Dimanche passé, une amie prêtre me disait ceci: «Le Jeudi-Saint, nous avons toujours lu l’évangile de la Cène; d’autres font le lavement des pieds.» Je lui ai dit que les deux choses n’étaient pas incompatibles.
Comment célébrer le Jeudi-Saint? Passons en revue quelques cas.
I.
Dans le rite byzantin, d’après les rubriques (monastiques), il se passe ceci: après les matines et les petites heures, les moines vont au réfectoire. On lit l’évangile selon Jean, avec le lavement des pieds, mais en dialogué (le père abbé joue le Christ, le trésorier joue Judas, le prieur joue saint Pierre). On mange des légumes cuits à l’huile, puis, «à la huitième heure» (15 h), on va à l’église, où l’on célèbre la Messe vêprée, en y lisant l’évangile de la Cène selon Matthieu. Malheureusement, les Byzantins ne le pratiquent pas du tout. Au plus souvent, ils font une Messe en toute vitesse le matin du Jeudi-Saint, uniquement dans le but de constituer la réserve eucharistique, puis le soir du Jeudi-Saint ils célèbrent les matines du lendemain (chemin de croix).
II.
Dans le rite latin, le lavement des pieds peut être fait avant ou après la Messe. Mais aux deux, c’est uniquement l’évangile du lavement des pieds qui est lu, et l’épisode de la Cène n’est pas lu.
III.
Chez les Suédois, on peut choisir l’évangile qu’on va lire. On peut même lire le discours du le pain de vie, Jean 6.
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La théorie latine a un gros manque, puisqu’elle omet le récit de la Cène. Le pire, c’est quand le lavement des pieds se fait entre l’Évangile et l’offertoire. Du coup, c’est ça qui devient central. Mais non; on a loupé le but.
L’idée suédoise de lire Jean 6 me semble intéressante, qui on veut alterner les lectures sur l’eucharistie sur quatre ans.
La théorie byzantine me semble la plus correcte. Le Christ a lavé les pieds des disciples avant la Cène; donc il faudrait faire le lavement avant la Messe, en lisant l’évangile selon saint Jean y afférent. Puis, à la Messe, on devrait lire l’un des récits de l’institution de l’eucharistie. Et ceci, quel que soit le rite qu’on emploie.
Il ne faut pas oublier que la Messe du Jeudi-Saint est celle d’une occurrence: les secondes vêpres du Jeudi-Saint sont les premières vêpres du Vendredi-Saint. Cette Messe appartient aux deux jours liturgiques. Au début de cette Messe, le prêtre devrait être en chasuble (ou chape) blanche; puis, au début de l’offertoire, il devrait prendre une chasuble de la Passion (noire/violette/rouge). À la vigile pascale, le mouvement devrait être le contraire: commencer la vigile en chape noire/violette, puis revêtir la chasuble blanche à partir de la fin des baptêmes.
no comment untill now