Iconostase.

L’une des choses qui m’horrifie le plus dans la plupart des églises de rite byzantin, c’est l’iconostase. Il s’agit d’un “mur d’icônes” qui sépare le sanctuaire d’avec la nef. Dans la pratique, c’est l’un des moteurs de la désacralisation de la vie chrétienne dans les pays concernés: les fidèles sont tenus, à cause de l’iconostase, tellement à l’écart des sacrements, que la plupart d’entre eux ne savent même pas que lors la Messe il y a du pain et du vin qui sont consacrés. L’iconostase est la cause directe de la disparition de la conscience ecclésiale et eucharistique! Une petite visite dans les pays de l’Est et dans les Balkans vous donnera à voir des gens qui communient une seule fois par an, en carême, et cela même en dehors de la Messe.

Je trouve qu’en Occident, nous avons trois alternatives historiques, pratiques et pastorales à cela:

1. Le jubé. Loin de barrer la vue entre le chœur et les autres chrétiens, le jubé reste discret. À vrai dire, je suis opposé, pour des raisons théologiques, à la séparation entre le clergé et les autres baptisés, car le sanctuaire est formé par la nef et le chœur. D’ailleurs, lorsqu’il y a peu de monde, les fidèles se ressemblent dans les stalles qui se trouvent dans le chœur. Ce n’est pas la nef, mais bien le narthex, qui doit être séparé.

banc-com2. Le banc de communion. Là où il y a un jubé, le banc de communion se trouve entre l’autel et le jubé, ce qui démontre que le rôle du jubé n’est pas d’éloigner les fidèles. Là où il n’y a pas de jubé, le banc de communion tient la place de celui-là. Comme dans l’image ci-contre (cathédrale du Groenland), le banc de communion n’empêche nullement les fidèles de regarder l’autel; d’ailleurs, l’autel est plus élevé, comme son étymologie l’indique.

 

3. Le retable. Avant le début de la Messe, on ouvre le retable, qui est une sorte de triptyque d’icônes. Le panneau central repose sur l’autel, alors que les deux panneaux latéraux y sont réunis par des charnières. Ainsi, pendant la Messe, tout le peuple – clergé et laïcs – sont orientés à la fois vers l’autel et vers les icônes. Le retable nous fait entrer dans le mystère de Dieu et de l’eschaton, sans obstruer la vue.

Cependant, tout comme dans le rite byzantin, les portes “royales” de l’iconostase se ferment après la Messe, de même, là où il y a des retables traditionnels, on ferme les deux panneaux latéraux, qui couvrent le panneau central.

agneau_mystique_closed_bigCar ces panneaux latéraux ont également deux icônes sur le verso. Il s’agit de l’Annonciation.  Dans les églises byzantines aussi, c’est l’Annonciation qui est peinte sur les “portes royales”. Cela veut dire qu’en dehors de célébration eucharistique, nous voyons seulement la “couverture”, la scène de début, du livre de l’incarnation. Avec l’apparition de crucifix, bougeoirs géants et tabernacles immenses sur l’autel, on a du mal à fermer le retable après la Messe; du coup, malheureusement, dans la pratique, les retables restent ouverts tout le temps, et l’Annonciation n’est jamais visible.

Cela ne fait qu’amoindrir le caractère eschatologique de la Messe.

Les adeptes de l’iconostase disent que nous avons besoin d’icônes pour la célébration. Mais les icônes peuvent être sur le retable plutôt que sur le jubé.

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