Esclavesse.

En cette semaine de la Pâque, j’ai pris le temps de relire l’Exode. La chose qui m’a marqué le plus, c’est le thème de l’esclavage. Tout d’abord, parce que la très grande majorité des traducteurs bibliques utilisent des euphémismes, des adoucissants, pour camoufler au maximum ce thème.

Il y a maints endroits de l’Exode où l’on parle de vendre sa fille en esclavage, même comme esclave sexuelle. Je pense que les choses doivent être dites telle quelles, au risque d’en choquer plus d’un.

Or, voici le hic. En principe, en français, le mot «esclave» (comme en anglais «slave») est à la fois masculin et féminin. Mais du coup, surtout lorsque la lecture est écoutée, le message ne passe pas, car on imagine toujours des hommes esclaves, alors qu’il y avait beaucoup de femmes.

Certaines traductions anglaises, pour différencier, disent: «slaves, [both] male and female». Cependant, ce n’est pas vraiment ce que le texte dit. Le texte n’engage pas le binarisme sexuel, mais l’esclavage.

Alors, pourquoi ne pas dire «esclavesse»?

Le mot «esclavesse» apparaît dans Nolant de Fatouville, Colombine avocat pour et contre: «Chaque Turc a plusieurs esclaves qui le servent. — N’a-t-elle point quelque esclavesse? — Oui, monsieur, de toutes sortes; des hommes, des femmes, des gens qui ne sont ni hommes ni femmes.»

Ironiquement, Fatouville utilise «avocat» et «médecin» au masculin pour parler de femmes exerçant ces métiers.

Chez Arthur Beugnot, «esclave» est exclusivement féminin, alors que la forme masculine est «esclaf». Mais je pense qu’il est trop tard que pour récupérer cette méthode-là.

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