Fin du carême.

Aujourd’hui, c’est le dernier jour du carême. Dans le rite latin traditionnel, on devrait avoir un jour de jeûne suivi, le soir, de la messe. Cette messe inaugure, en effet, l’entrée du Christ dans Jérusalem. Plus exactement, l’évangile de ce soir, selon saint Jean, commence avec la fin du récit de la résurrection de Lazare (dont l’intégralité a été lue il y a neuf jours), pour passer ensuite au récit complet de l’entrée triomphale du Christ dans Jérusalem.

Demain matin, il devrait y avoir une liturgie de la parole, avec plein de morceaux sur les Rameaux: collecte, prophétie (Exode 15:27, 16:1-7), graduel, évangile (Matthieu 21:1-9), secrète, préface, sanctus et anaphore de consécration des rameaux. Puis, procession vers une autre église, où il y aurait une messe de la passion.

La première remarque est que, pour la messe de la vigile (ce soir), le récit des rameaux vient de Jean, alors que pour demain matin il est tiré de Matthieu; un peu comme pour d’autres fêtes avec vigile. La seconde remarque est que la consécration des rameaux est calquée complètement sur l’Eucharistie. Dom Gaspar Lefèvre et d’autres de sa génération se trompent en disant que, sans doute, dans le temps il y eût deux messes le matin des Rameaux, dont une des rameaux et l’autre de la passion. C’est faux, car les diférents morceaux de la liturgie de la parole de demain matin ne font aucune référence à l’Eucharistie, mais uniquement elle la calque, en parlant exclusivement des rameaux.

D’autre part, le 31 mars me rappelle un personnage que l’on commémore aujourd’hui dans le calendrier anglican: le prêtre John Donne (celui dont nous vient l’expression « for whom the bell tolls »). Celui-ci a écrit, entre autres, le poème appelé Upon the Annunciation and
Passion Falling upon One Day
. Loin d’être allérgique à la coïncidence de ces deux fêtes, John Donne s’en réjouit.

Et il n’est pas le seul. À Puy, chaque coïncidence de ces deux fête donne occasion à un jubilé. Cela correspond également à la pratique byzantine de ne jamais transférer l’Annonciation, quitte à la célébrer combinée à d’autres fêtes.

Dans un cas pareil (que nous revivrons en 1016), comment faire cela, dans le rite latin, d’une manière traditionnelle?

La clef d’une telle célébration réside dans la liturgie même du dimanche des Rameaux, qui combine les rameaux avec la passion. Le schéma est le suivant: « liturgie de la parole de la fête n° 1 + liturgie de la parole de la fête n° 2 + liturgie eucharistique de la fête n° 2 ».

Donc, pour fêter ensemble l’annonciation et la passion, on pourrait faire ceci. On commencerait la célébration comme pour un Vendredi-Saint habituel. Donc: prophétie (Osée 6:1-6) + trait (Habaquq 3) + collecte de la passion + prophétie (Exode 12:1-11) + trait (psaume 139/140) + passion selon saint Jean + collectes majeures + vénération de la croix avec impropères. Ensuite, s’il y a une procession, on pourrait chanter Vexilla Regis pendant celle-ci. Et tout de suite, la messe de l’Annonciation, comme lorsqu’elle tombe en carême. À la fin, dépouillement de l’autel (qui se ferait ici, et non pas le Jeudi-Saint comme les autres années).

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  1. Merci Georges pour ton commentaire éclairant sur mon blogue. Si c’est possible, j’aimerais bien que tu m’envoies la copie en français des deux prières de Grottaferrata.