Here we come a-caroling.

Il y a un chant de Noël anglais, Here we come a-caroling, ou Here we come a-wassailing, ou Here we come a-Christmasing, dont vous pouvez écouter une variante d’origine ici, et dont j’ai traduit trois couplets en français.

Nous venons vous chalender
Avec un vert rameau,
Et nous allons scander
Nos bons souhaits en mots.

R.: Joie, amour mutuel
Et un très joyeux Noël!
Puisse Dieu vous donner
Une très bonne Année!
Dieu vous donne une très bonne Année!

Qui est maître des boissons?
Qu’il ouvre le tonneau,
Et mieux nous chanterons
Si nous buvons un pot.

Que Dieu bénisse tous les grands
Qui vivent en ce lieu,
Ainsi que les enfants,
Les jeunes et les vieux.

Grea ĭŭerniçă ce-ău picatu.

Encore un noël transylvanien, dont trois versions en roumain peuvent être écoutées ici, çà, .

Cet hiver est bien trop frais,
R.: Blanches fleurs de neige,
Toutes les brebis ont brait.

Mais Dieu les a entendues,
Chez elles est descendu;

Par sa belle échelle en cire,
Pour cueillir des mélampyres;

Par degrés faits de saucisse,
Pour cueillir de beaux narcisses,

Pour en faire des couronnes,
Des crépons pour les personnes.

Les versions 1-2 parlent de Dieu qui descend, alors que pour la version 3, c’est pĕcurarułŭ, « le berger », ce qui n’a aucun sens, à moins que l’on sous-entende clairement le Bon Berger. Dans la version 1, Dieu cueille les fleurs, tandis que dans la 2, il ne fait que les apporter. Bien entendu, ici les brebis sont une métaphore, et Dieu qui descend chez les humains, thème de l’incarnation (cf. l’antienne de Noël et Pâque Ego sum Deus, tirée de Ex 3:14), et ceci st associé au thème du mariage (« les couronnes »), annoncé par les noces de Cana, troisième événement de l’Épiphanie. La version 3 a des alléluias, tandis que les 1-2 ont la métaphore pour les flocons de neige. Quant à la cire et aux saucisses, il s’agit de choses consommées aux grandes fêtes; notamment, avant l’arrivée du pétrole et de l’électricité, si pendant l’année les gens utilisaient des lampes à suif, aux fêtes ils allumaient des bougies en cire pour s’éclairer.

Dýrð sé Guði’ í hæstum hæðum.

Il y a un an, nous avons passé la Saint-Thorlac, Noël et le Nouvel-An en Islande, et parmi les chants de Noël chantés à l’église, c’est un chant islandais qui m’a marqué. Donc je l’ai traduit-adapté en français. L’original ne se trouve pas enregistré sur la toile, mais je l’ai trouvé en version norvégienne ici.

Gloire à Dieu au plus haut, gloire!
Le ciel chante de beaux chants;
Les humains, aux cœurs hilares,
Louent Dieu, de leurs voix prêchant
Sa puissance et sa hauteur,
Miséricorde et grandeur.
Gloire à Dieu aux hautes cimes!
Terre, loue l’amour sublime!

Ô chrétien, si tu es triste,
Si tu es loin du Seigneur,
Sache que l’amour existe;
Humble, accueille Dieu sans peur.
Goûte: le Seigneur est doux!
Rends-lui grâces et le loue,
Et avec le chœur des anges
Chante à Dieu plein de louanges!

Gloire à Dieu au plus haut, gloire!
Son Fils il donne aux pécheurs.
Ô humains aux cœurs hilares,
N’oubliez pas sa faveur!
Le Dieu haut, puissant et vrai,
Je vis et le servirai
Jusqu’à ce qu’aux cieux je reste,
Rejoignant les chœurs célestes.

Înaŭântea aestorŭ curţĭ.

J’ai traduit un autre chant de Noël transylvanien. Vous pouvez écouter la mélodie ici.

Devant cette cour de marbre,
Il y a trois files d’arbres.
Refrain: Grand Noël, quel réveillon!

Et devant ces arbres blancs,
Notre-Dame est sur un banc,
Le troupeau d’ouailles paissant.

Soupirant, elle a en main
Et trinque un verre de vin.

Sur l’anse, c’est un rayon
De soleil que nous voyons.

Elle tient de sa main fière
Le rayon et sa lumière.

Une étoile est à l’endroit
Du verre d’où elle boit.

Elle trinque, et les brebis
Rentrent à la bergerie.

Elle les compte sans bruit,
Et les parque pour la nuit.

Qu’à Noël ceux qui chantèrent
Soient droits comme la lumière,

Comme la lumière en cire
Dans un verre qui se mire.

La Vierge-Marie-Bergère est un thème récurrent. Plusieurs versions essaient d’occulter l’image que donne ce chant: la Vierge Marie qui trinque avec du vin, et remplacent le verre de vin par un « verre béni. » Or je suis tout à fait fasciné par la façon dont le christianisme a pénétré chez les Roumains. Le thème du Bon Pasteur ne devait pas être très parlant pour les chrétiens urbains, mais il a été capital pour un peuple de bergers. Du coup, les personnages bibliques sont imaginés dans ce contexte, loin de l’image de noblesse que se faisaient les chrétiens urbains.

Ce-aţĭ vĕḑutŭ, păstorĭ?

En Transylvanie, il y a un chant de Noël, Ce-aţĭ vĕḑutŭ, păstorĭ, qui paraphrase l’antienne et le répons traditionnels Quem vidistis, pastores? Ceci semble tout à fait surprenant, étant donné que les Roumains observent, depuis un millénaire, le rite byzantin, alors que l’antienne en question est occidentale et inconnue du rite byzantin. Or il s’agit, sans doute, de toute une paraliturgie de substrat. La mélodie diffère selon les versions (exemples ici et ). Le nombre de couplets n’est pas non plus le même.

« Pâtres, qu’avez-vous
Vu? Annoncez-nous!
— Nous avons vu le Christ, maître
Qui des cieux vient d’apparaître:
C’est le Fils de Dieu!

— Dans quel beau palais
Ce roi s’installait?
— Une grotte froide et prête,
Une grotte avec des bêtes:
Quel palais glorieux!

— Ce roi nouveau-né
A-t-il bien trôné?
— Il trônait d’une mangeoire,
Foin et paille pour la gloire
Du Jésus précieux!

— Quelle armée était
Là? Qui l’escortait?
— C’est Marie, la sainte mère,
Et Joseph qui l’adorèrent:
Quelle escorte au mieux!

— Mais qui lui chantait?
Qui le glorifiait?
— Les anges du ciel s’y mirent,
De joyeux cantiques dirent:
Au plus haut des cieux! »

Deşcłide uşea, chreştine!

Voici un autre chant de Noël transylvanien, que j’ai traduit-adapté en français. Il y a au moins deux mélodies différentes: l’une ici et l’autre là. Certaines versions ont plus de couplets que d’autres.

Ouvre la porte, ô chrétien,
Car chez toi tous on revient.

[Fatigués, de loin venus,
Longue route l’on a eue.]

De Bethléem nous rentrons,
Où est né le Christ très bon.

On a vu sa mère aussi;
Elle s’appelait Marie.

Et un gîte elle a cherché
Pour qu’on la laisse accoucher.

Elle allait de bas en haut,
Pour mettre au monde un fils beau.

Et partout s’est promenée
Afin que le Christ fût né.

En allant de haut en bas,
Sur l’étable elle tomba.

[Dans l’étable sur le foin,
Le Seigneur naquit humain.]

Les anges vinrent du ciel,
En procession de Noël,

Les anges tressant des fleurs
En couronne de couleurs.

La couronne a l’écriteau:
« Aujourd’hui naît le Très-Haut. »

La couronne dit ainsi:
« Aujourd’hui naît le Messie. »

[Qui avec force et bonté
Sera roi du monde entier.]

Il y a trois façons de chanter ce Noël: 1. Soit on répète chaque vers. 2. Soit on répète le premier vers, puis on dit le second, et enfin le refrain. 3. Soit on dit le refrain après chaque vers. Le refrain peut être:

A. Bonsoir et joyeux Noël!
B. Longue vie, longues années!

Deşcłide, nannă, uşile.

Voici un autre noël transylvanien, que j’ai traduit poétiquement. L’original ici.

Tante, ouvre les portes grandes,
Car on vient pour les chalendes.
R.: Chalendes, chalendes.

Depuis hier la route est dure,
Et d’été sont les chaussures.

Sur nous les gouttières gouttent,
Et il neige sur la route.

Fais-nous des cougnous d’un mètre,
Qu’on les voie par la fenêtre.

Tante, allume la lumière,
Pour que la maison soit claire.

Puisqu’on est dans les parages,
Qu’on fasse un grand nettoyage!

Si tu ne nous ouvres vite,
Tu auras mérule et mites.

Repaie la chalende faite;
Longue vie! Joyeuses fêtes!

Vine Crăcĭunŭ celŭ bĕtrânu.

J’ai traduit poétiquement un autre noël transylvanien. La meilleure version originale que j’ai trouvée sur YouTube, quoique de loin imparfaite, se trouve ici.

Vois venir le vieux Noël
R.: Blanches fleurs, flocons de neige,
Doucement, avec le gel.

Son cheval est déferré
Vous devez, donc, le traiter.

Donnez-lui de bons cougnous
Des saucisses pour des clous.

Et vous devez l’abreuver
D’un grand seau de vin brûlé
Pour lui réchauffer le nez.

Recevez notre chalende,
Et merci pour votre offrande!

Pour le nouvel an qui vient,
Paix à vous, portez-vous bien!

See amid the winter’s snow.

J’ai traduit poétiquement en français le noël anglais See amid the winter’s snow. L’auteur a pris comme inspiration plusieurs antiennes, mais la façon dont il les a versifiées en anglais est particulièrement paresseuse.

Au milieu du blanc hiver,
C’est l’Agneau qui brille clair,
Né pour nous sur terre, ici,
Depuis si longtemps promis.

R.: Réjouis-toi, jour de Noël!
Réjouis-toi, salut du ciel!
Chantez dans Jérusalem:
Le Christ naît à Bethléem!

Dieu, celui qui a bâti
Le monde, est au monde mis;
Sur les chérubins assis,
Dans une humble crèche il gît.

« Qu’avez-vous vu, ô bergers,
Dites-nous, sans rien cacher!
Et pourquoi sur la prairie
Vous laissâtes vos brebis?

– Nous avons vu en éveil
La lumière sans pareil,
Et les anges qui chantaient:
“Christ est né”, “sur terre paix!” »

Christ, un jour tu fus enfant;
Tu aimas le monde tant
Que tu descendis du ciel,
Pour vivre avec les mortels.

Donne-nous, Dieu, d’acquérir
Ta ressemblance, et d’agir;
Comme tu t’es limité,
Donne-nous l’humilité.

Par ta joie, Vierge Marie,
Puissions-nous, lorsque tu pries,
Être dignes, dans le Christ,
Des promesses de ton Fils.

În vîrvułu a nóuĕ merĭ

Un autre noël transylvanien, que j’ai traduit poétiquement:

Au sommet de neuf pommiers
R1: ‘Léluia, Seigneur, Seigneur.
Il y a neuf chandeliers.
R2: ‘Lélui’, alléluia!

Et neuf gouttes tombent fin:
Trois de chrême, trois de vin

Et trois d’eau limpide afin
De se préparer un bain.

Alors qui veut se baigner?
Le Bon Dieu saura daigner.

L’eau d’un baptême assigné
Au Jourdain, pour Dieu régner,

Chrême saint pour se signer,
Et le vin pour communier.

Le refrain, en roumain, est: Ler Domnului Dómne, littéralement « [Al]lélui[a] au Seigneur, ô Seigneur. » Il y a deux mélodies différentes. L’une ici; l’autre .