Puisque le dimanche prochain, c’est le dimanche des Rameaux, je vais faire suite aux articles que j’ai écrits l’année dernière et il y a quatre ans et demi.
Toute d’abord, l’Église – quels que soient les rites – a toujours voulu proclamer la passion du Christ selon les 4 évangiles, tout au long de la semaine sainte. La répartition de cette lecture a été faite comme suit:
– Lundi l’onction de Béthanie selon saint Jean;
– Mardi la passion selon saint Marc;
– Mercredi la passion selon saint Luc;
– Jeudi la première moitié de la passion selon saint Jean (jusqu’à la fin de la Cène);
– Vendredi la seconde moitié de la passion selon saint Jean (à partir de la fin de la Cène).
Du coup, pour trouver de la place pour la passion selon saint Matthieu, on a dû placer celui-ci le dimanche des Rameaux. Je me demande bien pourquoi a-t-on mis l’onction de Béthanie le Lundi-Saint. (Dans le rite byzantin, on la proclame le Mercredi-Saint, et on l’accompagne de l’onction des malades.)
La première « anomalie » – l’absence du récit de la Cène le Jeudi-Saint même – est due à cette volonté de faire un récit ininterrompu des quatre évangiles pendant la semaine sainte. La seconde « anomalie », de lire la passion selon saint Matthieu le dimanche même des Rameaux, semble moins compréhensible. Personnellement, je pense que ces deux « anomalies » s’expliquent ainsi: au début, l’Église de Rome ne mettait pas d’accent particulier sur l’institution de la Cène le Jeudi-Saint, ni sur l’entrée de Jésus à Jérusalem le dimanche avant la Pâque. Cela relève plutôt d’une conception plus antique, alors qu’à Jérusalem les choses en étaient autrement, et que les pèlerins en sont rentrés avec des cérémonies nouvelles.
Ça fait que le bon liturgiste « tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes ». Autrement dit, pour le matin du dimanche des Rameaux, l’Église romaine antique a conservé:
– une liturgie de la parole, des Rameaux;
– une liturgie de la parole, de la Passion;
– une liturgie eucharistique.
Entre ces deux liturgies de la parole, il y a la procession.
Mais cette première liturgie de la parole, des Rameaux, a été tronquée par Pie XII. Même sur les sites web des intégristes, elle manque.
En quoi consiste-t-elle?
Introït
Hosanna filio David: benedictus qui venit in nomine Domini. O Rex Israël: Hosanna in excelsis! | Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Ô Roi d’Israël: hosanna au plus haut des cieux! |
Collecte
Deus, quem diligere et amare iustitia est, ineffabilis gratiæ tuæ in nobis dona multiplica: et qui fecisti nos in morte Filii tui sperare quæ credimus; fac nos eodem resurgente prevenire quo tendimus, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum. | Dieu, qu’il est juste de chérir et d’aimer, multiplie en nous les dons de ta grâce ineffable; et comme dans sa mort tu nous as fait espérer ce que nous croyons, fais-nous, d’aller à la rencontre de ce vers quoi nous tendons, par la résurrection du même, qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles. |
Prophétie: Exode 15:27 et 16:1-7.
Graduel: Collegerunt pontifices et pharisæi concilium ou In monte Oliveti.
Évangile des Rameaux selon Matthieu 21:1-9.
Secrète
Auge fidem in te sperantium, Deus, et supplicum preces clementer exaudi: veniat super nos multiplex misericordia tua: bene+dicantur et hi palmites palmarum, seu olivarum: et sicut in figura Ecclesiæ multiplicasti Noë egredientem de arca, et Moÿsen exeuntem de Ægypto cum filiis Israël; ito nos portantes palmas, et ramos olivarum, bonis actibus occuramus obviam Christo: et per ipsum in gaudium introeamus æternum, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum. | Augmente la foi de ceux qui espèrent en toi, Dieu, et les prières ferventes exauce-les avec clémence: vienne sur nous en abondance de ta miséricorde: soient bé+nies aussi ces branches de palmier ou d’olivier: et comme, selon la figure de l’Église, tu as donné l’abondance à Noé sortant de l’arche, et à Moïse sortant d’Égypte avec les fils d’Israël, de même, nous aussi, portant les palmes et les branches des oliviers, que nous accourions au-devant du Christ par de bonnes œuvres, et que nous entrions dans la joie éternelle par lui, qui vit et règne avec toi dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles. |
Préface et anaphore
Dominus vobiscum. Sursum corda. Gratias agamus Domino Deo nostro. |
Le Seigneur soit avec vous. Élevons nos cœurs. Rendons grâce au Seigneur notre Dieu. |
Vere dignum et iustum est, æquum et salutare, nos tibi semper, et ubique gratias agere, Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus, qui gloriaris in consilio sanctorum tuorum. Tibi enim serviunt creaturæ tuæ: quia te solum auctorem et Deum cognoscunt, Cui assistunt Angeli et Archangeli, Throni et Dominationes: |
Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire, de te rendre grâces toujours et partout, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, glorifié dans le conseil des saints. C’est toi que servent tes créatures, car elles te reconnaissent comme leur seul auteur et Dieu, C’est lui qu’assistent les anges et les archanges, les trônes et les dominations, |
Petimus, Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus: ut hanc creaturam olivæ, quam ex ligni materia prodire iussisti, quamque columba rediens ad arcam proprio pertulit ore, bene+dicere, et sancti+ficare digneris; ut quicumque ex ea receperint, accipiant sibi protectionem animæ et corporis: fiatque, Domine, nostræ salutis remedium, tuæ gratiæ sacramentum, per Dominum… | Nous te prions, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel: daigne bé+nir et sancti+fier cette créature d’olive, que tu as fait surgir de la matière du bois, et dont la colombe sortant de l’arche porta un rameau dans son bec; afin que tous ceux qui en recevront, s’acquièrent la protection de l’âme et du corps; et que le sacrement de ta grâce nous soit un remède de salut, par notre Seigneur Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles. |
Deus, qui dispersa congregas, et congregata conservas: qui populis obviam Iesu ramos portantibus benedixisti: bene+dic etiam hos ramos palmæ et olivæ, quos tui famuli ad honorem nominis tui fideliter suscipiunt; ut in quemcumque locum introducti fuerint, tuam benedictionem habitatores loci illius consequantur; et omni adversitate effugata, dextera tua protegat quos redemit Iesus Christus Filius tuus Dominus noster: qui tecum vivit… | Dieu, qui réunis ce qui était dispersé, et conserves ce qui est réuni: qui as béni le peuple qui était venu à la rencontre de Jésus en portant des rameaux: bé+nis également ces branches de palmier et d’olivier, que tes serviteurs reçoivent avec foi en l’honneur de ton nom, afin qu’en quelque lieu elles soient introduites, elles portent ta bénédiction aux habitants de ce lieu, et toute adversité étant chassée, ta droite protège ceux qu’a racheté Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles. |
Deus, qui miro dispositionis ordine, ex rebus etiam insensibilibus, dispensationem nostræ salutis ostendere voluisti: da, quæsumus; ut devota tuorum corda fidelium salubriter intelligant, quid mystice designet in facto, quod hodie cælesti lumine afflata, Redemptori obviam procedens, palmarum atque olivarum ramos vestigiis eius turba substravit. Palmarum igitur rami de mortis principe triumphos exspectant; surculi vero olivarum, spiritualem unctionem advenisse quodammodo clamant. Intellexit enim iam tunc illa hominum beata multitudo præfigurari: quia Redemptor noster humanis condolens miseriis, pro totius mundi vita cum moris principe esset pugnaturus, ac moriendo triumphaturus. Et ideo talia obsequens administravit, quæ in illo, et triumphos victoriæ, et misercordiæ pinguedinem declararent. Quod nos quoque plena fide, et factum et significatum retinentes, te, Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus, per eumdem Dominum nostrum Iesum Christum suppliciter exoramus: ut in ipso, atque per ipsum, cuius nos membra fieri voluisti, de mortis imperio victoriam reportantes, ipsius gloriosæ resurrectionis participes esse mereamur: qui tecum vivit… |
Dieu, qui, par l’ordre merveilleux de ta disposition, même à partir des choses insensibles, as voulu nous donner l’économie de notre salut: donne-nous, nous t’en prions, que les cœurs pieux de tes fidèles comprennent salutairement ce qui est mystiquement signifié par le fait qu’aujourd’hui la foule, insufflée par la lumière céleste, en procession à la rencontre du Rédempteur, joncha des rameaux de palmier et d’olivier sous ses pieds. Les rameaux de palmier représentent donc les triomphes sur le prince de la mort; les surgeons d’olivier proclament, en quelque sorte, l’onction spirituelle qui allait vraiment advenir. Cette bienheureuse multitude d’hommes comprit déjà que cela était préfiguré: que notre Rédempteur, ayant compassion pour la misère humaine, pour la vie du monde entier allait lutter avec le prince de la mort, et en mourant il allait triompher. Et pour cela elle lui offrit de telles choses en hommage qui déclareraient en lui les triomphes de la victoire et l’abondance de sa miséricorde. Car nous aussi, dans la plénitude de la foi, faisant mémoire du fait et du signifié, nous te prions humblement, toi, Seigneur saint, Père tout-puissant, par notre même Seigneur Jésus Christ, dont tu as voulu nous faire membres, donne-nous de remporter la victoire sur l’empire de la mort, et de mériter d’être participants de sa glorieuse résurrection: en lui et par lui, qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles. |
Deus, qui per olivæ ramum, pacem terris columbam nuntiare iussisti: præsta, quæsumus; ut hos olivæ, ceterarumque arborum ramos, cælesti bene+dictione sanctifices: ut cuncto populo tuo proficiant ad salutem, per Christum Dominum nostrum. |
Dieu, qui par le rameau de l’olivier, as bien voulu que la colombe annonçât la paix de la terre: sanctifie, nous t’en prions, de ta béné+diction céleste, ces rameaux d’olivier et d’autres arbres, afin qu’ils servent au salut de ton peuple, par le Christ, notre Seigneur. |
Bene+dic, quæsumus Domine, hos palmarum, seu olivarum ramos: et præsta; ut quod populus tuus in tui venerationem hodierna die corporaliter agit, hoc spiritualiter summa devotione perficiat, de hoste victoriam reportando, et opus misericordiæ summopere diligendo. Per Dominum… | Bé+nis, nous t’en prions, Seigneur, ces rameaux de palmier ou d’olivier, et donne-nous que, ce que ton peuple fait aujourd’hui corporellement en ton honneur, arrive spirituellement à la perfection avec grande dévotion, en remportant la victoire sur l’ennemi, et en chérissant abondemment toute œuvre de ta miséricorde, par notre Seigneur Jésus Christ, ton Fils, qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles. |
Prière après l’aspersion | |
Dominus vobiscum. Oremus. Deus, qui Filium tuum Iesum Christum Dominum nostrum pro salute nostra in hunc mundum misisti, ut se humiliaret ad nos, et nos revocaret ad te: cui etiam, dum Ierusalem veniret, et adimpleret Scripturas, credentium populorum turba, fidelissima devotione vestimenta sua cum ramis palmarum in via sternebant: præsta, quæsumus; ut illi fidei viam præparemus, de qua, remoto lapide offensionis, et petri scandali, frondeant apud te opera nostra iustitiæ ramis: ut eius vestigia sequi mereamur: Qui tecum vivit… |
Le Seigneur soit avec vous. Prions. Dieu, qui as envoyé dans ce monde ton Fils Jésus Christ notre Seigneur pour notre salut, afin qu’il s’abaissât jusqu’à nous et nous appelât à toi; à qui, lorsqu’il vint à Jérusalem, pour accomplir les Écritures, le peuple croyant, d’une foi sincère, jonchait sur la voie ses vêtements avec des rameaux de palmier: donne-nous, nous t’en prions, qu’avec la même foi nous préparions la voie, dont le caillou d’achoppement et la pierre de scandale étant enlevés, nous méritions, avec les rameaux de nos œuvres de justice, de le suivre, lui qui vit et règne avec toi, dans l’unité de l’Esprit Saint: Dieu dans les siècles des siècles. |
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