Octave de la Pentecôte.

Les zozos de Bugnini se sont dit la chose suivante: le temps pascal ne devrait pas durer plus de 50 jours. Étant donné que «Pentecôte» signifie « cinquante », le temps pascal devrait s’arrêter net le soir du dimanche de la Pentecôte. Entre autres, cette façon de faire nous a emmenés à l’aberration suivante: le lundi de Pentecôte est une fête civile, mais dans le calendrier catho romain ça ne correspond plus à rien.

Bien entendu, comme toujours, les gaffes de Bugnini ont à la base une méconnaissance du sujet.

La Pentecôte est la deuxième fête chrétienne comme importance et comme ancienneté. Pourquoi? Parce qu’elle nous vient du judaïsme, comme la Pâque. Sauf que, à la signification ancienne, s’ajoute une nouvelle, qui prend le dessus.

Dans l’Ancien Testament, il est question de la fête de la Pentecôte, appelée aussi fête des récoltes, des moissons ou fête des semaines. Même si dans le judaïsme actuel, elle n’est fêtée qu’un jour ou deux, cela ne veut pas dire que ce l’était comme ça au temps de Jésus. Par exemple, la fête des tentes dure chez les Juifs de notre temps seulement un ou deux jours, mais on sait qu’elle en durait sept jours, et l’évangile selon saint Jean en témoigne: «Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, se tenant debout…» (Jean 7:37). Et si la Pâque et la fête des tentes duraient sept jours, il est évident que la Pentecôte en durait tout autant.

Dans le judaïsme, c’est la fête des moissons, et la fête du don de la Loi sur le Mon Sinaï. Ce don de la Loi a été accompagné de signes cosmiques, notamment le feu. Ainsi, la descente du Saint-Esprit, sous l’apparence du feu, se manifeste comme don d’une nouvelle « loi ».

Dans le rite latin, il y a une vigile de la Pentecôte samedi soir, pendant laquelle on lisait sept lectures de la vigile pascale et l’on baptisait et confirmait. L’octave de la Pentecôte est très semblable à l’octave de Pâques, avec deux particularités. D’une part, mercredi, vendredi (donc aujourd’hui) et samedi (demain) sont des jours de jeûne, que l’on appelle les quatre-temps d’été. Toute la liturgie de cette semaine, lectures et prières, est une combinaison de plusieurs éléments: l’Esprit Saint, les récoltes, les moissons. Le samedi qui clôture la fête est également une vigile, avec cinq lectures de l’Ancien Testament.

Dans le rite byzantin, la combinaison des différents éléments de la Pentecôte fait qu’on célèbre les rogations l’après-midi du dimanche de la Pentecôte, et les secondes vêpres de la fête sont les vêpres les plus longues et les plus spéciales que le rite byzantin ait connues.

Comme les années précédentes, j’achève l’article sur la Pentecôte avec une version du Veni creator spiritus. Cette année-ci je vous propose la traduction de Georges Pfalzgraf (luthérienne):

 

Viens, Dieu, Créateur, Saint-Esprit,

Viens visiter le cœur des tiens ;

De la grâce d’en haut emplis

La créature qui te craint.

Toi qu’on dit le Consolateur,

Le feu, l’amour, le plus grand Don,

La source vive, le Seigneur

Et la spirituelle onction,

Tu te répands et crées sept dons,

Ô Doigt de la Droite de Dieu,

Toi, la promesse qu’aux nations

Nos voix proclament en tous lieux.

Fais luire ta clarté en nous,

Répands dans nos cœurs ton amour :

Que notre corps en butte aux coups

Soit affermi par ton secours.

Repousse au loin notre Ennemi

Et donne-nous en toi la paix.

Seigneur et chef qui nous conduis,

Du mal garde-nous désormais.

Révèle-nous le Père saint,

Fais-nous connaître aussi le Fils

Et toi, qui constitues leur lien,

Unis-nous à toi, Saint Esprit. Amen.

Saint Anselme 2012

Aujourd’hui, c’est la fête de saint Anselme de Cantorbéry, jour dont je parle tous les ans et que je ne risque pas d’oublier.

Cette année-ci, ma question le concernant est la suivante: comment se fait-il qu’il n’est pas apparu dans le BCP 1662? Cela me surprend d’autant plus que la théologie anglicane lui est tellement redevable! Avec leurs bons, comme leurs mauvais côtés. Comment se fait-il que le plus grand archevêque que Cantorbéry eut ne se trouve même pas dans le BCP? (À vrai dire, je n’ai pas eu la possibilité de vérifier ça dans un exemplaire de 1662, mais seulement dans les BCP 1662 de la fin du XIXème siècle.)

En tout cas, je crois que la chrétienté, tellement pélagienne, du XXIème siècle, a besoin de redécouvrir le fondateur de la sotériologie.

Jeudi-Vendredi-Saint.

Deux pensées pour le Vendredi-Saint.

Tout d’abord, pourquoi le Vendredi-Saint ne célèbre-t-on pas l’Eucharistie? (On célèbre plutôt la Messe des présanctifiés en communiant avec les espèces consacrées la veille.)

C’est parce que l’Eucharistie de jeudi soir sert aux deux jours, jeudi et vendredi, à la fois. Mais, puisque l’on veut rompre le jeûne vendredi soir, on le fait quand même avec les espèces eucharistiques. Entre la formule du début de la messe de jeudi et la fin de la vigile pascale, il n’y a plus de renvoi ou de formule de début. Virtuellement, c’est comme si tous les offices, depuis jeudi soir et jusqu’à la fin de la vigile pascale, ne constituaient qu’un. D’ailleurs, dans l’Église primitive, la seule messe du triduum, c’était celle de al vigile pascale, pendant laquelle on commémorait tout: la Cène, la passion, la résurrection. Avec l’évolution de la Tradition, les cérémonies et le calendrier ont évolué aussi, mais néanmoins, le sentiment est resté le même, à savoir qu’il s’agit d’une longue célébration. Oui, il y a une interruption physique dans la suite des offices, car nous devons travailler, dormir etc. Mais virtuellement, c’est comme si nous étions rester veiller dans l’église pendant tout le triduum. Dans le rite byzantin (du moins selon les rubriques), on dîne jeudi, puis le soir on va à la messe et l’on y communie, et l’on ne mange plus jusqu’à la vigile pascale. (Selon les rubriques, c’est le seul jour où l’on ne communie pas à jeûn!)

Ensuite, une autre pensée. Depuis le quatrième siècle, certains chrétiens ont considéré que le Christ était mort le vendredi 25 mars. En effet, c’était la veille du sabbat. Et les ans 29 et 33, la veille du 14 Nisan (Pâque juive) est tombée le vendredi 25 mars du calendrier romain. Aujourd’hui, je suis quasiment sûr que c’est à partir de cela que l’on a trouvé le 25 décembre comme date pour Noël. La logique est simple: si le Christ est mort à telle date, c’est sans doute qu’il a été conçu à la même date, donc il est né neuf mois plus tard.

Il y a quatre ans, je râlais parce que les « orthodoxes » russes avaient jeté saint Gérard à la poubelle, pour le remplacer par saint Séraphin. (D’ailleurs je me demande toujours ce que saint Séraphin en pense lui-même.)Puis, à Saint-Servais, je râlais parce que les « orthodoxes grecs » (lesbiens, plus exactement) ont renommé l’ancienne église Saint-Servais, en détrônant notre saint au profit de trois saints grecs.

Il y a quelque temps, je râlais également par ce que les « orthodoxes roumains » avaient détrôné le Saint-Esprit à Schaerbeek, pour renommer leur nouvelle cathédrale en l’honneur de Saint-Nicolas.

Il y a cinq ans, j’écrivais un article sur le Monastère de la Résurrection à Vendrin. Hier, en pensant à la résurrection du Christ, que l’on va fêter d’ici peu, je me demandais ce qu’était devenu le monastère de la Résurrection, de Vedrin. En en coup de Google, je tombe sur ça. Figurez-vous, il a été acheté par les « orthodoxes roumains », qui l’ont renommé en l’honneur de la « protection de la Mère de Dieu ».

Non; je ne râle pas parce qu’ils ont repris le monastère. Au contraire, je me réjouis que le monastère n’eût pas un autre destin. Mais ce qui me fait râler, c’est ce vice des soi-disant « orthodoxes », qui rasent tout sur leur passage. Ils se vantent d’être les [seuls et uniques] gardiens de la Tradition, mais voilà qu’ils la piétinent! Ils prétendent que l’orthodoxie (à leur façon) est universelle, alors qu’ils baignent dans l’hérésie phylétiste.

Qu’ils jettent au diable nos saints belges, ça « passe » encore (et encore!). Mais détrôner le Saint-Esprit et la Résurrection du Christ, au profit de saint Nicolas et de la « protection » de la Vierge Marie, ça, c’est de l’hérésie pratique. Non pas de l’hérésie théorique, comme aux temps anciens. Non. Mais de l’hétérodoxie au sens pratique.

Les anciennes sœurs de Vedrin avaient nommé leur monastère en l’honneur de la Résurrection, pour signifier l’importance que l’Orient chrétien accordait à la résurrection du Christ. Les sœurs roumaines viennent nous prouver le contraire: l’Orient chrétien post-moderne n’a rien à cirer foutre de la résurrection du Christ et du Saint-Esprit.

Si Luther se levait d’entre les morts!?!

Aujourd’hui, c’est le dernier jour du carême. Dans le rite latin traditionnel, on devrait avoir un jour de jeûne suivi, le soir, de la messe. Cette messe inaugure, en effet, l’entrée du Christ dans Jérusalem. Plus exactement, l’évangile de ce soir, selon saint Jean, commence avec la fin du récit de la résurrection de Lazare (dont l’intégralité a été lue il y a neuf jours), pour passer ensuite au récit complet de l’entrée triomphale du Christ dans Jérusalem.

Demain matin, il devrait y avoir une liturgie de la parole, avec plein de morceaux sur les Rameaux: collecte, prophétie (Exode 15:27, 16:1-7), graduel, évangile (Matthieu 21:1-9), secrète, préface, sanctus et anaphore de consécration des rameaux. Puis, procession vers une autre église, où il y aurait une messe de la passion.

La première remarque est que, pour la messe de la vigile (ce soir), le récit des rameaux vient de Jean, alors que pour demain matin il est tiré de Matthieu; un peu comme pour d’autres fêtes avec vigile. La seconde remarque est que la consécration des rameaux est calquée complètement sur l’Eucharistie. Dom Gaspar Lefèvre et d’autres de sa génération se trompent en disant que, sans doute, dans le temps il y eût deux messes le matin des Rameaux, dont une des rameaux et l’autre de la passion. C’est faux, car les diférents morceaux de la liturgie de la parole de demain matin ne font aucune référence à l’Eucharistie, mais uniquement elle la calque, en parlant exclusivement des rameaux.

D’autre part, le 31 mars me rappelle un personnage que l’on commémore aujourd’hui dans le calendrier anglican: le prêtre John Donne (celui dont nous vient l’expression « for whom the bell tolls »). Celui-ci a écrit, entre autres, le poème appelé Upon the Annunciation and
Passion Falling upon One Day
. Loin d’être allérgique à la coïncidence de ces deux fêtes, John Donne s’en réjouit.

Et il n’est pas le seul. À Puy, chaque coïncidence de ces deux fête donne occasion à un jubilé. Cela correspond également à la pratique byzantine de ne jamais transférer l’Annonciation, quitte à la célébrer combinée à d’autres fêtes.

Dans un cas pareil (que nous revivrons en 1016), comment faire cela, dans le rite latin, d’une manière traditionnelle?

La clef d’une telle célébration réside dans la liturgie même du dimanche des Rameaux, qui combine les rameaux avec la passion. Le schéma est le suivant: « liturgie de la parole de la fête n° 1 + liturgie de la parole de la fête n° 2 + liturgie eucharistique de la fête n° 2 ».

Donc, pour fêter ensemble l’annonciation et la passion, on pourrait faire ceci. On commencerait la célébration comme pour un Vendredi-Saint habituel. Donc: prophétie (Osée 6:1-6) + trait (Habaquq 3) + collecte de la passion + prophétie (Exode 12:1-11) + trait (psaume 139/140) + passion selon saint Jean + collectes majeures + vénération de la croix avec impropères. Ensuite, s’il y a une procession, on pourrait chanter Vexilla Regis pendant celle-ci. Et tout de suite, la messe de l’Annonciation, comme lorsqu’elle tombe en carême. À la fin, dépouillement de l’autel (qui se ferait ici, et non pas le Jeudi-Saint comme les autres années).

L’autre jour, j’ai découvert quelques utilisations anciennes des mots « septante », « octante » et « nonante » dans les traductions bibliques francophones. Anciennes, car, en Suisse comme en Belgique, les traducteurs modernes préfèrent le patois de Paris. Fransquiner, ça leur donne de se sentir plus virils, me semble-t-il, ou plus tendance. Mais il n’y a pas que les traducteurs. Les lecteurs, dans les églises, fransquinent aussi, et parfois même les prédicateurs. À part que ça tue toute l’imagerie biblique, tout style littéraire (« septante-sept fois sept fois » est une métaphore), ça n’a ni cul, ni tête.

(D’ailleurs, même en France, André Goosse trouve quarante-deux auteurs français ayant employé « septante » et « nonante », ainsi qu’une recommendation officielle scolaire de 1945.)

Oui, mais en Belgique, la seule traduction biblique qui utilise un numéral cohérent, c’est la Bible de Louvain, de 1550. Du coup, on se disait avec Nicolas que peut-être qu’il y a également un français de Flandre, légèrement différent de celui de Wallonie, qui est à son tour légèrement différent de celui de l’agglomération bruxelloise.

Mais en cherchant « français de Flandre » sur internet, je suis tombé sur deux blogues: Flandres-Hollande et Polar en Flandre. Et là, j’arrive devant un fait: à part Henri Conscience, je ne connais que dal de la littérature flamande.

À vrai dire, nous sommes culturellement abrutis. Plein de films flamands et hollandais à succès ne passent jamais dans les cinémas wallons. Et les écoles font tout pour endoctriner les enfants wallons avec la littérature française, alors que nos gosses ne connaissent rien de la littérature belge, flamande ou wallonne. (Au contraire, hier je suis tombé sur un livre rattachiste, imprimé à Fleurus, et financé par la Région wallonne!)

 

Ce soir, nous avons été à Charleroi, où, avec la paroisse anglicane, nous avons pris part à la célébration des neuf lectures et neufs chants de Noël avec la Messe.

Comme chaque année, j’ai versé plusieurs larmes, tellement j’ai été ému.

Il y a deux aspects. Le premier, c’est que la plupart de ces chants de Noël ont une théologie de l’incarnation très bien exprimée. Le second aspect est plus lié à la façon dont nous concevons l’Avent et le Noël. Et là, même si je ne suis pas anglo-saxon, je les rejoins très fort, par ma culture, en ce qui concerne Noël.

Commun des prophètes – suggestions.

Invitatoire (1)

Le Seigneur, le Roi des prophètes: venez, adorons-le.
Regem prophetarum Dominum: venite adoremus.

Antiennes des psaumes (2)

Voici venir un grand prophète: et il renouvellera Jérusalem.
Ecce véniet propheta magnus: et ipse renovabit Ierusalem.

 

Nul ne lui fut égal en gloire, il observa la loi du Très-Haut.
Non est inventus similis illi, qui conservavit legem Excelsi.

C’est pourquoi le Seigneur, par serment, le fit croître dans son peuple.
Ideo iure iurando fecit illum Dominus crescere in plebem suam.

Il lui donna la bénédiction de toutes les nations, et affermit son testament sur sa tête.
Benedictionem omnium gentium dedit illi, et testamentum suum confirmavit super caput eius.

Il versa sur lui ses bénédictions, qu’il affermit sur sa tête.
Agnovit eum in benedictionibus suis: confirmavit super caput eius.

Il versa sur lui ses bénédictions, il garda pour lui sa miséricorde, et il trouva grâce aux yeux du Seigneur.
Agnovit eum in benedictionibus suis: conservavit illi misericordiam suam: et inventi gratiam coram oculis Domini.

Il le glorifia devant les rois, et lui donna la couronne de gloire.
Magnificavit eum in conspectu regum: et dedit illi coronam gloriæ.

Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut; tu marcheras dans la face du Seigneur, pour lui préparer ses voies.
Et tu, puer, propheta Altissimi vocaberis: præibis enim ante faciem Domini parare vias eius.

Au temps pascal, on peut prendre les antiennes du commun des apôtres au temps pascal.

 

Hymne (3)

Iste propheta Domini colentes…
Ton prophète dont nous faisons mémoire… (texte ici)

Antiennes des cantiques
Au Magnificat des premières vêpres:
Votre père Abraham s’est réjoui de ma venue; il l’a vue et il en était heureux.
Abraham Pater vester exsultavit ut videret diem meum: vidit, et gavisus est. (4)

Au Bénédictus:
L’ange qui parlait avec moi revint, et il me réveilla comme un homme que l’on réveille de son sommeil.
Reversus est angelus qui loquebatur in me, et suscitavit me quasi virum qui suscitatur de somno suo. (5)

Au Magnificat des secondes vêpres:
Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple.
Propheta magnus surrexit in nobis: et quia Deus visitavit plebem suam. (6)

Soir et matin, au temps pascal:
Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait, alléluia.
Et incipiens a Mose et omnibus prophetis interpretabatur illis in omnibus scripturis quæ de ipso erant, alleluia. (7)

Collectes
Dieu tout-puissant et éternel, espérance unique du monde, qui à l’annonce de tes prophètes as déclaré les mystères des temps présents: veuille accroître les vœux de ton peuple, car aucun des fidèles ne peut parvenir à progresser dans la vertu, sinon par ton inspiration, par notre Seigneur Jésus Christ…
Omnipotens sempiterne Deus, spes unica mundi, qui prophetarum tuorum præconio, praesentium temporum declarasti mysteria: auge populi tui vota placatus; quia in nullo fidelium, nisi ex tua inspiratione, proveniunt quarumlibet incrementa virtutum. Per Dominum… (8)

Dieu tout-puissant et éternel, multiplie, pour la gloire de ton nom, cette postérité que tu as promise à la foi de nos pères, et par une adoption sainte, augmente le nombre des enfants de la promesse, afin que ton Église connaisse que tu as déjà accompli au milieu d’elle, en grande partie, ce que les saints prophètes ne doutaient pas pour l’avenir, par notre Seigneur Jésus Christ…
Omnipotens æterne Deus, multiplica in honorem nominis tui, quod patrum fidei spopondisti: et promissionis filios sacra adoptione dilata: ut quod priores sancti non dubitaverunt futurum, Ecclesia tua magna iam ex parte cognoscat impletum. Per Dominum… (9)

Dieu, qui par la bouche des prophètes as prévu la fin des choses temporelles et la hâte vers celles qui sont éternelles: donne-nous, tes serviteurs, de pouvoir accomplir sous l’inspiration céleste ce que nous connaissons par ton commandement; par notre Seigneur…
Deus, qui nobis per prophetarum ora præcepisti temporalia relinquere, atque ad æterna festinare: da fumulis tuis; ut, quæ a te iussa cognovimus, implere cælesti inspiratione valeamus. Per Dominum… (10)

Dieu tout-puissant, qui as édifié ton Église sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même en étant la pierre angulaire: fais que, par leur doctrine, nous soyons tellement joints ensemble dans l’unité de l’Esprit, que nous devenions un temple saint qui te soit agréable, par le même Jésus-Christ notre Seigneur….
Omnipotens Deus, qui Ecclesiam super fundamento Prophetarum et Apostolorum in ipso summo lapide angulari Christo Iesu ædificasti: da nobis ut per eorum doctrinam in unitate Spiritus conjungamur, ut simus tibi semper templum acceptabile. Per eundem Jesum Christum Dominum nostrum… (11)

À la Messe: introït: Da pacem, Domine, sustinentibus te, ut prophetæ… (12)

Alléluia: Domine refugium (13)

Évangile de la vigile: Gardez-vous des faux prophètes (Matth. 7:12-21) ou la Loi et les prophètes (Matth. 22:37-40).
Évangiles du jour: Nul prophète n’est reçu dans sa patrie (Marc 6:4-6); accomplir la Loi et les prophètes (Matth. 5:17-18); martyre des prophètes (Luc 11:47-51); Anne la prophétesse (Luc 2:36-38).

Offertoire: Oravi Deum meum ego Daniel (14)

Ou: Sicut in holocaustis (15)

Secrète: Deus, qui legalium (16)

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(1) Emprunté aux fêtes de saint Élie et de saint Élisée, chez les carmélites.
(2) La première est empruntée au temps de l’Avent; la dernière à la fête de saint Jean-Baptiste; les autres au commun des confesseurs.
(3) Hymne de la fête de saint Martin, en remplaçant le mot «confessor» par «propheta».
(4) Secondes vêpres du dimanche de la Passion, au Magnificat.
(5) Le 2 octobre, au Bénédictus.
(6) Secondes vêpres du XVème dimanche après la Pentecôte, au Magnificat.
(7) Troisième semaine de Pâques, lundi matin au Bénédictus.
(8) Vigile pascale, collecte après la 12ème prophétie.
(9) Vigile pascale, collecte après la 5ème prophétie.
(10) Vigile de la Pentecôte, collecte après la 5ème prophétie.
(11) Collecte de la fête des saints apôtres Simon et Jude.
(12) Introït du 18e dimanche après la Pentecôte.
(13) Du 13e dimanche après la Pentecôte.
(14) Du 17e dimanche après la Pentecôte.
(15) Du 7e dimanche après la Pentecôte.
(16) Du 7e dimanche après la Pentecôte.


Depuis longtemps, comme je le disais dans d’autres articles, je pense qu’il est dommage que dans les différents usages et rites occidentaux il n’y ait pas de commun des prophètes. Pire encore, les prophètes se trouvent bel est bien dans le martyrologe romain, sans qu’ils aient un office. Par exemple, le 1er décembre, le calendrier met les saints Nahum le prohète et Éloy l’évêque confesseur. Bien sûr, Nahum, dont on a un livre canonique dans les saintes écritures, et qui est tenu en estime également par les Juifs et les musulmans, sera laissé de côté; et l’on chantera l’office de saint Éloy. Logique, n’est-ce pas? Hmm… Et les différentes « réformes » liturgiques n’ont rien fait pour redresser cette anomalie.

En Occident, à l’heure actuelle, seules deux prophètes ont un office liturgique propre: Élie et Élisée. Et eux, seulement chez les carmélites. C’est parce que ces deux prophètes-là sont vus comme des précurseurs du monachisme. Quid des autres, qui nous ont annoncé la venue du Christ d’une manière si limpide? Ils comptent pour des prunes?

Voilà pourquoi, je pense qu’il faudrait compiler un office du commun des prophètes et prophétesses. J’ai dit compiler, pas créer. Compiler, à partir de ce que l’on a déjà dans le trésor liturgique de l’Église. Dans l’article suivant, je ferai un tel essai, suivant la structure de l’office suivant le BCP. Donc pour un office paroissial, avec vêpres et matines. Je donnerai plusieurs suggestions.

Dans le rite gaulois, l’Avent a commencé samedi passé; dans le rite mozarabe dimanche passé; dans les rites byzatin et arménien avant-hier. Bref, l’Avent a déjà commencé dans certains rites.

Et les vendeurs du marché de Noël sont déjà là. Pareillement les grands magasins. Le sapin est là…

On dirait qu’il n’y a que le rite romain qui veut tarder encore deux semaines.

Au temps de Tertullien, Noël n’existait pas. Et Tertullien faisait partie de ces conservateurs, qui ne voulaient pas profaner l’année liturgique avec une telle fête. Car il ne faut pas oublier que Noël était la fête païenne du Soleil. L’Église l’a christianisée. Pourquoi ne ferait-elle pas pareillement avec l’Avent? Si le Père Noël a débarqué à la mi-novembre, pourquoi l’Église ne le devancerait-elle pas, en annonçant que « le Royaume approche »?