Espagnol, pas grec.

Le dernier article du chanoine Reid me semble intéressant; c’est pourquoi je vous le traduis:

L’Église épiscopalienne enseigne à ses futurs ordonnés, je suppose, le grec, et peut-être un peu d’hébreu, et sans doute encore moins de latin.

Tout ça, c’est une perte de temps. Seulement quelques savants ont besoin de connaître ces langues, et certainement pas les curés de paroisse en Amérique.

Ce que les séminaires devraient enseigner, c’est l’espagnol. Très bientôt, certains états d’Amériques seront majoritairement hispanophones. Et beaucoup de ces hispanophones se sont éloignés de l’Église romaine dans laquelle ils avaient été baptisés au sud de la frontière. Des tas d’entre eux se font évangéliser par les pentecôtistes et autres Églises protestantes.

Mais je suis sûr que beaucoup d’entre eux aimeraient trouver une Église catholique qui accepte le fait qu’ils soient divorcés et remariés, ou gais […] Et voici que nous avons l’Église épiscopalienne, qui remplit tous ces critères. Mais, malheureusement, la Messe et tout le reste y emploient d’habitude l’anglais.

J’aimerais parler l’espagnol couramment. Si c’était le cas, je proposerais une Messe hispanique chaque dimanche ou samedi soir à Saint-Clément. Bien entendu, je suis capable de lire une Messe en espagnol, mais ça doit être plus authentique que ça. Je saurais le faire en italien, français ou allemand, mais ce n’est pas très demandé au centre-ville de Philadelphie.

Ce qui est demandé, partout en Amérique, ce sont des prêtres épiscopaliens qui parlent l’espagnol sans difficultés et qui savent célébrer les Sacrements dans cette langue. Tout notre pieux discours sur la priorité des pauvres et des nécessiteux pourrait être mis en action via ce simple ajustement: ENSEIGNEZ L’ESPAGNOL AUX PRÊTRES ÉPISCOPALIENS!

Bon, ça ne va pas emmener le Royaume de Dieu du jour au lendemain, mais nos prêtres seront débarrassés du grec, hébreu et latin superficiels qu’ils oublient à peu près trois mois après avoir quitté le séminaire.

L’article du Père Reid me fait penser au Père Alberto Cutié. Et ça me fait également sourire, en pensant au castillan, qui remplacera l’anglais aux États-Unis. Car l’avenir du castillan n’est pas en Espagne (où tout le monde s’adonne à baragouiner l’anglais de cuisine), mais dans les Amériques!

Notre contexte, ici en Belgique, est quelque peu différent. N’empêche, le premier problème, c’est que nous ne savons même pas parler le français, et même, dans l’Église, c’est du mauvais français que l’on utilise, malheureusement, dans la liturgie et dans beaucoup de traductions bibliques. Mais, à côté de ça, nous devrions être polyglottes à l’autel et au lutrin. La renaissance du wallon, ainsi que l’extension du flamand et du luxembourgeois, doivent passer par le lutrin et l’autel.

Collectes de la Résurrection.

On peut dire, à juste titre, que l’Occident en général, et rite latin en particulier, restent très frugaux concernant la proclamation de la résurrection du Christ et, surtout, ils manquent de réflexion théologique autour du sujet, dans la liturgie. Au plus souvent, les antiennes se bornent à citer des versets bibliques, et les hymnes se contentent d’historiciser l’événement, tel qu’il est présenté dans les quatre évangiles.

Et même ainsi, à l’office, les antiennes des psaumes, parlant de la résurrection, se chantent uniquement à Pâque; les autres dimanches n’ont presque plus rien avec la résurrection.

Tout cela est très différent des rites orientaux. Par exemple, dans le rite byzantin, on chante tous les samedis soir 7 antiennes des psaumes, plus 3 apostiques, plus 1 tropaire, qui évoquent, tous, la résurrection, et font des réflexions théologiques là-dessus. En tout, ça fait 11 morceaux, multipliés par 8, autant que de semaines dans le cycle de l’octoèque!

Au contraire, le rite byzantin n’a ni les collectes, ni les hymnes, comme l’Occident. Donc si l’Occident est frugal, il n’est pas pourtant nul. Il a quelques collectes, qui évoquent la résurrection. On ferait donc bien de les utiliser plus souvent. Les voici:

Deus, qui sollemnitate paschali, mundo remedia contulisti: populum tuum, quæsumus, cælesti dono prosequere; ut et perfectam libertatem consequi mereatur, et ad vitam proficiat sempiternam; per Dominum…
Dieu, qui, dans la solennité pascale, as apporté les remèdes au monde, nous te prions de combler ton peuple du don céleste; afin qu’il mérite d’atteindre la liberté parfaite, et de parvenir à la vie éternelle; par notre Seigneur… (Lundi de Pâque)

Deus, qui nos resurrectionis dominicæ annua solemnitate lætificas: concede propitius; ut per temporalia festa quæ agimus, pervenire ad gaudia æterna mereamur; per eumdem Dominum…
Dieu, qui nous réjouis par la solennité annuelle de la résurrection du Seigneur: accorde-nous, qui célébrons ces fêtes dans le temps, de mériter de parvenir aux joies éternelles; par notre même Seigneur… (Mercredi de Pâque)

Omnipotens sempiterne Deus, qui paschale sacramentum in reconciliationis humanæ fœdere contulisti: da mentibus nostris; ut, quod professione celebramus, imitemur effectu; per Dominum…
Dieu tout-puissant et éternel, qui dans le sacrement pascal as formé un pacte de réconciliation avec l’humanité: donne à nos intelligences de mettre en pratique ce que nous célébrons par la foi; par notre Seigneur… (Vendredi de Pâque)

Deus, quem diligere et amare iustitia est, ineffabilis gratiæ tuæ in nobis dona multiplica: et qui fecisti nos in morte Filii tui sperare quæ credimus; fac nos eodem resurgente prevenire quo tendimus, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus…
Dieu, qu’il est juste de chérir et d’aimer, multiplie en nous les dons de ta grâce ineffable; et comme dans la mort de ton Fils tu nous as fait espérer ce que nous croyons, donne-nous d’aller à la rencontre de ce vers quoi nous tendons, par la résurrection du même, qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint… (Rameaux)

Deus, qui pro nobis Filium tuum crucis patibulum subire voluisti, ut inimici a nobis expelleres potestatem: concede nobis famulis tuis, ut resurrectionis gratiam consequamur; per eumdem…
Dieu, qui as voulu que ton Fils subît pour nous le gibet de la croix, afin que tu éloignasses de nous la puissance de l’ennemi: donne-nous, qui sommes tes serviteurs, de parvenir à la grâce de la résurrection; par le même… (Mercredi-Saint)

Deus, qui per resurrectionem Filii tui Domini nostri Iesu Christi, mundum lætificare dignatus es: præsta, quæsumus, ut per eius Genitricem Virginem Mariam, perpetuæ capiamus gaudia vitæ; per eumdem Christum…
Dieu, qui par la résurrection de ton Fils, notre Seigneur Jésus Christ, as daigné réjouir le monde: donne-nous, nous t’en prions, que par la Vierge Marie, sa mère, nous recevions les joies de la vie éternelle; par le même Christ… (de la BVM pendant le temps pascal)

 

Canon missæ.

En ce Jeudi-Saint, je vous présente la traduction du canon romain que j’ai faite en wallon.

Je vous la présente orthographiée et « hétérographiée » de 4 façons: d’abord en orthographe normalisée et corrigée étymologiquement; ensuite en orthographe normalisée francisée; puis en système pseudo-phonétique Feller de Liége; enfin en système Lucien Léonard de Namur.

Canon messe

Te igitur

Vos, adon, miloutös Paire, på Ğezus Crisse, vosse Fi, nosse Signör, nos vs heriam et vis dmandai d’ awè rçuvou et beni ces do+ns cial, ces bistok+es ci, ces sintès nein edåmaiyès ofran+des cial: ki nos vs els ofrixham aprume po vosse sinte catolike Eglijhe; el vloxhe bein rapåjhtai, wårdai, raploûre et meurnai pattavå l’ daegn, ene avou vost ovrî, nosse popa N ki state padvant, et avou tots les vekes dreut-priyants k’ ont l’ catolike et apostolike feu.

Memento

Rimimbraits-vis, Signör, vos ovrîs et meskenes N et N, éyet tots les ceas ki statnut cial e rond, ki vos cnoxhots lö feu et sepi lö-n exhowe, ki c’ est por zels ki nos vs ofixham, u copurade c’ est zels ki vs el ofrixhe, por zels et totes lös ğins, po lös åmes esse redîmaiyes, po waitî d’ esse rischoyou et schapai, éyet s’ i vs rindnut lös sohaits a Vos, l’ vicant et vraîy Bon Dju k’ est po todi.

Communicantes

Å comunyî, et al sovnance aprume del mågnifieye et todi viedje Mareye, mame di nosse Bon Dju et Signör Ğezus Crisse, éyet d’ vos benis apoisses et mårtirs Pire et Pôl, Andrî, Ğåke, Filipe, Biaitrumai, Matî, Simon et Tadai, Lin, Clet, Clemint, Sisse, Coirnea, Ciprin, Lorint, Crizogone, Ğihan et Pôl, Coisse et Damyin et d’ tots vos sints: po lös merites et priyires, dinaits-nos d’ esse pår warantîs et aspalaits d’ Vos, på minme Crisse, nosse Signör.

Hanc igitur

Adon cisse bistoke cial foû d’ nost ovraetč et d’ vosse tot etire famile, nos vs priyam, Signör, riçuvots-l’, s’ i vs plaît; et ahessîts nos djournaiyes e påye, éyet nos schapai po todi del dånåcion, et nos vloxhe bein contai e l’ hiede des ceas k’ vos avoz čuzî; på Crisse, nosse Signör.

Quam oblationem

El keine bistoke, Vos, Bon Dju, nos vs priyam d’ el bein vlör be+ni, as+provai, a+certinai, el rinde compurdåve et l’ riçure; afein-ç’ k’ ele fouxhe po nozôtes li coi+rp et l’ so+nk di vosse binamai Fi, Ğezus Crisse, nosse Signör.

Qui pridie

Ki, divant d’ sofri, purda do pan e ses sintès veneråvès mwins, et tot levant les ouys å cir a Vos, Bon Dju, si Paire ki poite totafwait e ses mwins, tot vs rindant gråce, i beni+xha, i verdja, et ndè dnai a ses apurdices, tot djhant: « Purdots si magnîts d’ çouci tertos: çou-cial est, come di ğusse, mi coirp. »

Simili modo

Tot fén parèy, aprep awè rcinai, tot purdant ci binamai cålice cial eto, e ses saintès veneråvès magns, tot vs rindant gråce, el beni+xha et ndè dnai a ses apurdices, tot djhant: « Purdots si beuvots d’ çouci tertos: çou-cial est, come di ğusse, mi sonk ès cålice do novea testamint k’ est po todi: mistére del feu: ki por vozôtes et po bråmint si spådrai, po les pečîs esse rimetous. Si tant des côps ki vos frots çou-cial, fiots-l’ e mi rmimbrance. »

Unde et memores

Adon, Signör, nozôtes, vos ovrîs et vosse sint pöpe, et tot nos rmimbrant l’ beneye passion do minme Crisse, vosse Fi, nosse Signör, sins rovî s’ ravicaetč d’ åd-ğus, et co s’ mo grande ascinsion å cir, nos ofrixham a vosse binamaiye grandesse, foû d’ vos dons et bistokes: li sir sitrågnî, li sint strågnî, li nein taečî strågnî: li sint + pan del veye k’ est po todi, et l’ cå+lice po-z esse sins rla schapai.

Supra quæ

Sor zels, vloxhe bein waitî d’ on virlixh et binåjhe viyaire, et lzè rçure, a môde c’ avoz bein vlou rçure les bistokes di vosse gårçon Abel li ğusse, et l’ sacrifiaetč di nosse rataye Abråm, éyet çou k’ i vs a strimai vosse mwaisse-ofrixhö Melkizedek: on sint sacrifiaetč: li nein taečî strågnî.

Supplices te rogamus

Nos vs heriam et vos priyî, Vos, Bon Dju ki poite totafwait e ses mwins: el vloxhe bein fai poirter, på mwin di vosse sinte anğe, a vost åtai k’ est la-hôt, padvant les iys di vosse grandesse, afén-ç’ ki nozôtes ki magnrai l’ foirt sint coirp et sonk di vosse Fi, å prinde pårt a cist åtai cial, nos nos rimplixhreim tertos d’ tot benixhaetč do cir et d’ gråce, på Crisse, nosse Signör.

Memento

Rimimbraits-vis, Signör, vos ovrîs et meskenes N et N, ki sont-st evoye divant nozôtes, segnîs avou l’ feu, et ki doimnut l’ some del påye. A zels, Signör, et a tertots ki s’ disnåjhixhnut e Crisse, nos vos priyam d’ elzî acdinai l’ plaece di frishcåde, loumire et påye, på minme Crisse, nosse Signör.

Nobis quoque peccatoribus

A nozôtes eto, vos pečös ovrîs, ki ratind vos mizericôres ki gn end a bråmint, nos vloxhe bein dnai ene payele di rawete et d’ soçnai avou vos sints apoisses et mårtirs: avou Ğhan, Stiaine, Matiasse, Bårnabai, Ignace, Zande, Mårçulin, Pire, Felicitaiye, Perpetuwe, Agate, Luceye, Nanesse, Cicile, Anastazeye et tots vos sints; nos vis dmandam d’ nos rçure å lådje e lö soce, sins contai so nosse merite, mins so voste avnance, på Crisse, nosse Signör, på kein, Signör, vos prustixhots les bounès sacwès, vos lzè sancti+fyîts, vos lzè fiots vi+cai, vos lzè beni+xhots, et nos les aherai; pa l+u, et atot l+u, éyet sor l+u, Vos, Bon Dju Paire + ki poite totafwait e ses mwins, raploû avou l’ Sint+Spért, tot onör et grandesse est dal vosse, po tots les treveins des treveins. Åmen.

* * *

Canon messe (rifondou)

Te igitur

Vos, adon, milouteus Pere, på Djezus Crisse, vosse Fi, nosse Signeur, nos vs herians et vis dmander d’ awè rçuvou et beni ces do+ns cial, ces bistok+es ci, ces sintès nén edåmêyès ofran+des cial: ki nos vs els ofrixhans aprume po vosse sinte catolike Eglijhe; el vloxhe bén rapåjhter, wårder, raploûre et moenner pattavå l’ daegn, ene avou vost ovrî, nosse popa N ki state padvant, et avou tots les vekes droet-priyants k’ ont l’ catolike et apostolike fwè.

Memento

Rimimbrez-vis, Signeur, vos ovrîs et meskenes N et N, eyet tots les cias ki statnut cial e rond, ki vos cnoxhoz leu fwè et sepi leu-n exhowe, ki c’ est por zels ki nos vs ofixhans, u copurade c’ est zels ki vs el ofrixh, por zels et totes leus djins, po leus åmes esse redîmêyes, po waitî d’ esse rischoyou et schapé, eyet s’ i vs rindnut leus sohaits a Vos, l’ vicant et vraiy Bon Diu k’ est po todi.

Communicantes

Å comunyî, ey al sovnance aprume del mågnifieye et todi viedje Mareye, mame di nosse Bon Diu et Signeur Djezus Crisse, eyet d’ vos benis apoisses et mårtirs Pire et På, Andrî, Djåke, Filipe, Bietrumé, Matî, Simon et Tadé, Lin, Clet, Clemint, Sisse, Coirnea, Ciprin, Lorint, Crizogone, Djihan et På, Coisse et Damyin et d’ tos vos sints: po leus merites et priyires, dinez-nos d’ esse pår warantîs et aspalés d’ Vos, på minme Crisse, nosse Signeur.

Hanc igitur

Adon cisse bistoke cial foû d’ nost ovraedje et d’ vosse tot etire famile, nos vs priyans, Signeur, riçuvoz-l’, s’ i vs plait; et ahessîz nos djournêyes e påye, eyet nos schaper po todi del dånåcion, et nos vloxhe bén conter e l’ hiede des ceas k’ vos avoz tchoezî; på Crisse, nosse Signeur.

Quam oblationem

El kéne bistoke, Vos, Bon Diu, nos vs priyns d’ el bén vleur be+ni, as+prover, a+certiner, el rinde compurdåve et l’ riçure; afîsse k’ ele fouxhe po nozôtes li coi+r et l’ so+nk di vosse binamé Fi, Djezus Crisse, nosse Signeur.

Qui pridie

Ki, divant d’ sofri, purda do pan e ses sintès veneråvès mwins, et tot levant les ouys å cir a Vos, Bon Diu, si Pere ki poite totafwait e ses mwins, tot vs rindant gråce, i beni+xha, i verdja, et ndè dner a ses apurdisses, tot djhant: « Purdoz si magnîz d’ çouci tertos: çou-cial est, come di djusse, mi coir. »

Simili modo

Tot fén parey, après awè rciner, tot purdant ci binamai cålice cial eto, e ses saintès veneråvès mwins, tot vs rindant gråce, el beni+xha et ndè dner a ses apurdisses, tot djhant: « Purdoz si boevoz d’ çouci tertos: çou-cial est, come di djusse, mi sonk ès cålice do novea testamint k’ est po todi: mistere del fwè: ki por vozôtes et po bråmint si spådrè, po les petchîs esse rimetous. Si tant des côps ki vos froz çou-cial, fijhoz-l’ e mi rmimbrance. »

Unde et memores

Adon, Signeur, nozôtes, vos ovrîs et vosse sint peupe, et tot nos rmimbrant l’ beneye passion do minme Crisse, vosse Fi, nosse Signeur, sins rovî s’ ravicaedje d’ åd-djus, et co s’ mo grande ascinsion å cir, nos ofrixhans a vosse binamêye grandesse, foû d’ vos dons et bistokes: li sir sitrågnî, li sint strågnî, li nén taetchî strågnî: li sint + pan del veye k’ est po todi, et l’ cå+lice po-z esse sins rla schapé.

Supra quæ

Sor zels, vloxhe bén waitî d’ on virlixh et binåjhe viyaire, et lzè rçure, a môde k’ avoz bén vlou rçure les bistokes di vosse gårçon Abel li djusse, et l’ sacrifiaedje di nosse rataye Abråm, eyet çou k’ i vs a strimé vosse mwaisse-ofrixheu Melkizedek: on sint sacrifiaedje: li nén taetchî strågnî.

Supplices te rogamus

Nos vs herians et vos priyî, Vos, Bon Diu ki poite totafwait e ses mwins: el vloxhe bén fé poirter, på mwin di vosse sinte andje, a vost åté k’ est la-hôt, padvant les iys di vosse grandesse, afîsse ki nozôtes ki magnrè l’ foirt sint coir et sonk di vosse Fi, å prinde pårt a cist åté cial, nos nos rimplixhréns tertos d’ tot benixhaedje do cir et d’ gråce, på Crisse, nosse Signeur.

Memento

Rimimbrez-vis, Signeur, vos ovrîs et meskenes N et N, ki sont-st evoye divant nozôtes, segnîs avou l’ fwè, et ki doimnut l’ some del påye. A zels, Signeur, ey a tertots ki s’ disnåjhixhnut e Crisse, nos vos priyans d’ elzî acdiner l’ plaece di friscåde, loumire et påye, på minme Crisse, nosse Signeur.

Nobis quoque peccatoribus

A nozôtes eto, vos petcheus ovrîs, ki ratind vos mizericôres ki gn end a bråmint, nos vloxhe bén dner ene payele di rawete et d’ soçner avou vos sints apoisses et mårtirs: avou Djhan, Stiene, Matiasse, Bårnabé, Ignace, Zande, Mårçulin, Pire, Felicitêye, Perpetuwe, Agate, Luceye, Nanesse, Cicile, Anastazeye et tots vos sints; nos vis dmandans d’ nos rçure å lådje e leu soce, sins conter so nosse merite, mins so voste avnance, på Crisse, nosse Signeur, på kén, Signeur, vos prustixhoz les bounès sacwès, vos lzè sancti+fyîz, vos lzè fijhoz vi+ker, vos lzè beni+xhoz, et nos les aherer; pa l+u, et atot l+u, eyet sor l+u, Vos, Bon Diu Pére + ki poite totafwait e ses mwins, raploû avou l’ Sint+Spér, tot oneur et grandesse est dal vosse, po tots les trevéns des trevéns. Åmen.

 

* * *

Canon mèsse (Lîdje)

Te igitur

Vos, adon, milouteûs Pére, på Djèzus Cris’, vosse Fi, nosse Signeûr, nos v’ hèrians èt vis d’mander d’ awè rçuvou èt bèni cès do+ns chal, cès bistok+es ci, cès sintès nin èdåmêyès ofran+des chal: ki nos v’s-èls-ofrihans apreûme po vosse sinte catolike Èglîse; èl vlosse bin rapåhter, wårder, raplouler èt mèner pa-t’t-avå l’ dègn, ène avou vost ovrî, nosse popa N ki state padvant, èt avou tos lès vèkes dreût-priyants k’ ont l’ catolike èt apostolike fwè.

Memento

Rimimbrez-vis, Signeûr, vos ovrîs èt mèskènes N et N, èyèt tos lès cîs ki statèt chal è rond, ki vos cnohez leû fwè èt sèpi leû-n èhowe, ki c’ èst por zèls ki nos v’s-ofrihans, u copurade c’ èst zèls ki v’s-èl ofrih, por zèls èt totes leûs djins, po leûs åmes èsse rèdîmêyes, po waitî d’ èsse rihoyou èt hapé, èyèt s’ i v’ rindèt leûs sohêts a Vos, l’ vicant èt vrê Bon Diu k’ èst po todi.

Communicantes

Å comunyî, èt al sov’nance apreûme dèl mågnifièye èt todi vièdje Marèye, mame di nosse Bon Diu èt Signeûr Djèzus Crisse, èyèt d’ vos bènis apwèsses èt mårtirs Pire èt På, Andrî, Djåke, Filipe, Biètrumé, Matî, Simon èt Tadé, Lin, Clèt, Clèmint, Sisse, Cwèrnê, Ciprin, Lorint, Crizogone, Djihan èt På, Cwèsse èt Damyin èt d’ tos vos sints: po leûs mèrites èt priyires, dinez-nos d’ èsse pår warantîs èt aspalés d’ Vos, på minme Crisse, nosse Signeûr.

Hanc igitur

Adon cisse bistoke chal foû d’ nost ovrèdje èt d’ vosse tot ètire famile, nos v’ priyans, Signeûr, riçûvez-l’, s’ i v’ plêt; èt ahèssîz nos djournêyes è påye, èyèt nos haper po todi dèl dånåcion, èt nos vlosse bin conter è l’ hiède dès cîs k’ vos avez tchûzî; på Crisse, nosse Signeûr.

Quam oblationem

Èl kène bistoke, Vos, Bon Diu, nos v’ priyans d’ èl bin vleûr bè+ni, as+prover, a+cèrtiner, èl rinde comprindåve èt l’ riçûre; afîsse k’ èle fouhe po nozôtes li cwè+r èt l’ so+nk di vosse binamé Fi, Djèzus Crisse, nosse Signeûr.

Qui pridie

Ki, divant d’ sofri, prinda do pan è sès sintès vènèråvès mwins, èt tot lîvant lès oûys å cîr a Vos, Bon Diu, si Pére ki pwète totafêt è sès mwins, tot v’ rindant gråce, i bèni+ha, i vèrdja, èt nnè d’ner a sès aprindisses, tot d’hant: « Prindez si magnîz d’ çouci tèrtos: çou-chal èst, come di djusse, mi cwèr. »

Simili modo

Tot fin parèy, après awè r’ciné, tot prindant ci binamé cålice chal èto, è sès sintès vènèråvès mwins, tot v’ rindant gråce, èl bèni+ha èt nnè d’ner a sès aprindisses, tot d’hant: « Prindez si beûvez d’ çouci tèrtos: çou-chal èst, come di djusse, mi sonk ès’ cålice dè novê tèstamint k’ èst po todi: mistére dèl fwè: ki por vozôtes èt po bråmint si spådrè, po lès pètchîs èsse rimetous. Si tant dès côps ki vos frez çou-chal, fez-l’ è mi r’mimbrance. »

Unde et memores

Adon, Signeûr, nozôtes, vos ovrîs èt vosse sint peûpe, èt tot nos r’mimbrant l’ bènèye passion do minme Crisse, vosse Fi, nosse Signeûr, sins rovî s’ ravikèdje d’ åd-djus, èt co s’ mô grande acinchon å cîr, nos ofrihans a vosse binamêye grandèsse, foû d’ vos dons èt bistokes: li sîr sitrågnî, li sint strågnî, li nin tètchî strågnî: li sint + pan dèl vèye k’ èst po todi, èt l’ cå+lice po-z èsse sins r’la hapé.

Supra quæ

Sor zèls, vlosse bin wêtî d’ in virlih èt binåhe viyêre, èt lzè r’çûre, a môde k’ avez bin vlou rçûre lès bistokes di vosse gårçon Abèl li djusse, èt l’ sacrifièdje di nosse rataye Abråm, èyèt çou k’ i v’s-a strimé vosse mwaisse-ofriheû Mèlkizèdèk: in sint sacrifièdje: li nin tètchî strågnî.

Supplices te rogamus

Nos v’ hèrians èt vos priyî, Vos, Bon Diu ki pwète totafêt è sès mwins: èl vlosse bin fé pwèrter, på mwin di vosse sinte andje, a vost åté k’ èst la-hôt, padvant lès uys di vosse grandèsse, afîsse ki nozôtes ki magnrè l’ fwèrt sint cwèr èt sonk di vosse Fi, å prinde pårt a cist åté chal, nos nos rimplihrins tèrtos d’ tot bènihèdje dè cîr èt d’ gråce, på Crisse, nosse Signeûr.

Memento

Rimimbrez-vis, Signeûr, vos ovrîs èt mèskènes N et N, ki sont-st èvôye divant nozôtes, sègnîs avou l’ fwè, et ki dwèrmèt l’ some dèl påye. A zèls, Signeûr, èy a tèrtots ki s’ disnåhihèt è Crisse, nos vos priyans d’ èlzî ac’diner l’ plèce di friscåde, loumîre et påye, på minme Crisse, nosse Signeûr.

Nobis quoque peccatoribus

A nozôtes èto, vos pètcheûs ovrîs, ki ratind vos mizèricôres ki gn èn a bråmint, nos vlosse bin d’ner ène payèle di rawète èt d’ soçner avou vos sints apwèsses èt mårtirs: avou Dj’han, Stiène, Matiasse, Bårnabé, Ignace, Zande, Mårçulin, Pîre, Fèlicitêye, Pèrpètuwe, Agate, Lucèye, Nanèsse, Cicile, Anastazèye et tos vos sints; nos vis d’mandans d’ nos rçûre å lådje è leû soce, sins conter so nosse mèrite, mins so voste av’nance, på Crisse, nosse Signeûr, på ké, Signeûr, vos prustihez lès bounès sacwès, vos lzè sancti+fyîz, vos lzè fez vi+ker, vos lzè bèni+hez, èt nos lès-ahèrer; pa l+u, èt atot l+u, èyèt sor l+u, Vos, Bon Diu Pére + ki pwète totafêt è sès mwins, rapoulé avou l’ Sint+Spér, tot oneûr èt grandèsse èst dal vosse, po tos lès trèvins dès trèvins. Åmèn.

* * *

Canon mèsse (Nameûr)

Te igitur

Vos, adon, milouteûs Pére, pau Djèzus Cris’, vosse Fi, nosse Sègneûr, nos v’ èrians èt vos d’mander d’ awè rçuvu èt bèni cès do+ns ci, cès bistok+es ci, cès sintès nin èdauméyes-ofran+des ci: qui nos v’s-èls-ofrichans apreûme po vosse sinte catolique Èglîje; èl v’loche bin rapaujter, waurder, raploûre èt mwin.rner pa-t’t-avau l’ dagn, one avou vost ovrî, nosse popa N qui state pad’vant, èt avou tos lès vèques dwèt-priyants k’ ont l’ catolique èt apostolique fwè.

Memento

Rimimbrez-vos, Sègneûr, vos ovrîs èt mèskènes N et N, èyèt tos lès cias qui statnut vaici è rond, qui vos conchîz leû fwè èt sèpi leû-n èchuwe, qui c’ èst por zèls qui nos v’s-ofrichans, ou copurade c’ èst zèls qui v’s-èl ofrich, por zèls èt totes leûs djins, po leûs âmes èsse rèdîméyes, po waitî d’ èsse richoyu èt chapé, èyèt s’ i v’ rindnut leûs sohaîts a Vos, l’ vicant èt vraî Bon Diè k’ èst po todi.

Communicantes

Au comunyî, èt al sov’nance apreûme dèl mâgnifièye èt todi vièdje Marîye, mame di nosse Bon Diè èt Sègneûr Djèzus Crisse, èyèt d’ vos bènis apwasses èt mârtirs Pîre èt Pol, Andrî, Djauke, Filipe, Biètrumé, Matî, Simon èt Tadé, Lin, Clèt, Clèmint, Sisse, Cwarnia, Ciprin, Lorint, Crizogone, Djan èt Pol, Cwasse èt Damyin èt d’ tos vos sints: po leûs mèrites èt priyires, donez-nos d’ èsse paur warantîs èt aspalés d’ Vos, pau minme Crisse, nosse Sègneûr.

Hanc igitur

Adon cisse bistoke ci foû d’ nost ovrèdje èt d’ vosse tot ètire famile, nos v’ priyans, Sègneûr, riçûvoz-l’, s’ i v’ plaît; èt ayèssîz nos djournéyes è paîs, èyèt nos chaper po todi dèl dânâcion, èt nos v’loche bin conter è l’ iède dès cias k’ vos avoz tchûzî; pau Crisse, nosse Sègneûr.

Quam oblationem

Èl kène bistoke, Vos, Bon Diè, nos v’ priyans dè l’ bin vleûr bè+ni, as+prouver, a+cèrtiner, èl rinde compurdauve èt l’ riçûre; afîn-ç’ k’ èle fuche po nozôtes li cwa+r èt l’ so+nk di vosse binamé Fi, Djèzus Crisse, nosse Sègneûr.

Qui pridie

Qui, divant d’ sofri, prinda do pwin è sès sintès vènèrauvès mwins, èt tot lèvant lès oûys au ciél a Vos, Bon Diè, si Pére qui pwate totafaît è sès mwins, tot v’ rindant grâce, i bèni+cha, i vèrdja, èt nnè doner a sès apurdisses, tot d’jant: « Purdoz si mougnîz d’ çuci tortos: çuci èst, come di djusse, mi cwar. »

Simili modo

Tot fin parèy, après awè r’ciné, tot prindant ci binamé câlice ci èto, è sès sintès vènèrauvès mwins, tot v’ rindant grâce, èl bèni+cha èt nnè doner a sès apurdisses, tot d’jant: « Purdoz si bwèvoz d’ çuci tortos: çuci èst, come di djusse, mi sonk ès’ câlice do novia tèstamint k’ èst po todi: mistére dèl fwè: qui por vozôtes èt po braumint si spaudrè, po lès pètchîs èsse rimetus. Si tant dès côps qui vos frez çuci, fioz-l’ è mi r’mimbrance. »

Unde et memores

Adon, Sègneûr, nozôtes, vos ovrîs èt vosse sint peûpe, èt tot nos r’mimbrant l’ bènîye passion do minme Crisse, vosse Fi, nosse Sègneûr, sins rovî s’ ravicadje d’ au-d’ djus, èt co s’ mô grande acinsion au ciél, nos ofrichans a vosse binaméye grandèsse, foû d’ vos dons èt bistokes: li sîr sitraugnî, li sint straugnî, li nin tètchî straugnî: li sint + pwin dèl vîye k’ èst po todi, èt l’ câ+lice po-z èsse sins r’la chapé.

Supra quæ

Sor zèls, v’loche bin waîtî d’ on virlich èt binauje viyaîre, èt lzè r’çûre, a môde k’ avoz bin vlu rçûre lès bistokes di vosse gârçon Abèl li djusse, èt l’ sacrifiadje di nosse rataye Abrâm, èyèt çu k’ i v’s-a stramé vosse maîsse-ofricheû Mèlkizèdèk: on sint sacrifiadje: li nin tatchî straugnî.

Supplices te rogamus

Nos v’ èrians èt vos priyî, Vos, Bon Diè qui pwate totafaît è sès mwins: èl v’loche bin fé pwarter, pau mwin di vosse sinte andje, a vost auté k’ èst la-wôt, pad’vant lès îs di vosse grandèsse, afîn-ç’ qui nozôtes qui mougnrè l’ fwart sint cwar èt sonk di vosse Fi, au prinde paurt a cit auté ci, nos nos rimplichrins tortos d’ tot bènichadje do ciél èt d’ grâce, pau Crisse, nosse Sègneûr.

Memento

Rimimbrez-vos, Sègneûr, vos ovrîs èt mèskènes N et N, qui sont-èvôye divant nozôtes, sègnîs avou l’ fwè, èt qui dwamnut l’ some dèl paîs. À zèls, Sègneûr, et à tèrtots qui s’ disnaujichnut è Crisse, nos vos priyans d’ èlzî ac’doner l’ plâce di friscaude, lumîre èt paîs, pau minme Crisse, nosse Sègneûr.

Nobis quoque peccatoribus

À nozôtes èto, vos pètcheûs ovrîs, qui ratind vos mizèricôres qui gn èn a braumint, nos v’loche bin doner one payèle di rawète èt d’ soç’ner avou vos sints apwasses èt mârtirs: avou Djan, Stiène, Matiasse, Bârnabé, Ignace, Zande, Maurçulin, Pîre, Fèlicitéye, Pèrpètuwe, Agate, Lucîye, Nanèsse, Cicile, Anastazîye èt tos vos sints; nos vos d’mandans d’ nos rçûre au laudje è leû soce, sins conter so nosse mèrite, mins so voste av’nance, pau Crisse, nosse Sègneûr, pau ké, Sègneûr, vos prustichoz lès bonès sacwès, vos lzè sancti+fioz, vos lzè fioz vi+ker, vos lzè bèni+choz, èt nos lès-aèrer; pa l+u, èt atot l+u, èyèt sor l+u, Vos, Bon Diè Pére + qui pwate totafaît è sès mwins, raplou avou l’ Sint+Spér, tot oneûr èt grandèsse èst dal vosse, po tos lès trèvins dès trèvins. Åmèn.

Le Disciple nu.

Hier soir, en priant les vêpres, nous avons lu la passion selon saint Marc.

Le détail qui n’apparaît nulle part ailleurs, c’est celui du disciple nu: «Alors tous l’abandonnèrent et prirent la fuite. Un jeune homme le suivait, vêtu seulement d’un drap. On l’arrête, mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu.» (Marc 14:50-52). Il s’agit, sans doute, de Marc lui-même.

Je voudrais vous partager cet article-ci, qui comment l’épisode dont il est question.

Évangile Marc.

Avant que ce carême ne soit fini, je voudrais vous partager une réflexion.

L’évangéliaire byzantin ne propose pas de péricopes des évangiles, propres aux féries du carême. Autrement dit, de lundi à vendredi, en carême, dans le rite byzantin, il manque l’évangile du jour.

Pour résoudre ce problème, j’ai vu plusieurs idées mises en pratique:

– Certains lisent des évangiles du sanctoral.
– D’autres lisent les évangiles des féries du temps pascal, tirés de saint Jean.
– D’autres lisent les évangiles des des féries du temps après la Pentecôte, tirés de Matthieu et Luc.
– D’autres ouvrent l’évangéliaire au pif.

Il y a une quinzaine d’années, j’ai essayé, moi aussi, d’apporter une réponse à la question. Je me suis dit que, plutôt que de répéter des péricopes qui sont, de toute façon, prévues pour être lues plus tard dans l’année, mieux valait de chercher le passages qui ne sont jamais lus.

Ainsi, j’ai pris l’évangéliaire, dans le temporal et dans le sanctoral, et j’ai tout noté. Tout compte fait, je me suis rendu compte du fait suivant: l’évangile selon Marc était très, très peu lu. Plus précisément, les samedis et les dimanches de carême, douze brèves péricopes en tout, et deux ou trois autres au sanctoral. Tout le reste était omis.

Le choix, alors, a été simple. J’ai pris tous les passages restants, et j’ai tout divisé en trente péricopes, une pour chaque jour du carême qui n’a pas d’évangile du jour.

L’évangile selon saint Marc peut fasciner, parce que c’est le plus bref. Mais il y en a d’autres que ça ennuie, pour la même raison. Alors ils vont toujours puiser dans Matthieu et Luc.

Messe indienne.

Je profite du temps plus ou moins libre pour partager avec vous quelques articles que je n’ai pas eu le temps d’écrire plus tôt, mais que j’avais conçus il y a quelques mois.

Dans le temps, j’écoutais à la radio la messe dans les plusieurs rites (notamment maronite et malankar). J’ai toujours été étonné par la combinaison de Tradition et kitsch dans l’usage contemporain de ces deux rites. De la postmodernité, donc.

Voici donc, en vidéo, la messe du rite malankar. Il faut attendre 5 minutes d’introduction. L’évangile est à la 12ème minute; la consécration à la 40ème. Malheureusement, les fidèles ne communient pas…

Par contre, en regardant cette autre messe de l’Église MarThoma (une Église orientale faisant partie de la Communion Anglicane), on voit que là-bas le kitsch est moins évident, et tout le monde communie.

 

Bénédiction des Rameaux.

Puisque le dimanche prochain, c’est le dimanche des Rameaux, je vais faire suite aux articles que j’ai écrits l’année dernière et il y a quatre ans et demi.

Toute d’abord, l’Église – quels que soient les rites – a toujours voulu proclamer la passion du Christ selon les 4 évangiles, tout au long de la semaine sainte. La répartition de cette lecture a été faite comme suit:

– Lundi l’onction de Béthanie selon saint Jean;
– Mardi la passion selon saint Marc;
– Mercredi la passion selon saint Luc;
– Jeudi la première moitié de la passion selon saint Jean (jusqu’à la fin de la Cène);
– Vendredi la seconde moitié de la passion selon saint Jean (à partir de la fin de la Cène).

Du coup, pour trouver de la place pour la passion selon saint Matthieu, on a dû placer celui-ci le dimanche des Rameaux. Je me demande bien pourquoi a-t-on mis l’onction de Béthanie le Lundi-Saint. (Dans le rite byzantin, on la proclame le Mercredi-Saint, et on l’accompagne de l’onction des malades.)

La première « anomalie » – l’absence du récit de la Cène le Jeudi-Saint même – est due à cette volonté de faire un récit ininterrompu des quatre évangiles pendant la semaine sainte. La seconde « anomalie », de lire la passion selon saint Matthieu le dimanche même des Rameaux, semble moins compréhensible. Personnellement, je pense que ces deux « anomalies » s’expliquent ainsi: au début, l’Église de Rome ne mettait pas d’accent particulier sur l’institution de la Cène le Jeudi-Saint, ni sur l’entrée de Jésus à Jérusalem le dimanche avant la Pâque. Cela relève plutôt d’une conception plus antique, alors qu’à Jérusalem les choses en étaient autrement, et que les pèlerins en sont rentrés avec des cérémonies nouvelles.

Ça fait que le bon liturgiste « tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes ». Autrement dit, pour le matin du dimanche des Rameaux, l’Église romaine antique a conservé:

– une liturgie de la parole, des Rameaux;
– une liturgie de la parole, de la Passion;
– une liturgie eucharistique.

Entre ces deux liturgies de la parole, il y a la procession.

Mais cette première liturgie de la parole, des Rameaux, a été tronquée par Pie XII. Même sur les sites web des intégristes, elle manque.

En quoi consiste-t-elle?

Introït

Hosanna filio David: benedictus qui venit in nomine Domini. O Rex Israël: Hosanna in excelsis! Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Ô Roi d’Israël: hosanna au plus haut des cieux!

Collecte

Deus, quem diligere et amare iustitia est, ineffabilis gratiæ tuæ in nobis dona multiplica: et qui fecisti nos in morte Filii tui sperare quæ credimus; fac nos eodem resurgente prevenire quo tendimus, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum. Dieu, qu’il est juste de chérir et d’aimer, multiplie en nous les dons de ta grâce ineffable; et comme dans sa mort tu nous as fait espérer ce que nous croyons, fais-nous, d’aller à la rencontre de ce vers quoi nous tendons, par la résurrection du même, qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles.

Prophétie: Exode 15:27 et 16:1-7.

Graduel: Collegerunt pontifices et pharisæi concilium ou In monte Oliveti.

Évangile des Rameaux selon Matthieu 21:1-9.

Secrète

Auge fidem in te sperantium, Deus, et  supplicum preces clementer exaudi: veniat super nos multiplex misericordia tua: bene+dicantur et hi palmites palmarum, seu olivarum: et sicut in figura Ecclesiæ multiplicasti Noë egredientem de arca, et Moÿsen exeuntem de Ægypto cum filiis Israël; ito nos portantes palmas, et ramos olivarum, bonis actibus occuramus obviam Christo: et per ipsum in gaudium introeamus æternum, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum. Augmente la foi de ceux qui espèrent en toi, Dieu, et les prières ferventes exauce-les avec clémence: vienne sur nous en abondance de ta miséricorde: soient bé+nies aussi ces branches de palmier ou d’olivier: et comme, selon la figure de l’Église, tu as donné l’abondance à Noé sortant de l’arche, et à Moïse sortant d’Égypte avec les fils d’Israël, de même, nous aussi, portant les palmes et les branches des oliviers, que nous accourions au-devant du Christ par de bonnes œuvres, et que nous entrions dans la joie éternelle par lui, qui vit et règne avec toi dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles.

Préface et anaphore

Dominus vobiscum.
Sursum corda.
Gratias agamus Domino Deo nostro.
Le Seigneur soit
avec vous.
Élevons nos cœurs.
Rendons grâce au Seigneur notre Dieu.
Vere dignum et iustum est, æquum et salutare,
nos tibi semper, et ubique gratias agere,
Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus,
qui gloriaris in consilio sanctorum tuorum.

Tibi enim serviunt creaturæ tuæ: quia te solum auctorem et Deum cognoscunt,
et omnis factura tua te collaudat, et benedicunt te sancti tui.
Qui illud magnum Unigeniti tui nomen coram regibus
et potestatibus huius sæculi libera voce confitentur.

Cui assistunt Angeli et Archangeli, Throni et Dominationes:
cumque omni militia cælestis exercitus,
hymnum gloriæ tuæ concinunt,
sine fine dicentes: Sanctus…

Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire,
de te rendre grâces toujours et partout,
Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel,
glorifié dans le conseil des saints.

C’est toi que servent tes créatures, car elles te reconnaissent comme leur seul auteur et Dieu,
et toute ta création te loue, et tes saints te bénissent.
Ils confessent le grand nom de ton Fils unique de tout leur cœur,
devant les rois et les puissances de ce siècle.

C’est lui qu’assistent les anges et les archanges, les trônes et les dominations,
qui avec toute l’armée céleste
chantent l’hymne de ta gloire,
en disant sans cesse: Saint…

Petimus, Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus: ut hanc creaturam olivæ, quam ex ligni materia prodire iussisti, quamque columba rediens ad arcam proprio pertulit ore, bene+dicere, et sancti+ficare digneris; ut quicumque ex ea receperint, accipiant sibi protectionem animæ et corporis: fiatque, Domine, nostræ salutis remedium, tuæ gratiæ sacramentum, per Dominum… Nous te prions, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel: daigne bé+nir et sancti+fier cette créature d’olive, que tu as fait surgir de la matière du bois, et dont la colombe sortant de l’arche porta un rameau dans son bec; afin que tous ceux qui en recevront, s’acquièrent la protection de l’âme et du corps; et que le sacrement de ta grâce nous soit un remède de salut, par notre Seigneur Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles.
Deus, qui dispersa congregas, et congregata conservas: qui populis obviam Iesu ramos portantibus benedixisti: bene+dic etiam hos ramos palmæ et olivæ, quos tui famuli ad honorem nominis tui fideliter suscipiunt; ut in quemcumque locum introducti fuerint, tuam benedictionem habitatores loci illius consequantur; et omni adversitate effugata, dextera tua protegat quos redemit Iesus Christus Filius tuus Dominus noster: qui tecum vivit… Dieu, qui réunis ce qui était dispersé, et conserves ce qui est réuni: qui as béni le peuple qui était venu à la rencontre de Jésus en portant des rameaux: bé+nis également ces branches de palmier et d’olivier, que tes serviteurs reçoivent avec foi en l’honneur de ton nom, afin qu’en quelque lieu elles soient introduites, elles portent ta bénédiction aux habitants de ce lieu, et toute adversité étant chassée, ta droite protège ceux qu’a racheté Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles.
Deus, qui miro dispositionis ordine, ex rebus etiam insensibilibus, dispensationem nostræ salutis ostendere voluisti: da, quæsumus; ut devota tuorum corda fidelium salubriter intelligant, quid mystice designet in facto, quod hodie cælesti lumine afflata, Redemptori obviam procedens, palmarum atque olivarum ramos vestigiis eius turba substravit. Palmarum igitur rami de
mortis principe triumphos exspectant; surculi vero olivarum, spiritualem unctionem advenisse quodammodo clamant. Intellexit enim iam tunc illa hominum beata multitudo præfigurari: quia Redemptor noster humanis condolens miseriis, pro totius mundi vita cum moris principe esset pugnaturus, ac moriendo triumphaturus. Et ideo talia obsequens administravit, quæ in illo, et triumphos victoriæ, et misercordiæ pinguedinem declararent. Quod nos quoque plena fide, et factum et significatum retinentes, te, Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus, per eumdem Dominum nostrum Iesum Christum suppliciter exoramus: ut in ipso, atque per ipsum, cuius nos membra fieri voluisti, de mortis imperio victoriam reportantes, ipsius gloriosæ resurrectionis participes esse mereamur: qui tecum vivit…
Dieu, qui, par l’ordre merveilleux de ta disposition, même à partir des choses insensibles, as voulu nous donner l’économie de notre salut: donne-nous, nous t’en prions, que les cœurs pieux de tes fidèles comprennent salutairement ce qui est mystiquement signifié par le fait qu’aujourd’hui la foule, insufflée par la lumière céleste, en procession à la rencontre du Rédempteur, joncha des rameaux de palmier et d’olivier sous ses pieds. Les rameaux de palmier représentent donc les triomphes sur le prince de la mort; les surgeons d’olivier proclament, en quelque sorte, l’onction
spirituelle qui allait vraiment advenir. Cette bienheureuse multitude d’hommes comprit déjà que cela était préfiguré: que notre Rédempteur, ayant compassion pour la misère humaine, pour la vie du monde entier allait lutter avec le prince de la mort, et en mourant il allait triompher. Et pour cela elle lui offrit de telles choses en hommage qui déclareraient en lui les triomphes de la victoire et l’abondance de sa miséricorde. Car nous aussi, dans la plénitude de la foi, faisant mémoire du fait et du signifié, nous te prions humblement, toi, Seigneur saint, Père tout-puissant, par notre même Seigneur Jésus Christ, dont tu as voulu nous faire membres, donne-nous de remporter la victoire sur l’empire de la mort, et de mériter d’être participants de sa glorieuse résurrection: en lui et par lui, qui vit et règne avec
toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles.
Deus, qui per olivæ ramum, pacem terris columbam nuntiare iussisti: præsta, quæsumus; ut hos olivæ, ceterarumque arborum ramos, cælesti bene+dictione sanctifices: ut
cuncto populo tuo proficiant ad salutem, per Christum Dominum nostrum.
Dieu, qui par le rameau de l’olivier, as bien voulu que la colombe annonçât la paix de la terre: sanctifie, nous t’en prions, de ta béné+diction céleste, ces rameaux
d’olivier et d’autres arbres, afin qu’ils servent au salut de ton peuple, par le Christ, notre Seigneur.
Bene+dic, quæsumus Domine, hos palmarum, seu olivarum ramos: et præsta; ut quod populus tuus in tui venerationem hodierna die corporaliter agit, hoc spiritualiter summa devotione perficiat, de hoste victoriam reportando, et opus misericordiæ summopere diligendo. Per Dominum… Bé+nis, nous t’en prions, Seigneur, ces rameaux de palmier ou d’olivier, et donne-nous que, ce que ton peuple fait aujourd’hui corporellement en ton honneur, arrive spirituellement à la perfection avec grande dévotion, en remportant la victoire sur l’ennemi, et en chérissant abondemment toute œuvre de ta miséricorde, par notre Seigneur Jésus Christ, ton Fils, qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles.
Prière après l’aspersion
Dominus vobiscum. Oremus.
Deus, qui Filium tuum Iesum Christum Dominum nostrum pro salute nostra in hunc mundum misisti, ut se humiliaret ad nos, et nos revocaret ad te: cui etiam, dum Ierusalem veniret, et adimpleret Scripturas,
credentium populorum turba, fidelissima devotione vestimenta sua cum ramis palmarum in via sternebant: præsta, quæsumus; ut illi fidei viam præparemus, de qua, remoto lapide offensionis, et petri scandali,
frondeant apud te opera nostra iustitiæ ramis: ut eius vestigia sequi mereamur: Qui tecum vivit…
Le Seigneur soit avec vous.
Prions.
Dieu, qui as envoyé dans ce monde ton Fils Jésus Christ notre Seigneur pour notre salut, afin qu’il s’abaissât jusqu’à nous et nous appelât à toi; à qui, lorsqu’il vint à Jérusalem, pour accomplir les Écritures, le peuple croyant, d’une foi sincère, jonchait sur la voie ses vêtements avec des rameaux de palmier: donne-nous, nous t’en prions, qu’avec la même foi nous préparions la voie, dont le caillou
d’achoppement et la pierre de scandale étant enlevés, nous méritions, avec les rameaux de nos œuvres de justice, de le suivre, lui qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles.

Respounai dimegne.

Le dernier – c’est-à-dire le cinquième – dimanche du carême s’appelle dimanche de la Passion. En wallon, on dit «respounai dimegne». Le mot «respounai» est un archaïsme, qui signifie « cacher ». Et d’où venait cette idée?

Pour en trouver l’explication, il faut aller chercher du côté anglais. Pourquoi les anglophones appellent-il le Jeudi-Saint Maundy Thursday? Parce que l’évangile du lavement des pieds, proclamé en ce jour, commence en latin par les paroles Mandatum est.

L’évangile du dimanche de la Passion, quant à lui, finit ainsi: Iesus autem abscondit se et exivit de templo. «Mais Jésus se cacha et sortit du temple.» Suite à ces mots, en ce jour on cachait les crucifix et autres images, en les couvrant d’un voile. D’où donc l’expression «respounai dimegne».

À partir de ce jour, à savoir du dimanche de la Passion, tous les évangiles qu’on lit à la messe ont un rapport direct avec la passion qui suivra dans dix jours. La passion se prépare.

Collecte des martyrs.

Comme je le dis assez souvent, c’est dans la liturgie que se vérifie la foi de l’Église en général, et de chaque Église locale en particulier. Pour voir quelle a été la foi de l’Église, à l’époque X, concernant le sujet Y, il faut chercher dans les prières de l’époque.

Avant-hier, 4ème jeudi du carême, ou jeudi de la mi-carême, le missel romain prévoyait une fête mobile des les saints Côme et Damien. Voici les trois prières de la fête: collecte, secrète, postcommunion. Elles datent de l’époque de Grégoire II (715-731):

Magnificet te, Domine, sanctorum tuorum Cosmæ et Damiani beata solemnitas: qua et illis gloriam sempiternam, et opem nobis ineffabili providentia contulisti. Per… Que te magnifie, Seigneur, l’heureuse solennité de tes saints Côme et Damien: puisque tu leur as donné la gloire sans fin, et à nous ton secours, par l’ineffable providence. Par…
In tuorum, Domine, pretiosa morte iustorum sacrificum illud offerimus, de quo martyrium sumpsit omne principium. Per… Seigneur, dans la [fête de la] précieuse mort de tes justes, nous offrons le même sacrifice dont tout martyre tire l’origine. Par…
Sit nobis, Domine, sacramenti tui certa salvatio: quæ cum beatorum martyrum tuorum Cosmæ et Damiani meritis imploratur. Per… Que nous soit certain, Seigneur, le salut de ton sacrement, qu’on implore avec les mérites de tes bienheureux martyrs Côme et Damien. Par…

Les prières ci-dessus diffèrent beaucoup, par leur forme et leur contenu, des prières ci-dessous, plus tardives, pour la fête fixe, du mois de septembre, de ces mêmes saints Côme et Damien. Pour la petite histoire, la collecte est utilisé également aux fêtes d’autres saints martyrs.

Præsta, quæsumus, omnipotens Deus: ut, qui sanctorum martyrum tuorum Cosmæ et Damiani natalitia colimus, a cunctis malis imminentibus, eorum intercessione liberemur. Per… Donne, nous t’en prions, Dieu tout-puissant, que nous, qui fêtons la naissance [au ciel] de tes saints martyrs Côme et Damien, soyons libérés, par leur intercession, de tous les maux imminents. Par…
Sanctorum tuorum nobis, Domine, pia non desit oratio: quæ et munera nostra conciliet, et tuam nobis indulgentiam semper obtineat. Per… Seigneur, que nous ne soyons pas privés de l’oraison pieuse de tes saints, mais qu’elle s’unisse à nos dons, et nous obtienne toujours ton indulgence. Par…
Protegat, quæsumus, Domine, populum tuum et participatio cælestis indulta convivii, et deprecatio collata sanctorum. Per… Seigneur, que ton peuple soit protégé à la fois par la participation au banquet céleste, et par la prière réunie des saints. Par…

Grégoire-présanctifiés.

Dans le rite byzantin, pendant les féries du carême – ainsi que les trois premières féries de la Semaine Sainte – on célèbre la messe des présanctifiés, attribuée à « saint Grégoire l’auteur des Dialogues, pape de Rome », c’est-à-dire Grégoire le Grand. Pendant que certains intégristes font appel à cette liturgie dans le but de prétendre à l’universalité du rite byzantin, les liturgistes sérieux rejettent purement et simplement la paternité de saint Grégoire le Grand par rapport à cette liturgie.

Qu’en est-il?

Tout d’abord, je ne crois pas que l’attribution de cette messe des présanctifiés ait été faite sans raison. Mais je ne crois pas non plus que ce rituel ait été compilé par saint Grégoire le Grand. Je pense que la vérité est quelque part au milieu.

Pour comprendre cela, pensons d’abord à deux autres ordos de la Messe chez les byzantins, à savoir: la messe « selon saint Pierre l’apôtre » et la messe « selon saint Jean Chrysostome ». Mais revenons à nos moutons. Qu’est-ce que saint Grégoire a à voir dans l’ordo des présanctifiés chez les byzantins?

Tout d’abord, regardons la forme de cette liturgie. Alors que, en général, le rite byzantin considère l’alléluia comme un chant de deuil et de carême, la messe des présanctifié contient le graduel « Que ma prière s’élève comme l’encens ». La démarche est typiquement latine. Ensuite, cette messe des présanctifiés contient une procession avec les saintes espèces, encore une piété latine. Ensuite, le prêtre sort avec le cierge pascal, ce qui rappelle la vigile pascale latine. Donc il y a plein d’éléments du rite latin dans cette messe byzantine des présanctifiés. Des éléments qui ne remontent certainement pas à saint Grégoire le Grand, mais que la piété populaire a pu lui attribuer, grâce à son renom.

Mais il y a autre chose. La pratique eucharistique en carême a été différente en Occident par rapport à Byzance. Côté byzantin, presque tous les jours de l’année on pouvait célébrer la Messe, sauf les féries du carême; le jeûne était vu comme incompatible avec la Messe. Côté latin, c’est juste le contraire: les féries ordinaires n’avaient pas de propre, sauf en carême; autrement dit, la Messe était célébrée les dimanches et les jours de fête, toute l’année, mais en carême il y avait la messe vespérale quotidienne.

Avant de prendre l’épiscopat, saint Grégoire a été nonce papal à Constantinople. Pendant son séjour là-bas, il a dû réconcilier la pratique latine (eucharistie quotidienne vespérale en carême) avec la pratique locale (pas d’eucharistie pour les féries du carême). Le compromis a dû être, sans doute, l’adoption de la messe des présanctifiés (connue à Rome pour le Vendredi-Saint) à Byzance, pour le carême. Mais dans ce cas, avec le temps, d’autres éléments latin ont dû être incorporés, puisqu’on les attribuait à saint Grégoire.