Que dire alors des centaines et milliers de pubs aux bords des routes?
Pourvu que ça n’arrive pas chez nous!
Que dire alors des centaines et milliers de pubs aux bords des routes?
Pourvu que ça n’arrive pas chez nous!
Dans la préface de, on déplore la corruption des bonnes coutumes: «… lorsqu’on avait commencé la lecture d’un livre de la Bible, on se contentait, d’ordinaire, d’en lire trois ou quatre chapitres, sans en lire jamais davantage. C’est ainsi qu’on lisait le commencement d’Isaïe dans l’Avent et celui de la Genèse dans la Septuagésime, sans jamais achever de les lire.»
Le BCP entend donc rétablir cela. Isaïe doit commencer dans l’Avent et être parcouru dans son intégralité. Or selon l’usage romain et ses dérivés, l’Avent n’a pas le même nombre de jours d’une année à l’autre. C’est pourquoi, le BCP prend une date fixe pour commencer Isaïe. Cette date peut donc tomber un peu avant l’Avent. Jusques hier, tout le mois de novembre a été occupé par l’Ecclésiastique, mais à partir des vêpres de ce soir on passe au premier chapitre d’Isaïe, puis le livre sera achevé en fin d’année. Mais les différents passages de ce livre prophétique sont si bien répartis pendant le temps de l’Avent!
Moi, qui ai fait mes débuts dans le rite byzantin, j’ai expérimenté un manque à ce niveau. D’abord, parce que le rite byzantin n’a presque rien de spécial, liturgiquement, pour marquer le temps de l’Avent, et ensuite, parce que le livre d’Isaïe n’est jamais parcouru à l’église, à part deux ou trois chapitres aux vêpres de quelques fêtes. Je pense qu’il serait grand temps que les différentes communautés de rite byzantin se fassent un calendrier des lectures, pour parcourir ne fut-ce qu’en partie l’Ancien Testament aux offices des dimanches.
La semaine passée, dans Le Soir, il y avait une entrevue avec Karl-Heinz Lambertz. La reportrice Béatrice Delvaux écrivait un article à part, où elle disait qu’il fallait prendre en exemple la Communauté germanophone, mais au contraire, dans l’entrevue, elle faisait dire à Karl-Heinz Lambertz ce que l’homme ne voulait pas dire.
Concrètement, le Leitmotiv de la journaliste disait en gros ceci: lorsque la Belgique éclatera, que fera la Communauté germanophone? Pour la journaliste, la chose est claire: il ne s’agit que d’une question de temps, et c’est ce qu’elle nous chante depuis très, très longtemps. Je ne sais pas c’est pour gagner son salaire qu’elle vendrait son pays. (Pour rappel, après la seconde guerre, il y avait comme ça, tout plein de gens qui disaient avoir fait le plaisir de l’occupation, juste pour gagner un pain: c’était des temps difficiles et il fallait faire quelque chose pour gagner sa vie.) Elle sait que le ministre-président a fait des séjours en Andorre, et donc elle tente de lui faire avouer qu’il préparerait l’indépendance du pays d’Eupen.
Mais Karl-Heinz Lambertz n’entre pas dans son jeu. Il explique que ce que les germanophones veulent, c’est une région à part. Ils ne sont pas des Wallons, donc il n’y a pas de raison qu’ils fassent partie de la Wallonie. Ce qui me semble très juste, à condition qu’on garde les facilités linguistiques pour les deux communautés. Or, les germanophones n’ont jamais été méchants sur ces questions.
Dans le temps, je portais une tuque en peau de mouton. Depuis les Cowboys Fringants, le monde sait ce que veut dire une tuque. Non, pas tout à fait un bonnet. L’erreur, c’est de vouloir « traduire » d’un dialecte à l’autre, alors qu’on est à l’intérieur de la même langue: le français.
En néerlandais ou en anglais, les mots d’un dialecte passent dans les autres dialectes, grâce à la presse et surtout à la littérature. En français, malheureusement, tous les journalistes et les écrivains fransquillonnent: ils croient que le meilleur français est le patois de Paris. Certains d’entre eux, plus innocents, croient que s’ils n’utilisent pas le patois de Paris tel quel, ils ne seront pas compris par la majorité. Alors que la presse et la littérature sont censées nous apprendre à parler et écrire le français correctement, ils ne font que nous borner à un patois borgne et illogique.
Les Cowboys Fringants, disais-je. Heureusement qu’il y a encore la musique! Oui, grâce aux musiciens québécois, nous avons appris à dire «tuque», «icitte», «sacrer» et «van», et nous comprenons ce que sont un courriel et un pourriel, même si nous n’utilisons pas ces mots. Mais pour un beau français (beau = riche, varié), nous ne pouvons pas compter sur la presse ou sur la littérature.
Les musiciens, disais-je. Or montrez-moi encore des musiciens belges ou suisses qui chantent encore en français et qu’on diffuse sur Vivacité. Ah non, car Vivacité, avec notre argent, diffuse seulement de la musique étrangère et anglophone.
Les journalistes, disais-je. J’ai lu à plusieurs reprises dans Le Soir (de Belgique) qu’il y avait eu un «déjeuner des ministres» et un «dîner chez le Roi». Or comprenez que les rattachos du Soir patoisaient comme à Paris. En réalité il y avait eu un dîner des ministres et un souper chez le Roi.
Un patois borgne et illogique, disais-je. Je prendrais plusieurs exemples:
«Au petit déjeuner je mange des céréales et une pomme, au déjeuner je mange des pâtes et une poire, le soir pour dîner je prends une soupe et un morceau de melon.» (tiré d’une pub, cité de mémoire). Il n’y a pas de petit ou grand déjeuner. On déjeûne (on rompt le jeûne) une seule fois, le matin. Ceux qui déjeûnent à midi sont soit les fainéants qui sont sont levés à onze heures, soit les moines qui ont fait exprès de sauter un repas. Puis, la dernière proposition de la phrase est le paradoxe. On c’est au souper qu’on mange une soupe. Or, dans tous les pays francophones hors de la France (et encore!), les repas portent les mêmes noms: déjeûner, dîner, souper. En France, le patois de Paris a fait fransquillonner tout le monde.
«Quatre-vingt-dix-neuf». Et cette bêtise apparaît même dans les bibles et autres textes liturgiques, qui sont censés s’adresser à un public francophone de loin supérieur à la France! Si on écrit nonante-neuf (99), il faudrait également le dire. Or sinon, quatre-vingt-dix-neuf, ça veut dire 4×20+10+9. Pardonner «septante fois sept fois» est un jeu de mots, alors que «soixante-dix fois sept fois» mène à une littéralité qui n’a pas été voulue par l’auteur.
Portant la francolatrie va bon train. Oui, il faut sauver le français, qui est une langue menacée devant l’invasion de l’anglais, mais j’ai l’impression que le salut ne viendra pas d’Europe, et encore moins de la France.
Alors, mes gens, n’ayez pas peur de parler et écrire en bon français. Le vocabulaire est vaste. Évitez des explications comme «baraque à maïs, suspendue pour éviter l’eau…», «couvre-chef d’hiver, muni de ceci et cela…», «jurer mais pas comme au tribunal…»: il y a les mots «raccard»/«rascard», «tuque», «sacrer». Et si les gens vous font chevrer parce qu’ils ne vous comprennent pas, ils n’ont qu’à consulter les dictionnaires en ligne sur internet. On va pas s’en plaindre.
Mais ce sixième dimanche après l’Épiphanie me semble tout à fait particulier, grâce à sa collecte, d’une beauté presque unique. Voici son contenu: «Dieu, dont le Fils, béni a été manifesté pour détruire les oeuvres du diable, et nous faire enfants de Dieu et héritiers de la vie éternelle: nous te supplions de nous accorder la grâce qu’ayant cette espérance, nous nous purifiions, comme lui aussi est pur; afin que, lorsqu’il apparaîtra de nouveau avec une grande puissance et une grande gloire, nous soyons faits semblables à lui dans son royaume éternel et glorieux, où il vit et règne avec toi, Père, dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu dans les siècles des siècles. Amen.»
Dans les rites mozarabe et milanais, comme dans certains rites orientaux, ce dimanche c’était déjà le premier de l’Avent. Comme tous les ans, je le répète: vivement que cette coutume s’installe partout!
«Où donc ai-je vu cette femme-ci? […] Pour l’amour de Dieu, où donc ai-je bien pu voir cette femme? Il faudra que j’aille le lui demander au retour…»
«Nous étions entrés sans frapper, comme c’est l’usage chez nous. La civilité consiste, une fois la porte poussée, à s’introduire sans hâte, en laissant gémir les gonds pour avertir.»
«Mon chien Lion […] Alors, du moins, je prends mon temps, les yeux dans les yeux de l’animal, escomptant une surprise égale à cette chose inouïe: lui, un chien de vaches, manger de ce bon pain d’épices! Lion ne perd pas son temps à savourer. Les petites bouchées que je lui jette lentement, visant le museau moite, disparaissent une à une, dans un clappement de boîte qui se ferme. Tout le morceau y passera. Et à mesure qu’il diminue dans ma main, je sens mes derniers scrupules s’en aller aussi. La Conscience, tout au fond de moi, absout ma prodigalité.»
«Le feu de la cuisine est destiné aux chaudrons, aux marmites, aux bouilloires. Il réchauffe, à l’occasion, les poussins chétifs et les porcelets débiles; le chien et le chat en toute saison: jamais les doigts gourds du bon vacher.»
«Même avant les vélos, nos jeunes paysans faisaient des lieues pour courir à l’amour. Quant aux femmes, elles allaient, comme partout, aux enterrements, aux pèlerinages. […] La Providence des batteurs de routes ferait bien surgir à point nommé, sur quelque seuil, la commère curieuse qui vous demande qui vous êtes, d’où vous venez, où vous allez. On répond, elle se récrie; elle s’avance sur le pavé pour mieux vous entendre – aussi pour vous inspecter de plus près. Vous avez fait, naturellement, deux pas dans sa direction, et… cela se termine par la cafetière de l’hospitalité.»
«La dévotion se standardise comme le costume, et les vieux saints le cèdent aux jeunes. C’est la vie… Je vous dirai bien le nom d’une paroisse où sainte Walburge, à qui personne ne reprochait rien, dut céder sa place au pilier à sainte Thérèse de Lisieux, dont Dieu me garde de médire.»
«Dji m’ sovins , volà bin des ans… Je n’ai compris que bien plus tard cet art inné qui s’ignorait lui-même; et tandis que, devenu un homme à mon tour, j’admirais chez l’octogénaire ce jaillissement toujours égal, cette vertu d’enchantement devenue intacte, il m’arriva de réfléchir sur l’art immémorial de conter, que des siècles de veillée ont parfait. Anonyme, et fils de la nécessité, comme tous les arts. Il fallait tuer les longues heures de soirées d’hiver, il fallait oublier la peine journalière dans l’évasion du souvenir. Les contes de la veillée furent pour nos pères, avec les chansons et les farces, la seule détente familiale aux labeurs du jour. L’art de conter survivra-t-il aux anciennes mœurs des campagnes?»
Il y a quinze jours, j’ai fait une promenade à Haeren. D’une part, je sortais du travail pour avoir deux nuits de congé, et il faisait beau, donc c’était un endroit formidable pour une promenade. D’autre part, je voulais voir cette localité, que même les Bruxellois ne savent pas localiser sur une carte. Et pourtant!
Pourtant, Haeren est une ancienne commune, fusionnée, depuis 1921, à la commune de Bruxelles. Malheureusement, la commune concentre son budget sur la ville, et donc les localités marginales, à commencer par Haeren, restent dans la précarité.
En descendant du train, je me suis rendu compte du bruit causé par les nombreuses lignes qui traversent le village: des rails qui s’étalent sur trois étages, et cela, seulement à la gare dite du tilleul. Je n’ai pas encore vu Haeren-Sud avec ses rails. En tout cas, les trains y passent à grande vitesse toutes les deux-trois minutes, et en plus on voit et on entend les avions qui décollent et atterrissent tout près. Bref, pour y habiter, il faut être résistant aux bruits, ou être fan du chemin de fer et des avions.
Et pour cause! Je me suis avancé dans une ruelle, dans laquelle j’ai trouvé 4 maisons abandonnées. À Haeren il y a beaucoup de champs non exploités. Quels jardins magnifiques les gens pourraient faire là-bas! Il y a des prairies, de la verdure tout plein.
Pour les résistants aux bruits, ce serait l’endroit idéal, bon marché et proche de l’agglomération (20 minutes en train jusqu’à Bruxelles, 12 jusqu’à Schaerbeek). Et voilà également une maison qu’on bâtit, doucement et sûrement, en même temps que la chaussée qui passe devant.
Mme Fei ventait l’horeca. «Tant qu’il y aura le monde, les gens devront manger et dormir, et ils auront besoin de nous.» Pourtant…
Certains de mes collègues et anciens collègues ont fait des études d’hôtellerie et tourisme, pour décrocher ensuite un boulot qui ne donne pas beaucoup de satisfactions. En Espagne, travailler dans l’horeca est quelque chose de prestigieux, qui te donne de la gueule devant le monde, mais tu gagnes 800 € à temps plein.
Les éboueurs et les femmes de ménage ont au moins l’avantage d’avoir plus de week-ends libres, et moins de travail nocturne.
Les cheminots font la grève, et je me réjouis pour eux, car les travailleurs doivent travailler dignement, et je sais que ces gens-là n’ont pas la vie facile. Par contre, dans l’horeca, il n’y a pas moyen de faire la grève. Les syndicats s’en foutent royalement. Le ministère de la santé reconnaît que le travail nocturne fait partie des «métiers à risque», mais d’autre part, le week-end nous ne recevons même pas de prime de nuit.
Ce n’est pas le fric en soi qui pose problème. Mais plutôt la santé, la vie sociale, la vie familiale. Dans le temps, je voyais l’horreur des prêtres âgés abandonnés dans des homes et la solitude. Aujourd’hui, je regarde mes collègues « aînés », qui auront bientôt cinquante ans, et qui en-dehors du boulot vivent dans la solitude devant la télé et se délectent du maïs éclaté.
Et après nous avoir complètement ignorés, la société nous reproche de ne pas avoir été performants, de ne pas avoir été comme tout le monde…
Je tombe souvent d’une extrême à l’autre. Parfois je me sens très fort. Mais parfois je me sens très faible, physiquement et psychiquement.
L’autre jour, en passant dans une librairie, je me suis rappelé le roman Nils Holgersson. Je l’ai lu quand j’ai eu quatre ans. À mes six ans j’ai lu les romans de Jules Verne. J’aurais pu commencer l’école plus tôt. Déjà à mes quatre ans je me sentais frustré de ne pas entrer en première primaire. J’aurais gagné deux ans de la vie.
Avec du recul je me rends compte de l’énorme gaspillage de temps. Bientôt je compte décrocher un diplôme, qui d’ailleurs ne me servira à rien sur le plan professionnel. Pourtant je veux le faire, et pour cela j’en ai chié, des week-ends sans sommeil, chose que je veux éviter à tout prix.
Quand j’avais vingt ans, je trainais avec des amis de quarante, et je les enviais. Aujourd’hui j’approche mes trente ans, et je suis fou de rage. La seule chose que j’ai faite, c’est d’épouser l’homme de ma vie. Le reste reste à faire. C’est pléonastique, mais c’est la vérité.