Mândru şĭ cântă unŭ cerbŭ în codru.

L’un des chants les plus populaires parle passé dans la Marmatie historique, c’est la « chalende du cerf », connaissant une multitude de variantes. La plus populaire reste celle de Ştefan Hruşcă, mais j’ai trouvé aussi celle des époux Giurgi, et même Ştefan Hruşcă a sorti une autre variante sur le tard. Dans certaines variantes, le cerf est saint Jean-Baptiste, tandis que le chasseur est Pierre (cf. ́Jean 18:11, cf. Matthieu 4:19). Le thème est le même que celui de la légende de saint Hubert. Il s’agit d’une christianisation populaire d’un thème celtique.

Dans le bois un cerf chantait
Beau, et nul ne l’arrêtait.

Le chasseur se réveilla,
Prit son arme dans le bois.

Cet archer s’appelle Pierre,
Le meilleur de notre terre.
Cerf
Il courut après le cerf,
Le trouva dans le bois vert.

« Ne me tue pas, mon ami »,
Dit le cerf, « sauve ma vie!

Je ne suis pas bêterie,
Mais le maître des brebis.

Je suis Jean, saint Jean-Baptiste,
Le parrain de Dieu le Fils,

Je suis revenu, moi, Jean,
Défenseur des pauvres gens.

En bête je fus changé,
Et du bois je fus chargé,

Pour neuf ans et pour neuf mois,
Et neuf jours dans cet état.

Quand j’aurai tout accompli,
J’irai vers le bas pays.

Des églises je ferai
Des Messes célèbrerai.

Des repas préparerai,
Pour les pauvres, sans arrêt.

Minuit chrétiens.

Qui ne connaît pas Minuit chrétiens? Le problème est que ce cantique « culte » contient beaucoup d’erreurs doctrinales, et fait partie des abus liturgiques des deux derniers siècles. Je me suis permis d’adapter ce cantique. Les morceaux du texte d’origine restés intacts sont écrits en violet, tandis que mes corrections sont en noir. Voici, donc, le texte final:

Minuit, chrétiens, mais la lumière inonde!
Car aujourd’hui Dieu nous est apparu.
Pour racheter tous les péchés du monde,
Dieu vrai humain pour nous est devenu.
Le monde entier tressaille d’espérance,
Car aujourd’hui est né notre Sauveur.

Réjouissons-nous, goûtons la délivrance!
Noël, Noël! Voici le Rédempteur!

De notre foi que la lumière ardente
Nous guide tous au berceau de l’enfant,
Comme autrefois une étoile brillante
Y conduisit les chefs de l’Orient.
Le Roi des rois naît dans une humble crèche;

Mais nous cherchons l’orgueil et la grandeur.
Reprenons-nous! En s’abaissant Dieu prêche!
Noël, Noël! Suivons le Rédempteur!

Le Rédempteur a brisé toute entrave.
La terre est libre, et le ciel est ouvert.
Il voit un frère où n’était qu’un esclave :
L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer !
Qui lui dira notre reconnaissance?
C’est pour nous tous qu’il naît, qu’il souffre et meurt?

Délectons-nous! La terre au ciel s’élance!
Noël, Noël! Chantons le Rédempteur!

Domnŭ din cerŭ.

Voici un chant de Noël roumain (plutôt moldave), dont le thème est la création. En effet, l’un des mots roumains pour Noël, c’est Crăciunŭ, probablement du latin creationem. Noël apparaît, dans la fiction populaire, comme date de la création du monde, et le Christ serait né à la même date.

Le jour où le Christ est né,
Refrain: Dieu du ciel!
Et la terre, il l’a créée

Sur quatre piliers d’argent,
Il l’ancra, la protégeant,
Sous le ciel qui brille tant,

Aux étoiles au milieu
Et la lune dans les cieux;

Le soleil extraluisant,
Terre ferme illuminant,
Les humains divertissant.

Et toi, notre hôtesse grande,
Belle comme une guirlande
Sois gaie comme la Chalende!

The First Noël.

Il y a une traduction-adaptation de Joseph Gelineau, copyrightée, du First Noël anglais. De surcroît, ici comme ailleurs, le Gelineau a été très paresseux. Je propose ici une autre traduction-adaptation du même chant.

Premier Noël: les anges saints
Parlèrent aux bergers humains,
Qui surveillaient, en pleine nuit,
L’hiver, leurs troupes de brebis.

R.: Noël, Noël, Noël, Noël,
Il est né, le roi d’Israël!

Alors une étoile apparut,
Brillant à l’Est, loin d’eux, dessus.
L’étoile illumina, luisit
Sur terre le jour et la nuit.

Cette étoile a guidé, conduit
Trois sages d’un lointain pays;
Un roi nouveau ils ont cherché,
L’étoile le leur a montré.

Sa direction fut l’occident,
Et Bethléem leur indiquant,
Elle s’arrêta sur l’endroit
Où se trouvait l’enfant Christ-roi.

Ces trois voyageurs sont entrés,
Et le genou ils ont plié;
Ils lui offrirent leurs trésors:
Un peu de myrrhe, encens et or.

Et nous aussi, de notre mieux,
Chantons des louanges à Dieu,
Qui a créé tout du néant,
Par son saint sang nous rachetant.

Coborîtŭ-ău coborîtŭ.

Voilà encore un chant transylvanien d’Avent et de Noël. Il comporte deux versions. La mélodie peut être écoutée ici.

La première version, plus courte:

Sur la terre est descendu
Le Seigneur Dieu Christ Jésus,
Pour sonder la foi des gens,
À l’épreuve les jugeant.

Le Seigneur Dieu constata
Que les gens n’avaient la foi:
Ni le grand, ni le petit,
Ni le peuple réuni.

« Malheureux vous tous serez:
Une guerre j’enverrai,
Donc sachez dorénavant:
Aux cieux est votre Parent! »

La seconde version est très intéressante, car le thème est identique à Jésus-Christ s’habille en pauvre.

Sur la terre sont venus
Dieu avec saint Pierre ému,
Pour sonder la foi des gens,
À l’épreuve les jugeant.

Ils sont descendus au bourg,
Chez un riche plein d’or lourd:
« Bonsoir, riche! Le souper
Est-il prêt, bien équipé?

– Le souper est prêt pour nous,
Pas pour des pauvres, tels vous! »
Le bon Dieu vite est sorti,
Et de là il est parti.

En haut d’une dévalée,
Chez un pauvre inégalé:
« Bonsoir, pauvre! Le repas
Est-il préparé ou pas?

– Il est prêt, mais très petit.
Mettez-vous, bon appétit!
Et, s’il n’y a pas assez,
On va en refricasser. »

Dieu mangea et dit merci;
Avec Pierre il est parti;
En passant le pont, un peu
S’arrêta Dieu au milieu:

« Pierre, que vois-tu en bas,
Dans l’abîme? Dis-le-moi!
– Ô Seigneur et créateur,
Ce que je vois me fait peur.

Je vois le riche en enfer
Et les siens tous dans les fers,
Immobilisés, affreux,
Trois dragons crachant du feu.

– Mais regarde vers le ciel!
Qu’y vois-tu d’exceptionnel?
– J’aime bien ce que je vois;
C’est un beau décor pour moi:

Notre pauvre au paradis;
Sa famille, ses amis
Attablés et rassasiés,
Entourés de chandeliers. »

Aséră pĕ însĕrate.

Encore un chant transylvanien pour Noël et pour l’Avent. Il comporte quelques variantes. Malheureusement, toutes les versions trouvées par moi sur la toile sont pourries et corrompues.

Hier soir, à la brunante,
À Bethléem, Marie,
La vierge voyageante,
En hâte se rendit.

Elle cherchait un gîte,
Étant très fatiguée;
Nul ne voulut trop vite
Un lit lui prodiguer.

Alors la Vierge aimable
De Bethléem sortit,
Entrant dans une étable
Des champs, dans la prairie.

Près du bétail, sans gloire
Sur le foin gît le Christ:
La sainte déipare
Est accouchée d’un fils.

Jésus pleura d’abonde,
Marie le consola:
« Oh, tu connais le monde;
Jésus, ne pleure pas!

Car le monde et la terre
Par toi furent bâtis,
Par toi et par le Père
Et par le Saint-Esprit. »

Oyez, oyez les cloches,
Aux vêpres, quel beau chant!
L’avent du Christ approche,
Deuxième avénement!

À sa venue seconde,
Des anges dépêché,
Il nettoiera le monde
Des maux et des péchés.

Susŭ la pórta raĭuluĭ.

Hier j’ai traduit-adapté un chant de Noël transylvanien (mélodie ici):

À l’entrée du paradis, porte au paradis,
Paît la troupe des brebis.
Refrain: ‘Léluia, alléluia, alléluia-alléluia, alléluia-alléluia.

Qui gardait ce beau cheptel, ce très beau cheptel?
La maman-vierge à Noël, la vierge à Noël.

Près d’elle un petit berceau, un petit berceau,
Avec un enfant très beau, un enfant très beau.

Quand pleurait l’enfantelet, son enfantelet,
La maman le consolait, elle consolait.

Le refrain en roumain est devenu un charabia, à cause de l’alléluia rhotacisé, puis nycisé. Ce chant appartient à la catégorie des gnangnanries, mais je l’ai inclus pour le motif pastoral.

Ḑî de judecată.

Je viens de traduire poétiquement un chant transylvanien de l’Avent, qui a au moins deux variantes. La première peut être écoutée ici.

Sur le ciel et vers l’orient,
R1: Jour du jugement!
Un rayon paraît brillant,
R2: Très grièvement.

Ce n’est pas un astre fin,
Mais le Christ, le livre en main.

Il regarde un monde impie,
Soupirant, toujours il lit:

Le dimanche on ne va plus
À l’église pour Jésus,

Mais, buvant, on injurie
Dieu et la Vierge Marie.

Et les anges pleurent las:
Les gens sont des renégats.

Mais le jour viendra bientôt:
Dieu nous jugera d’un haut.

Les vivants, les morts d’en bas,
Tous, Dieu nous rétribuera.

Ceux qui auront mal agi
En ténèbres seront mis.

Une pierre est sur l’entrée,
Qu’ils ne voient plus la clarté.

Mais les justes accomplis
Auront l’éternelle vie.

Repentons-nous, ô chrétiens,
Et disons: Jésus, reviens!

Seconde version, à écouter ici (même mélodie).

On t’attend Jésus très cher,
Jour du jugement!
Sauve-nous de notre enfer
Qu’on vit à présent.

La souffrance se répand;
Tout n’est qu’une croix;
Tout le monde erre et t’attend,
Mais nul n’a la foi.

Nous peinons, pleurons beaucoup,
Triste est notre vie;
Mais nous t’attendons partout,
Seigneur Jésus-Christ!

Dans ce monde ici reviens,
Doux enfant Jésus;
Pour rester chez les chrétiens,
Tu es attendu!

On t’attend, Jésus très bon,
Donc reviens, Dieu fort!
Nul humain, de sa maison
Ne te met dehors.

La săvîrşituƚŭ lumĭi.

Hier j’ai traduit poétiquement encore un chant transylvanien de l’Avent.

Quand le monde finira,
L’ange sonnera le glas,

Appelant des quatre coins
Tous les gens de près, de loin;

Convoquant un jugement
Pour les morts et les vivants.

La trompette sonnera,
Dans les pleurs seront les rois.

Les seigneurs, donc, pleureront;
Nous, naïfs, que dira-t-on?

Quel rachat doit-on payer,
En rançon pour nos péchés?

Ni de l’or, ni de l’argent,
Mais le Christ et son saint sang.

Mais où mettra-t-on les bons,
À la fin de la moisson?

En nuage lumineux,
En présence du bon Dieu.

Qui a mis un bon début?
Dieu complètera son dû.

Où mettra-t-on cette ivraie,
Les méchants pleins de méfaits?

Dans une pierre, un galet,
Sans lumière à tout jamais.

Il y a des variations dans les paroles, et deux mélodies. La première, que vous pouvez écouter ici, a le refrain après le second vers de chaque couplet, et répète le second vers après le refrain Bonne année, longue année! ou Ad multos annos! (roum.: La mulţĭ annĭ!)

La seconde mélodie, que vous pouvez écouter ici, place le refrain entre le premier et le second vers, et ne répète pas les vers. Le refrain est: Ô Seigneur, alléluia!

Tutaina.

J’ai traduit un noël colombien/péruvien, Tutaina.

R.: La fête, Jésus est là,
Noël, c’est notre fête
La fête, Jésus vient, alléluia,
Noël, la joie parfaite!

1. À Bethléem les pasteurs
Pour voir l’enfant-Christ s’empressent;
Marie et Joseph, en chœur,
Les saluent avec tendresse.

2. Trois rois viennent, eux aussi,
Avec or, encens et myrrhe,
Pour les présenter ainsi
À leur Dieu qui les attire.

3. Et nous allons tous chanter
Du cœur, dans la joie terrestre,
Car le Messie exalté
Est arrivé, don céleste.