Saint-Esprit.

En cette fête de la Pentecôte, je vous partage quelques réflexions sur la théologie et L’Esprit Saint. J’entends souvent des gens qui disent avoir du mal avec le « Credo in unum Deum » qu’on récite ou que l’on chante à la Messe. Moi aussi, j’ai du mal avec ce texte, mais pour d’autres raisons que ces gens-là.

Il y a eu le symbole de Nicée, composé en 325. Son texte s’achevait par: «et en l’Esprit saint.» Le texte a été complété par le premier concile de Constantinople, en 381. La version originale du symbole nicéno-constantinopolitain est chantée dans l’Église arménienne. Voir ici, mais aussi dans le Denzinger, n° 46-49.

Par contre, notre Credo à nous, ça nous vient du concile de… Chalcédoine! En voici les failles théologiques:

Nicée: «…engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait, au ciel et sur la terre, le visible et l’invisible; qui pour nous les hommes et pour notre salut est descendu du ciel, s’est incarné et s’est fait homme, parfaitement de Marie la Vierge sainte par l’Esprit Saint ; dont il a pris chair, esprit, âme et tout ce qui est en l’homme, en vérité et non selon l’apparence; il a souffert, a été crucifié et enseveli, est ressuscité le troisième jour, est monté au ciel, dans ce même corps; il siége à la droite du Père, et viendra dans ce même corps, dans la gloire du Père, pour juger les vivants et les morts; et son règne n’aura pas de fin…»
Chalcédoine: «…engendré, non pas créé, consubstantiel au Père, et par lui tout a été fait; qui pour nous les hommes, et pour notre salut, il est descendu du ciel ; par l’Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme; crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit et fut enseveli; il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel; il est assis à la droite du Père; il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts; et son règne n’aura pas de fin…»

Le texte de Chalcédoine élimine des passages importants, en laissant une porte ouverte au docétisme.

Voyant maintenant le coup de canif porté à l’Esprit Saint:

Constantinople I: «… et en l’Esprit Saint, qui est incréé, parfait, qui a parlé dans la Loi, les prophètes et les évangiles, qui est descendu au Jourdain, qui a annoncé aux apôtres et habite dans les saints…»
Chalcédoine: «… et en l’Esprit Saint, Seigneur et vivificateur; qui procède du Père; avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire, qui il a parlé par les prophètes.»

Notons aussi l’embolisme, absent dans la formule de Chalcédoine, mais présente à Constantinople: «Quant à ceux qui disent: « Il y eut un temps où le Fils n’était pas », ou « Il y eut un temps où l’Esprit Saint n’était pas », ou qu’ils ont créés de rien, ou qui disent que le Fils de Dieu ou aussi l’Esprit Saint sont d’une autre substance ou essence, ou qu’ils sont soumis au changement et à l’altération, ceux-là l’Église catholique et apostolique les frappe d’anathème.»

Mais le symbole de Nicée-Constantinople a lui aussi une grosse faille: il évite de dire que l’Esprit Saint est consubstantiel au Père et au Fils!

Voilà pourquoi, si je devais choisir l’un des trois symboles des Églises occidentales et orientales, le seul que je choisirais serait le symbole de saint Athanase! Celui-là se chante parfois aux laudes (fin des matines), et sa théologie sur l’Esprit Saint est claire:

«Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu. Et cependant ils ne sont point trois Dieux, mais un Dieu. Ainsi le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint-Esprit est Seigneur. Et cependant ils ne sont point trois Seigneurs, mais un Seigneur… Le Saint-Esprit est du Père: ni fait, ni créé, ni engendré, mais procédant.» (Texte complet ici.)

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