Aséră pĕ însĕrate.

Encore un chant transylvanien pour Noël et pour l’Avent. Il comporte quelques variantes. Malheureusement, toutes les versions trouvées par moi sur la toile sont pourries et corrompues.

Hier soir, à la brunante,
À Bethléem, Marie,
La vierge voyageante,
En hâte se rendit.

Elle cherchait un gîte,
Étant très fatiguée;
Nul ne voulut trop vite
Un lit lui prodiguer.

Alors la Vierge aimable
De Bethléem sortit,
Entrant dans une étable
Des champs, dans la prairie.

Près du bétail, sans gloire
Sur le foin gît le Christ:
La sainte déipare
Est accouchée d’un fils.

Jésus pleura d’abonde,
Marie le consola:
« Oh, tu connais le monde;
Jésus, ne pleure pas!

Car le monde et la terre
Par toi furent bâtis,
Par toi et par le Père
Et par le Saint-Esprit. »

Oyez, oyez les cloches,
Aux vêpres, quel beau chant!
L’avent du Christ approche,
Deuxième avénement!

À sa venue seconde,
Des anges dépêché,
Il nettoiera le monde
Des maux et des péchés.

Susŭ la pórta raĭuluĭ.

Hier j’ai traduit-adapté un chant de Noël transylvanien (mélodie ici):

À l’entrée du paradis, porte au paradis,
Paît la troupe des brebis.
Refrain: ‘Léluia, alléluia, alléluia-alléluia, alléluia-alléluia.

Qui gardait ce beau cheptel, ce très beau cheptel?
La maman-vierge à Noël, la vierge à Noël.

Près d’elle un petit berceau, un petit berceau,
Avec un enfant très beau, un enfant très beau.

Quand pleurait l’enfantelet, son enfantelet,
La maman le consolait, elle consolait.

Le refrain en roumain est devenu un charabia, à cause de l’alléluia rhotacisé, puis nycisé. Ce chant appartient à la catégorie des gnangnanries, mais je l’ai inclus pour le motif pastoral.

Ḑî de judecată.

Je viens de traduire poétiquement un chant transylvanien de l’Avent, qui a au moins deux variantes. La première peut être écoutée ici.

Sur le ciel et vers l’orient,
R1: Jour du jugement!
Un rayon paraît brillant,
R2: Très grièvement.

Ce n’est pas un astre fin,
Mais le Christ, le livre en main.

Il regarde un monde impie,
Soupirant, toujours il lit:

Le dimanche on ne va plus
À l’église pour Jésus,

Mais, buvant, on injurie
Dieu et la Vierge Marie.

Et les anges pleurent las:
Les gens sont des renégats.

Mais le jour viendra bientôt:
Dieu nous jugera d’un haut.

Les vivants, les morts d’en bas,
Tous, Dieu nous rétribuera.

Ceux qui auront mal agi
En ténèbres seront mis.

Une pierre est sur l’entrée,
Qu’ils ne voient plus la clarté.

Mais les justes accomplis
Auront l’éternelle vie.

Repentons-nous, ô chrétiens,
Et disons: Jésus, reviens!

Seconde version, à écouter ici (même mélodie).

On t’attend Jésus très cher,
Jour du jugement!
Sauve-nous de notre enfer
Qu’on vit à présent.

La souffrance se répand;
Tout n’est qu’une croix;
Tout le monde erre et t’attend,
Mais nul n’a la foi.

Nous peinons, pleurons beaucoup,
Triste est notre vie;
Mais nous t’attendons partout,
Seigneur Jésus-Christ!

Dans ce monde ici reviens,
Doux enfant Jésus;
Pour rester chez les chrétiens,
Tu es attendu!

On t’attend, Jésus très bon,
Donc reviens, Dieu fort!
Nul humain, de sa maison
Ne te met dehors.

La săvîrşituƚŭ lumĭi.

Hier j’ai traduit poétiquement encore un chant transylvanien de l’Avent.

Quand le monde finira,
L’ange sonnera le glas,

Appelant des quatre coins
Tous les gens de près, de loin;

Convoquant un jugement
Pour les morts et les vivants.

La trompette sonnera,
Dans les pleurs seront les rois.

Les seigneurs, donc, pleureront;
Nous, naïfs, que dira-t-on?

Quel rachat doit-on payer,
En rançon pour nos péchés?

Ni de l’or, ni de l’argent,
Mais le Christ et son saint sang.

Mais où mettra-t-on les bons,
À la fin de la moisson?

En nuage lumineux,
En présence du bon Dieu.

Qui a mis un bon début?
Dieu complètera son dû.

Où mettra-t-on cette ivraie,
Les méchants pleins de méfaits?

Dans une pierre, un galet,
Sans lumière à tout jamais.

Il y a des variations dans les paroles, et deux mélodies. La première, que vous pouvez écouter ici, a le refrain après le second vers de chaque couplet, et répète le second vers après le refrain Bonne année, longue année! ou Ad multos annos! (roum.: La mulţĭ annĭ!)

La seconde mélodie, que vous pouvez écouter ici, place le refrain entre le premier et le second vers, et ne répète pas les vers. Le refrain est: Ô Seigneur, alléluia!

Tutaina.

J’ai traduit un noël colombien/péruvien, Tutaina.

R.: La fête, Jésus est là,
Noël, c’est notre fête
La fête, Jésus vient, alléluia,
Noël, la joie parfaite!

1. À Bethléem les pasteurs
Pour voir l’enfant-Christ s’empressent;
Marie et Joseph, en chœur,
Les saluent avec tendresse.

2. Trois rois viennent, eux aussi,
Avec or, encens et myrrhe,
Pour les présenter ainsi
À leur Dieu qui les attire.

3. Et nous allons tous chanter
Du cœur, dans la joie terrestre,
Car le Messie exalté
Est arrivé, don céleste.

Here we come a-caroling.

Il y a un chant de Noël anglais, Here we come a-caroling, ou Here we come a-wassailing, ou Here we come a-Christmasing, dont vous pouvez écouter une variante d’origine ici, et dont j’ai traduit trois couplets en français.

Nous venons vous chalender
Avec un vert rameau,
Et nous allons scander
Nos bons souhaits en mots.

R.: Joie, amour mutuel
Et un très joyeux Noël!
Puisse Dieu vous donner
Une très bonne Année!
Dieu vous donne une très bonne Année!

Qui est maître des boissons?
Qu’il ouvre le tonneau,
Et mieux nous chanterons
Si nous buvons un pot.

Que Dieu bénisse tous les grands
Qui vivent en ce lieu,
Ainsi que les enfants,
Les jeunes et les vieux.

Grea ĭŭerniçă ce-ău picatu.

Encore un noël transylvanien, dont trois versions en roumain peuvent être écoutées ici, çà, .

Cet hiver est bien trop frais,
R.: Blanches fleurs de neige,
Toutes les brebis ont brait.

Mais Dieu les a entendues,
Chez elles est descendu;

Par sa belle échelle en cire,
Pour cueillir des mélampyres;

Par degrés faits de saucisse,
Pour cueillir de beaux narcisses,

Pour en faire des couronnes,
Des crépons pour les personnes.

Les versions 1-2 parlent de Dieu qui descend, alors que pour la version 3, c’est pĕcurarułŭ, « le berger », ce qui n’a aucun sens, à moins que l’on sous-entende clairement le Bon Berger. Dans la version 1, Dieu cueille les fleurs, tandis que dans la 2, il ne fait que les apporter. Bien entendu, ici les brebis sont une métaphore, et Dieu qui descend chez les humains, thème de l’incarnation (cf. l’antienne de Noël et Pâque Ego sum Deus, tirée de Ex 3:14), et ceci st associé au thème du mariage (« les couronnes »), annoncé par les noces de Cana, troisième événement de l’Épiphanie. La version 3 a des alléluias, tandis que les 1-2 ont la métaphore pour les flocons de neige. Quant à la cire et aux saucisses, il s’agit de choses consommées aux grandes fêtes; notamment, avant l’arrivée du pétrole et de l’électricité, si pendant l’année les gens utilisaient des lampes à suif, aux fêtes ils allumaient des bougies en cire pour s’éclairer.

Dýrð sé Guði’ í hæstum hæðum.

Il y a un an, nous avons passé la Saint-Thorlac, Noël et le Nouvel-An en Islande, et parmi les chants de Noël chantés à l’église, c’est un chant islandais qui m’a marqué. Donc je l’ai traduit-adapté en français. L’original ne se trouve pas enregistré sur la toile, mais je l’ai trouvé en version norvégienne ici.

Gloire à Dieu au plus haut, gloire!
Le ciel chante de beaux chants;
Les humains, aux cœurs hilares,
Louent Dieu, de leurs voix prêchant
Sa puissance et sa hauteur,
Miséricorde et grandeur.
Gloire à Dieu aux hautes cimes!
Terre, loue l’amour sublime!

Ô chrétien, si tu es triste,
Si tu es loin du Seigneur,
Sache que l’amour existe;
Humble, accueille Dieu sans peur.
Goûte: le Seigneur est doux!
Rends-lui grâces et le loue,
Et avec le chœur des anges
Chante à Dieu plein de louanges!

Gloire à Dieu au plus haut, gloire!
Son Fils il donne aux pécheurs.
Ô humains aux cœurs hilares,
N’oubliez pas sa faveur!
Le Dieu haut, puissant et vrai,
Je vis et le servirai
Jusqu’à ce qu’aux cieux je reste,
Rejoignant les chœurs célestes.

Ce-aţĭ vĕḑutŭ, păstorĭ?

En Transylvanie, il y a un chant de Noël, Ce-aţĭ vĕḑutŭ, păstorĭ, qui paraphrase l’antienne et le répons traditionnels Quem vidistis, pastores? Ceci semble tout à fait surprenant, étant donné que les Roumains observent, depuis un millénaire, le rite byzantin, alors que l’antienne en question est occidentale et inconnue du rite byzantin. Or il s’agit, sans doute, de toute une paraliturgie de substrat. La mélodie diffère selon les versions (exemples ici et ). Le nombre de couplets n’est pas non plus le même.

« Pâtres, qu’avez-vous
Vu? Annoncez-nous!
— Nous avons vu le Christ, maître
Qui des cieux vient d’apparaître:
C’est le Fils de Dieu!

— Dans quel beau palais
Ce roi s’installait?
— Une grotte froide et prête,
Une grotte avec des bêtes:
Quel palais glorieux!

— Ce roi nouveau-né
A-t-il bien trôné?
— Il trônait d’une mangeoire,
Foin et paille pour la gloire
Du Jésus précieux!

— Quelle armée était
Là? Qui l’escortait?
— C’est Marie, la sainte mère,
Et Joseph qui l’adorèrent:
Quelle escorte au mieux!

— Mais qui lui chantait?
Qui le glorifiait?
— Les anges du ciel s’y mirent,
De joyeux cantiques dirent:
Au plus haut des cieux! »

Deşcłide uşea, chreştine!

Voici un autre chant de Noël transylvanien, que j’ai traduit-adapté en français. Il y a au moins deux mélodies différentes: l’une ici et l’autre là. Certaines versions ont plus de couplets que d’autres.

Ouvre la porte, ô chrétien,
Car chez toi tous on revient.

[Fatigués, de loin venus,
Longue route l’on a eue.]

De Bethléem nous rentrons,
Où est né le Christ très bon.

On a vu sa mère aussi;
Elle s’appelait Marie.

Et un gîte elle a cherché
Pour qu’on la laisse accoucher.

Elle allait de bas en haut,
Pour mettre au monde un fils beau.

Et partout s’est promenée
Afin que le Christ fût né.

En allant de haut en bas,
Sur l’étable elle tomba.

[Dans l’étable sur le foin,
Le Seigneur naquit humain.]

Les anges vinrent du ciel,
En procession de Noël,

Les anges tressant des fleurs
En couronne de couleurs.

La couronne a l’écriteau:
« Aujourd’hui naît le Très-Haut. »

La couronne dit ainsi:
« Aujourd’hui naît le Messie. »

[Qui avec force et bonté
Sera roi du monde entier.]

Il y a trois façons de chanter ce Noël: 1. Soit on répète chaque vers. 2. Soit on répète le premier vers, puis on dit le second, et enfin le refrain. 3. Soit on dit le refrain après chaque vers. Le refrain peut être:

A. Bonsoir et joyeux Noël!
B. Longue vie, longues années!