Une autre lettre que je viens d’écrire.
Mesdames et Messieurs,
Mesdemoiselles et Mes Damoiseaux,
Depuis quelques années, mon époux et moi-même faisons un virement automatique mensuel à Médecins Sans Frontières. Il n’y a pas longtemps, nous avons reçu l’attestation fiscale, ainsi que de nombreux courriers, par lesquels vous nous demandez plus d’efforts financiers. Ces lettres contiennent des renseignements sur une partie de vos besoins.
Tout d’abord, dans l’attestation fiscale comme dans les premiers courriers, mon époux était « Monsieur », alors que moi, j’étais pour vous « Madame ». Vous voyiez bien que nous sommes mariés, et pour vous, il allait de soi qu’il y ait en conséquence un « Monsieur » et une « Madame ». Plus récemment, vous nous envoyez toujours deux courriers séparés. Mon mari reste « Monsieur », alors que moi, je passe en « Monsieur et Madame ». Pour votre information, et afin que vous évitiez d’autres gaffes de ce genre, en Belgique le mariage peut être contracté par deux hommes mâles et par deux femmes. Donc je vous prie de bien vouloir modifier vos formulaires. À côté de votre formule traditionnelle « Monsieur et Madame X », il faut ajouter la possibilité d’y avoir « Messieurs X » et « Mesdames X ». Quant à mon époux et moi-même, nous nous présentons en tant que « Messieurs Staelens ». Après la lutte longue et dure, et les droits dont nous bénéficions dans notre pays, je me permets de vous signaler, à la veille de la Gay Pride belge, que nous méritons le même respect que les autres couples.
Mais ceci n’est pas le plus grand problème. Au contraire, ce n’est qu’une petite chose en comparaison avec le grand sujet de cette lettre, qui est le suivant. Pendant longtemps, nous étions de bonne foi par rapport aux problèmes que vous nous présentiez dans vos lettres. Nous songions même que nous allions faire des dons plus substantiels à MSF. Ceci, jusqu’au jour où, dans l’une de vos lettres, vous expliquiez que pour résoudra la malnutrition, vous distribuiez du lait de vache en poudre.
Or nous ne sommes pas dupes. D’une part, il est inconcevable pour nous de maltraiter les animaux, sous prétexte d’aider les humains. Cela nous choque, surtout lorsque ce plan est présenté par des médecins. Pour résoudre le problème alimentaire mondial, la solution est la nourriture végétale. Et si le tiers-monde est dans la disette, c’est principalement parce que les humains exploitent les animaux. Si nous utilisions les terres pour produire des protéines végétales, au lieu de les utiliser pour le bétail, la totalité de la population de la planète serait nourrie. Les humains adultes et sevrés n’ont aucunement besoin du lait d’une autre espèce. C’est une souffrance inutile, « bestiale », infligée, paradoxalement, par l’humain aux bêtes. Le pire, c’est que nous avons devant les yeux l’exemple négatif de Nestlé qui a distribué du lait en poudre en Afrique ; cette poudre a été mélangée à l’eau non potable, et cela a causé de gros dégâts aux enfants. L’exemple positif, c’est Alpro, qui, grâce au soja, a comblé le manque de protéines au Madagascar.
Plus tard, nous avons appris sur internet que MSF pratique l’infanticide prénatal (La Gaceta du 16 janvier 2012, article « Médicos sin Fronteras reconoce practicar abortos en países donde está prohibido » signé par Itxu Díaz). Combien de collaborateurs de MSF sont au courant de cela ? Le fait que cette pratique soit légale dans de nombreux pays – dont le nôtre – ne la rend nullement morale. Et il ne suffit pas que l’on utilise les doigts et outils d’un médecin pour qualifier cette pratique de « médicale ». La punition capitale des criminels, dans certains pays, est appliquée par le personnel médical et avec des outils médicaux, mais elle n’est pas pour autant un acte médical. Dans d’autres pays, des adultes innocents sont tués avec la participation du personnel médical, pour des motifs d’identité religieuse et/ou affective. Mais cela ne veut nullement dire que ces meurtres seraient des actes médicaux.
Suite à ces deux éléments, nous allons arrêter nos dons à MSF et informerons d’autres personnes de bonne volonté, notamment les associations végétariennes et pro-vie, afin que chacun prenne les mesures appropriées.
Nous déplorons votre mauvaise foi : dans vos lettres vous ne parlez jamais des infanticides prénatals que vous pratiquez. De nombreuses personnes pro-vie, qui n’ont pas accès à internet, continuent à faire des dons sans savoir où va leur argent. Je vous prie d’expliciter vos pratiques dans la presse belge aussi. Ce serait le minimum d’honnêteté.
Un peu de poison gâte toute la nourriture. Un peu de levain fait lever toute la pâte. Une orange pourrie dans un container fait pourrir tout le container. Une grande partie de vos actions sont louables ; mais tant que vous mêlez le bien et le mal, vous vous discréditez vous-mêmes. Ça ne sert à rien de bâtir avec une main et de démolir avec une autre.
Avec toute mon amertume,
M.-George S. né S.