Concernant la fête des saints Serge et Bacchus, le rite byzantine prévoit qu’en leur fête on lise l’évangile selon Luc 7.

Pourquoi les compilateurs de ce 4ème cycle lectionnaire auraient-ils choisi ce passage?

Au premier abord, je dirais que leur intention était de montrer un passage sur un « haut dignitaire de l’armée romaine » converti au Christ, étant donné que les saints Serge et Bacchus ont été, eux aussi, selon le synaxaire, de « hauts dignitaires de l’armée romaine ».

Mais l’Esprit Saint a bien arrangé les choses, étant donné que ce passage est l’un des trois parallèles qui parlent d’un centurion et son mignon.

Les évangélistes ont eu, sans doute, du mal à qualifier la relation du centurion avec son mignon; c’est pourquoi ils ont employé des termes différents:

– Matthieu emploie « παῖς », qui signifie autant enfant que serviteur-enfant. Il est comme le français « garçon ».

– Jean emploie « υἱὸς« , c’est-à-dire « fils », en alternance avec « παιδίον« , qui veut dire « garçonnet » (diminutif de « παῖς »).

– Luc utilise à la fois les mots « δοῦλος », c’est-à-dire « esclave », et « παῖς », dont on parlait plus haut. Mais, pour lever l’ambigüité, le texte précise que ce « garçon » lui était intime. Certains traducteurs, pour unifier les trois textes, ont traduit, dans Luc, ainsi: « qu’il aimait comme s’il était son fils.

Il ne peut y avoir que deux explications.

A. Soit il s’agissait d’un esclave que le centurion aurait aimé comme s’il avait été son fils. Mais cela me pose plusieurs problèmes. Si tel avait été le cas, pourquoi l’évangéliste n’a-t-il pas appelé un chat un chat? Lui être intime est beaucoup plus vague que de dire qu’il était pour lui comme un fils. Et si cela avait été le cas, pourquoi ne l’aurait-il adopté?

B. Soit il s’agissait de son mignon. Cela expliquerait beaucoup plus toute la confusion terminologique, ainsi que l’attitude du centurion. Envers un vrai esclave, un maître aurait dit: « Il est paresseux, c’est pourquoi il feint d’être malade. » Donc…

Voici également les textes, tels que je les ai mis en parallèle:


Matthieu, chap. 8

Luc, chap. 7

(Passage prévu pour la fête des Ss Serge & Bacchus par l’évangéliaire byzantin)

Jean, chap. 4

5 Comme Jésus entrait dans Capharnaüm, un centenier l’aborda, 6 le priant et disant : « Seigneur, mon garçon (παῖς) est couché à la maison, atteint de paralysie et souffrant beaucoup. » 1 Après avoir achevé tous ces discours devant le peuple qui l’écoutait, Jésus entra dans Capharnaüm. 2 Un centenier avait un esclave (δοῦλος) qui lui était intime (ὃς ἦν αὐτῷ ἔντιμος), et qui se trouvait malade, sur le point de mourir. 46 Il retourna donc à Cana en Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Il y avait à Capharnaüm un officier du roi, dont le fils (υἱὸς) était malade.
7 Jésus lui dit : « J’irai, et je le guérirai. » 8 Le centenier répondit : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; mais dis seulement une parole, et mon serviteur (παῖς) sera guéri. 9 Car, moi qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres ; et je dis à l’un : ‘‘Va !’’ et il va ; à l’autre : ‘‘Viens !’’ et il vient ; et à mon esclave (δούλῳ) : ‘‘Fais cela !’’ et il le fait. »   3 Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya quelques anciens des Juifs, pour le prier de venir guérir son serviteur. 4 Ils arrivèrent auprès de Jésus, et lui adressèrent d’instantes supplications, disant : « Il mérite que tu lui accordes cela ; 5 car il aime notre nation, et c’est lui qui a bâti notre synagogue. » 6 Jésus, étant allé avec eux, n’était guère éloigné de la maison, quand le centenier envoya des amis pour lui dire : « Seigneur, ne prends pas tant de peine ; car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. 7 C’est aussi pour cela que je ne me suis pas cru digne d’aller en personne vers toi. Mais dis seulement une parole, et mon garçon (παῖς) sera guéri. 8 Car, moi qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres ; et je dis à l’un : ‘‘Va !’’ et il va ; à l’autre : ‘‘Viens !’’ et il vient ; et à mon esclave (δούλῳ) : ‘‘Fais cela !’’ et il le fait. » 47 Ayant appris que Jésus était venu de Judée en Galilée, il alla vers lui, et le pria de descendre et de guérir son fils, qui était près de mourir. 48 Jésus lui dit : « Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croyez point. » 49 L’officier du roi lui dit : « Seigneur, descends avant que mon enfant (παιδίον) meure. »  
10 Après l’avoir entendu, Jésus fut dans l’étonnement, et il dit à ceux qui le suivaient : « Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. 11 Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux. 12 Mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » 13 Puis Jésus dit au centenier : « Va, qu’il te soit fait selon ta foi. Et à l’heure même le serviteur (παῖς) fut guéri. » 9 Lorsque Jésus entendit ces paroles, il admira le centenier, et, se tournant vers la foule qui le suivait, il dit : « Je vous le dis, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. » 10 De retour à la maison, les gens envoyés par le centenier trouvèrent guéri l’esclave qui avait été malade. 50 « Va », lui dit Jésus, « ton fils vit. » Et cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et il s’en alla. 51 Comme déjà il descendait, ses serviteurs venant à sa rencontre, lui apportèrent cette nouvelle : « Ton enfant vit. » 52 Il leur demanda à quelle heure il s’était trouvé mieux ; et ils lui dirent : « Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté. » 53 Le père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui avait dit : « Ton fils vit. » Et il crut, lui et toute sa maison.

 

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