Lignum vitæ in cruce tua.

Une autre coïncidence liturgique: l’antienne suivante, du rite byzantin, que l’on trouve également dans les antiphonaires occidentaux. Même le ton est respecté, étant donné le que ton 2 byzantin correspond au ton 3 grégorien.

Ἐν τῷ Σταυρῷ σου κατήργησας, τὴν τοῦ ξύλου κατάραν, ἐν τῇ ταφῇ σου ἐνέκρωσας, τοῦ θανάτου τὸ κράτος, ἐν δὲ τῇ Ἐγέρσει σου, ἐφώτισας τὸ γένος τῶν ἀνθρώπων· διὰ τοῦτό σοι βοῶμεν· Εὐεργέτα Χριστέ, ὁ Θεὸς ἡμῶν δόξα σοι. Lignum vitæ in cruce tua, Domine, manifestatum est; mors enim per ipsam damnata est, et mundus totus per ipsam illuminatus est; omnipotens Domine, gloria tibi, alleluia.

À nouveau, la version latine ajoute « alléluia » à la fin.

Dicant.

J’ai été totalement perplexe (dans le sens positif du terme) lorsque je suis tombé sur deux antiennes latines. La première se trouve dans 8 manuscrits différents. La deuxième – qui est juste une forme plus longue de la première – se trouve dans l’antiphonaire de Fulda. Ces deux antiennes ne se trouvent plus dans les livres occidentaux, du fait du concile de Trente, qui est passé avec son rouleau-compresseur.

Pourquoi, dis-je, j’ai été perplexe? Parce que je connaissais pas cœur ce stichère dans le rite byzantin. On le chante aux laudes des dimanches du deuxième ton.

Εἰπάτωσαν Ἰουδαῖοι, πῶς οἱ στρατιῶται ἀπώλεσαν τηροῦντες τὸν Βασιλέα; διατὶ γὰρ ὁ λίθος οὐκ ἐφύλαξε τὴν πέτραν τῆς ζωῆς; ἢ τὸν ταφέντα δότωσαν, ἢ ἀναστάντα προσκυνείτωσαν, λέγοντες σὺν ἡμῖν. Δόξα τῶ πλήθει τῶν οἰκτιρμῶν σου. Σωτὴρ ἡμῶν δόξα σοί. Dicant nunc Iudæi: quomodo milites custodientes sepulcrum perdiderunt regem? ad lapidis positionem quare non servabant Petram iustitiæ? aut sepultum reddant, aut resurgentem adorent, nobiscum dicentes: alleluia alleluia.
Que disent les Juifs: comment les soldats gardiens ont-ils perdu le Roi? Pourquoi la pierre n’a-t-elle pas gardé la Pierre de la vie? Ou bien qu’ils produisent l’enseveli, ou bien qu’ils adorent le ressuscité, disant avec nous: Gloire à l’abondance de tes miséricordes! Notre Sauveur, gloire à toi! Que disent maintenant les Juifs: comment les soldats gardiens du sépulcre ont-ils perdu le Roi? Pourquoi à la place de la pierre n’ont-ils pas gardé la Pierre de la justice? Ou bien qu’ils produisent l’enseveli, ou bien qu’ils adorent le ressuscité, disant avec nous: Alléluia! Alléluia!

On voit donc que, fondamentalement, le texte est le même. Basiquement, seules les  deux « gloire » sont remplacées par les deux « alléluia » à l’occidentale.

J’ai déjà montré, dans des articles précédents, que le rite latin a occasionnellement emprunté des tropaires et stichères byzantins en tant qu’antiennes pour les cantiques ou pour les psaumes. Ici on a un exemple supplémentaire. Qui sait ce qu’on découvrira encore un jour?

Dimanches après l’Épiphanie.

Cette année-ci, il n’y a que deux dimanches après l’Épiphanie, car dès la semaine prochaine, on entre dans le temps du pré-carême ou septuagésime.

Toutefois, en théorie, il peut y avoir jusqu’à six dimanches après l’Épiphanie. Ce fut le cas en 2011, et sera le cas notamment en 2038. Par contre, lorsqu’il n’y a que peu de dimanches après l’Épiphanie, comme cette année-ci, et qu’il reste trop de dimanches après la Pentecôte, ces dimanches-là de novembre deviennent des “dimanches après l’Épiphanie”. Concrètement, cette année-ci, il resteront deux dimanches entre la “fin” des dimanches après la Pentecôte et l’avent. Du coup, on aura en automne le 5e et le 6e dimanche après l’Épiphanie.

Cependant, il y a un petit problème. Car, au niveau des “chants” (je veux dire: au niveau des parties cantorales, ou portions bibliques destinées à être chantées par les laïcs), les 4e, 5e et 6e dimanches après l’Épiphanie n’ont pas de propres. Alors, pour combler les vides, on applique la stratégie suivante:
– si ces dimanches-là ont lieu en hiver, on emprunte les “chants” du 3e dimanche après l’Épiphanie: introït Adorate Deum, graduel Timebunt, verset alléluiatique Dominus regnavit exultet, offertoire Dextera Domini, communion Mirabantur omnes;
– si ces dimanches-là ont lieu en automne, on emprunte les “chants” du 23e dimanche après la Pentecôte: introït Dicit Dominus, graduel Liberasti nos, verset alléluiatique: De profundis, offertoire De profundis, communion Amen dico vobis quidquid.

Or il me semble que le trésor de la tradition liturgique du rite romain est assez riche que pour ne pas devoir répéter tout ça plusieurs dimanches d’affilée.

Ainsi, le 4e dimanche après l’Épiphanie, on pourrait prendre: introït Exclamaverunt, graduel Aquæ multæ, alléluia Concaluit, offertoire Si ambulavero, communion Domine salva nos.

Le 5e dimanche après l’Épiphanie: introït Caritas Domini diffusa, graduel Spera in Domino, alléluia Surrexit quasi ignis, offertoire Benedixisti Domine, communion Narrabo omnia ou Ego vos elegi ou Simile factum est regnum.

Le 6e dimanche après l’Épiphanie: introït In sermonibus Domini opera, graduel Probasti Domine, alléluia Laudem Domini, offertoire Ecce dedi verba mea, communion Simile est regnum cælorum.

D’autres alléluias pourraient être pris: Sapientia huius mundi; Qui posuit; Regnavit Dominus.

Deuxième dimanche après Noël.

Le ménée byzantin a des rubriques très méticuleuses sur la journée de demain. Plus exactement, les rubriques – composées aux VIIIe-IXe siècles au Couvent du Studion près de Constantinople – expliquent qu’entre Noël et l’Épiphanie il peut y avoir un ou deux dimanches; du coup, il y a des règles pour chaque cas en partie, en fonction des jours de la semaine où tombent Noël et l’Épiphanie.

En Occident, les choses ont l’air d’être plus floues. Dans les paroisses catho-romaines de Belgique, demain on fêtera une forme tronquée de l’Épiphanie. Historiquement, c’est plus compliqué et plus logique.

Plus précisément, dans le rite latin, le seul dimanche de l’année qui n’a pas d’office propre, c’est le second dimanche entre Noël et l’Épiphanie, nommé aussi dimanche dans l’octave de la Circoncision.

Avant le concile de Trente, entre la Circoncision et la veille de l’Épiphanie, on célébrait la Messe de l’octave de la Circoncision, tout simplement. À partir du concile de Trente, les octaves – plutôt locales – de saint Étienne, de saint Jean et des saints Innocents furent généralisées et superposées. Ainsi, entre la Circoncision et la veille de l’Épiphanie, chaque jour était occupé par un jour-octave: le 2 janvier de saint Étienne, le 3 janvier de saint Jean, le 4 janvier des saints Innocents. Chacun de ces trois jours ont chantait la Messe comme au jour de la fête correspondante, même le dimanche.

Au début du XXe siècle, le pape Pie X occupa le dimanche avant l’Épiphanie, en y transférant la soi-disant « fête du saint Nom de Jésus », elle-même invention d’Innocent XIII en 1721, à partir d’une messe composée au XVe siècle par Bernardin de Bustis, sur base de la fête belgo-britannique moderne du saint Nom (Liége le 31 janvier, Îles britanniques le 7 août).

Que devrions-nous faire?

De mon point de vue, il faut un équilibre entre l’héritage et la pastorale. Autrement dit, hier on a fêté (ou on aurait dû fêter) la Circoncision, et demain on devrait chanter la Messe pour l’octave de la Circoncision; de même, mercredi prochain, c’est l’Épiphanie, alors que le dimanche d’après on devrait chanter la Messe du dimanche dans l’octave de l’Épiphanie. Ainsi, d’une part, le calendrier ne serait pas brisé, et, d’autre part, des différentes dévotions pourraient être répétées pendant l’octave, surtout les dimanches, puisque c’est parfois le seul jour où les gens savent venir à la Messe.

Quant à dimanche dans l’octave de l’Épiphanie, cela n’est pas la une fête de la soi-disant sainte famille! Mais cela veut un article séparé.

Sainte Lucie 2015.

Domine Iesu Christe, lux vera, qui illuminas omnem hominem venientem in hunc mundum: da nobis, exemplo beatæ virginis et martyris tuæ Luciæ, ut te sequamur, et ad lumen æternæ vitæ pervenire mereamur; qui vivis et regnas…

His, Domine, placatus oblationibus, mentes in te credentium illumina: ut ad lucem tuæ veritatis ambulantes, a recto tramite numquam discedant; qui vivis et regnas…

Domine Iesu, lux indeficiens, qui de cœlo descendisti, ut mundum ab ignorantiæ tenebris liberares: da nobis, per hæc mysteria, illuminatos cordis oculos, ut ut et viam vitæ cognoscere, ut in ea sine offensione incedere valeamus; qui vivis et regnas…

Seigneur Jésus Christ, lumière véritable, qui illumines toute personne venant dans le monde : donne-nous de te suivre, à l’exemple de ta sainte vierge et martyre Lucie, et de mériter d’arriver à la lumière de la vie éternelle ; toi qui vis et règnes avec le Père et le Saint-Esprit : Dieu dans tous les siècles des siècles. Amen.

Dimanche de l’Avent.

LimbourgLorsque vous entendez le mot Limbourg, à quoi pensez-vous en premier? À la province de Limbourg, ou plutôt à la ville? Car, chose étonnante, de nos jours, la ville de Limbourg ne se trouve plus dans la province de Limbourg. Effectivement, 10 km séparent Limbourg et le Limbourg!

Une chose tout à fait semblable existe dans le calendrier liturgique. Ce dimanche, c’est le dimanche de l’Avent.

avent

Donc, le sens premier du mot «avent» étant «avénement», ce dimanche fut appelé «dimanche de l’avent», étant donné qu’aujourd’hui on lisait l’évangile de la seconde venue du Christ.

Progressivement, le thème des deux avénements du Seigneur s’est étendu jusqu’à Noël, et du coup, le mot «avent» désigna toute la période de 6 semaines, à partir de ce jourd’hui. Enfin, lorsque les ecclésiastiques romains ont été trop paresseux pour avoir 6 semaines d’abstinence alimentaire, ils ont raccourci la période à seulement 4 semaines, de sorte que le dimanche de l’avent n’est plus dans la période de l’avent. Un peu comme le Limbourg, voyez-vous.

couronne avent six advent wreathPourtant, la plupart des rites traditionnels ont gardé les 6 dimanches: le rite arménien, le rite byzantin, le rite milanais ou ambrosien, le rite mozarabe ou wisigothique d’Espagne.

Les commerces et les communes installent leurs décos de Noël dès la mi-novembre. Une raison de plus de revenir à la pratique ancestrale d’un avent de 6 semaines!

Missel d’Utrecht (II).

Dans un article précédent, j’ai commencé mes commentaires sur le nouveau missel d’Utrecht. La fois passée, je me suis attardé sur le canon eucharistique. À présent, voici l’offertoire.

Dans l’ordo de la Messe, on parle d’offertoire; le missel présente deux “séries” de prières que le prêtre peut réciter à l’offertoire. La “série I”, ce sont les trucs de Bugnini. Mais la “série II”, ce sont les prières traditionnelles de l’offertoire! Celles-ci existaient également dans le missel de 1905, bien entendu.

Voici, donc, ces prières traditionnelles de l’offertoire dans le nouveau missel d’Utrecht:

«Heilige Vader…» (Suscipe sancte Pater…). Contrairement à la version latine au singulier, la version utrechtoise est au pluriel.

«De waardigheid van het menselijke wezen hebt Gij, God…» (Deus, qui humanæ substantiæ…). Prière lorsque l’on verse le vin et l’eau dans le calice. Notez l’hypercorrection ou hyperurbanisme de la forme néerlandaise («het menselijke wezen» au lieu de «het menselijk wezen»).

«Wij dragen U op, Heer…» (Offerimus tibi…). À l’offrande du calice.

«Onmachtig slechts…» (In spiritu humilitatis…). À l’inclinaison.

«Wees hier aanwezig, heiligmakende, machtige God der eeuwen! Kom en zegen dit offer dat uw heilige Naam is bereid!» (Veni sanctificator…). L’épiclèse.

Même les prières de l’encensement y sont recensées:

«Zegen, Heer, deze wierook…» (Incensum istud…); «Laat deze wierook…» (Dirigatur…); «De Heer onsteke…» (Accendat…).

Puis le lavement des mains: «Ik was mijn handen in onschuld…» (Lavabo inter innocentes…)

Enfin, la prière à la Trinité: «Aanvaard dit offer, heilige Driëeenheid…» (Suscipe, sancta Trinitas…)

Cliquez sur les images, pour les agrandir:

offertorium_Utrecht_1

offertorium_Utrecht_2

Nicolas&GeorgesMon Nicolas et moi fêtons aujourd’hui 6 ans de mariage. Ad multos annos!

Aujourd’hui, c’est aussi la fête des saints Serge & Bacchus.

Quæsumus, omnipotens Deus: ut nos geminata lætitia hodiernæ festivitatis excipiat, quæ de beatorum Sergii et Bacchi glorificatione procedit; quos eadem fides et passio vere fecit esse germanos. Per Dominum nostrum Iesum Christum…

s-bNous te prions, Dieu tout-puissant, que nous puisions une joie double de la fête d’aujourd’hui, qui procède de la gloire obtenue par les bienheureux Serge et Bacchus; eux qui ont été affrairés davantage par les mêmes foi et passion. Par notre Seigneur Jésus Christ…

Wij bidden U, Here: laat de tegenwoordige feestdag voor ons zijn een voorwerp van dubbele vreugde, voortkomende uit de verheerlijking der heiligen Sergius en Bacchus, welke hetzelfde geloof en lijden rechtgeaarde broeders heeft doen worden. Door…

Missel_Utrecht_1Il y a quelques jours, le missel d’Utrecht, édition 2008, nous est parvenu. Du coup, je crois qu’il est important d’en parler, de le présenter, d’en faire une analyse.

Dans cet article, je me bornerai au Canon romain. À vrai dire, le missel d’Utrecht contient 12 “prières eucharistiques”, dont:
– le canon romain;
– l’anaphore selon s. Jean Chrysostome, tronquée;
– l’anaphore de s. Basile de Grand, tronquée;
– une autre anaphore orientale, dont j’ai du mal à identifier la provenance;
– la “prière eucharistique de toutes les Églises de l’Union d’Utrecht”;
– 7 “prières eucharistiques” modernes.

Voici, donc, les spécificités du Canon romain, tel qu’il se trouve dans le missel d’Utrecht. (Si vous ne voyez pas les détails des images, cliquez dessus pour les agrandir.)

Missel_Utrecht_2La première liste des saints commémore: «tes saints apôtres et martyrs Pierre et Paul, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Simon et Thaddée, Marie Madeleine, égale-aux-apôtres, saints Basile et [Jean] Chrysostome, Ambroise et Augustin, Willibrord et Boniface, Grégoire, Martin, Bavon».

Le Quam oblationem donne ceci: «Ce pain et ce calice, Dieu, nous t’en prions, daigne les bénir, les agréer, les approuver pleinement, les remplir de ton Esprit, les rendre parfaits et digne de te plaire, afin qu’ils deviennent pour nous le corps et le sang de ton Fils bien-aimé, notre Seigneur Jésus Christ». Ce faisant, on y a ajouté une épiclèse.

Missel_Utrecht_3Ce qui est intéressant par rapport aux paroles du Christ sur la couple, c’est que les mots «mystère de la foi» sont dits par le diacre, mais ces mots restent incorporés au contexte, comme dans l’original.

La seconde liste des saints est inexistante, et seuls les mots «avec tes saints» restent. Cette manière, ainsi que la forme de la première liste des saints, ne sont pas des nouveautés; le missel d’Utrecht de 1905 les avait aussi.

À vrai dire, je n’aime aucun des ces changements, tout comme n’aime pas le nom de saint Joseph dans le missel catho-romain. Néanmoins, rien d’essentiel n’a été altéré dans le canon romain tel que nous le trouvons dans les missels d’Utrecht, 1905 ou 2008.

Bref,  ce missel de 2008 permet aux communautés d’adopter une liturgie plutôt traditionnelle, ou plutôt moderne, en fonction des sensibilités. Si je me base strictement sur ce missel, à la question: «Peut-on être traditionaliste dans l’Église vieille-catholique des Pays-Bas?», je réponds fermement: oui!

Missel_Utrecht_4

Missel_Utrecht_5

Anaphore de Xyste.

messe_syrienneIl y a quelques mois, je suis tombé sur une curiosité. Les Syriens ont l’anaphore selon saint Xyste, pape de Rome.

À premier abord, cela semble faux. Une anaphore de la main de saint Xyste (Sixte) présuppose que le rite romain eût été interrompu à un moment donné, pour donner libre cours aux créations spontanées.

Mais ce phénomène semble plutôt de la même nature que le phénomène de la messe des présanctifiés chez les Byzantins.

On sait que Xyste III, pape de Rome, a eu une correspondance épistolaire avec les Syriens. Les Syriens ont, sans doute, composé une anaphore en compilant des phrases de ces lettres, avec des influences latines. Ainsi, le pré-sanctus est très court, selon le modèle de la « préface fériale » du rite romain; ces trois phrases semblent des paraphrases du canon romain: « arrache-les à la damnation éternelle », « ceux qui ont voulu t’offrir cette oblation », « reçois leurs offrandes au plus haut de tes cieux ».

Voici, donc, le texte de cette anaphore, dite de saint Xyste:

De notre cœur, de notre intelligence et de notre langue nous te rendons grâce, Père et Fils et Saint-Esprit, Dieu unique et véritable, et, de concert avec les chœurs invisibles et avec les innombrables rangs, nous te chantons la triple louange, en proclamant et en disant :

Sanctus…

Tu es saint, Dieu le Père, et ton Fils seul-engendré est saint, et ton Saint-Esprit vivifiant est saint, toi qui as racheté le monde de l’erreur du péché par l’incarnation de ton Fils, lui qui, étant sans péché, lorsqu’il allait accepter la mort pour nous pécheurs, prit du pain dans ses saintes mains, t’ayant rendu grâce, le bé+nit, le con+sacra et le rompit, en le donnant à tes saints apôtres et en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps, rompu pour vous et pour la multitude, donné pour la rémission des péchés et pour la vie éternelle. »

De même, il prit la coupe et, t’ayant rendu grâce, il la bé+nit et la con+sacra et la donna à ses saints apôtres en disant : « Prenez, buvez-en tous : ceci est mon sang, répandu pour vous et pour la multitude, donné pour la rémission des péchés et pour la vie éternelle. »

Et nous, tes serviteurs insignifiants et pécheurs, ayant reçu ta grâce, te louons et te rendons grâce pour tout et par tout. Que ton Saint-Esprit présent ici fasse de ce pain le + corps vivifiant : le + corps rédempteur : le vrai + corps de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ. Et le contenu de ce calice, qu’il le change en + sang de la nouvelle alliance : le + sang rédempteur : le vrai + sang de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ. Seigneur, que ceux-ci, dont nous allons communier, nous fassent prendre part à la joie en toi, et ainsi nous te rendrons louange et action de grâce, à toi et à ton Fils seul-engendré et à ton Saint-Esprit : Dieu dans les siècles des siècles. Amen.

Nous t’offrons ce sacrifice non-sanglant, Seigneur, en premier lieu pour la sainte Sion, la mère de toutes les églises, et pour ta sainte Église dans le monde entier, afin que tu lui donnes le don du Saint-Esprit. Souviens-toi, Seigneur, de nos évêques …, des prêtres, des diacres, et de tous les ordres de ton Église, moi y compris, insignifiant que je suis. Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse, mais vivifie-moi selon ta miséricorde. Souviens-toi aussi, Seigneur, des nôtres : des prisonniers, des malades, des infirmes, des affligés et de ceux qui sont tourmentés par les mauvais esprits. Bénis le climat et la couronne de l’année, rassasiant les vivants de bonne volonté. Souviens-toi, Seigneur, de ceux qui se tiennent debout et prient avec nous, et souviens-toi aussi de ceux qui nous ont quittés, de ceux qui ont voulu t’offrir cette oblation mais ne l’ont pas pu, et accorde à chacun tes bienfaits. Souviens-toi, Seigneur, de tous ceux dont nous avons fait mémoire, et reçois leurs offrandes au plus haut de tes cieux ; donne-leur la joie de ton salut, et rends-les dignes de ton secours ; affermis-les par ta puissance, et munis-les de ta force.

Souviens-toi, Seigneur, de notre roi ; revêts-le de l’armure spirituelle, et dompte tous ses ennemis, afin que nous menions une vie paisible.

Toi qui as pouvoir sur la vie et la mort, souviens-toi de nos saints pères et mères, des prophètes, des apôtres et des martyrs, de Marie la Vierge déipare, de saint Jean le précurseur, de saint Étienne le martyr, et de tous les justes. Joins-nous aux chœurs des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans la Jérusalem céleste. Affermis dans nos âmes les doctrines des illuminateurs et docteurs qui ont proclamé ton nom devant les nations et devant les rois et devant les enfants d’Israël. Mets fin aux hérésies qui nous troublent, et rends-nous dignes de nous tenir irréprochables devant le trône de ton redoutable jugement.

Seigneur des esprits et de toute chair, souviens-toi de tous ceux qui se sont endormis dans la foi véritable. Donne repos à leurs corps, leurs âmes et leurs esprits ; arrache-les à la damnation éternelle, et donne-leur la joie, là où resplendit la lumière de ta face, en les purifiant de leurs fautes, sans entrer en jugement avec eux, car nul vivant ne sera justifié devant toi, sinon ton Fils seul-engendré, par qui nous espérons aussi de trouver miséricorde et pardon de nos péchés et des leurs. Garde-nous, Seigneur, sans péché jusqu’à la fin, et rassemble-nous devant tes élus ; que notre fin advienne quand et comment tu le voudras, mais ne nous livre pas à l’opprobre de nos fautes, afin que ton nom honoré et béni soit glorifié et loué, en nous et partout ailleurs, avec celui de notre Seigneur Jésus Christ, et avec celui de ton Esprit bon, vivifiant et consubstantiel, maintenant et dans les siècles des siècles. Amen.