Pange lingua gloriosi prœlium certaminis.

Yves Kéler a traduit en français les couplets 1, 4, 6, 8 et 10 de l’hymne Pange lingua gloriosi prœlium certaminis. Moi, j’ai traduits le reste, c’est-à-dire les couplets 2, 3, 5, 7 et 9; et j’ai modifié sa traduction des couplets 4, 6 et 8.

Le texte traduit par lui est en noir; le texte traduit par moi, ainsi que mes modifications sont en vert.

1. Chante, langue, la bataille,
Chante la fin du combat!
Sous la croix – trophée qu’on aille
Proclamer avec éclat
Que le Christ, Sauveur du monde,
En victime triompha.

2. Quand désobéit l’ancêtre,
Alors toi, le Créateur,
Destinas cet arbre à être
L’instrument réparateur;
Du même bois fis paraître
Le salut, ô Rédempteur.

3. Providentiel, tu procèdes
Opérant notre salut;
Par ton plan, les plans très raides
Du malin tu as rompus,
Et tu procuras remède:
Que ses coups ne nuisent plus.

4. Alors, au temps de la grâce,
Au jour dit et attendu,
Verbe, Christ, né d’une femme,
De ton trône es descendu,
Obéissant et fidèle,
La lumière dans la nuit.

5. Comme enfant, dans la mangeoire,
Par la Vierge dans le froid
Emmailloté, sans la gloire,
On t’aurait cru sur la croix:
Mains et pieds attachés, voire
Fixé sur la crèche en bois.

6. Ensuite, avec trente ans d’âge,
Tu t’en vins de Nazareth,
Humble, supportant l’outrage,
Fis ton œuvre par ta mort,
Tel l’Agneau, qui offres, sage,
Sur la croix, percé, ton cœur.

7. Que l’arbre abaisse ses branches,
Afin de prendre ton corps;
Tu es le fruit qu’elles penchent
En t’entraînant à la mort;
La rédemption tu déclenches,
Nous rachetant, ô roi fort!

8. Ta croix de foi, de triomphe,
Est pour tous l’arbre de vie!
Pas de fleurs, de fruits, de feuilles,
Pour se faire un bel habit:
Mais salut, signe et symbole,
Par toi, Christ qui pends ici.

9. C’est le seul bois qui fut digne
De te porter, Rédempteur;
Il fut port, bateau et signe
Des naufragés et de leur
Salut, ô Agneau et Vigne
Versant ton sang de valeur.

10. À Dieu soit louange et gloire,
Comme au Père, ainsi au Fils,
Honneur et gloire éternelle
Soient aussi au Saint-Esprit,
Maintenant, demain de même,
Dans les âges infinis! Amen.

Plasmator hominis Deus.



Voici ma traduction-adaptation en français de l’hymne Plasmator hominis Deus, qui se chante aux vêpres des vendredis (correctement: jeudi soir).

Ô Dieu, plasmateur des humains,
Qui fis tout de tes propres mains,
Tirant de la glaise animaux
Rampants, mammifères, troupeaux,

Qui à chacun, selon son rang,
Des animaux petits et grands
Donnas qu’ils fussent générés,
Vivants, par les humains gérés,

Ôte de nous, tes ouvriers,
Tout ce qui a pu nous souiller
Par la parole et par l’action,
Par la pensée et l’omission.

Donne-nous la grâce et la foi
Et les prémices de la joie;
Dissous les chaînes des conflits;
Que ce soit la paix qui nous lie.

Exauce-nous, Papa chéri,
Et toi, son égal, Jésus-Christ,
Et toi, Esprit de vérité:
Un pour toute l’éternité. Amen.

Æterne rerum conditor.

Je vous présente ma traduction-adaptation en français de l’hymne Æterne rerum conditor. Celle-ci se chante aux laudes – fin de matines – des dimanches.

Comme vous pouvez le constater en surfant un peu sur la toile, il y a différentes mélodies pour chanter cette hymne.

Éternel créateur de tout,
Qui régis jours et nuits pour nous,
Encadrant ce que nous faisons,
Dans les temps, espace et saisons,

A sonné l’heure du matin,
Annonçant de la nuit la fin;
La lumière nocturne luit,
Assurant la suite des nuits.

Le ciel du jour va émerger
Depuis l’étoile du berger;
Chasse les hordes du malin,
Qu’elles ne nuisent ce matin.

Dissipe la peur des marins,
Et que nous ne craignions plus rien,
Que sur la pierre de la foi,
L’Église chante pour son Roi.

Et, tout d’un coup, réveille-nous!
Le chant du coq nous met debout,
En éveillant les somnolents,
Et rappelant Pierre au cœur lent.

Au chant du coq, donne l’espoir,
De la santé aux sans-pouvoir,
Repentir aux larrons tordus,
La foi à ceux qui l’ont perdue.

Jésus, exauce-nous, pécheurs,
Vois et corrige nos erreurs;
Ainsi, les pécheurs sont contrits;
Les fautes pleurées sont guéries.

Illumine nos sens, Seigneur,
Et romps le sommeil de nos cœurs;
Sois premier objet de nos voix;
Que nos bouches chantent pour toi.

Gloire à toi, Christ, roi éternel,
Qui vis et règnes dans le ciel,
Avec notre Père et l’Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.

Audi benigne conditor.

Depuis quelques années, dans notre chapelle, en carême nous utilisons l’hymne Audi benigne conditor sous une traduction très, très libre. Ça donnait: «Ô Jésus Christ, entends nos cris…»

Aujourd’hui, j’ai profité de mon voyage en train pour faire une meilleure traduction de l’hymne Audi benigne conditor. La voici:

Entends, notre bon créateur,
Notre prière avec des pleurs,
Ces jours d’abstinence sacrée,
En ce carême en toi ancré.

Tu scrutes nos cœurs limités,
Tu connais nos infirmités;
Tourne-toi vers nous, fais-nous don
De la grâce de ton pardon.

Car nous avons péché moult fois;
Remets-le à ceux qui ont foi;
Guéris, pour l’amour de ton nom,
Les languisons que nous menons.

Par l’abstinence donne alors
La force à notre faible corps;
Que jeûne aussi l’entendement,
Gardé des erreurs constamment.

Accorde-nous, ô Trinité,
Toi, notre Dieu dans l’unité,
Que ce carême glorifie
Ton très saint nom, dans notre vie. Amen.

Nocte surgentes.

Voici ma traduction-adaptation en français de l’hymne Nocte surgentes vigilemus omnes. Cette hymne se chante aux matines des dimanches d’été.

La mélodie est celle d’Ecce iam noctis.

Surgissant de nuit, vigilant ensemble,
Nous te chantons des psaumes longs, plus amples,
Ainsi que des hymnes qui nous rassemblent
Dans ton saint temple.

Nous te chantons, Seigneur, roi de victoire;
Avec tes saints, fais-nous part de ta gloire;
À ta source éternelle fais-nous boire,
Ô perle rare.

Et la doxologie Præstet hoc nobis, de l’hymne précédente:

Accorde-le-nous, Dieu qui peux tout faire;
Tu es glorifié, ô Trinité: Père,
Et toi, Fils, et toi, Esprit débonnaire,
Toutes les ères. Amen.

Ecce iam noctis.

Je vous présente ma traduction-adaptation en français de l’hymne Ecce iam noctis (orthographiée aussi Ecce jam noctis). Cette hymne se chante aux laudes (fin de matines) des dimanches de l’année.

Maintenant les ombres de la nuit passent;
L’aurore lumineuse prend leur place;
Nous te prions de nous montrer ta face
Avec ta grâce.

Dieu notre Père, donne à tout le monde
Santé et guérison des maux immondes,
Le règne du ciel, là où tout abonde,
D’amour nous inonde.

Accorde-le-nous, Dieu qui peux tout faire;
Tu es glorifié, ô Trinité: Père,
Et toi, Fils, et toi, Esprit débonnaire,
Toutes les ères. Amen.

Տէրն յետ ստեղծման արարածոց.

Comme je le disais ailleurs, le bréviaire romain a un gros problème: il occulte le sabbat. Autrement dit, il chante la création pendant six jours, et dès qu’il faut célébrer la liturgie de samedi, il emprunte l’hymnographie à la Trinité.

Je fais, donc, une traduction-adaptation en français de l’hymne Dominus postquam creavit – Տէրն յետ ստեղծման արարածոց – Dern ħed sdełḑman araraḑoç du livre d’heures (jamaqirk) arménien. Cette hymne a été composée par saint Nersès le Gracieux (+1173). Elle comporte 6 strophes de 8 vers, chacun ayant 8 syllabes. Ça veut dire qu’on peut la chanter sur les mélodies grégoriennes habituelles, comme si c’était une hymne de 12 strophes ayant chacune 4 vers.

La mélodie arménienne d’origine peut être écoutée en suivant ce lien.

Le Seigneur, ayant tout créé,
Prit repos le septième jour.
Lui, qui veut nous voir travailler,
Qui nous repose et nous secourt,
Nous a laissé l’espoir glorieux
Qu’il nous donnerait son sabbat;
Faisant la volonté de Dieu,
Nous aurons son repos là-bas.

 

 

Car notre Maître a bien voulu
Nous instruire par ses leçons:
Par l’économie du salut,
Dans sa seconde création,
Il descendit avec son corps
Dans le sépulcre un samedi,
Pour délivrer les captifs morts,
Et préparer le paradis.

 

 

La source sortie de ton flanc
Sera guérison de nos morts,
Dans leurs sépulcres descendant,
Pour les ressusciter alors.
Donne-leur la vie, le salut,
Et les appelle de ta voix
Compte-les parmi tes élus,
Alors ils chanteront pour toi.

 

 

Nos frêles traits, superficiels,
Péchant, ont entraîné la mort,
Mais ta mort nous rend immortels,
Ô immortel, âmes et corps.
Ceux qui avec toi ont été
Ensevelis dans l’eau des fonts,
Tu les feras ressusciter;
Comme un soleil ils brilleront.

 

 

Les justes pourront resplendir,
Les moines de sagesse ornés;
Couronnés seront les martyrs,
Les vierges, lampes allumées,
Seigneur, considère avec eux
Ceux qui te confessent et croient;
Ne les juge âprement, ô Dieu,
Mais pardonne-leur par ta croix.

 

 

Dans ton immense humilité,
Tu fus en terre enseveli
Et tu as réhabilité
Les croyants, leur donnant la vie.
Relève-nous, qui justifiés
Serons dans ta paix endormis.
À toi la gloire, ô crucifié,
Ainsi qu’au Père et à l’Esprit. Amen.

Immense cæli conditor.



Maintenant, ma traduction-adaptation en français de l’hymne Immense cæli conditor, de saint Grégoire le Grand. Cette hymne était chantée les lundis soir. Cependant, sa place dans la liturgie n’est pas correcte, car, avec le coucher du soleil lundi soir, commence la journée liturgique du mardi. Je ne sais pas quelle serait la place idéale pour cette hymne, étant donné que dimanche soir on fête encore la résurrection.

Immense Créateur des cieux,
Tu divisas l’eau en deux lieux,
Donnant une limite au ciel,
Afin de garder l’essentiel.

Affermissant les eaux d’en haut,
Sur la terre, fleuves et vaux,
Pour que le sol soit refroidi
Et préservé des incendies.

Dieu miséricordieux, répands
Sur nous ta grâce maintenant,
Qu’elle puisse nous empêcher
De faire de nouveaux péchés.

Que la lumière de la foi
Nous guide sur la bonne voie,
Qu’elle nous montre les défauts,
Les vanités et besoins faux.

Exauce-nous, Papa chéri,
Et toi, son égal, Jésus-Christ,
Et toi, Esprit de vérité:
Un pour toute l’éternité. Amen.

Cette doxologie, commune à plusieurs hymnes, a été traduite autrement par Georges Pfalzgraf:

Exauce-nous, Père éternel,
Par Christ, qui vit et règne au ciel,
Avec toi et le Saint-Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.

Consors paterni luminis.

Les mardi aux matines, on chante l’hymne Consors paterni luminis, attribuée à saint Grégoire le Grand. En voici ma traduction-adaptation en français.

Lumière de lumière née,
De même gloire couronné,
Ô égal au Père, à l’Esprit,
Écoute nos voix qui te prient.

Chasse le mal que nous aimons,
Les ténèbres et les démons;
Fais-nous émerger du sommeil,
Et passer le jour en éveil.

Ainsi, Christ, sois-nous indulgent,
Aux croyants qui sommes tes gens,
Qui te louons d’un même cœur,
Chantant des psaumes tous en chœur.

Gloire à toi, Christ, roi éternel,
Qui vis et règnes dans le ciel,
Avec notre Père et l’Esprit:
Dieu pour les siècles infinis. Amen.

Summæ Deus clementiæ.

Voici ma traduction-adaptation en français de l’hymne Summæ Deus clementiæ. Dans le bréviaire romain, il est prescrit qu’on chante cette hymne les samedis matin. En réalité, c’est une hymne à la Trinité. Les samedis on devrait chanter le repos de Dieu à la fin de la création, ainsi que le repos du Christ dans le tombeau.

Dieu tout-clément, qui nous es cher,
Toi, concepteur de l’univers,
Quant aux personnes, trinité,
D’une même essence, unité,

Reçois nos chants avec nos pleurs
Qui sortent du fond de nos cœurs;
Sors-nous de notre désarroi,
Triunique Dieu, un et trois.

Enflamme nos reins en ce jour
De la chaleur de ton amour,
Pour être prêts, dès à présent,
Pour ton futur avénement.

En pleine nuit, nous commençons
Notre journée dans les chansons;
Puisque nous sommes tous contrits,
Conduis-nous à notre patrie.

Exauce-nous, Papa chéri,
Et toi, son égal, Jésus-Christ,
Et toi, Esprit de vérité:
Un pour toute l’éternité. Amen.