L’autre jour, je me trouvais dans le bus avec une dame, qui s’est mise à me raconter un peu sa vie personnelle. À vrai dire, nous avons d’abord attendu le bus ensemble, elle venait de la clinique de Saint-Servais, donc nous avons pu tuer le temps en papotant.
Elle m’a d’abord parlé de sa santé à elle, puis de son père nonagénaire, qui habitait toujours chez elle. Entre autres: «Il me paie la nourriture, ainsi que les frais que je dépense pour lui.» Après quelques minutes, elle parle de sa mère, qui avait également été nonagénaire: «Elle était comme papa. Puis un jour elle est tombée. Et là, ma sœur et moi nous sommes rendu compte qu’il aurait été trop difficile de prendre soin d’elle après sa chute. Et comme elle ne voulait pas aller en maison de repos… une petite piqûre, et elle est partie! Elle a été heureuse assez longtemps!»
Les défenseurs du suicide assisté nous ont bien fait poiroter que, pour que quelqu’un se fasse tuer par compassion, il/elle devait réitérer son désir de mourir etc. Lorsque j’étais petit, ma grand’mère me disait souvent: «Je ne veux être à la charge de personne.» Mais lorsque quelqu’un ne veut pas partir dans un home, et que les enfants ne lui laissent d’autre choix, alors la personne âgée culpabilise de vivre. Effectivement, à ses nonante ans, la vieille en question n’aurait jamais guéri après sa chute. Donc, voilà la bonne occasion pour lui donner ‘‘une petite piqûre’’.
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