Pour ce début de carême, j’ai deux articles. Dans le second, je parlerai de l’ ‘‘allergie au jeûne’’; dans celui-ci je parle de l’ ‘‘allergie à la prière’’.

J’ai l’impression que le chrétien occidental, à partir du concile de Trente et en culminant de nos jours, est allergique à la prière. Les antiennes du carême répètent sans cesse: «priez, priez, priez». L’important n’est pas de dire aux autres de prier, ni d’inviter les autres à louer le Seigneur. L’important est de prier, et de louer le Seigneur. Louer le Seigneur, c’est raconter aux autres ce que le Seigneur a fait. Prier le Seigneur, c’est s’adresser à lui à la deuxième personne.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il adore chanter: «Voci gnignigni… voilà gnagnagna…»

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère attirer l’attention sur soi-même: «Me voici… je suis ceci, je suis cela….»

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il aime faire semblant que tout irait bien, que, tout compte fait, le Christ fût venu pour presque rien. Il est profondément pélagien.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère s’ennuyer devant une bougie (ou une icône, une hostie consacrée) sans rien dire, plutôt que de s’adresser à Dieu.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère se bourrer d’enseignements ‘‘spirituels’’ dans une pièce, que de pleurer sur ses péchés et ceux du monde.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Il préfère chanter des chants paillards travestis, plutôt que d’intercéder.

Le chrétien occidental est allergique à la prière. Si jamais il s’adresse à Dieu, sa prière est encore au stade de celle des primitifs du livre de la Genèse, et il ne sait pas ‘‘théologiser’’ devant Dieu.

Le carême est un moment privilégié pour guérir de cette allergie.

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