Conversion de saint Paul 2011 (III).Une question s’impose quant à la conversion de saint Paul comme un fait théologique. L’Église a admiré deux conversions illustres: celle de saint Paul et celle de saint Augustin. Mais, finalement, qu’est-ce que la première a de si extraordinaire?

Autrement dit, si le Christ s’était montré également à Ossama bin Laden (par exemple), celui-ci serait devenu également un grand saint. Dans ce cas, on est tenté de dire que finalement c’est Dieu qui choisit qui se convertirait et qui ne se convertirait pas, et que finalement «la foi est un don de Dieu» seul, et que donc chacun est prédestiné, soit à la vie, soit à la damnation. C’est le piége de Calvin.

À l’opposé, on peut être tenté de dire que le centurion Corneille, un païen, a fait des «prières et aumônes», suite à quoi Dieu lui est apparu et lui a envoyé Pierre, pour le mener à la foi chrétienne, et que donc c’est l’homme qui prend l’initiative et fait le premier pas, avant l’intervention divine. C’est le piége de Pélage.

Je pense que les deux événements sont plus anciens que les récits eux-mêmes. Pour ce qui est de la vocation, Dieu appelle chacun d’entre nous. L’appel à la foi est universel. Les uns répondent, les autres ne répondent pas. Le don de la foi est proposé à chacun, mais un don peut être également refusé. Donc c’est la grâce qui précède.

Effectivement, Corneille collabore avec la grâce, de la façon suivante. Il accepte le monothéisme, mais malgré tout, pour la synagogue il reste un craignant-Dieu, croyant de seconde zone. Ce que la discrimination humaine a failli, c’est cela même que la grâce accomplit. C’est pour cela que Corneille, tout comme l’autre centurion bénificient d’une visite particulière.

Pour ce qui est de saint Paul, lui aussi, il collabore avec la grâce, de la façon suivante. Il est sincère dans sa quête de Dieu, contrairement à beaucoup d’autres de son temps, qui étaient plus légalistes qu’autre chose. Avent sa conversion, Paul/Saul est un disciple du rabbin Gamaliel, dont on connaît la tolérance. Sauf que l’élève, dans son zèle, est moins tolérant que son maître. Personnellement, je pense que c’est pour la sincérité de sa recherche qu’il a bénéficié d’une théophanie.

Aujourd’hui, nous vivons des choses un peu semblables, surtout dans le milieu LGBT. Certains, aimant la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu, préfèrent vivre toute leur vie dans le mensonge. La grâce est là: ils ont entendu qu’il y a des chrétiens qui interprètent la Révélation d’une manière différente. La quête de vérité nous oblige à vérifier les propos qui nous concernent, même si nous ne sommes pas d’accord avec; nous devons «discerner les esprits», non pas les rejeter d’emblée, au nom d’une prétention de supériorité ou crainte de contamination. Mais ces amis du placard préfèrent ignorer la grâce et rester dans leur obscurité. D’autres chrétiens LGBT répondent à la grâce et coopèrent.

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