messe_syrienneIl y a quelques mois, je suis tombé sur une curiosité. Les Syriens ont l’anaphore selon saint Xyste, pape de Rome.

À premier abord, cela semble faux. Une anaphore de la main de saint Xyste (Sixte) présuppose que le rite romain eût été interrompu à un moment donné, pour donner libre cours aux créations spontanées.

Mais ce phénomène semble plutôt de la même nature que le phénomène de la messe des présanctifiés chez les Byzantins.

On sait que Xyste III, pape de Rome, a eu une correspondance épistolaire avec les Syriens. Les Syriens ont, sans doute, composé une anaphore en compilant des phrases de ces lettres, avec des influences latines. Ainsi, le pré-sanctus est très court, selon le modèle de la « préface fériale » du rite romain; ces trois phrases semblent des paraphrases du canon romain: « arrache-les à la damnation éternelle », « ceux qui ont voulu t’offrir cette oblation », « reçois leurs offrandes au plus haut de tes cieux ».

Voici, donc, le texte de cette anaphore, dite de saint Xyste:

De notre cœur, de notre intelligence et de notre langue nous te rendons grâce, Père et Fils et Saint-Esprit, Dieu unique et véritable, et, de concert avec les chœurs invisibles et avec les innombrables rangs, nous te chantons la triple louange, en proclamant et en disant :

Sanctus…

Tu es saint, Dieu le Père, et ton Fils seul-engendré est saint, et ton Saint-Esprit vivifiant est saint, toi qui as racheté le monde de l’erreur du péché par l’incarnation de ton Fils, lui qui, étant sans péché, lorsqu’il allait accepter la mort pour nous pécheurs, prit du pain dans ses saintes mains, t’ayant rendu grâce, le bé+nit, le con+sacra et le rompit, en le donnant à tes saints apôtres et en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps, rompu pour vous et pour la multitude, donné pour la rémission des péchés et pour la vie éternelle. »

De même, il prit la coupe et, t’ayant rendu grâce, il la bé+nit et la con+sacra et la donna à ses saints apôtres en disant : « Prenez, buvez-en tous : ceci est mon sang, répandu pour vous et pour la multitude, donné pour la rémission des péchés et pour la vie éternelle. »

Et nous, tes serviteurs insignifiants et pécheurs, ayant reçu ta grâce, te louons et te rendons grâce pour tout et par tout. Que ton Saint-Esprit présent ici fasse de ce pain le + corps vivifiant : le + corps rédempteur : le vrai + corps de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ. Et le contenu de ce calice, qu’il le change en + sang de la nouvelle alliance : le + sang rédempteur : le vrai + sang de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ. Seigneur, que ceux-ci, dont nous allons communier, nous fassent prendre part à la joie en toi, et ainsi nous te rendrons louange et action de grâce, à toi et à ton Fils seul-engendré et à ton Saint-Esprit : Dieu dans les siècles des siècles. Amen.

Nous t’offrons ce sacrifice non-sanglant, Seigneur, en premier lieu pour la sainte Sion, la mère de toutes les églises, et pour ta sainte Église dans le monde entier, afin que tu lui donnes le don du Saint-Esprit. Souviens-toi, Seigneur, de nos évêques …, des prêtres, des diacres, et de tous les ordres de ton Église, moi y compris, insignifiant que je suis. Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse, mais vivifie-moi selon ta miséricorde. Souviens-toi aussi, Seigneur, des nôtres : des prisonniers, des malades, des infirmes, des affligés et de ceux qui sont tourmentés par les mauvais esprits. Bénis le climat et la couronne de l’année, rassasiant les vivants de bonne volonté. Souviens-toi, Seigneur, de ceux qui se tiennent debout et prient avec nous, et souviens-toi aussi de ceux qui nous ont quittés, de ceux qui ont voulu t’offrir cette oblation mais ne l’ont pas pu, et accorde à chacun tes bienfaits. Souviens-toi, Seigneur, de tous ceux dont nous avons fait mémoire, et reçois leurs offrandes au plus haut de tes cieux ; donne-leur la joie de ton salut, et rends-les dignes de ton secours ; affermis-les par ta puissance, et munis-les de ta force.

Souviens-toi, Seigneur, de notre roi ; revêts-le de l’armure spirituelle, et dompte tous ses ennemis, afin que nous menions une vie paisible.

Toi qui as pouvoir sur la vie et la mort, souviens-toi de nos saints pères et mères, des prophètes, des apôtres et des martyrs, de Marie la Vierge déipare, de saint Jean le précurseur, de saint Étienne le martyr, et de tous les justes. Joins-nous aux chœurs des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans la Jérusalem céleste. Affermis dans nos âmes les doctrines des illuminateurs et docteurs qui ont proclamé ton nom devant les nations et devant les rois et devant les enfants d’Israël. Mets fin aux hérésies qui nous troublent, et rends-nous dignes de nous tenir irréprochables devant le trône de ton redoutable jugement.

Seigneur des esprits et de toute chair, souviens-toi de tous ceux qui se sont endormis dans la foi véritable. Donne repos à leurs corps, leurs âmes et leurs esprits ; arrache-les à la damnation éternelle, et donne-leur la joie, là où resplendit la lumière de ta face, en les purifiant de leurs fautes, sans entrer en jugement avec eux, car nul vivant ne sera justifié devant toi, sinon ton Fils seul-engendré, par qui nous espérons aussi de trouver miséricorde et pardon de nos péchés et des leurs. Garde-nous, Seigneur, sans péché jusqu’à la fin, et rassemble-nous devant tes élus ; que notre fin advienne quand et comment tu le voudras, mais ne nous livre pas à l’opprobre de nos fautes, afin que ton nom honoré et béni soit glorifié et loué, en nous et partout ailleurs, avec celui de notre Seigneur Jésus Christ, et avec celui de ton Esprit bon, vivifiant et consubstantiel, maintenant et dans les siècles des siècles. Amen.

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