Depuis plusieurs mois, je me propose de vous parler un peu de mes préférence en matière de matériel roulant.
Tout d’abord, j’adore les automotrices* (AM) classiques doubles, ou AM66. Lorsque les portes sont défectueuses, elles sont très faciles à isoler. Les toilettes sont propres; le chauffage est puissant. Du vieux matériel fiable. Utilisées dans les relations omnibus, les AM66 me plaisent aussi en IR, et même en IC. L’été passé, j’ai fait un train de l’aéroport vers Tournai avec ce type de matériel; les étudiants étrangers qui se rendaient à Lille via Tournai ont eu assez de place pour mettre tout leur brol. Le seul inconvénient que je leur trouve, c’est ne ne pas y trouver de prises électriques pour les voyageurs.
Ensuite, j’aime bien les AM800, quadruples, appelées aussi AM75 ou « nez de cochon ». Je les préfère pleines, dans la relation IR vers Turnhout, plutôt qu’en omnibus vers Quévy. Les portes sont également faciles à isoler. À part le manque de prises, les toilettes sont particulièrement mal conçues.
Mais il y a mieux! On commence à les moderniser. La seule AM modernisée de ce type, la 843, a beaucoup de prises pour les voyageurs, ainsi que des toilettes propres!
* Automotrice veut dire que la rame de voitures accouplées n’a pas besoin de locomotive, mais qu’elle contient elle-même des moteurs électriques. Lorsqu’un rame de voitures sans locomotive est mue par ses propres moteurs Diesel, on parle d’autorail.
Ensuite, j’aime bien les voitures tractées de type M4. Les toilettes sont propres; le train peut rouler à 160 km/h; les portes sont assez faciles à isoler en cas de pépin. Dans les M4 il y a beaucoup d’espace pour les voyageurs, les bagages et même les vélos. Les compartiments de première classe sont très confortables. Petit bémol: pas de prises de courant pour les voyageurs.
Ce que vous voyez dans l’image, ce n’est pas une automotrice. Les rames tractées sont composées de voitures sans moteur, donc elles doivent être tirées (tractées) par des loco, ou encore poussées par la loco qui se trouve en queue ou au milieu. Mais s’il n’y a pas de loco en tête, et que donc la loco pousse, alors elle est commandée depuis une « voiture-pilote ». C’est ce que vous voyez dans l’image. La voiture-pilote a un poste de conduite, ainsi qu’un large fourgon à bagages, où l’on peut entasser des vélos.
Ensuite, j’aime beaucoup les les M5, qui sont également des voitures tractées (tirées ou poussées par une loco). Ce sont des rames étagées, modernisées, et ont des portes de salle automatiques. Ça chauffe bien; il y a 8 prises par voiture. Avant la modernisation, elles étaient rouges, et n’avaient pas de portes de salle. Les trois inconvénients sont les suivants: il n’y a qu’un seul « convertisseur » (transfo) par rame, et il se trouve au milieu de la voiture-pilote; donc, si le convertisseur est foutu, le train est supprimé (alors que dans d’autres types de matériel, les voitures adjacentes fournissent l’électricité à la voiture défectueuse). Ensuite, les toilettes sont minuscules, et la vitesse potentielle n’est que de 140 km/h. Le jour où j’ai connu Nicolas, je suis venu d’Etterbeek à Namur, en prenant le 8600, en voitures M5 non-modernisées; voilà aussi pourquoi j’ai un petit penchant pour ce genre de matériel.
J’aime bien aussi les automotrices Break. Elles sont par trois voitures, et les rames Break peuvent s’accoupler très vite; donc très pratiques pour scinder les trains. L’inconvénient, c’est de ne pas avoir l’intercirculation, si l’on a, par exemple, des trains de six voitures formés par l’accouplement de deux breaks, ou des trains de neuf voitures contenant trois breaks accouplées. En général, surtout en relation IC, j’aime contrôler mon train entre chaque deux arrêts; donc je déteste voir les fraudeurs monter au-delà du point d’accouplement à la dernière seconde, pour que je ne puisse pas les verbaliser avant leur descente.
J’aime aussi, plus ou moins, les automotrices de type 96, surnommées « boudins ». Elles sont aussi par trois voitures, à la différence que, lorsqu’on accouple plusieurs AM96, on sait replier les postes de conduite, et ainsi permettre l’intercirculation. Les AM96 sont confortables. Par contre, je leur reproche d’avoir trop peu de prises de courant, ainsi que des toilettes avec bac de rétention, c’est pourquoi parfois elles sentent mauvais.
Mais ma plus grande crainte, qui m’a fait tergiverser pendant six ans avant de devenir cheminot, c’est d’isoler une porte défectueuse d’AM96. Pour ce faire, il faut démonter le plafond (qui me tombe sur la tête), et le robinet d’isolement est très, très haut, et qu’il faut atteindre avec une tige. La seule fois où j’ai dû isoler une porte d’AM96, des gens m’ont aidé, et ça a quand même pris un quart d’heure.
Je n’ai jamais eu ça en chef de bord, mais j’ai énormément voyagé en voitures de type i6. Même si elles n’ont qu’une prise de courant par voiture, leur confort est exceptionnel. La voiture i6 est composée de 11 compartiments pour six personnes chacun, avec des portes, et un corridor latéral. Les siéges peuvent être allongés pour dormir. Lorsque d’autres voyageurs se déplacent dans la voiture, par exemple pour aller à la toilette ou pour monter et descendre, ils ne dérangent pas, car ils ne doivent pas passer dans les autres compartiments. Malheureusement, on n’utilise les i6 que pour les trains de Belgique vers la Suisse.