Je viens d’écrire une lettre adressée aux responsables politiques du tourisme namurois, et à d’autres personnes qui pourraient être intéressées à ce sujet:
Madame l’échevine du tourisme Anne Barzin,
Mesdames et Messieurs membres de la Commission Développement touristique,
Monsieur le député du tourisme Jean-Marc Van Espen,
Madame la députée de la culture Geneviève Lazaron,
Madame la directrice Marie-Françoise Degembe,
Madame la conseillère communale Caroline Quintero,
Par la présente, je vous envoie quelques suggestions et remarques concernant le tourisme à Namur. Cette lettre est archivée sur mon blogue.
De par mon expérience professionnelle passée (8 ans comme réceptionniste d’hôtel en région bruxelloise) et présente (7 ans comme accompagnateur de train dans toute la Belgique), je rencontre énormément de touristes, et ai l’occasion de discuter avec eux et elles, souvent dans leur propre langue. Je remarque notamment que les touristes hispanophones ne connaissent pas Namur, et n’ont en général jamais entendu parler de Namur. Des touristes hispanophones en Belgique, il y en a des masses, mais ils vont tou‧te‧s à Bruges, Gand, Bruxelles et Louvain, et jamais à Namur. Or rien n’est fait à Namur pour les attirer. La langue espagnole (le castillan) est la deuxième langue la plus parlée au monde (après le chinois mandarin) ; c’est la langue européenne la plus parlée au monde, la langue indo-européenne la plus parlée au monde, et de surcroît, notre pays a eu un passé espagnol ayant laissé pas mal de vestiges ; néanmoins à Namur il n’y a aucune inscription en espagnol, aucune brochure en espagnol, et les sites web touristiques namurois ignorent l’espagnol.
Il nous faut quelqu’un, de préférence une personne Latino-Américaine vivant en Belgique, pour traduire depuis le français vers le castillan les affiches et dépliants dans les musées, au téléphérique, à la Citadelle etc.
On se garroche sur l’anglais, alors qu’en réalité il y a extrêmement peu de touristes des pays anglophones. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre, et encore moins les Hispaniques en leur parlant anglais ! À un moment donné, sur le Ravel il y avait un panneau français-anglais, sans un seul mot en néerlandais, comme si c’était les États-Uniens qui allaient faire du vélo entre Namur et Hougarde !
Quant au matériel touristique namurois en néerlandais, à l’avenir il faut confier les traductions à des Flamands fiers de leur langue, et non à quelqu’un qui a un complexe d’infériorité.1 Sur certaines inscriptions, le néerlandais se veut une imitation du patois amstellois, et non du néerlandais normatif flamand.2
Je remarque aussi que, sur les nouvelles inscriptions, l’allemand fait défaut, alors que c’est la troisième langue officielle de notre pays, mais aussi une langue internationale majeure, parlée également en Allemagne et en Autriche, et comme seconde langue vernaculaire en Suisse, Hongrie, Turquie, une partie de la Roumanie et de la Bulgarie etc. Je pense qu’il ne serait pas difficile de trouver un(e) Belge germanophone de souche, des Cantons de l’Est, pour traduire quelques pancartes et une version du site web.
Je remarque également que la langue wallonne est absente de tous les affichages, brochures et sites web namurois à destination touristique. Or c’est l’une des deux langues du terroir (avec le français), et la seule langue à être née ici. À première vue, on n’en voit pas l’intérêt. Toutefois, elle fait partie de notre patrimoine, au même titre que la Citadelle ou la Meuse. À Benidorm, par exemple, toutes les inscriptions touristiques sont également rédigées en catalan-valencien. Si nous voulons que nos touristes visitent la Citadelle, et prennent le bateau touristique sur la Meuse, il‧le‧s devraient également apprendre l’existence de notre langue wallonne. De ce fait, il me semble indispensable qu’il y ait des affichages, brochures touristiques et une version du site web touristique également en wallon. Je crois que les deux sociétés littéraires wallonophones encore actives sur Namur, lès Rèlîs namurwès et l’ Rantoele, ainsi que l’organisation CREE, se feront un plaisir d’établir des versions en wallon.
Il ne faut pas oublier l’italien. Non seulement 25 % des Wallons ont (avons) du sang italien dans leurs (nos) veines, mais c’est une langue européenne non négligeable. L’italien n’est pas seulement la langue officielle de l’Italie et du Tessin, mais elle est aussi la deuxième langue vernaculaire en Slovénie, Croatie, Monténégro, Bosnie-et-Herzégovine, Serbie, Albanie, à Malte et dans une bonne partie de la Roumanie, de la République de Moldavie, de l’Ukraine, des îles grecques, de la Macédoine-Septentrionale etc.
Si l’on veut attirer des touristes d’ailleurs, il faut ajouter, ne fut-ce que pour le site web, quelques autres langues : le chinois mandarin, le russe, une langue slave à caractères latins3, le portugais, le scandinave4, le japonais etc.
Le nom du site web Visit Namur n’a pas lieu d’être. Pour le nom, c’est-à-dire pour l’hyperlien du site, il faut utiliser le flamand-néerlandais Bezoek Namen, ainsi que le français Namur tourisme (qui existe déjà) ou Visitez Namur, et en faire des versions en toutes ces langues dont je viens de parler. Le français est la deuxième langue européenne la plus parlée dans le monde (après l’espagnol), la troisième langue indo-européenne la plus parlée dans le monde, et la quatrième langue la plus parlée sur terre avec 300 000 000 francophones dans le monde. Avant de pouvoir attirer des États-Uniens5, nous devrions nous soucier d’abord des touristes québécois, français et suisses francophones ! La Belgique et la Wallonie – au même titre que la Grèce et la Bulgarie – font partie de la Francophonie, ce qui veut dire que nous utilisons le français également au niveau des rapports internationaux.6 60 % de l’Afrique emploie le français comme première ou seconde langue vernaculaire.
L’utilisation de l’anglais à Namur est comparable à une cantine qui donnerait de la laitue sans rien à tout le monde, sous prétexte de satisfaire à tous les régimes.
Pour résumer, je vois l’idéal de l’emploi des langues dans le tourisme namurois ainsi :
Fr |
Wa |
Nl-Vl |
Esp |
It |
Allem |
Pt |
Ru |
Scand |
Tch/S |
Cn, Jp |
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Hyperlien |
V |
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Versions site web |
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Plaques |
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Brochures |
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Sous-titres film touristique |
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S’il y avait une forme littéraire d’arabe moderne vernaculaire plus internationale que le maltais, une telle langue arabe mériterait d’y être incluse également. L’arabe classique reste une langue liturgique, pas nécessairement utilisée dans la vie de tous les jours.7
Pour ce qui est des budgets, je pense qu’un appel à des bénévoles réunis en collectifs ferait l’affaire. Des comités de traduction – un comité par langue – formés par des bénévoles pourraient faire le travail gratuitement.
On parle tellement de diversité. Or, lorsqu’il s’agit d’emploi des langues et du respect des touristes, Namur reste bien monolithique. Nous, les citoyens, nous comptons sur vous, pour remédier à cette carence.
D’avance merci !
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1Je constate que beaucoup de Flamands sont des soi-rêvants Américains, qui ne désireraient pas mieux que la Flandre devienne le 51ème État des ÉÉUU. Henri Conscience, François Van Cauwelaert, Constant Leirens, Auguste Vermeylen, et le père Hugo Verriest doivent tous se retourner dans leurs tombes !
2À la place du normatif wielertoeristen, le texte employait une expression coincée que je n’ai jamais entendue à l’oral, tirée probablement d’un dictionnaire hollandais.
3Le tchèque et le slovaque son généralement compris dans l’ensemble du monde slave.
4Le suédois, le norvégien et le danois sont généralement intercompréhensibles. Certains produits alimentaires, pour ne pas devoir écrire en trois langues, se bornent à amalgamer du nynorsk et du suédois.
5Qui, en général, se bornent à Bastogne et aux cimetières militaires. Les États-Uniens qui vivent en Belgique et qui s’y intéressent, ce sont des gens qui parlent bien le français.
6Voir le Vade-mecum relatif à l’usage de la langue française dans les organisations internationales adopté à Bucarest par la CMF le 26 septembre 2006.
7Lorsque j’étais jeune, les Arabes du monde entier clavardaient entre eux en une sorte de koiné écrit en caractères latins, supplémenté du chiffre 3 pour la gutturale għ. La Belgique aurait pu être la terre propice pour la normalisation d’une telle langue littéraire.
no comment untill now