Les deux premières photos ci-contre représentent l’église du village de mes grands-parents: c’est l’église où j’ai fait ma première confession, ainsi que ma première communion en âge de raison. C’est aussi l’église où j’ai appris les huit tons dits grecs, qui y avaient été introduits, quelques décennies plus tôt par un autre Georges, le frère de ma grand’mère. Les bannières que vous voyez ont été, quasiment toutes, cousues par ma grand’mère. La troisième image représente la piscine thermale, au jet d’eau de 72°C, que j’ai connue bien avant de savoir parler ou marcher.

Pour mes parents, leurs héritages à eux, qui symbolisaient leur propre enfance, avaient du prix. Par exemple, mon père a gardé un petit lopin de sa terre ancestrale, qui produisait moins que l’impôt qu’il fallait payer pour elle. Par contre, les miens ont vite bazardé la maison de mes grands-parents, maison qui ne représentait pas grand’chose pour mes parents, mais qui pour moi et mes cousins représentait toute notre enfance. Non pas que j’eusse voulu y revivre, mais mon cousin aîné, lui, oui. Lui, il aurait pu prendre possession de la maison et y vivre avec sa famille. Lui aussi, il est un enfant du village, et il y aurait retrouvé sa place beaucoup plus aisément que moi, étant donné qu’il est straight.

Il y a une semaine, j’ai appris que mon village grand-parental comptait désormais une seconde église. Une toute nouvelle église pentecôtiste, dans l’ancienne maison de mes grands-parents.

Cette nouvelle a été pour moi un choc. D’une part, dans la maison bâtie par mes grands-parents, se feront des sacrements et des sacrilèges. Des sacrements, parce que les pentecôtistes y administreront le baptême à des non-baptisés. Des sacrilèges, parce que, avant tout, ils rebaptiseront leurs convertis. Et ils y prononceront des sermons homophobes aussi.

J’en veux à tout plein de gens. Tout d’abord, au curé du village, qui, pendant des décennies, a tenu ses paroissiens pour des excommuniés à perpétuité. Au lieu de se faire lui-même une paroisse florissante, maintenant il a de la concurrence. Ensuite, j’en veux, encore et toujours, au miens, d’avoir vendu cette maison.

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