Épiphanies - théophanies.À moins que Noël ait à voir avec la date présumée de la crucifixion, la seule raison de la date de Noël en hiver est le solstice et sa symbolique. La lumière recommence à croître, d’où la fête du Christ naissant. Pareillement, Pâques tombent au printemps, saison où la nature reprend vie.

Or l’Épiphanie, si elle est déconnectée de Noël, elle n’a aucune raison d’être placée en hiver. Pire encore, cela contrevient à la saison. Même en terre sainte, 17°C n’est pas la température idéale pour la baignade. Le Christ a dû être baptisé plus tard dans l’année, vraisemblablement en été. Si donc on fête le baptême du Christ en hiver, c’est pour le lier à la nativité.

Voilà donc pourquoi, dans le rite byzantin, la déconnexion de l’Épiphanie par rapport à Noël n’a pas de sens. D’ailleurs, dans la théophanie (ou mieux les théophanies) on doit inclure la nativité.

Mais comment lier ces deux fêtes, alors que les ménées semblent les avoir déliées irrémédiablement?

Dans les stichères de Noël, il y en a un – emprunté par le rite latin – qui dit: «Voici que Marie nous a enfanté le Sauveur, à la vue duquel Jean s’est écrié: Voici l’Agneau de Dieu; voici celui qui enlève les péchés du monde!». Il reste donc une relique. Toutefois, le 31 décembre, le ménée clôture la fête de la Nativité. D’ailleurs, le 5 janvier il y aura un jour de jeûne pour préparer la vigile de l’Épiphanie. Le jour de jeûne semble couper court toute vision d’une saison de Noël.

Or, pour Pâques nous avons quelque chose de similaire. La semaine pascale a un office très particulier, unique dans tout le rite, qui se clôture le samedi in albis. À partir du dimanche appelé deuxième de Pâques, on reprend un cursus plus ou moins semblable au temps ordinaire, avec seulement deux particularités: tout office est précédé du trope «Le Christ est ressuscité», et les dimanches du temps pascal auront des évangiles de la résurrection. Dans certains euchologes, on trouve même une vigile de la Pentecôte, précédée donc d’un jour de jeûne.

La conclusion, c’est que, tout en gardant le style actuel du rite byzantin, il y a moyen de rémédier les choses, sur le modèle de ce qui se passe à Pâques. Donc, si le samedi in albis on clôture la Pâque sans vraiment la clôturer (excusez le pléonasme), on peut également clôturer Noël le 31 décembre, sans vraiment le clôturer.

Le premier pas serait de garder ce stichère, «Voici que Marie…» et le glisser également parmi les stichères de l’Épiphanie. C’est simple. Au lieu de chanter 4 stichères répétés chacun, on peut en chanter 5 répétés (pour un total de 10), ou bien, au lieu de répéter le dernier des 4, ajouter celui dont je viens de parler. Ou encore (et peut-être mieux), chanter «Voici que Marie…» comme théotokion, tandis que le «Lorsque tu penchas ta tête…» (placé en guise de théotokion) pourrait être chanté comme doxastikon.

Le deuxième pas serait de chanter encore à l’Épiphanie (et à la circoncision) le tropaire de Noël, «Par ta nativité…» en troisième position. D’habitude, on chante le tropaire de la fête trois fois. Au lieu de chanter trois fois «Lorsque tu fus baptisé dans le Jourdain…», on pourrait le chanter seulement deux fois, en ajoutant, en troisième position celui de Noël.

Ou bien, alternativement, ajouter des éléments arméniens et latins, mais cela risquerait de déclencher une allérgie même chez les philo-latinistes.

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