Tout d’abord, je commence cet article en souhaitant une bonne fête à mon Nicolas. Car saint Nicolas a bel et bien existé; c’est l’un des évêques signataires du Ier concile de Nicée.
La “vie” de saint Nicolas, écrite plusieurs siècles après le “transfert” de ses reliques à Bari, raconte que le saint aurait donné des cadeaux à trois filles pauvres, pour les empêcher de se prostituer. De là l’habitude des adultes de donner des cadeaux aux enfants au nom de saint Nicolas. Sauf que la coutume n’est pas présente de la même façon dans la chrétienté. Chez les Catalans, c’est à l’Épiphanie qu’on donne les cadeaux aux enfants, de la part des rois mages. Dans l’Europe centrale et de l’est, c’est pendant le soir de Noël que les enfants reçoivent les cadeaux, de la part de Père Noël. Ce personnage fictif, qui se trouve malheureusement même dans l’icône de la Nativité en train de causer à saint Joseph, est considéré propriétaire de l’étable où est né Jésus, pendant que sa femme, Mère Noëlle, sert de sage-femme, et donne un bain à l’enfant Jésus.
Cependant, dans ce dernier cas, il me semble que c’est le folklore préchrétien qui a été assimilé dans le cadre chrétien. Par exemple, les Islandais ont les 13 lutons de Noël, dont le père est le troisième mari d’une trollesse, et même un chat-luton.
Ce fut d’abord Luther qui trouva qu’on ne devait pas parler d’un personnage mythique comme le Père Noël; donc il offrit des cadeaux à ses filles en cachette, pour leur demander ensuite: «Qu’est-ce qu’il t’a apporté, le Seigneur Christ?» Les régimes de type stalinien, prétendant supprimer la superstition, introduisirent le Père Gélard.
Quant aux saints historiques comme Nicolas de Myre en Lycie et les mages ayant trouvé le Christ, je trouve qu’il est malsain que de leur attribuer les cadeaux du temps de Noël, car une telle croyance usurpe la doctrine chrétienne. En tant que chrétiens, nous croyons que les saints – Nicolas et les mages y compris – sont décédés, séparés de leurs corps, et que leurs âmes attendent consciemment la résurrection finale; même si nous trouvons en eux des exemples précieux, et même si nous sommes unis à eux dans la communion des saints, néanmoins, nous n’avons pas le droit moral de leur attribuer des choses surnaturelles fausses. Et le Christ n’a rien à voir là-dedans non plus. Lorsque j’étais petit, il y avait ces personnages surnaturels: Dieu, que les villageois adoraient à l’église, et le Père Noël/Gélard, qui apportait des cadeaux aux enfants. Quand j’ai découvert que le Père Gélard était la femme de ménage de l’école, déguisée avec une fausse barbe, tout mon univers surnaturel s’est effondré. Nous devons transmettre la foi aux enfants via des bases cohérentes.
Une autre blogueuse cite la même raison que moi, et en donne quatre autres. Bravo! Et un signe au bord de la route en rajoute une. Encore bravo!
Lorsque nous aurons des enfants, nous leur offrirons sans doute des cadeaux, et les encouragerons de faire de même (un enfant qui offre tel jouet à un autre devient moins matérialiste). Nous leur apprendrons également les vies de quelques saints post-bibliques, bien sûr.
Mais, diraient certains, on ne peut pas remplacer quelque chose par du vide. C’est vrai. Cependant, nous ferons ni l’erreur de Luther, ni celle des régimes staliniens. Avant l’avent, nous passerons du temps à tresser une couronne d’avent; avant Noël nous cuisinerons ensemble, se cela les intéresse; avant Pâques, nous peindrons des cierges pascaux. Ils seront, sans doute, davantage fiers de ce genre de bricolage, qui aura une utilité liturgique et/ou culinaire, plutôt que des mochetés que leur institutrice leur demande de faire.
no comment untill now