs suivent les étapes suivantes:

1. Moquerie. Tout d’abord, le sujet leur semble trop « connu » pour être débattu.

2. Argumentation simpliste. «La Bible est claire sur le sujet. Nous avons raison.»

3. Mensonge. Au bord du désespoir, ils essaient de falsifier l’histoire, juste pour qu’ils aient raison.

4. Déni. Une fois qu’ils ont perdu, ils nient leur passé. «Nous n’avons jamais enseigné/pratiqué l’esclavage…»

Liberté.

J’ai eu quelques discussions avec quelques amis, à propos des couples “open”. Quelle est la différence entre, d’une part, un(e) mailleur(e) ami(e) collocataire(-trice), et, d’autre part, le(la) petit(e) ami(e)? Quel est l’élément qui fait qu’on déménagera de chez la première pour emménager avec la seconde?

S’il n’y a plus aucune activité intime exclusive aux deux, en quoi sont-ils encore en couple? Et, s’ils ne sont plus un couple, à quoi bon d’habiter à deux?

Supposons un « couple » où chacun des deux baise ailleurs. X baise 6 fois par semaine avec 6 amants, alors qu’Y ne baise qu’avec deux amants. En quoi y a-t-il une égalité? Qu’est-ce qui motiverait X et Y à rester « ensemble », alors qu’un des amants de chacun a davantage de beauté, d’ apétit sexuel et de méthodes sexuelles?

Il est drôle, le concept de liberté. Ai-je besoin de manger ceci ou cela pour être libre? Ai-je besoin de souper trois fois par soirée pour être libre? Ou de manger du bois, du terreau et des feuilles de hêtre pour affirmer ma liberté? Comment est-ce que je respecterais Nicolas si, même avec son accord, au lieu de manger tous les jours les repas préparés par lui, j’irais plutôt souper chez les voisins, en l’invitant à faire la même chose, au nom de l’ouverture ou de la liberté? Si j’ai l’argent, pourquoi ne pas me soûler la gueule tous les matins, pour me sentir « ouvert » et « libre »? En été, pourquoi ne pas me vêtir de 3 t-shirts, 3 pulls et 3 manteaux en même temps, afin d’être « open »? Si je veux aller de Liége à Bruxelles, pourquoi ne pas prendre un trajet via Namur et Tournai, en faisant une grande boucle, pour me sentir libre?

Baiser n’est pas la même chose, ni ne vaut la même chose que boire un jus d’orange. Autrement, obliger quelqu’un a boire un jus d’orange serait aussi criminel que de le/la violer sexuellement. Car le sexe n’est pas que dans le corps, mais également dans l’intellect et dans l’esprit.