On parle souvent de bibles “catholiques” et “protestantes” en français. On connaît très bien la bible anglicane dite «du roi Jacques» (King James) ou «autorisée», de 1611. Mais peu de gens se demandent quelle version utilisent les anglicans francophones.

À vrai dire, les anglicans francophones de nos jours vivent dans beaucoup de pays très éloignés de l’Angleterre, et utilisent des bibles, “catholiques” et/ou “protestantes”, selon les cas.

Cependant, il existe une bible francophone éminemment anglicane, et il ne s’agit nullement de la soi-disant “King James française”, qui n’est qu’une traduction, par une seule personne, depuis l’anglais vers le français. Non.

bible_de_londresLa bible anglicane francophone dont je parle, c’est la Bible de Londres, de 1862. On peut la télécharger ici.

Les traducteurs – anglais et alsaciens – ont réussi à produire un texte qui semble être une révision des versions protestantes de David Martin et Frédéric Osterwald, mais en parfait accord avec la Bible anglophone du roi Jacques. Voici ses points positifs:

  • Pour le Nouveau Testament, elle utilise – à l’instar de la bible du roi Jacques – comme source le texte reçu. Ainsi, c’est un vrai plaisir d’y retrouver les leçons orthodoxes «Dieu a été manifesté en chair» (I Timothée 3:16), la clause johannique de I Jean 5:7 etc.
  • Le tétragramme est rendu ainsi: «Le SEIGNEUR», comme en grec et comme dans la plupart des langues, contrairement aux bibles protestantes (qui ont «l’Éternel») et contrairement à la BJ (qui a «Yahvé»).
  • À l’instar de la bible de roi Jacques, et à un degré beaucoup plus élevé que les bibles dites “catholiques”, la Bible de Londres contient «évêque», «diacre» et quasi toute la terminologie théologique catholique.

Par contre, elle a quelques points négatifs:

  • Les livres deutéro-canoniques n’y sont pas, à cause du financement protestant de l’édition. Le lectionnaire du Book of Common Prayer, par contre, exige la lecture des livres deutéro-canoniques juste avant le temps de l’Avent, ce qui a rendu la Bible de Londres inutilisable voire indésirable dans les églises.
  • L’Ancien Testament est traduit sur le texte massorétique, non pas sur la Septante.

Malgré ses inconvénients, je recommande vivement cette version. J’ai eu le plaisir de comparer, verset par verset, l’Évangile selon Jean, le livre d’Isaïe, et les psaumes, dans cette version de Londres, avec les versions Martin, Osterwald, et Port-Royal. Ma conclusion est qu’elle a davantage en commun avec Port-Royal qu’avec les deux autres.

Et puis, le Book of Common Prayer anglican francophone, publié à Londres sous le nom «Le Livre des prières publiques», tire tous ces textes scripturaires de la bible de Londres.

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