Georges Pfalzgraf.

Il y a une semaine tout juste, le pasteur Georges Pfalzgraf a été appelé par le Seigneur auprès de lui. Les funérailles ont eu lieu hier à Gumbrechtshoffen, et il a été enterré dans le cimetière de Nehwiller, son village natal.

C’est en décembre 2012 qu’en cherchant des traductions liturgiques des hymnes latines, je suis tombé sur le site www.choralsenfrancais.fr de Georges Pfalzgraf. Une correspondance épistolaire entre lui et moi s’ensuivit. Nous avons utilisé abondamment ses traductions à Saint-Servais. Par la suite, je me suis mis à continuer son œuvre, en traduisant moi-même ce que lui et son collègue Yves Kéler n’avaient pas traduit.

Bientôt apparaîtra l’Hymnaire traditionnel en français, et plus tard l’Aventier, deux livres qui contiendront pas mal des traductions de Georges Pfalzgraf. Je suis juste désolé qu’il n’ait pas vécu longtemps assez que pour les voir de ses propres yeux.

Maximus redemptor orbis.

Voici ma traduction-adaptation de l’hymne brugeoise Maximus redemptor orbis, pour la fête du sang du Christ.

Ô grand Rédempteur du monde
Par ta mort tu nous rends vie
Non pas par l’argent immonde
Ni par un or dépéri,
Mais par ton corps et par l’onde
De ton sang nous as racquis.

Tu rachètes cher nos fautes;
Agneau, tu te sacrifies,
Tu as gagné l’antidote,
Pour que le dur ennemi
Ne retînt plus, dans la fraude,
Ta création, par envie.

Tu as fait de grandes choses,
Sauveur de tous, crucifié;
Tu as accompli, grandiose,
Les prophètes, certifié;
Nous libérant de la cause
Du mal, nous as vivifiés.

Tu versas, dès ton enfance,
Ton sang de circoncision;
Puis le sang de la souffrance:
Épines, flagellation.
Sur la croix et par la lance,
Versas le sang d’occision.

Laus, honneur et gloire extrêmes
Au créateur de la vie:
Au Père et pasteur suprême,
Au Fils et au Saint-Esprit:
Un Dieu honoré de même
Dans les siècles infinis. Amen.

Templi sacratas pande Sion fores.

J’ai beaucoup hésité à traduire Templi sacratas pande Sion fores, l’hymne tardive des bréviaires français pour la fête de la présentation du Seigneur. Je trouve que le rite romain fait violence, en quelque sorte, à cette fête, en l’attribuant à Marie plus qu’à Dieu. C’est la fête de la sainte rencontre, où le peuple d’Israël – représenté par les tout derniers prophètes de l’Ancien Testament – vient à la rencontre de son Dieu incarné, dans le temple de Jérusalem. Donc, même si cette hymne date du dix-septième siècle, elle vaut la peine. Son métrisme est tellement compliqué, que je n’ai même pas su mettre la main sur la mélodie d’origine. Les anglophones ont fait plusieurs traductions de Templi sacratas pande Sion fores, avec des métrismes différents, dont un calqué sur Pange lingua. C’est ce dernier exemple que j’ai suivi. Le lien entre les deux hymnes Pange lingua et Templi sacratas pande Sion fores étant évident, je prévois pour cette dernière la mélodie des deux premières.

Sion, ouvre tes sublimes
Portes, pour que le Seigneur
Christ entre comme victime,
Et grand sacrificateur.
Les vieilles formes s’inclinent;
La Vérité s’ouvre aux cœurs.

Qu’on n’immole plus de bêtes
Ni fume de feu cruel,
Car, ô Christ, tu plies la tête,
Toi, Dieu, sur ton propre autel;
Pour le Père nous rachète
Ton sacrifice éternel.

Une Vierge bien consciente
Que tu étais Dieu voilé
Sous les traits d’humaine tente
Donne, pour le premier-né,
Deux colombes comme offrande
Des gens dans la pauvreté.

Ici des hommes et femmes
De tous âges prennent part;
Ils reconnaissent dans l’âme
Que c’était toi leur espoir,
Le sauveur qu’eux tous réclament
De voir depuis le départ.

Verbe, dans cette affluence
De témoins, tu ne dis rien!
Et, dans son ferme silence,
Ta mère muette vient
Offrir ce qu’en la balance
De son cœur elle retient.

À toi soient louange et gloire,
Fils du Père et de Marie!
Honneur et gloire éternelle
Soient au Père et à l’Esprit,
Maintenant, demain, de même,
Dans les âges infinis. Amen.

Dei fide qua vivimus.

En ce début du temps du pré-carême, ou temps de la Septuagésime, voici ma traduction-adaptation de l’hymne Dei fide qua vivimus.

C’est par la foi que nous vivons;
Par l’espérance nous croyons;
Par la grâce sommes sauvés;
Christ, chantons ta gloire élevée.

Car à cette heure en matinée,
À la passion tu fus mené;
Sur une croix étant pendu,
Tu trouvas les brebis perdues.

Donc humbles, Dieu, nous te prions,
Libérés par la rédemption,
Délivre-nous du monde mal,
Comme jadis du sort fatal.

J’ajouterais la doxologie Sit, Christe, rex piissime, mais légèrement adaptée:

Gloire à toi, Christ, Parole et roi,
Qui donnes la grâce et la foi,
Avec notre Père et l’Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.

Annue Christe.

En cette fête de la conversion de saint Paul, qui commence, voici ma traduction-adaptation de l’hymne Annue Christe sæculorum Domine, qui se chante aux premières vêpres et aux matines des fêtes des apôtres.

Renoue, ô Christ, Seigneur des siècles, avec nous,
Pour les travaux de ton (tes) apôtre(s) cher(s) et doux,
Afin que nous, qui avons péché devant toi,
Retrouvions, par ses (leurs) prières, la bonne voie.

Sauve, Rédempteur, ton ouvrage tout dernier,
Par la lumière de ton visage signé;
Ne permets pas que par le démon il soit pris,
Car pour lui, par ta mort tu as payé le prix.

Ne laisse pas tes serviteurs captifs;
Relève ceux qui sont tombés et les nocifs,
Et ceux que tu as rachetés par ton saint sang,
Avec toi fais-les régner, bon roi tout-puissant.

À toi conviennent, Jésus, ô béni Seigneur,
Louange, gloire, puissance et suprême honneur,
Ainsi qu’au Père et au Paraclet Saint-Esprit:
Un Dieu régnant dès toujours jusqu’à l’infini. Amen.

Lucis largitor splendide.

Aujourd’hui, en la fête de saint Hilaire de Poitiers, je vous présente l’hymne Lucis largitor splendide, composée par  lui, et qui est quasi oubliée dans le monde occidental, sauf chez les anglophones et les Scandinaves. C’est chez les Norvégiens que j’ai trouvé la mélodie d’origine de cette hymne. En voici ma traduction-adaptation vers le français.

Seigneur, qui nous as apporté
La lumière, douce clarté,
Après la nuit et le noir lourd,
Tu nous as ramené le jour.

Tu es vrai illuminateur
Du monde; devant ta grandeur,
D’éclat le soleil est saisi,
L’étoile du berger bâsit.

Car plus brillante, sans pareil,
Plus que le jour et le soleil,
Ta lumière éclaire l’ardeur
Et tous les aspects de nos cœurs.

Que nos esprits soient chastes, clairs,
Pour vaincre d’orgueil de la chair;
Que les temples qui sont nos corps
Servent l’Esprit, sans être en tort.

Et la doxologie Sit, Christe, rex piissime, commune également à d’autres hymnes:

Gloire à toi, Christ, roi éternel,
Qui vis et règnes dans le ciel,
Avec notre Père et l’Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.

Æterna Christi munera.

Voici ma traduction-adaptation de l’hymne Æterna Christi munera, de saint Ambroise, pour les fêtes des martyrs.


Des dons, Christ, tu viens d’impartir,
Pour leurs victoires, aux martyrs.
Nous chantons leurs louanges dues,
Intelligemment, assidus.

Princes de l’Église ici bas,
Ducs triomphants dans le combat,
Soldats du ciel, mis en péril,
Lumière du monde sont-ils.

La terreur du monde ont vaincu;
La douleur, ils l’ont vécue;
Étant trépassés saintement,
En lumière ils sont maintenant.

Les martyrs furent dévorés
Des bêtes ou flammes dorées;
Le bourreau, feulant comme un loup,
Les a percés avec des clous.

Leurs membres pendent au dehors;
Leur sang sur le sol jaillit fort;
Mais par ta grâce ils restent droits,
Dans la vie éternelle en toi.

La foi des saints n’a pas lâché;
L’espoir des croyants n’est gâchée;
Leur amour pour toi, sans déclin,
A bien triomphé du malin.

En eux le Père se réjouit;
En eux la force de l’Esprit;
Ô Christ, tu prends plaisir en eux,
Et tous les cieux en sont heureux.

Donc, Rédempteur, notre désir
Est d’être consorts des martyrs,
Nous, tes serviteurs, invités,
Pour les siècles d’éternité. Amen.

Ave maris stella.

Voici ma traduction-adaptation de l’hymne Ave maris stella. Je reconnais que cette hymne est très gnan-gnan (à peine est-elle une hymne; je dirais plutôt un chant pieux, théologie zéro, christologie zéro, sotériologie zéro; seul un millénaire d’existence et son importance en Acadie peuvent en justifier encore l’utilisation); donc j’ai pris davantage de liberté dans l’adaptation. La mélodie que j’ai retenue, c’est celle qui est d’usage en Acadie, ce qui fait que le dernier vers de chaque strophe se répète.

Réjouis-toi, ô astre
De mer plein de grâce,
Mère de Dieu, vierge,
Du ciel porte large!

C’est cette louange
Que Gabriel l’ange
A fait à ta mère,
Neuve Ève sur terre.

Brise les barrières!
Aux sans-vue lumière!
Du mal nous délivre;
Des bontés nous livre.

Montre-nous ta mère;
Reçois nos prières;
Car tu as pris d’elle,
La chair corporelle.

C’est la vierge dame
Bénie‿entre les femmes;
Rends-nous doux comme elle,
Chastes et fidèles.

Rends notre vie pure
Et notre voie sûre,
Jésus, par ta grâce,
Pour te voir en face.

Au Père la gloire
À toi, Christ, victoire;
À l’Esprit hommage,
Un Dieu pour les âges. Amen.

Magnum mysterium.

Debilis cessent.

Je vous présente l’hymne Debilis cessent elementa legis, propre à la fête de la Circoncision du Christ, et qui se trouve dans les bréviaires édités par Sébastien Besnault. Cette traduction vient du bréviaire de Paris de 1786, et je l’ai légèrement adaptée (en éliminant les mots de trop pour la mélodie).



Ce Fils de Dieu, peint en tant de victimes,
Pur et clair rayon du soleil éternel,
Porte, en sa chair, l’opprobre de nos crimes,
Ce jour solennel.

Pour les abolir, à un âge tendre,
Il verse son sang pour la première fois;
Par cet essai, s’engage à le répandre
Plus tard sur la croix.

Ce jour, ô Jésus, tu nous fais connaître
Ton nom sous lequel fléchit tout l’univers;
Tu t’appelles Sauveur, et tu vas l’être,
En brisant nos fers.

Gloire au Père, qui fait son Fils victime;
Gloire au divin Fils, qui pour nous s’est livré;
Gloire à l’Esprit Saint d’amour, qui l’anime:
Un Dieu à jamais. Amen.